Chapitre 7

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Un mois plus tard,

« Prends le temps de réfléchir, je t’en prie. Si tu persistes, tu finiras par le regretter. »

Les derniers mots prononcés par Guillaume avant qu’elle ne le quitte continuaient de la hanter.

Il ne s’agissait pas d’une simple menace, jamais il ne s’en prendrait à elle, mais plutôt d’une certitude.

Si elle ne le connaissait pas aussi bien, elle y aurait perçu l’expression de son égo masculin.

Non, il était convaincu de ce qu’il avançait. Pourquoi ? Qu’est-ce qui lui permettait de l’être ? Alyson paierait cher pour obtenir la réponse à cette question.

Pour son quatrième weekend en célibataire après avoir pris son petit déjeuner, elle contemplait l’enveloppe contenant la cause de la destruction de son couple. Elle avait conscience que s’en préoccuper maintenant n’avait plus de sens. Pourtant, elle se sentait prête à découvrir ce que le détective avait réuni à son attention. Le besoin absurde de comprendre comment ils en étaient arrivés là ne la quittait pas même après trente jours.

Aedecus sauta sur la table et s’installa à côté des papiers, en position d’attente comme si lui aussi souhaitait des réponses.

Alyson but une gorgée de café pour se donner du courage avant de saisir le coupe-papier pour décacheter l’enveloppe. Contrairement à ce qu’elle avait pensé, aucune photo n’était présente. À la place, elle trouva des notes de frais pour des séjours qui ne correspondaient à aucun déplacement professionnel ou lorsque c’était le cas, Guillaume s’y était rendu un ou deux jours en avance.

Alyson éplucha les facteurs, mais rien n’indiquait qu’il ne s’y trouvait pas seul. Elle passa en revue une autre pile de documents dans laquelle figuraient deux ou trois notes pour des repas qu’il n’avait pas pris en solitaire à en juger par le montant inscrit.

La jeune femme s’interrompit un instant pour se remettre de sa déception. Aucun de ces éléments ne constituait de preuves tangibles, tout au plus, un doute raisonnable. Elle fixa son chat comme pour vérifier qu’il partageait son opinion. Ce dernier roula sur lui-même pour se coucher en partie sur les feuilles éparses. Visiblement peu convaincu de l’intérêt des données collectées. Alyson se sentait décontenancé. Que devait-elle penser ? Aurait-elle dû laisser à Guillaume l’opportunité de s’expliquer ?

Un message d’Élodie interrompit ses réflexions.

Que fais-tu ? ça te dirait un peu de shopping ?

Depuis qu’elle était devenue un cœur brisé, Élodie ne cessait de leur planifier des sorties pour la divertir et lui éviter de trop penser à son échec avec Guillaume. Alyson devait reconnaitre que la stratégie employée par son amie fonctionnait. Entre ça et son travail, elle n’avait guère le temps de réfléchir à tout ce qui s’était passé. Comment se faisait-il qu’une si longue histoire puisse se terminer en un simple claquement de doigts, que quelques minutes suffisent pour tirer un trait sur des années ?

Alyson préférerait s’enfermer dans l’obscurité d’une salle de cinéma devant un film d’action au rythme effréné, idéal pour arrêter son esprit de tourner en boucle.

Ce matin, elle avait espéré trouver des réponses, à la place elle avait davantage de questions.

Pourquoi pas.

Sortir de son nouvel appartement, beaucoup plus petit que le précédent, ne lui causerait pas de tort. Les documents seraient toujours là à son retour et elle serait alors libre de s’y replonger à loisir, des heures durant si nécessaire.

Tandis qu’elle s’apprêtait à sortir pour rejoindre son amie, elle s’aperçut qu’elle avait oublié son téléphone sur la table de la cuisine. Elle fit donc demi-tour pour aller le récupérer. Aedecus n’avait pas bougé d’un poil depuis qu’elle avait quitté la pièce. Celui-là, il pouvait rester à la même place des heures durant ou au contraire se transformer en une véritable pile électrique. Elle pensait que maintenant qu’il avait atteint sa troisième année, il se serait calmé. De toute évidence, ce n’était pas encore pour tout de suite. Elle appréciait donc les moments de calme et de répit qu’il lui offrait.

Surveillant du coin de l’œil l’animal, la jeune femme s’empara de l’appareil. Déconcentrée, elle fit tomber une liasse de feuilles dans le même mouvement. En les ramassant, l’une d’entre elles attira son attention. Il s’agit d’extrait d’une conversation de son ex-fiancé et d’un certain Romain.

Romain

Où en es-tu avec ÉVA ?

Guillaume

Je progresse.

Romain

Est-ce que tu penses conclure rapidement ?

Guillaume

Elle me donne du fil à tort pour l’instant, mais je ne lâche rien. Patience est mère de toutes les vertus.

Alyson s’attarda sur ces messages. Voilà d’où venait le prénom lancé par Hadrien Toll. Enfin un début de réponse. Pourtant un élément clochait, mais elle ne parvenait pas à déterminer lequel. Était-ce encore une manière de persister dans le déni malgré les preuves sous ses yeux ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à tourner la page ? Était-ce simplement une question de temps ? La blessure demeurait-elle encore trop vive ?

Pour l’heure, elle ne disposait pas de la moindre minute pour y songer plus avant. Élodie devait l’attendre de pied ferme, elle avait déjà cinq minutes de retard.

Bien qu’elle passe un agréable moment en compagnie de sa meilleure amie, Alyson ne parvenait pas à se concentrer sur l’instant présent. Son esprit revenait inlassablement vers l’échange de messages de Guillaume.

— Je ne sais pas où tu es, mais ce n’est pas avec moi, finit par remarquer Élodie lors de leur encas bien mérité après avoir déambulé deux heures durant dans les boutiques.

— excuse-moi.

— Ces derniers jours, j’ai cru avoir réussi à te changer les idées, mais apparemment je me suis trompée.

— Au contraire, tu as parfaitement réussi.

— Alors qu’est-ce qui te tracasse ?

— Un détail sans doute sans importance, mais qui m’obsède. Ne t’inquiète pas, ça finira bien par passer.

— Laisse-moi deviner, tu te poses des questions sur cette mystérieuse briseuse de ménage.

La retenue dont fit preuve son amie étonna Alyson. Elle se serait attendue à un vocabulaire plus imaginer de sa part.

— Peut-être.

— Tu devrais rappeler Hadrien Toll pour lui demander de te fournir davantage d’informations sur elle.

Certainement pas. Alyson ne souhaitait pas faire à nouveau appel à lui dans l’immédiat. L’expérience précédente lui avait suffi.

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