Recette 2 : Écrivain

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Pub .. "Le vert est dans le fruit, le fruit est dans le verre et le virus dans la pipette ! Ooorrraangiinuuuu !" Pleure Paquita.. Les Danois sacrifient aux dieux 17 millions de visons et sacrifice odieux les Danoises en déterrent 4. Ils reviendront cet hiver planter leurs crocs adamantins dans le cou chaud de chacune et chacun. Pleure Paquita.. pleure.. 200 mille canards sont abattus à la gloire du virus dans le bordel laid, Salò ou les 120 journées de Sodome, 400 mille autres montent déjà les marches de la pyramide sanguinolante. Ils reviendront cet été voler et mettre à sac leurs résidences primaires et secondaires, tertiaires et quaternaires. Les mauvais sentiments ne sont plus de mise, les hurlements pas plus; Haïs, crie : Vain !

W. Burroughs, celui de la Beat Generation, pose le problème en termes clairs dans ses "Essais" : Il y a écrivain et écrivain. Un écrivain écrit l'histoire, enfin c'est ce que l'histoire semble paraitre et être. Mais pour cela il est nécessaire que l'écrivain soit authentique, c'est à dire qu'il ait, au moins d'une façon certaine, vécu le truc, là. Alors le Fantôme du Temps peut s'unir à la matrice molle et lascive de la réalité du présent. Ainsi le jazz et Fitzgerald, ainsi les hippies et Kerouac. Si vous êtes du grec ancien ignare, je suis heureux de vous apprendre que les mots "poète, poésie, poème" dérivent du verbe grec ancien "poiéo", que l'ont traduit habituellement en français par "faire, fabriquer, créer ; exécuter, produire ; agir". Qui l'eut cru ? Vous ! Et vous pouvez alors conclure : Qui écrit l'histoire ? Les vainqueurs ? Non : Les poètes !

Coté S.F. c'est pareil : Les idées folles des auteurs apparaissent des années plus tard dans un concours Lepine ou ailleurs. Higher le malheureux Philip K. Dick, un des plus grands écrivains de S.F., mais surtout un des plus maudits, redevable à son médecin traitant d'une réussite, posthume. Il lui prescrivit pendant des années des amphétamines, pour le Bien, pour l'intérêt général, celui des labos pharmaceutiques, de l'ordre des médecins et de l'ordre tout court, celui du particulier, de la famille et de la patrie, un cadre entourant une photo sépia à coté de l'horloge; des amphétamines reconditionnées, reformulées et certainement encore en vente libre dans toutes les bonnes pharmacies dignes de leur nom : "Pharmacie" vient du grec ancien "pharmakon" désignant une substance altérant la nature d’un corps. Pour la petite histoire ajoutons qu’il existait en Grèce antique un rite consistant à expulser de la cité un bouc émissaire, le "pharmakos", pour mettre fin à une crise ou à un désastre. Hélas et tant mieux, les traditions se perdent en ces périodes épidémiques et l'histoire n'a pas retenu le nom de celui qui "soigna" K. Dick, le nom de ce "Docteur" et de sa progéniture. C'est dommage car on aurait bien ri, et qui plus est de bon cœur, quand les "descendants spoliés", "les filles et les fils de", seraient venus réclamer leurs dividendes sur les droits d'auteur du génie que, somme toute, leur aïeul avait, "vous êtes témoin, monsieur l'juge", CRÉÉ. Mais non, l'histoire, oublieuse de son créateur, n'a retenu que le nom de l'auteur, Philip, l'ami des chevaux. Il devint tellement déjanté qu'il voyait en tous lieux, en la plupart des personnes qu'il rencontrait, les représentants d'une absolument certaine CIA extra-temporelle le traquant et le poursuivant. Et il s'enfuit toujours plus loin monté sur les lignes de sa poésie qu'il jugeait avant tout alimentaire; mais la CIA, la vraie, l'avait effectivement dans le collimateur. Littérature alimentaire et poison versé dans les aliments ? Elémentaire... Seul. Tout tout seul... Son discours, le 25 septembre 1977 au festival international de la science-fiction de Metz témoigne. Dans cette conférence intitulée "Si vous trouvez ce monde mauvais, vous devriez en voir quelques autres" il y évoque "..le temps orthogonal, un temps qui monte en ligne droite du temps que nous connaissons..", affirmant que la réalité dans laquelle nous vivons a été reprogrammée. Les critiques résument : "Il bascule dans les théories des réalités parallèles (il est devenu dingo)". Les organisateurs au départ tout content d'avoir une vedette américaine pour leur 2ème année de festival, pantois, la langue pendante encore plus et les yeux écarquillés se regardent médusés et inter-lockés (anglicisme en herbe) : "Mais c'est pas vrai ! C'est çà K.Dick !!?...". Selon Wikipedia le public fut perplexe. Selon moi K. Dick écrivit Facebook et cette génération de complotistes.

Coté Best-sellers, "Le Petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupéry et "La peste" d'Albert Camus sont, nous écrivent les sondages, les 2 livres préférés des Français. Au sens large, les "Français" car quid de l'échantillon ? Y était-il présent, au moins : Un analphabète ? Un étranger sans papier ? Des femmes ?!?... Comment se fier aux statistiques quand leurs auteurs n'y comprennent rien ? Ayant effectivement lu plus de 3 fois et intégralement "Le Petit Prince", je n'ai jamais réussi à aller au bout de "La peste". Pour quelle raison ? C'est simple : On peut lire et relire "Le Petit Prince, chaque fois on découvrira un nouveau paysage. Et le désert est beau. "La peste", inutile et impossible pour moi d'aller au bout : je connais déjà la fin, une voiture encastrée dans un platane; désolé pour toi CaCa.. Je suis ébaubi, désolant, désolé, résultat : "Diantre soit fait de vous si je le veux !" Traduction : "Les champignons sont nos amis."

Pourquoi ? Je cite Saint-ex : "Je connais une planète où il y a un monsieur cramoisi. Il n'a jamais respiré une fleur. Il n'a jamais regardé une étoile, il n'a jamais aimé personne. Il n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi :"Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! et ça le fait gonfler d'orgueil. Mais ce n'est pas un homme, c'est un champignon." Vous voyez, ce bonhomme, qui ressemble à un champignon, c'est le "businessman" dans l'épopée du "Petit Prince". C'est l'éditeur qui ne vous éditera pas, vous n’êtes pas rent-able (encore un bel anglicisme). Mais où Saint-ex, par la bouche de l'enfant blond, fait à mon humble avis une erreur, c'est de coller au personnage l'uniforme du champignon. Le "businessman" n'est pas un champignon : Il s'est fait bouffer par un champignon ! Mais on ne peut pas en vouloir à Saint-ex : Il n'avait pas lu "la peste".

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