Chapitre 39

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Fen

Nom d'une bite en bois ! Est-ce qu'un jour ce Dieu à la con voudra bien nous faciliter la vie ? Même le Saint Chromé est moins loustic que ça. Elle est là ! À même pas une poignée de kilomètres de nous, elle est là. Cette foutue ville qui nous obsède depuis des mois. Et on n'est pas fichu de pouvoir l'atteindre.

Qu'est-ce que c'est que cette espèce de grillage ? Ce truc mesure au moins dix mètres de haut. « Seulement neuf mètres cinquante », précise la loupiote cinglée des chiffres. Je m'en carre, moi. La seule question qui me taraude, c'est : comment on est censés passer ça ?

Même le père Talinn baisse les bras. Soi-disant qu'il n'aurait jamais vu une technologie pareille, y compris dans sa palanquée d'archives. Transparente – ce qui nous laisse tout le loisir de baver sur l'inatteignable objet de nos convoitises – cette barrière luit, irisée d'arcs bleus, couleur flamme de propane. Sauf que dès qu'on essaye de toucher la paroi, la vicieuse nous repousse comme un aimant de même polarité ! Cette surface est maintenue entre des poteaux faits d'un métal lisse et brillant que je n'avais encore jamais vu et écartés à intervalles réguliers. Évidemment : aucune prise pour escalader.

— Un moyen de la contourner ? Une entrée quelque part ? demande Zilla à Monsieur-Réponses-à-tout-ou-presque.

— Non. C'est l'entrée, déclare Os.

Sa neutralité habituelle m'exaspère plus que d'ordinaire. Il se fout de la gueule de qui celui-là ? On vient de se farcir des milliers de kilomètres pour ses chimères, pour que la route s'arrête là, et ça ne lui fait rien ? Je m'étonne que Delvin ne lui ait pas déjà sauté à la gorge avant de nous tancer avec un : « Je vous l'avais bien dit que c'était que des conneries ! »

Sauf que conneries ou pas. Elle est bien là cette ville. Réelle ou putain de mirage ? Y'a qu'un moyen de savoir. Et on ne saura pas.

Je sens que la frustration est en train de me cuire le ciboulot. À tel point que j'envoie valser un énorme coup de pied sur la barricade. La force de répulsion me fait tanguer, ne laissant même pas un orteil approcher de la structure. Je tombe et atterris sur mon postérieur. Aïe. Nous narguer ne lui suffit pas, faut qu'elle nous humilie en plus !

C'est à ce moment-là que cet ennemi inerte choisit de nous porter le coup de grâce : d'une minuscule trappe – invisible avant qu'elle s'ouvre – se déploie un objet aussi rikiki, tout scintillant de ce métal bizarre, dans un bruit qui me rappelle le frottement de deux pièces mal lubrifiées dans un moteur. Qu'est-ce que c'est censé être ce truc au juste ? Est-ce qu'un si petit machin peut être dangereux ? Qu'est-ce qu'il en dit l'Os ?

Il n'en dit rien. Il mate d'un air aussi intrigué que nous. Enfin, j'en sais rien, j'aimerais croire qu'il l'est.

Je sursaute et reporte mon attention sur le petit objet : une voix féminine vient d'en sortir. Un haut-parleur ?

— Bienvenue à l'Interstice. En raison des quotas imposés par la loi Sérénité et en vertu de l'article quinze de la commission démographique du bureau des admissions, nous ne pouvons ouvrir nos portes à l'immigration qu'à deux individus masculins et un individu féminin. L'obtention d'un acte de citoyenneté restera soumise à l'appréciation du comité d'évaluation des compétences. Merci de bien vouloir choisir les candidats les plus aptes parmi vous. Toute tentative de fraude sera passible de poursuites ou de réponses létales, dépendamment du contexte. Au nom de la Sérénité au sein de l'Interstice, nous vous souhaitons une agréable journée...

— Oh ! T'es qui toi ? Qu'est-ce que c'est que ce charabia ? Laisse-nous rentrer ! braillé-je sans savoir si la dame à la voix sans âme peut nous entendre en retour.

— Tu perds ton temps. Ça ressemble à un enregistrement automatique. Ou à une AI.

