Chapitre 24 : Sourires.

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Depuis qu’ils sortaient ensemble, Selim se levait tous les jours avec un grand sourire sur les lèvres. Nice le rendait si heureux. À vrai dire, c’est sous le conseil de son père qu’il restait toujours souriant : “ Il s’agit de ta meilleure arme contre le monde”. Ainsi, les esquisses ne l’avait jamais quitté et encore moins maintenant qu’il était fou amoureux.

Tous les matins, il prenait la peine d’attendre sa douce devant l’internat, toujours impatient de la serrer fort dans ces bras. Nice était comme une sucrerie à ses yeux : petite, mignonne, et à croquer. Elle le rendait si accro qu’il en voulait toujours un peu plus. Autant dire qu’il se serait plié en quatre pour lui faire plaisir. Fort heureusement, le caractère de la jeune Challen faisait qu’elle n’aurait jamais osé en profiter.

Il pianotait l’écran de son téléphone quand il la vit arriver du coin de l’œil. Son cœur s’accéléra. Quelle tenue portait-elle ? Est-ce qu’elle serait tout aussi heureuse de le voir ? Ce genre de questions lui traversait l’esprit tous les jours, mais ce matin-là, il se demanda plutôt ce qui la chagrinait en découvrant sa petite mine abattue. C’était la première fois qu’il la voyait aussi triste depuis l’accident... Il déglutit en allant chercher ses mains, pensant qu’il avait intérêt à assurer.

  • Qu’est-ce qui ne va pas ? Ma belle ? insista-t-il quand elle lui jeta un tout petit sourire triste.
  • Je suis vraiment inquiète pour Faye… Elle est encore sortie hier soir, alors j’ai toqué à sa porte ce matin, continua-t-elle face à son étonnement, et elle n’a pas répondu, expliqua-t-elle en observant toujours le sol.
  • Encore ? Je ne comprends pas, elle sort souvent ?
  • Presque tous les soirs ces temps-ci, tu n’avais pas remarqué ?

Il voulut lui répondre que la seule personne qu’il regardait continuellement, c’était elle. À la place, il fit un effort pour chercher dans sa mémoire. C’est vrai que depuis qu’elle était apparue dans des tenues un peu plus sexy, beaucoup plus de garçons lui tournait autour. Il n’était pas très étonnant qu’elle en profite pour faire quelques soirées.

  • Peut-être qu’elle est malade ? dit-il gentiment.
  • Je ne sais pas, mais ça m’inquiète… Avant elle ne sortait pas autant et je n’ai pas envie qu’elle loupe les cours…
  • Ne t’inquiète pas autant, c’est Faye…
  • Si ! s’exclama-t-elle en serrant ses petits poings de part et d’autre de son corps. Habituellement, quand elle sort, elle me raconte tout et là… Rien ! Je ne reconnais plus mon amie, dit-elle tristement. Faye est toujours souriante, joyeuse… Elle ne dit jamais quand quelque chose ne vas pas, alors comment suis-je censé savoir si tout va bien ou non ?

Selim l’observa froncer les sourcils et baisser les yeux tellement elle était en colère. Il serra sa main doucement en espérant lui apporter réconfort.

  • J’espère qu’elle sera à temps pour les cours…
  • Je vais lui envoyer aussi des messages, fit-il en brandissant son téléphone.

Il déposa un baiser sur sa joue, puis sur ses lèvres en passant une main dans sa chevelure noire avant de prendre le chemin de l’école. Même inquiète, elle le charmait.

***

Les vibrations sur sa table de nuit réveillèrent Faye brusquement. Relevant le buste d’un coup sec, elle avait l’impression de sortir d’un long coma. Son premier réflexe fut d’agripper sa douloureuse tête entre ses mains tremblantes. Le grondement sur ses tempes était insoutenable. L’alcool n’en était définitivement pas la cause. Elle s’arma de la bouteille d’eau au trois quarts vide qui trainait sur le sol et fouilla difficilement ses tiroirs pour trouver un médicament. À genoux, le front déposé contre le matelas, elle s’énerva en entendant une énième notification.

  • Merde, jura-t-elle en regardant difficilement l’heure et les messages de Selim de ses pupilles encore dilatées.

Malgré son corps lourd, sa tête vacillante et ses pieds qui s’entremêlaient, elle fonça dans la douche quitte à tout faire tomber sur son passage. Finalement, elle avait encore de l’alcool dans les veines, mais pas seulement. La douceur de l’eau chaude sur son corps lui permis de recoller quelques morceaux de sa soirée. Elle revoyait Davis lui proposer une pilule et se mordue les lèvres en se rappelant qu’elle avait d’abord refuser. Quelques sorties avaient suffi pour qu’elle comprenne que cette chose lui bousillerait la vie. Mais son dealer l’avait convaincu :

  • Pourquoi tu es venue si tu n’en veux vraiment pas ?

