Chapitre 1

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— Aly, es-tu avec nous ? 

Alyson leva les yeux vers son amie. À quel moment avait-elle décroché de la conversation ? Elle ne parvint pas à le déterminer. Suffisamment en tout cas pour que Élodie le remarque.

— Désolée, tu disais. 

— Que t’arrive-t-il depuis deux semaines, tu sembles ailleurs. 

Alyson prit le temps de réfléchir à la question. Non pas par manque de confiance envers sa meilleure amie, mais plutôt parce qu’en parler revenait à rendre la situation réelle.

— Je crois que Guillaume me trompe.

Ce qu’elle pouvait détester cette expression ! Rien que de la prononcer elle en était malade. 

— Qu’est-ce qui te fait penser cela ? 

— Rien et tout à la fois. L’impression qu’il me cache un truc. Hier, par exemple, il travaillait sur son ordinateur et lorsque je me suis approchée de lui, il s’est empressé de l’éteindre. Et puis il y a ses messages qu’il reçoit tard le soir. Laisse tomber, je me fais surement des films. 

— Peut-être qu’il te prépare une surprise pour le mariage ou le voyage de noces. 

Alyson n’en était pas convaincue, toutefois elle ne disposait d’aucune preuve pour étayer son propos, de simples présomptions tout au plus. Or comme venait de le démontrer son amie, celles-ci possédaient des explications tout à fait sensées. Pourtant au fond d’elle-même, elle savait qu’elle avait raison. 

— Surement. 

— Écoute, si tu veux en avoir le cœur net, va voir ce type. 

Alyson saisit la carte de visite tendue. 

— Un détective privé ? Un peu extrême, non ? 

— À toi de voir, mais avec le mariage dans trois semaines, personnellement, je ne prendrais pas le risque. Il est encore temps de faire machine arrière, une fois la corde au cou, ce sera beaucoup plus compliqué. 

Élodie marquait un point de taille. Alyson tourna et retourna le bout de carton dans sa main, hésitante. 

— Si tu veux, je peux l’appeler pour toi. 

— ça ira. Si je décide de le faire, je préfère m’en charger. 

— Comme tu veux. 

Alyson n’était pas certaine de la marche à suivre. Comment était-elle censée gérer la situation ? Elle n’avait pas été préparée à traverser cette épreuve. Guillaume devait être le choix de la raison, de la sécurité. Une prise de risque minime. Apparemment, elle avait eu tort sur toute la ligne. Comment est-ce que c’était possible ? Ils se connaissaient depuis si longtemps, avaient pris un temps infini avant de sauter enfin le pas. 

Leur relation ne devait pas se rouler ainsi. La trahison n’était pas au programme. 

Élodie la prit dans ses bras pour lui montrer son soutien. Pour la jeune femme, l’inquiétude de son amie était à mettre sur le compte du stress prénuptial. Il ne faisait aucun doute que Guillaume ne commettrait jamais un tel acte. Contrairement à bon nombre d’hommes qu’elle connaissait, ce comportement ne lui ressemblait pas. Il possédait trop d’honneur pour ça.

— Rassure-toi, je suis certaine que tout va s’arranger d’ici peu.

Alyson avait envie de croire son amie, mais elle ne réussit pas. Son instinct lui criait qu’il ne s’agissait que du début. Mais le début de quoi ? Voilà ce qu’elle devait découvrir.

Sa résolution prise, elle avait attendu le moment propice pour contacter l’homme dont lui avait parlé sa meilleure amie s’attendant à ce qu’il refuse l’affaire, que ses tarifs furent trop élevés voire les deux. Passer ce coup de fil ne représentait donc que peu de risque finalement.

— Hadrien Toll, j’écoute.

Qu’il décroche lui-même décontenança Alysson qui pensait tomber sur un ou une assistante. La surprise passée, elle lui exposa ses soupçons. 

— Je m’en charge. Quand pouvons-nous nous rencontrer afin que vous me parliez plus de votre fiancé, de ses habitudes ainsi que de son emploi du temps ? 

— Demain à 17 h, vous conviendrait ? 

Elle l’entendit tourner les pages d’un agenda et patienta en tentant de se calmer. De quoi s’embarquait-elle ? 

— Au bistrot Louis XIV.

— Parfait. Concernant vos tarifs…

— Nous en discuterons demain. 

Sans plus de cérémonie, il raccrocha. Alyson resta quelques instants à contempler son portable. La conversation s’était déroulée si rapidement qu’elle n’avait pas eu le temps de vraiment réaliser ce qu’elle venait de faire. Est-ce que Guillaume se sentirait trahi s’il le découvrait ? Son manque de confiance lui causerait de la peine, elle n’en doutait pas. Surtout si son anxiété était à l’œuvre et non sa raison. 

Aedecus, son chat sauta sur ses genoux et frotta sa tête contre son menton, réclamant son attention. Toujours plongée dans ses pensées, elle le caressa machinalement. L’animal se mit à ronronner de plus en plus fort, satisfait.

Dans moins d’une heure, son fiancé passerait la porte de leur spacieux appartement, acheté l’année précédente et toujours jonché de cartons en attente d’être déballés. Elle aurait dû s’en occuper à la place d’engager un détective. Cela aurait constitué une activité plus productive. Il y avait de fortes chances pour qu’elle se tourne en ridicule lorsque la théorie de sa meilleure amie se révèlerait exacte.

Alyson ne comprenait pas pourquoi elle éprouvait le besoin de courir un tel risque. Même s’il n’apprécierait pas sa démarche, elle savait que Guillaume ne romprait pas avec elle. Il aurait trop à y perdre à commencer par sa position dans l’entreprise pour laquelle il travaillait depuis trois ans. Plus que jamais, il était en passe de devenir associé. L’un des plus jeunes de son domaine. Alyson et lui évoluaient dans une société qui attachait encore beaucoup d’importance au mariage et à la vie familiale. Célibataire même irréprochable, ses chances de réussite professionnelle diminueraient drastiquement. Quant à elle, la jeune femme serait de nouveau assaillie par les rencontres hasardeuses des connaissances de son cercle d’amis qui ne la laisserait pas en paix tant qu’elle ne rentrait pas dans le rang de la tradition. Au vingt et unième siècle, de telles mentalités ne devraient plus exister, pensait-elle.

Alyson sursauta en entendant la clé tournée dans la serrure et retint son souffle durant l’ouverture de la porte. Elle s’empara du livre sur la table basse afin de se donner bonne contenance et que son fiancé ne marque pas l’état de trouble dans lequel elle se trouvait.

Guillaume retira sa veste et ses chaussures qu’il rangea soigneusement dans le meuble prévu à cet effet. Il déposa ensuite son attaché-case sur la table de bureau. Une fois débarrassé de toutes ses affaires, il alla dans le salon où Alyson l’attendait, un livre à la main comme tous les soirs.

— As-tu passé une bonne journée ? lui demanda-t-il en déposant un baiser sur sa joue. 

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