Merci Talinn, mais je n'ai aucune idée de ce que signifie ce que tu viens de dire. Moi, tout ce que j'entends, c'est cette nénette qui se fout ouvertement de notre gueule.

Aigri, je reviens quelques pas en arrière, là où sont restés les camtars. Zilla et Os sont pratiquement collés l'un à côté de l'autre, et tandis que le chef affiche la mine de quelqu'un qui fait mouliner ses neurones, le petit semble – comme d'habitude – dans la lune. Alex est avachi sur le capot d'une Jeep, non loin, avec sa bande de détraqués. Lui non plus n'a pas l'air du tout concerné par la situation : Monsieur se lime les ongles. Je lui rentre dans le lard.

— C'est quoi ces conneries, hein ? Votre Dieu nous fait rappliquer jusqu'ici et il n'y en a que trois qui ont le droit de rentrer ? Deux gars et une gonzesse, comme c'est pratique : pile-poil l'effectif de zinzins psioniques dans les parages ! Vous l'avez fait exprès ! Vous vous êtes servis de nous pour vous escorter jusqu'ici et après : bye bye !

— Je ne vois pas de quoi tu parles, Fen. Je n'ai fait que suivre le chemin qu'on m'a montré. J'ignorais qu'il y aurait cette barrière à l'arrivée.

Le Alex me répond ça sans même prendre la peine de lever les yeux de sa manucure... Il n'en fallait pas plus pour me gonfler royalement. J'écarte les naseaux et m'avance sur le petit prince en soufflant comme un buffle. Là, tu la captes mon exaspération ?

— J'en ai plus qu'assez de vos tours de magiciens. Ça t'amuse ? Pas moi. Tu sais combien de fioul on a gâché pour arriver jusqu'ici, hein ? Il est hors de question qu'on reparte les mains vides !

— Tu te calmes tout de suite, bovin, ou je romps la promesse que j'ai faite à ton chef concernant le non-usage de mes pouvoirs.

Chiche, allais-je répliquer. Mais Os intervient à ce moment-là. Tant mieux parce que je ne sais pas si j'aurais résisté à son numéro de lavage de cerveau.

— Alex dit vrai. Il ne sait pas ce qu'il se passe ici. Yue et moi non plus. Je ne capte rien au-delà de la barrière, comme si elle bloquait aussi les ondes psychiques. Je t'assure que cette situation n'a pas été anticipée et qu'il est hors de question que nous entrions sans vous. D'ailleurs, la voix n'a en aucun cas spécifié que seuls les Alters pouvaient rentrer.

Sur ma gauche, je sens comme un fourmillement. Je crois que Zilla a fini de cogiter et le groupe s'agglutine autour de lui, par réflexe, dans l'attente de ses instructions. Zilla sait toujours quoi faire. Pas vrai ?

— Est-ce qu'on en a quelque chose à foutre de leurs quotas ? On a qu'à leur faire croire qu'on a choisi trois personnes, puis on rentre tous d'un bloc, ensemble, chuchote-t-il comme s'il craignait que la barrière l'entende.

Talinn secoue la tête. Quand il tire cette tronche, tu peux être sûr que c'est qu'il n'approuve pas l'idée et qu'il a les arguments pour t'expliquer en quoi c'est une connerie.

— Ce serait tenter le diable. La voix a parlé de réponse létale en cas de fraude. Je ne sais pas en quoi est faite cette barrière, mais étant donné la puissance du champ de force qui en émane, je parie que ce serait mortel de la voir se refermer sur notre groupe au moment où nous essayerions de passer en force.

— Dans ce cas, envisageons de laisser une délégation de trois y aller et les convaincre de nous ouvrir les portes.

Delvin vient de brandir l'idée – pas si conne. Mais comme il s'agit de Delvin, je ne peux résister à l'envie de la tacler.

— Ah oui et tu vas les convaincre comment ? « Bonjour, nous aimerions piller vos charmants faubourgs avec notre bande de potes galvanisés et armés jusqu'aux dents. Ça vous dérange pas de les laisser entrer ? »

J'espérais qu'elle me renvoie la balle avec une insulte et un énième regard noir. Elle se contente de me fixer avec autant d'indifférence qu'un ficus. Je crois que la situation actuelle aura même su balayer l'envie de nos joutes puériles.

