Chapitre 4

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L’écran de son téléphone portable s’éclaira sur le nom du détective. Alyson se félicita d’avoir eu la présence d’esprit d’en couper la sonnerie. Ainsi Guillaume qui s’affairait dans le bureau en attendant la livraison de leur repas, ne remarqua rien. Elle ne pouvait toutefois pas prendre le risque de parler à voix haute à proximité de lui. Aussi elle se rendit dans la salle de bain, ouvrit les robinets de la douche pour étouffer les bruits de sa conversation.

Elle aurait aussi bien pu envoyer un message à son interlocuteur pour convenir d’un moment plus propice. Mais depuis quatre jours, elle attendait ce coup de fil autant qu’elle le redoutait. Monsieur Toll l’avait prévenue que l’enquête serait rapide et apparemment il avait tenu parole.

Elle se sentait ridicule, assise sur le carrelage froid, les mains tremblantes. Voilà à quoi, elle en était réduite. Fébrilement, elle décrocha.

— Bonsoir, il y a un léger contretemps dans votre enquête.

Son cœur loupa un battement. Il n’avait pas encore terminé. Son couple avait donc encore quelques jours à vivre. Le soulagement la gagna bien qu’elle sache que ce n’était que partie remise. Tôt ou tard, il lui apprendrait que Guillaume la trompait.

— De quoi s’agit-il ? parvint-elle à répondre.

— Votre fiancé ne s’affiche pas autant que la plupart des gens à notre époque.

Traduction, il n’avait pas ou presque rien trouvé sur les réseaux sociaux comme elle le lui avait indiqué lors de leur rendez-vous. Elle se retint de lui en faire la remarque et préféra savourer cette maigre victoire. Car si elle avait eu raison sur ce point, elle pariait que le détective en déduisait que son fiancé était un cachotier et donc cela confirmait la thèse de la maîtresse.

— Votre fiancé a-t-il un ordinateur à votre domicile ?

— Oui, il est actuellement dessus.

— Est-ce qu’il l’emporte avec lui au travail ?

— Non, pas que je sache.

— Je dois y avoir accès. Le mieux est que vous m’aidiez à le faire.

Alyson n’aimait pas la tournure que prenait leur discussion. Son implication devait se résumer à engager ce type et le payer, pas à intervenir dans son enquête. Qu’attendait-il d’elle exactement ?

— À quoi pensez-vous ?

— Je vais vous envoyer un message à n’ouvrir que sur son ordinateur.

— Et ensuite ?

— C’est tout. Vous ouvrez le mail puis vous vous déconnectez et quittez l’ordinateur.

La manipulation paraissait trop simple à Alyson pour lui paraître inoffensive. Que se cachait-il derrière ? Quelles seraient les conséquences si elle acceptait de le faire ? Pourquoi avait-elle soudain l’impression qu’elle commettrait un acte de trahison envers Guillaume, pire que le sien ?

— Allô ?

— Je suis désolée, je ne peux pas vous parler davantage, mon fiancé va se demander pourquoi je suis aussi longue. Je vous rappelle demain.

Elle raccrocha sans lui permettre d’émettre une objection. Alyson avait besoin de temps pour réfléchir à la question. Elle n’agissait jamais sur un coup de tête, c’était un principe. Une décision qu’on ne regrettait pas était une décision raisonnée.

Avant de rappeler monsieur Toll, Alyson avait besoin des conseils de sa meilleure amie ou au moins d’un peu de distraction.

— Merci d’être venue.

Elles se firent la bise et s’installèrent.

— As-tu eu des nouvelles de l’enquêteur ?

Alyson expliqua à son ami la teneur de leur dernière conversation.

— Je ne vois pas ce qui te pose problème. Tu es chez toi autant que lui, il ne faut quand même pas la permission de te servir de l’ordinateur.

— Ne dis pas de bêtise. Même si je n’en ai pas l’utilité, l’ordinateur à ma disposition aussi bien qu’à la sienne.

C’était d’ailleurs, ce qu’il lui avait dit le jour où il l’avait acheté et ramené chez eux. Contrairement à lui, Alyson n’emportait jamais de travail à la maison. Et comme toute sa vie était contenue sur son téléphone, elle n’avait pas ressenti le besoin d’acheter un PC avant qu’elle n’emménage avec Guillaume. Il faut reconnaître que dans son ancien appartement, la place manquait si bien qu’elle n’aurait pas su où le ranger.

— Donc il n’y a plus qu’à s’exécuter, qu’est-ce qui te fait hésiter autant ?

— je n’en sais rien. L’intrusion dans sa vie privée, peut-être.

— Que croyais-tu qu’allait faire l’enquêteur si ce n’est fouiller dans son intimité ?

— Justement, je ne pensais pas devenir sa complice.

Élodie ne put réprimer un éclat de rire. Il n’y avait qu’Alyson pour faire un tel distinguo. Tout pour conserver une conscience la plus tranquille possible.

— Je te signale que tu le soupçonnes de te tromper à la veille de votre mariage, un tel acte justifie bien d’avoir recours à des moyens peu orthodoxes à tes yeux.

Comme souvent, son amie avait vu juste. Pourtant, elle ne parvenait pas à s’ôter de la tête qu’elle agissait mal.

Elle ne s’était pas attendue à ce que cela soit aussi compliqué. Elle pensait qu’il aurait suffi d’une filature et quelques photos plus tard, le tout était joué.

— Tu as raison.

Alyson avait envie de se changer les idées. Elle orienta donc son amie sur un autre sujet : son nouveau stagiaire. Le parfait exemple des apparences trompeuses. Non seulement, il s’avérait qu’il avait largement exagéré son CV et surévalué ses compétences, mais en prime, c’était une véritable catastrophe ambulante. Ses péripéties promettaient toujours une bonne partie de rire entre les deux jeunes femmes, exactement ce qu’il fallait à Alyson en cet instant.

De retour chez elle, avant celui de Guillaume, Alyson s’arma de courage pour se rendre dans le bureau. Une sensation désagréable ne la quittait pas, comme si elle n’était pas seule dans la pièce, qu’une personne tapie dans l’ombre l’épiait.

Elle prit quelques minutes pour se ressaisir puis alluma l’ordinateur. Dans deux minutes à peine, tout serait terminé. Elle pouvait le faire. Il fallait qu’elle sache ce que Guillaume lui cachait, de préférence avant leur union officielle.

Les mains tremblantes, elle ouvrit le navigateur puis se connecta ensuite à sa boite mail. Elle passa la souris sur le mail indiqué par Hadrien Toll dans son message une heure plus tôt. Elle fut surprise de constater que l’adresse d’expédition était abstraite, impossible de prime abord d’en connaitre le propriétaire ce qui la fit hésiter une nouvelle fois.

Elle s’admonesta ensuite et cliqua dessus.

Elle se retourna juste au moment où son compagnon pénétrait dans la pièce.

— Est-ce que je peux t’aider ?

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