chapitre 11

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— Que faites-vous ? l’interrogea Hadrien.

— Je vous accompagne.

— Pas question, si jamais Guillaume vous repère, nous n’aurions plus qu’à rentrer, sans compter qu’il redoublera d’efforts pour ne pas être découvert.

Même si elle n’aimait pas cela, Alyson devait reconnaitre que le détective avait raison. Le risque était trop grand. Son ex-fiancé n’était pas stupide, il ne croirait pas une seconde à une coïncidence et sa méfiance serait réveillée. Elle avait été soulagée qu’il ne lui pose pas plus de questions lors de leur séparation. A posteriori, elle s’était sentie frustrée qu’il ne déploie pas davantage d’effort pour la retenir, la confortant ainsi sur sa décision. Guillaume la trompait sinon pour quelle autre raison n’aurait-il pas tenté plus activement de la dissuader ?

De mauvais gré, la jeune femme accepta donc de le laisser y aller seul pour le plus grand soulagement d’Hadrien qui craignait qu’elle ne se montre moins raisonnable.

Sur Google, Hadrien avait effectué un repérage rapide des lieux et avait repéré l’endroit idéal donnant sur la porte d’entrée de l’hôtel de sa cible. Il n’avait plus qu’à se mettre en planque en attendant de mouvement. Il ne doutait pas que ça ne tarderait pas.

En effet, l’homme sortit moins de dix minutes après son arrivée. Hadrien s’assura qu’il avait suffisant d’avance avant de se mettre à le suivre. Le type marchait d’un pas vif. Les coups d’œil furtif qu’il jetait aux alentours avec régularité indiquaient qu’il était sur ses gardes. À un moment, Hadrien craignit de s’être fait repérer tant sa cible effectuait de multiples détours. La ballade dura près de deux heures avant qu’il n’entrât dans une bâtisse délabrée, en apparence abandonnée. Hadrien patienta, caché du mieux qu’il le pouvait. La rue était déserte et les commerces inexistants, il s’avérait donc difficile de trouver un endroit discret duquel observer les lieux.

Près de trois quarts d’heure plus tard, Hadrien tenta une approche. Le calme régnait au point qu’il décida de pénétrer dans le bâtiment.

De son côté, Alyson tournait en rond. Elle avait regardé la télévision, lu un magazine qui trainait, essayait de se concentrer sur son livre, Emma de Jane Austen, sans succès. Elle bouillait d’impatience quant au retour du détective. L’ennui eut raison d’elle si bien qu’elle décida de partir en exploration, elle n’allait pas passer les deux prochains jours enfermée dans cette chambre d’hôtel. Après tout, elle avait dit vrai lorsqu’elle avait prétendu vouloir visiter ce pays. Puisqu’elle était sur place, autant en profiter et jouer les touristes. Premier arrêt, l’office du tourisme afin de se procurer un plan de la ville et se renseigner sur les sites à visiter.

Elle fut ravie de constater qu’il y avait beaucoup à voir, musées, jardins, monuments, château, etc. Elle prit une photo d’un bus proposant un tour de ville à l’arrêt qu’elle envoya à Élodie tout en lui demandant des nouvelles d’Aedecus.

Quand reviens-tu ? Ton monstre va finir par avoir ma peau. La prochaine fois que tu décideras de t’en aller sans lui, pense à le déposer dans un refuge en partant.

Son amie avait illustré son propos d’une photo de son palmier renversé, la terre répandue tout autour sur le sol et l’animal observant fièrement la catastrophe. Alyson rajouta sur sa liste mentale des activités à faire de penser à trouver un souvenir à ramener pour Élodie en compensation des dégâts occasionnés par son chat. Elle espérait que la cohabitation se passerait mieux d’ici son retour d’autant que ce n’était pas dans les habitudes du félin. Afin d’égayer un peu son nouvel appartement, elle s’était procuré quelques plantes faciles d’entretien que son chat avait dédaigné. Elle ne possédait pas la main verte de sa meilleure amie, mais était toutefois satisfaite qu’aucun décès ne soit pour l’instant à déplorer.

Hadrien venait de parcourir l’ensemble de l’immeuble de quatre étages, aucune trace du type, ni aucun indice non plus. De toute évidence, il était ressorti aussi sec par la porte arrière. S’agissait-il d’une énième précaution ou est-ce qu’Hadrien s’était fait repérer ? Si tel était le cas, cela signifiait qu’il avait largement sous-estimé le fiancé de sa cliente. Par précaution, il devrait redoubler de vigilance.

Il quitta les lieux, frustré et énervé par lui-même d’avoir perdu autant de temps. Il aurait dû admettre la possibilité que ce n’était qu’une étape de plus dans leur parcours et non le point d’arriver. Par acquit de conscience, il fit un rapide tour du quartier, mais l’homme avait filé depuis longtemps maintenant. Il ne lui restait plus qu’à rentrer bredouille à l’hôtel. Au cas où, il prit une dizaine de photos de l’endroit. On ne pouvait jamais être certain de ne pas écarter un élément important. Or, il avait déjà suffisamment failli pour la journée. Il profita également du trajet de retour en bus pour consigner dans son calepin noir le détail du chemin qu’il avait emprunté afin de l’étudier plus tard.

Hadrien aurait pu guetter le retour du type devant son hôtel, mais il jugea préférable de s’arrêter là pour aujourd’hui. S’il n’avait pas éveillé les soupçons de sa cible, mieux valait ne pas risquer de le faire maintenant. Il regagna donc son propre lieu d’hébergement.

Avec étonnement, Hadrien constata qu’Alyson ne se trouvait pas dans sa chambre. Il aurait pourtant parié qu’elle désespérait d’obtenir un compte-rendu détaillé de sa filature. Décidément, cette femme avait le don d’échapper à ses prédictions. Pourtant, en règle générale, il était bon juge, un plus dans son métier. Commencerait-il à perdre la main ? Sa vie personnelle commencerait-elle à nuire à la qualité de son travail ? Hadrien balayait toutes ses pensées vaines. L’heure de la remise en question n’était pas de mise. Il verrait ça plus tard, quand son enquête serait terminée. Peut-être saisirait-il l’occasion de faire une pause et d’emmener son fils en vacances ? L’idée lui plaisait même s’il doutait de la concrétiser. Il y avait toujours une nouvelle enquête et sur ce point son ex avait raison, il était incapable de lever le pied même pour sa famille. Une des raisons de l’échec de son mariage.

La ballade d’Alyson s’avéra très productive, bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Le pas pressé, elle avait hâte de partager avec le détective ses découvertes. Elle ne se féliciterait jamais assez de s’être arrêtée dans ce salon thé pour déguster une glace. Elle n’aurait pu être mieux inspirée.

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