— Tu ne rates jamais une occasion de me faire chier, pas vrai Fen ? soupire-t-elle. Je ne tiens pas à ce qu'on les pille, espèce d'arsouille ! Qu'est-ce que tu as de mieux à proposer de toute manière ?

Je ne suis pas mécontent qu'elle me renvoie la balle. De la ressource, j'en ai. Et vous remercierez pour ça, mes p'tits loulous.

— Simple. Je trimballe un arsenal militaire dans mon fourgon depuis Orgö. Il est temps que ça serve !

Je me gonfle fier comme un bar-tabac, pourtant, je ne reçois qu'une salve de regards consternés.

— Tu veux exploser cette barrière ?

— Chut ! Moins fort...

— Je n'ai pas l'impression que ce champ d'énergie se laisse abattre par des armes conventionnelles.

— On va juste gâcher de précieuses munitions...

Cette clameur de désapprobations m'exaspère. Hommes de peu de foi.

— Cadeau ! brame Rana.

J'aimerais la prendre dans mes bras. Elle vient d'arriver à ma rescousse avec deux lance-roquettes RPG-7. Un sous chaque bras. Il n'y a vraiment qu'elle pour être capable de porter deux bazookas en même temps. Elle les dépose au sol avec fracas, attirant toute l'attention de l'assemblée.

— Alors, ça vous en bouche un coin, pas vrai ? fanfaronné-je.

Ils ne sont pas si impressionnés en face. Bon sang, ils n'ont aucun goût pour les belles choses ! Évidemment, ce n'est pas aussi spectaculaire que notre Grosse Bertha, mais depuis que Rana l'a démoli à coups de grenade – Darek n'a pas su réparer la rampe et le canon endommagés – il avait bien fallu trouver quelque chose pour parer à notre déficit en armement lourd.

J'espérais voir Zilla s'armer d'un sourire carnassier et sonner la charge, mais il boude avec scepticisme.

— Si ça n'ébrèche pas la barrière, j'ai peur que le fait d'avoir essayé entache nos chances de pouvoir négocier...

— Allez Zi ! T'as des couilles ou bien ?

La provocation niveau jardin d'enfants le laisse de marbre. À la place, il se tourne vers ses ailiers.

— Delvin, Wolf, qu'est-ce que vous en pensez ?

Wolf renifle un grand coup dans sa barbe et crache un molard sur le sol.

— Ça se tente. Je ne veux pas qu'on envoie des négociateurs. C'est un coup à ce qu'on ne les revoie pas.

Delvin soupire, hésite, puis abdique. Pour mon plus grand plaisir.

— Allez-y. De toute façon, Hector essaye de discuter avec Madame Robot depuis tout à l'heure sans obtenir la moindre réponse. Et je ne tiens pas à rester bloquée dix ans ici.

Eh ben voilà ! Ça c'est les Rafales comme je les aime ! D'abord taper, discuter ensuite.

Rana rejoint mon point de vue. Elle installe les canons sur leurs trépieds et les oriente méticuleusement vers deux piliers. Elle a bien compris que l'armature serait le point sensible de leur barrière.

Omar sautille d'enthousiasme quand Rana demande qui veut être le deuxième tireur. Le gamin n'est pas le meilleur dans ce domaine, mais cela fait trois semaines qu'on l'entraîne avec les gars. Puis, c'est pas comme s'il avait besoin de viser maintenant que Rana a calé l'instrument. Le pauvre est venu avec nous en rêvant de grandes aventures et n'a toujours pas eu l'occasion de faire son baptême du feu. Je lui laisse donc de bonne grâce la place aux commandes du RPG.

Pendant ce temps, le reste du convoi se tient prêt. À riposter ou à foncer dans la brèche, le cas échéant. Rana s'exclame :

— Maintenant !

Une fulgurante détonation éclate. Les deux roquettes fusent en laissant planer une superbe traînée blanche dans leur sillage. Elles foncent et s'écrasent sur les piliers dans un terrible croassement métallique. Yes ! Qu'est-ce que tu dis de ça, la barrière ?