Les effets de la redescente, elle les connaissait maintenant, mais il en allait de même de la frénésie qui suivait la prise. Trop faible, elle n’avait pas su résister, le petit bonbon l’appelant du sourire qui s’y dessinait. Davis savait aussi se montrer persistent.

Le restant lui revint tandis qu’elle se préparait au ralenti, comme le fait que les cours mixtes de piscine commençaient ce matin-là. Elle glissa directement dans son maillot et constata ensuite l’état de sa tronche dans son miroir à pied Elle tenta alors d’arranger ce ravage en déposant du mascara waterproof sur ses longs cils. Ça ne changeait pas grand-chose, constata-t-elle. L’idée d’être moche devant les garçons la gênait, encore plus à l’idée de l’être devant “lui”. Finalement, elle pensait comme une “gamine”. Habillée, elle enfourna quelques affaires dans son sac qu’elle transvasa de la sacoche qu’elle avait utilisé le soir-même. En tombant nez à nez avec un sachet complet d’ecstasy, elle se rendit compte que le fourbe lui en avait glissé en cachette. Face aux pilules, elle ne bougeait plus d’un poil, fixant de ses yeux rouges et fatigués ce qui lui faisait tant de mal. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’elle ressente ce mal-être et que la seule solution qu’elle y connaissait s’avérait être dans le creux de sa main. Dilemme, elle se demande ce qui était le plus important ? Avoir l’air dépité à cause des effets de la drogue ou faussement heureuse grâce à la même chose ? Elles l’appelaient encore, les pilules lui criaient de les avaler. Elle fit le deuxième choix et en avala deux d’un coup avant de jeter le sachet dans son sac et de décamper.

Sur le chemin, nauséeuse, elle se revoyait se dandiner dans tous les sens dans la discothèque. Des flashs dont elle avait honte la percutait de plus en plus, comme des réminiscences où elle se frottait à des garçons dont elle ne connaissait ni le nom ni le visage.

La sonnerie retentit quand elle arriva devant les bâtiments, courant alors sur ses bottines à talons pour rejoindre le restant du rang. Nice lui jeta un regard sévère qui s’adoucit dès l’instant où Faye lui fit un grand sourire.

  • Juste à temps ! s’exclama-t-elle en brandissant deux doigts en l’air pour former un “peace”.
  • Alors comme ça tu l’as fait tard ? lâcha Selim de derrière son dos.
  • Oups, prise sur le fait, fit-elle en tirant la langue.
  • T’aurais pu au moins nous inviter ! rétorqua-t-il en lui mettant un coup de coude.

Nice observait son amoureux la taquiner dans une tentative vaine de lui faire cracher quelques informations. Elle remarqua des cernes immenses sous les yeux de la rousse qui se faisait plus pâle que d’habitude. Derrière ce sourire se cachait-il une peine quelconque ? Après cette semaine bien chargée, il était normal de paraître fatiguée. Malgré tout, Nice restait convaincu qu’il y avait quelque chose derrière ce nouveau comportement. Elle avait adoré découvrir sa meilleure amie dans de nouveaux vêtements, la voir s’épanouir et devenir plus féminine, mais le sujet des garçons la tracassait beaucoup. Ce n’était pas nouveau que “Faye Fast” en faisait craquer plus d’un. Cependant, à ce point ? Pourquoi, tout d’un coup, avait-elle décidé de sortir tous les soirs ? Maintenant qu’elle y réfléchissait, c’est après cette fameuse soirée, où ce garçon l’avait… Elle n’osait toujours pas le mettre en mot… qu’elle avait changée. Qu’est-ce qu’il y avait bien pu se passer d’autres pour qu’elle en arrive là ? La petite Nice secoua la tête sur le chemin des vestiaires : elle devait se faire des idées.

Puisqu’elle avait déjà enfilé son maillot, Faye attendait patiemment que ses amies ait finis de se changer. L’air lourd dans la pièce lui donnait l’impression de ne plus savoir respirer. Elle reprit une grande inspiration quand elle sursauta aux exclamations de Kimi qui avait sa tête presque plongée dans son sac de sport.

  • Je crois que j’ai oublié mon maillot, c’est pas possible… Non ! J’aurais dû le mettre directement sur moi, se flagella-t-elle. Qu’est-ce que je fais ? dit-elle en se retournant vers Laure pour lui offrir un regard de chien battu.
  • Ne t’inquiète pas, Laure Ibiss a toujours un plan B et un maillot de secours, fit-elle en brandissant un deux pièces sous son nez.

Kimi regarda longuement les morceaux de tissus noirs et passa une main dans sa nuque collante à cause de la chaleur.

