Une peur blanche

de Image de profil de TanukiTanuki

Avec le soutien de  Althéa_hime 
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Année 2001, c’est l’été, il fleure bon les vacances méritées pour cette bande d’amis parisiens, c’était un trio inséparable depuis le début du lycée et aujourd’hui le bac est derrière eux. Soulagés, libérés d’un fardeau aussi pesant que l’anneau de Frodon Sacquet, ils comptaient bien fêter ça dans la maison de campagne au Portugal de l’un d’entre eux.

C’était celle de Bruno. Originaire de là-bas, il y allait une fois par an pour se ressourcer avec ses parents, il aidait à désherber le terrain, réparer des bricoles comme toute maison a besoin. C’était un chic type, le cœur sur la main, c’était le plus grand de la bande avec son mètre quatre-vingt passé, le plus discret aussi et sérieux. Viny, lui, lunettes vissées sur le nez, bouille sympathique et boute-en-train aguerrit, ne ratait pas une occasion de faire rire ses compères. Enfin, Christophe, le beau gosse du groupe, petits yeux ronds et bleus et cheveux dans le vent, se montrait plein d’assurance mais était doté d’une gaucherie plutôt touchante.

C’est ainsi que cette joyeuse jeunesse alla passer un mois entier dans un petit village reculé situé dans le district de Viana do Castelo, au nord du Portugal. Peu d’habitants, pas très loquaces, des maisons éloignées les unes des autres, et la nature foisonnante englobant ce landerneau.

Les parents de Bruno faisaient confiances à leur fils et lui laissèrent la maison pour le mois de juillet, ils ne viendraient que le mois d’après pour profiter à leur tour de leurs vacances.

Les journées des trois amis étaient rythmées de détente à traîner dans la grande maison de pierre, lézarder dans le jardin en se délectant de quelques bières locales tout en jouant aux cartes, dormir jusqu’à pas d’heure, regarder la télé, se balader dans les environs et se créer des aventures. C’était le paradis. Ils s’amusaient pleinement. Bien entendu, Viny et Christophe donnèrent un coup de main à Bruno pour ce qui était de remettre en état le jardin, faucher les hautes herbes, couper du bois avec la grande hache, ce qui leur a valu des séances photo inoubliables.

Un soir, alors que la nuit était déjà tombée depuis longtemps, les trois copains discutaient et rigolaient autour de la table basse en désordre, un paquet de gâteau entamé, un cendrier plein et des verres à porto vides. Ils avaient mis la télévision en fond sonore et étaient plus ou moins avachis sur le large canapé qui offrait une vue sur une grande fenêtre. Bruno tira une latte d’un joint qui le fit tousser et le passa délicatement à Viny comme on offrirait une fleur à quelqu’un qui nous est cher. Christophe lui, était mort de rire sur l’histoire qu’il était en train de leur conter et attendait son tour pour tirer sur le précieux joyau.

Subitement, quelque chose passa derrière la fenêtre et coupa net l’euphorie ambiante. C’était une sorte de voile blanc lumineux qui ne resta pas plus d’une seconde, mais il semblait que cette seconde avait duré des heures vu leurs visages figés, devenus blancs d’effroi. Ils ne bougèrent d’abord pas, aucun son ne sortit de leur bouche. Seule la télévision continuait encore de s’animer comme si de rien n’était. Puis ils reprirent leur esprit :

- « Merde, c’était quoi ça ! » s’écria Christophe

Viny bondit du canapé et essaya de s’approcher de la fenêtre avec beaucoup de retenu tout en s’exclamant :

- « Bruno ! Bruno ! Eteins la télé ! Les gars, « chut », ne faîtes pas de bruit »

Bruno toujours bouche bée s’empara de la télécommande et mit en sourdine la télévision puis bafouilla :

- « Vous avez vu un truc aussi hein ? hein ? On est d’accord ? »

- « Oui, il y a un truc blanc qui est passé devant la fenêtre ! » dit Christophe en se levant à son tour cherchant directement de quoi se défendre à proximité ; c’est la bouteille de porto vide qui fera office de gourdin.

- « Mais c’était quoi ce truc ?! » enchaîna Viny, le cœur emballé et la gorge sèche. Il appréhendait d’approcher de la fenêtre, mais son désir de voir quelque chose était plus fort que tout. Il espérait apporter une solution rationnelle et soulager les deux autres, mais quand il mit ses mains autour de ses tempes pour y voir quelque chose, la face collée à la vitre, il ne vit rien bouger. Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite : rien.

Bruno dans un subit élan de lucidité, invita ses deux amis à monter à l’étage pour regarder par toutes les fenêtres afin de couvrir un champ de vison plus grand.

- « Attendez ! Avant qu’on monte, la porte d’entrée est bien fermée ? » s’inquiéta Viny. Ils se regardèrent tout trois gravement dans les yeux, et voyant que Christophe avait une bouteille à la main, les deux autres se hâtèrent de s’équiper du mieux qu’ils pouvaient, avec un manche à balai pour l’un, une casserole avec les restes de quelques spaghettis collées au fond pour l’autre. Après s’être assuré que la porte était bien fermée, et non sans panique, ils montèrent à l’étage toujours inquiet par la vision de cette forme blanche et fugace.

Ils contemplèrent et scrutèrent la moindre anomalie avec la visibilité dont ils disposaient à travers les carreaux. Viny balbutia : « je vois le ballon de foot mais… il n’y a plus la hache… on l’avait plantée dans le sol je me souviens mais vous l’avez rangé après ?... » . Christophe rétorqua « mais j’sais plus ! Bruno, tu l’as rangée toi ? » Un rire nerveux et compulsif sorti de la bouche de Bruno « mais oui je crois bien ». Après ce soulagement et voyant que rien ne se passait durant la nuit, Ils finirent par se détendre et finalement s’endormir.

Que cela pouvait-il être ? Un spectre ? La dame blanche ? Un voleur ? Un animal ? Ou peut-être tout simplement un effet de lumière extérieur ayant d’étrange réverbération sur la fenêtre. Cela restera un mystère. On voit ce que l’on veut bien croire, après tout.

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Thème : FantômeChapitre3 messages | 3 ans

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