Episode 52 : Dupont et Dupond

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Imogen laissa échapper un soupir exaspéré en tapant sur le volant avec impatience. Toute cette histoire commençait à virer au ridicule. Ces deux guignols du FBI étaient en train de se payer sa tête ou quoi ?

Cela faisait des heures qu’ils tournaient en rond dans le même quartier sans que Rukkia ni Vassago ne lui donnent des indications claires sur ce qu’ils cherchaient exactement. A voir leurs têtes, même eux ne savaient pas.

Élégamment installé à l’avant, Rukkia observait attentivement les alentours, comme s’il essayait de se souvenir de quelque chose en particulier. Vassago, lui, faisait la tête tout seul à l’arrière. Le duo était clairement en froid. Le décoloré était aussi glacial qu’un iceberg envers son coéquipier qui semblait bouillonner de rage face à son attitude. Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il y avait quelque chose entre ces deux-là. Si c’était vraiment le cas, Imogen devait admettre qu’ils formaient un très beau couple.

Enfin, bref, là n’était pas la question. Ces deux agents du FBI commençaient sérieusement à lui taper sur les nerfs. Imogen avait essayé d’en savoir plus sur eux, mais leurs dossiers étaient apparemment « top secret ». Elle n’avait également rien trouvé sur leur vie privée. Absolument rien. Même pas leur prénom ou nom de famille ! Ces deux types étaient vraiment louches.

Sans parler de leur attitude ! Ils l’avaient laissé en plan à la supérette, n’avaient pas donné de nouvelles pendant une semaine… puis brusquement, alors qu’Imogen avait réussi à suivre les traces d’Arden jusqu’à Portland, ils débarquaient à son hôtel comme des fleurs pour la traîner sur une piste…

Et la voilà qui se retrouvait à faire le chauffeur dans une ambiance aussi froide que la température extérieure. C’était tout simplement frustrant. Déprimant.

« Mmmmm… je crois que c’était un peu plus loin là-bas… où alors… non, il faut revenir en arrière », murmura sèchement Rukkia alors qu’ils repassaient pour la millionième fois devant des vitrines de magasins enguirlandées. « Demi-tour. »

Son ton condescendant fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Imogen freina brusquement et se tourna vers ses indésirables compagnons. Elle avait décidé de leur jeter leurs quatre vérités bien en face.

« Ecoutez-moi bien Dupont et Dupond ! Je ne sais vraiment pas à quoi vous jouez, mais j’en ai ras le bol de tourner en rond dans ce fichu quartier sans même savoir ce que l’on cherche exactement ! Cette affaire c’est du sérieux, et j’ai l’impression que vous me faites juste perdre mon temps ! »

Vassago haussa les épaules, sans même lui accorder son attention. Son regard de braise fixait Rukkia avec insistance, comme s’il craignait que ce dernier ne s’écroule à tout moment. C’est vrai que le blond était encore plus pâle que d’habitude, comme s’il était malade. S’il n’était pas aussi chiant et arrogant, Imogen se serait peut-être inquiété pour lui.

Rukkia la toisa pendant de longues minutes, sans répondre. L’habituelle lueur sournoise et amusée avait disparu de ses yeux clairs. Ses prunelles étaient tout simplement glaciales, voire haineuses. Imogen en fut presque intimidée. Presque. Elle avait déjà eu affaire à des petits prétentieux de ce genre et ce n’était pas cette fois qu’elle allait flancher sous un regard mauvais comme celui du décoloré, à l’instant.

« Je suis sûr que vous rejoindrez nos rangs un jour, Imogen Marlo », déclara finalement ce dernier de sa voix de velours. « Quand ça arrivera, je me ferais une joie d’assurer personnellement votre formation. »

Il se détourna ensuite d’elle avec dédain, laissant la jeune femme perplexe par cette réponse tout simplement grotesque. Jamais elle ne rejoindrait le FBI !

« Maintenant, reprenons la route, voulez-vous ? Nous avons perdu assez de temps comme ça. L’abomination est sûrement déjà loin, mais si on arrive à suivre la trace de ce petit cloporte de Liam Arden... »

Et voilà qu’il recommençait avec son charabia incompréhensible ! Imogen ouvrit la bouche pour répliquer, mais Vassago la coupa dans son élan.

« Là », dit-il brusquement de sa voix rauque, presque bestiale, en pointant du doigt un banal bout de trottoir. « Ils étaient là. »

« Ravi de constater que ta mémoire ne te fait pas du tout défaut quand il s’agit de cette petite garce », cracha Rukkia en sortant de la voiture comme une furie.

Vassago grommela dans sa barbe et jaillit à son tour hors du véhicule, arrachant presque la portière de ses gonds. Imogen leva les yeux au ciel, n’en pouvant plus de leur dispute de couple. Et puis d’abord, les relations amoureuses entre collègues, ce n’était pas interdit au sein du FBI ?!

La jeune femme se gara un peu plus loin, avant de les rejoindre à l’endroit que Vassago avait indiqué. Lui et Rukkia s’y trouvaient déjà. Le blond ignorait superbement son compagnon qui restait planté à ses côtés, l’air obstiné. Son immense carcasse semblait tendue, comme prête à bondir, au cas où l’autre tomberait dans les pommes. Imogen les trouva presque mignons.

« Alors… que fait-on ici ? » demanda-t-elle, les mains enfoncées dans les poches de son blouson et l’air maussade. Il faisait particulièrement froid ce matin et elle n’avait même pas eu le temps de prendre un bon café quand les deux rustres étaient venus l’arracher de sa douillette chambre d’hôtel.

Et puis au diable ces idiots ! Elle s’alluma une cigarette dans un geste de défi mais ni Vassago ni Rukkia ne relevèrent son geste. Mieux. Ils n’en avaient clairement rien à faire.

« Le squelette était ici », siffla le blond, une expression de profond dégoût sur le visage, tandis que son armoire à glace ne le quittait pas des yeux. Il fit même un pas en avant, mais Rukkia lui jeta un regard d’avertissement, le stoppant dans son élan. Vassago s’arrêta, les poings serrés et l’air furieux.

« Mais comment ça un squelette ? Et quel rapport avec Arden ? » s’impatienta Imogen, mais personne ne lui répondit. Ils étaient bien trop occupés à se fusiller des yeux. Puis au moment où elle allait intervenir, Rukkia lui accorda enfin son attention, un sourire glacial vissé sur ses lèvres parfaites.

« Sortez votre ridicule portrait-robot, agent Marlo », ordonna-t-il de son horripilant ton impérieux. « Votre cloporte et sa clique sont passés par ici il y a une semaine. Maintenant, faites votre travail et interrogez qui vous voulez. L’un de ces insectes a sûrement dû remarquer cette mocheté aux yeux dorés. »

Puis il tourna royalement les talons pour s’engouffrer dans un café, aussitôt suivi de sa fidèle ombre. Imogen resta un instant figée sur le trottoir en serrant les poings, avant de souffler un bon coup.

Elle sortit ensuite le fameux portrait en se disant que tant qu’elle y était… Les témoins de la supérette avaient tous affirmé que la complice d’Arden avait les yeux dorés (non, mais sérieux ?) Si elle était vraiment passée ici, des propriétaires et employés de magasin l’auraient sûrement remarquée… La jeune femme soupira de mécontentement.

La journée allait être longue.

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