Elle sourit, regardant et écoutant les gens autour d'elle. Tout le monde s'amuse, pourtant, elle n'est pas là. Physiquement, elle fait acte de présence, mais son esprit est loin. Elle ne comprend plus sa vie. Elle sait qu'elle a tout pour être heureuse et pourtant, elle se sent vide, seule, incomprise.
Elle n'ose pas en parler, on la prendrait pour une folle. Alors elle se tait et souffre en silence. Personne n'a besoin de porter son fardeau à sa place.
Quand elle se retrouve seule, elle pleure, pour un rien, sans pouvoir se retenir. Hémoragie oculaire. Elle a envie de hurler, de tout casser, mais elle ne fait rien. Elle se contente de rester là. Elle se dégoûte d'être si faible. Son corps la trahit, elle perd du poids, plus rien ne lui va. Elle ne ressemble à rien. Elle n'est rien.
Le moment du coucher est souvent le pire. Elle imagine la douleur des autres si elle venait à disparaître. Combien viendrait à son enterrement ? Qui la pleurerait ? Qui en serait heureux ? Puis, elle se voit, s'ouvrant les veines. Aurait-elle mal ? Partirait-elle vite ? Combien de temps mettraient les secours à la trouver ? Un accident de voiture serait peut-être plus rapide. Mais si elle se ratait ? Rester un légume le reste de sa vie. Allongée dans un lit, sans pouvoir bouger, ni parler. Rester là à écouter les gens venir lui parler. Finalement, c'est déjà ce qu'elle fait non ? Ne pas bouger, acquiescer à tout en ne répondant à rien.
Elle a envie de hurler que la vie, c'est de la merde. Qu'elle aimerait mourir plutôt que de l'affronter un jour de plus. Elle aimerait s'éteindre, découvrir le calme, la quiétude du néant, mais au lieu de ça, elle respire un bon coup et se dit que, peut-être, demain tout ira mieux.