La fumée de l'explosion se dissipe... pour laisser entrevoir les piliers toujours aussi intacts. Pas une égratignure.

Je n'ai pas le temps de m'en décrocher la mâchoire, car la miss du haut-parleur se réveille à nouveau.

Mesure de riposte enclenchée. Préparation du canon à plasma. Cibles verrouillées. Tir imminent.

Et avant qu'on ait le temps d'assimiler ce qui se passe et de réagir en conséquence, une nouvelle trappe s'ouvre dans la structure immaculée pour déployer une autre surprise. Et j'ai beau être positivement certain de ne jamais avoir vu un modèle pareil, je peux quand même affirmer qu'il s'agit d'une arme à la tête que ça a. Un canon effilé comme ça, ça sert pas à faire du pop-corn, en général. Quoique.

Une lueur bleutée illumine son extrémité. Pas longtemps. Moins d'une seconde après, il en sort un rayon de la même couleur. Les ondulations d'air autour de ce faisceau en disent long sur la chaleur qu'il dégage et son potentiel destructeur.

Évidemment il fallait qu'il soit orienté sur la provenance des tirs. Rana et Omar avaient déjà commencé à courir, mais le rayon s'acharne à les poursuivre.

Rana est un peu plus vive et parvient à bondir en arrière pour esquiver l'impact. Elle encaisse quand même le rayon au niveau du tibia. Elle n'est pas douillette, mais je la vois serrer des dents comme jamais pour surmonter la sensation de chair brûlée et de son os entamé à vif.

Omar n'a pas eu autant de chance. Il s'est bouffé cette saloperie en plein milieu du corps.

o

Zilla

J'ai les yeux figés sur le corps agonisant d'Omar. Coupé en deux au niveau de la taille. Le sang se répand, ses entrailles dans le même mouvement, dans une flaque oblongue qui salit la poussière. Le cri suraigu du garçon déchire l'atmosphère tout comme l'épouvantable odeur de chair brûlée irrite mes narines. C'est un spectacle dont je suis coutumier, mais pas aussi soudainement. Pas dans mon propre camp. Le râle étouffé de Rana me tire de mon hébétude. Elle aussi est salement blessée à la jambe, et je me sens complètement impuissant entre Hector qui se hâte d'intervenir et Fen complètement paniqué.

Il me faut un temps d'assimilation un peu trop long pour réagir de la manière la plus évidente qui soit face à un ennemi contre lequel nous ne faisons pas le poids : battre en retraite !

— On recule ! crié-je.

Les troupes s'activent dans une forme de zizanie. Certains semblent réaliser ce qu'il se passe avec encore plus de retard que moi, d'autres avaient déjà le pied sur la pédale. Dans cette agitation, je me rends compte qu'il manque une présence discrète, mais familière. Des chuchotements, qui ne sont pas pour me rassurer, se frayent un chemin jusqu'à mes oreilles. « Mais qu'est-ce qu'il fait ? »

La clameur m'alerte et je retourne enfin mon attention vers la barrière. Trop tard. Os s'y est avancé. Au point d'en être dangereusement proche. Au point d'apposer ses mains, son front, sur l'un des piliers de métal. Au moment même où la voix inhumaine du haut-parleur vomit à nouveau ses glaçants avertissements.

Veuillez vous éloigner de la bordure. Un nouveau tir de plasma est prévu dans 5...

Je ne réfléchis plus. Je bondis et cours comme si ma vie en dépendait. Sa vie en dépend ! Et c'est pas loin d'être la même chose. Pourquoi j'ai cette impression d'avoir déjà vécu cette scène ? Celle où je m'efforce de venir encore et encore à son secours sans jamais y parvenir. Comme un vieux cauchemar qui me taraude...

4...

Encore quelques foulées. J'y suis presque. Merde, c'est pas possible d'être aussi inconscient ! Il doit avoir un plan. Il ne peut quand même pas rester immobile face à un danger imminent. Est-ce qu'il a prévu l'éventualité de finir ainsi ?

3...

