Episode 35 : Agent spécial Imogen Marlo

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Lorsque l’hélicoptère survola Bloomfield, Imogen frissonna d’horreur malgré elle à la vue de ce qui l’attendait. Mais qu'est-ce qui a bien mettre la ville dans un tel état ?

C’était comme si un ouragan était passé par là : tout n’était que ruine et désolation. Il n’y avait plus aucune trace de verdure, juste de la cendre qui saturait l’atmosphère telle une brume mortelle.

Mais la ville morte n’était rien comparée au macabre spectacle qui s’étalait sous ses yeux lorsqu’elle arriva enfin à destination. Elle découvrit une maison à moitié effondrée dont la cour était complètement recouverte de cadavres.

Curieusement, c'était cependant le seul endroit où il y avait encore des arbres et des plantes.

Imogen entendit le pilote jurer dans son casque tandis qu’il manœuvrait pour poser l’hélicoptère sur la piste de fortune aménagée non loin du funeste site. Impatiente d’en savoir plus, elle sauta hors de l’appareil dès que ce fut possible. Elle voulait tous les détails et surtout, en quoi était-ce lié à cet homme qu’elle traquait depuis maintenant six ans.

La jeune femme s’avança d’un pas décidé vers la cellule de crise, une grande tente qui avait été installée à quelques pas de la zone de désolation.

Ses baskets crissaient sur le sol grisâtre, tandis que sa crinière blanche cascadait librement sur ses épaules. Comme d’habitude, elle n’avait pas fait l’effort de porter le traditionnel tailleur jupe et encore moins de se coiffer en chignon. A quoi bon puisque de toute façon, les gens allaient toujours la regarder comme une bête de foire ?

Petite, Imogen avait été blessée par ces regards. Aujourd’hui, elle s’en moquait éperdument. Au contraire, elle était fière de sa peau dépigmentée, mais aussi de ses prunelles bleues presque translucides, surmontés de sourcils trop clairs. Désormais, la jeune femme se délectait des yeux posés sur elle, qu’ils soient fascinés ou rebutés par sa particularité physique.

Normalement, elle devait protéger ses yeux derrière des lunettes noires, mais aujourd’hui, il faisait si gris qu’elle n’en avait pas besoin. C’était comme si le soleil aussi avait déserté les lieux. L’ambiance était sinistre et déprimante, et tout cela lui donnait une folle envie de cigarette.

Elle était en train de s’en allumer une lorsqu’un homme en costume émergea de la cellule de crise et vint à sa rencontre. Il marchait à grands pas et ne semblait pas ravi du tout.

« Agent Marlo vous êtes en retard », lanca-t-il d’une voix agacée. « Je suis l’inspecteur Parkson. On vous attend depuis une heure pour le briefing ! »

Il se planta ensuite devant Imogen et toisa la tige qu’elle venait de coincer au coin de ses lèvres. La jeune femme haussa les épaules et fit un signe de tête vers la montagne de cadavres où s’affairaient des gars de la police scientifique. La plupart affichaient une tête épouvantée et il y avait de quoi.

« Alors ? Qu’est-ce qui est arrivé exactement ? C’est quoi ce massacre ? » demanda-t-elle en passant devant la tente sans s’arrêter.

L’autre la suivit de très mauvaise grâce, visiblement peu enclin à s’approcher de la zone macabre.

« On n’est encore sûr de rien… mais tous les habitants de Bloomfield sont là… enfin les adultes et les adolescents. Nous n’avons trouvé aucune trace des enfants et des bébés… »

« Cause de la mort ? » s’enquit Imogen alors qu’ils arrivaient devant les premiers corps.

Tout en tirant tranquillement sur sa cigarette, elle s’accroupit et en observa un avec intérêt : un homme, la quarantaine, aucune blessure apparente. Il était blanc comme un linge, le regard grand ouvert, la bouche figée dans un horrible rictus.

Bizarre, mais à première vue, son corps était tout mou et non raide. En observant les autres macchabés, Imogen en vint à la même conclusion. Mais quel lien avec son fugitif ?

« Un groupe d’experts se penche sur la question, mais ils n’ont pas encore trouvé de réponses claires concernant la cause… de tout ça. »

« Et qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? », questionna Imogen en se relevant, le regard perplexe. « Cette affaire ne concerne pas Interpol et encore moins l’homme qui m’intéresse… »

« Eh bien apparemment si », la coupa Parkson. « On a retrouvé plusieurs corps dans la maison, la tête explosée pour la plupart, d’autres complètement déchiquetés… Dans tous les cas, le rapport de la balistique est formel, les balles retrouvées sur les lieux correspondent ! Votre homme était là et il a tué ces pauvres gens ! »

Sa voix sonnait comme une accusation et Imogen soutint son regard noir sans ciller.

Combien de fois avait-elle entendu ce genre de reproches ? C’était tellement facile de lui jeter la pierre alors qu’elle travaillait sans relâche pour arrêter enfin ce sale type.

« Très bien », dit-elle en terminant sa cigarette.

Elle se détourna ensuite pour revenir vers la cellule de crise, Parkson courant presque derrière elle.

« Dites-moi tout ce que vous avez sur lui et cette affaire. »

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