Chapitre 8

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Deux semaines supplémentaires s’étaient écoulées depuis qu’elle avait eu la brillante idée de replonger dans le passé tombant ainsi sur un échange de messages qui la hantait toujours.

Elle relisait presque quotidiennement les mots de son fiancé et avait fini par découvrir ce qui clochait. Cela ne correspondait pas à Guillaume. La manière de s’exprimer ressemblait davantage à celle qu’il utilisait dans des domaines sérieux comme son travail, pas pour parler d’une femme. Mais ne cherchait-elle pas la petite bête dans le but d’apaiser son cœur et son ego meurtris ? Ne se raccrochait-elle pas au détail le plus insignifiant pour parvenir à cet objectif ? Espérait-elle qu’un espoir subsiste ?

Cette obsession ne cessait de grandir si bien qu’Alyson décida finalement de recontacter Hadrien Toll. Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Avec le peu d’informations dont elle disposait, seule elle n’alla pas très loin dans ses recherches. Sa confiance en son ex-fiancé avait considérablement chuté, ses moyens d’obtenir des renseignements se trouvaient donc largement réduits.

Alyson se rendit pour la troisième fois au café Nemesis afin de rencontrer le détective.

Hadrien n’était pas réellement surpris d’avoir été recontacté par Alyson. Lui-même n’étant pas tout à fait satisfait des résultats trop maigres de son enquête. Son instinct lui soufflait qu’il y avait bien plus qu’une simple histoire de sexe là-dessous. Cette certitude ne le quittait pas au point qu’il avait confié la suite de sa nouvelle mission à un de ses concurrents.

Ce n’était pas la première fois qu’il agissait ainsi et en général c’était à charge de revanche, il ne s’en inquiétait donc pas outre mesure. En effet, tant qu’il n’aurait pas découvert ce que ce type tramait, il ne serait bon à rien. Or, certaines de ses enquêtes nécessitaient qu’il mobilise au maximum ses capacités et depuis ces dernières semaines, c’était loin d’être le cas. Cette affaire agissait sur lui comme un casse-tête qu’il se devait de résoudre pour s’en débarrasser et arrêter de cogiter dessus.

Dès qu’il avait entamé les premières investigations, Hadrien avait pressenti que cette affaire l’occuperait un long moment, bien au-delà de ce qu’elle aurait dû.

Comme pour leur précédent rendez-vous, Hadrien Toll était déjà installé à son arrivée dans le café. Néanmoins, Alyson remarqua qu’il affichait une attitude moins décontractée qu’à l’accoutumée, son front légèrement plissé. Rencontrait-il des ennuis ? À moins que son inquiétude ne concerne leur entretien ? Peut-être craignait-il qu’elle n’exige un remboursement pour insatisfaction du service rendu ou autre motif du même acabit ? Alyson était curieuse de connaitre les pensées de cet homme au moment où elle l’avait recontacté. Était-ce habituel ? Elle ignorait tout des us et coutumes dans ce domaine, existait-il un SAV ? Elle doutait cependant qu’Hadrien Toll pratique le satisfait ou rembourser même si cela ne devait pas empêcher certaines personnes d’essayer notamment quand les conclusions du détective ne leur plaisaient comme c’était son cas.

Heureusement pour lui, Alyson était tout à fait capable de faire la part des choses.

— Ravie de vous revoir, que puis-je faire pour vous cette fois ?

Son amabilité sincère la déconcerta. Elle contrastait avec la mine sérieuse qu’il affichait quelques secondes auparavant.

— J’ai consulté les documents que vous m’avez fournis.

— Je vois, je suppose que vous avez des questions complémentaires.

Quel soulagement de constater qu’il s’agissait vraisemblablement d’une pratique suffisamment courante pour qu’il n’en prenne pas ombrage ! Alyson commença par le remercier une nouvelle fois pour son travail avant d’entrer dans le vif du sujet.

— Parmi les éléments récoltés, un échange de messages a attiré en particulier mon attention.

Elle fit glisser la feuille correspondante, le détective y jeta à peine un coup d’œil révélant qu’en dépit du temps écoulé, le dossier était encore frais dans son esprit. L’avait-il relu en prévision de leur entretien ?

Bien qu’elle craignît qu’il ne la prenne pour une pauvre fille naïve et désespérée, Alyson tenta de lui expliquer ce qui la dérangeait dans cette conversation virtuelle. Hadrien Toll l’écouta sans l’interrompre. Elle étudia son visage durant tout son monologue, mais il avait remis son masque professionnel ne lui permettant pas de déterminer dans quelle direction allaient ses pensées.

— Si je résume, vous souhaitez que j’approfondisse mon enquête en l’axant de manière plus spécifique sur cette mystérieuse Éva.

Aucune trace de jugement ne transparaissait du ton qu’il avait employé. Difficile de dire si cela était ou non encourageant.

— Si vous êtes disponible, j’aimerais bien en effet.

Hadrien prit un moment avant de répondre ce qui fit monter l’inquiétude chez son interlocutrice à en juger par ce nerf au coin de sa bouche qui tressautait presque imperceptiblement.

En réalité, il n’avait pas besoin d’y réfléchir puisqu’il avait déjà décidé de reprendre cette affaire de son propre chef sans argent à la clé. Mais le loyer n’allait pas se payer tout seul et s’il pouvait récupérer quelque argent supplémentaire, ce ne serait pas du luxe.

— Je vais voir ce qu’il est possible de faire, mais je pense pouvoir m’arranger. Je vous propose de partir sur les mêmes conditions tarifaires qu’on adaptera au besoin.

Cette réponse positive enleva un poids à Alyson. Bientôt, elle connaitrait le fin mot de toute cette histoire et saura la signification des dernières paroles de Guillaume, ce qui lui permettra enfin de tourner la page pour aller de l’avant. Il lui faudrait juste encore attendre. Ce qu’elle pouvait détester ça ! Elle n’osait demander au détective combien de temps il pensait que ces nouvelles recherches dureraient, ne souhaitant pas se montrer trop insistante. Après tout, elle ne le connaissait que depuis peu et ne savait pas la manière dont il profiterait ou non de son impatience. Il pourrait décider de trainer en longueur ou augmenter le prix de sa prestation.

S’il y avait bien une leçon qu’elle avait apprise avec Guillaume, c’était qu’on ne pouvait faire confiance à personne.

— Qu’en pensez-vous être en mesure de me donner votre réponse ?

— D’ici la fin de la journée.

Hadrien en profitait pour jauger sa cliente, essayer de déterminer jusqu’où il pouvait elle, ce qu’elle serait prête à accepter, éléments très importants pour mesurer son propre investissement. Il ne supportait pas les complications et les clients pouvaient représenter une énorme source de ces derniers.

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