Enfin, j'arrive à lui. Mes bras s'enroulent autour de sa taille et le tirent en arrière sans cérémonie. J'ai à peine le temps d'apercevoir son visage, mais j'ai l'impression qu'il est constellé de sueur et ses traits sont tirés par l'effort. C'est même un poids mort qui s'écroule dans mes bras, lessivé de toute énergie.

2...

Jamais je n'aurais le temps de le tirer de là. On est cuits, putain ! Au moins, je vais crever blotti contre lui. Ça me console. Pas vraiment.

Je ferme les yeux en attendant le tir... qui ne vient pas. Le décompte s'arrête. Un bruissement comme une friture craque dans le haut-parleur et une nouvelle voix troque celle désincarnée qui nous menaçait à coups de tirs lasers. Une voix d'homme. Une voix humaine.

— Alors c'est toi qu'ils m'envoient cette fois ? Tu n'as pas l'air de nature à m'effrayer. Est-ce tout ce qu'ils leur restent sous le coude ? Enfin, je ne devrais pas te sous-estimer... Ce serait une erreur bête.

— Est-ce que vous allez nous laisser rentrer ? souffle Os, haletant.

Ce n'est pas la première question que j'aurais posée. J'aurais plutôt imaginé quelque chose comme : « Vous êtes qui ? C'est quoi ce cirque ? Et de quoi vous parlez ? »

— Pour toi et les deux autres Alters, bien sûr. Vous êtes les bienvenus. En revanche, j'ai bien peur de ne pouvoir accepter les autres membres de votre compagnie que dans la limite des quotas, à savoir trois personnes. L'Interstice veille au contrôle strict de sa démographie pour des raisons d'équilibre évidentes.

Cela n'est évident que dans son référentiel. Je m'apprêtais à le lui faire remarquer, mais Os me devance à nouveau.

— Cela ne va pas être envisageable. Je refuse de rentrer sans les autres.

— Dans ce cas, tu ne rentreras pas. Cela m'est égal. Des Alters de plus ou de moins dans cette cité... De leur côté, ils n'auront qu'à trouver un challenger moins retors, réplique-t-il d'une voix froide, dans laquelle je discerne pourtant une pointe d'amusement.

Je n'y comprends rien. Qu'est-ce que c'est que ces histoires de challenge ?

— Qui êtes-vous ? demande Os.

Enfin une question sensée.

Un rire dans le micro.

— Je suis Dieu.

Et une réponse insensée.

— Fous-toi de notre gueule ! Depuis quand Dieu tire-t-il sur les gens à coups de rayons à plasma ? Tu veux nous affronter ? Alors porte tes couilles et sors de ta tanière, espèce de lâche !

Je me doutais avant de parler que la provocation n'aurait aucun effet sur cet inconnu suffisamment prétentieux pour s'auréoler d'une prestance divine. Mes mots sont sortis tout seuls.

Nouveau rire de celui qui s'imagine largement dominer la situation. À raison.

— Les trois Alters, plus trois autres parmi les misérables pillards que vous êtes, et les portes s'ouvriront. Trichez et le mécanisme de défense s'activera. C'est tout. Au revoir, Os.

Le grésillement croasse, cédant à nouveau la place à la voix robotique. La trêve est finie.

Tir de plasma dans 5...

Je soupire et traîne Os pour nous reculer au plus vite. Malheureusement, il semble au bout de ses forces. Je dois passer un bras sous son aisselle et le soutenir pour l'empêcher de s'écrouler. J'aurais eu plus vite fait de le porter sur mon épaule, mais je n'ai pas la force d'une Rana ou d'un Wolf.

Par chance, le compte à rebours se tait quand la dame mécontente nous juge à une distance suffisante. Ce n'est qu'alors que je m'autorise à souffler et à faire pivoter Os en face de moi. La tension s'écroule et mes nerfs à vif ne résistent pas à la tentation de le secouer comme un prunier pour l'engueuler.

— Mais qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? T'as failli nous faire tuer !

Je regrette quelque peu mon ton tempétueux en avisant son état. Il a vraiment l'air d'avoir déployé toutes ses forces dans une bataille qui m'échappe.

— J'ai... j'ai réussi à voir quelque chose.

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