Chapitre 5

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Alyson tenta de garder son calme malgré sa poitrine sur le point d’exploser. En d’autres circonstances, elle aurait apprécié l’ironie de la situation. Elle cherchait à prendre Guillaume en flagrant délit, finalement, c’était lui qui la prenait elle en flagrant délit de secret. Elle devait garder son calme et maitriser au mieux ses émotions, ne rien laisser paraître et elle aurait ainsi une chance de se sortir de guêpier.

— J’hésitais à emporter l’ordinateur avec moi ce weekend, il pourrait s’avérer utile.

Intérieurement, elle priait pour que son mensonge fonctionne. Elle ne pouvait pas révéler à son fiancé ce qu’elle faisait réellement. Risquait-il de s’apercevoir de ce qu’elle avait fait si elle lui précisait avoir relevé ses mails ? Elle n’en savait rien. De toute façon, il lui aurait fallu trouver une raison expliquant pourquoi elle ne s’était pas servie de son téléphone portable comme à son habitude. Quelle galère.

— Tu te souviens que la maison n’est pas équipée d’une connexion internet.

Alyson se fustigea intérieurement pour sa bêtise. Comment avait-elle pu oublier ce détail ? Ses parents ne souhaitaient pas l’installer afin de préserver la possibilité de se déconnecter des tracas de la vie quotidienne au maximum dans ce lieu de ressourcement pour eux.

— D’où mon hésitation, se rattrapa-t-elle in extremis.

Guillaume l’étudia un moment. Alyson aurait donné cher pour connaître la teneur des pensées qui lui traversait l’esprit à l’instant précis.

— Fais comme tu le sens, au pire je ramènerais celui du boulot pour le weekend.

Autre détail que la jeune femme avait négligé. Pour s’en tenir à sa version d’un weekend de travail, il ne pouvait pas ne pas lui rappeler qu’il avait besoin de l’ordinateur. Décidément, le mensonge et elle faisaient deux.

Elle se demandait sérieusement comment Guillaume parvenait à la regarder en face et lui servir une vérité déguisée. Parce que s’il la trompait réellement, il y avait obligatoirement des occasions où pour préserver son secret, il avait dû recourir à un mensonge bien qu’elle ne soit justement pas capable de déterminer quand cela s’était produit.

Guillaume n’insista pas. Après un dernier regard, il quitta la pièce.

Alyson se retint au bureau de chêne lorsqu’elle sentit ses jambes sur le point de céder de soulagement.

Elle venait de l’échappée belle. Si d’aventure, ce détective de malheur souhaitait à nouveau qu’elle lui rende service, elle refuserait net quitte à ce que cela lui coute la vérité sur les activités de son fiancé. Son cœur ne résisterait pas à une seconde montée d’adrénaline comparable, voire plus intense que celle-ci.

Alyson traina au lit plus qu’à l’accoutumée au point que son compagnon saisisse l’occasion pour lui apporter le petit déjeuner au lit. Une touchante attention, il est vrai. La dernière fois qu’il l’avait fait remontait à plusieurs années quand elle se remettait d’une horrible intoxication alimentaire. Guillaume avait proposé de découvrir un nouveau restaurant, histoire de changer leurs habitudes, de les pimenter.

L’expérience se révéla une catastrophe sur toute la ligne. Aussi, aujourd’hui Alyson ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur les motivations de son fiancé, étant donné qu’elle devait prendre le train deux heures plus tard pour son weekend en tête à tête avec elle-même.

Rien qu’à cette perspective, elle avait envie de s’enfouir sous la couette et d’y rester durant les prochaines quarante-huit heures.

La bonne nouvelle, si on considérait que ça en était une, c’était qu’avec son absence, Guillaume aurait le champ libre et le détective devrait obtenir de la matière suffisante à son enquête. Sans compter qu’avec de la chance, il pourrait la boucler. Alyson n’aimait pas du tout cette situation entre deux, même si elle ignorait encore quel comportement adopter pour la suite.

En véritable gentleman, Guillaume lui porta son sac de voyage, la conduisit à la gare, s’assura qu’elle disposait de tout le nécessaire pour voyager confortablement et attendit sur le quai que le train démarre.

Il lui fit ensuite signe de la main jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision.

Il n’avait omis aucun détail, le baiser tendre sur le bout de ses lèvres, le « je t’aime » accompagné de son traditionnel « tu vas me manquer » avant de descendre du train.

La scène parfaite avec ce qu’il fallait d’émotions. Trop parfaite. Suffisamment pour que cela chiffonne Alyson.

Pas une seconde durant le voyage, elle ne parvint à se concentrer sur autre chose que cette perfection. Avait-il souhaité s’assurer qu’elle ne changerait pas ses plans à la dernière minute l’empêchant ainsi de réaliser les siens ? Était-ce une tactique censée la mettre en confiance afin qu’elle ne soupçonne rien de son écart de conduite ?

Elle espérait qu’il n’amènerait pas cette autre femme chez eux. L’idée de savoir cette étrangère dans leur appartement lui était insupportable. Si Guillaume éprouvait l’envie de voir ailleurs qu’il ait au moins la décence de le faire dans un autre endroit que leur foyer. Là où elle se sentait à l’abri et en confiance.

Il n’était que quatorze heures et Alyson tournait déjà en rond comme un fauve en cage.

La région était magnifique et apaisante pour peu qu’il ne pleuve pas comme vache qui pisse.

Incontestablement, elle était en veine ces derniers jours. Elle en venait à regretter d’avoir sorti Aedecus de son sac de voyage. Le chat ne voulait pas prendre le risque qu’elle parte sans lui alors même qu’elle pensait qu’il serait mieux chez eux.

La jeune femme n’avait pas pensé qu’avec lui sa solitude en aurait été moins pesante.

Si seulement, sa meilleure amie n’était pas coincée tout le weekend avec son frère ainé en cure de désintoxication pour la énième fois de sa vie. Ce type était un cas désespéré d’après son amie. Pourtant ils appartenaient à la même famille et elle en pouvait l’abandonner à son sort. Alyson n’enviait pas Élodie même si elle avait souvent regretté d’être fille unique.

Le lendemain après-midi, la météo daigna enfin montrer des signes d’amélioration. Alyson décida de se rendre à pied à la gare.

Elle s’installa à une terrasse en attendant l’heure du départ.

À peine posée, son téléphone s’alluma pour l’informer d’un message entrant :

Quand êtes-vous disponible pour que je vous fasse le compte rendu de mon enquête ?

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