  • Ça ne va pas ? demanda Laure qui se prélassait déjà dans son maillot.
  • Hum, c’est juste que c’est un peu… J’aurais préféré un uni…
  • Oh, lâcha Laure, tu veux le mien ? Mais ce n’est pas très hygiénique ?
  • Personne n’en a un à prêter ? demanda Kimi en interpellant ses camarades.
  • J’ai juste une deuxième paire de lunettes, lâcha une fille pour ne pas la laisser dans le vent.
  • Bon, fit Kimi en se saisissant du maillot à contre-cœur.
  • Qu’est-ce qui te gêne ? l’interrogea Laure discrètement qui voyait le malaise de son amie. Tu es pudique ? Le bas remonte haut et ce n’est pas décolleté ne t’inquiètes pas…
  • C’est vrai qu’on a cours avec les garçons, dit Faye en arrière-plan qui semblait toujours passer un mauvais moment.

À côté, Nice semblait prendre conscience de cette nouvelle, s’inspectant alors sur toutes les coutures. Ce serait la première fois que Selim la verrait aussi dénudé. Tout d’un coup, la très bonne nageuse n’eut plus aucune envie de participer à ce cours.

  • N’en rajoute pas une couche, s’en alla Laure d’un air réprobateur.
  • Non, c’est bien, dit Kimi d’un air accablé, est-ce que je peux te demander de tenir mon essui ? demanda-t-elle en lui tendant sa serviette.

Dans un coin du vestiaire, la blonde se changea cachée par les soins de Laure. C’est vrai qu’elle était pudique, mais il ne s’agissait pas de la seule raison de son inconfort. Kimi fut soulagé de voir que le haut descendait loin sous sa poitrine et que le bas couvrait presque l’ensemble de sa cicatrice Elle remercia son amie d’un signe de tête, couvrant son ventre de l’essui avec lequel elle l’avait si bien protégé du regard des autres. Une fois déposée, c’est à l’aide de son avant-bras qu’elle dissimula son ancienne blessure, tandis qu’elles prenaient le chemin du bassin.

Laure attrapa gentiment son poignet pour constater qu’elle avait quelques entailles au niveau de son coude. Le cœur de Kimi s’affola, tapant à toute vitesse dans sa poitrine.

  • Je parie que tu étais une casse-cou petite, plaisanta-t-elle.
  • Ah oui… Je me blessais beaucoup, répondit-elle par un rire nerveux.
  • Ça va le maillot final…

Alors qu’elle faisait toujours preuve de tact, Laure ne pu contrôler son expression en découvrant les vilaines coutures blanches s’étendre sur les abdominaux de son amie. En croisant le regard de Kimi, elle comprit immédiatement qu’elle voulait éviter le sujet, la laissant alors cacher à nouveau son ventre de sa main.

Après être passées par l’enfer du pédiluve, elles arrivèrent au bassin où les garçons, pour la plupart en shorts moulants, attendait patiemment que le cours commence. Nice se cacha immédiatement derrière le corps parfait de Faye qui n’éprouvait aucun embarras face aux regards discrets, du moins c’est ce qu’il croyait, de leurs voisins de ligne.

  • Ta princesse est là, tu ne vas pas regarder ? souffla Alex dans le creux de l’oreille de Selim.
  • Non, se convainquit ce dernier dont l’œil se déplaçait doucement vers l’interdit. Non ! s’exclama-t-il en mettant des petites tapettes sur ses joues.

Alex se moquait ouvertement de lui, mais admirait sa bravoure. Tout comme la jeune Ibiss, il ne se gênait pas pour se rincer l’œil. Comme si elle faisait ses courses, Laure parcourait les corps nus de ses camarades, jaugeant ouvertement lequel d’entre eux était “le mieux foutu”. Kimi n’apprécia pas le fait qu’elle se poste directement à côté de Sky. Elle ne voulait surtout pas qu’il voit ce qu’elle tentait de cacher désespérément. Parce qu’en plus de sa cicatrice, le froid piquait sa poitrine qu’elle arrivait à peine à couvrir. Elle sursauta alors en sentant quelque chose de doux se poser sur ses épaules. Loyd apparut, un sourire angélique aux bords des lèvres. Kimi rougit légèrement à son attention, tirant la petite serviette un peu plus sur ses épaules.

  • Si j’étais toi, je ne me fierais pas à cette gueule d’ange, lâcha Sky.
  • Arête un peu, le défendit immédiatement Laure.

Satisfait, Loyd lança un clin d’œil à son pote, puis lui fit un mouvement de tête dans la direction de Selim. Ce dernier était beaucoup trop drôle, se forçant à regarder l’horizon plutôt que sa petite amie. Timidement, Nice était venue à ses côtés avec Faye. Elle avait toujours l’air aussi malade, l’odeur du chlore remuant ses entrailles. Elle se couvrait légèrement le nez et la bouche ne remarquant pas l’attention toute particulière que lui portait Alex.

  • Quand on sort et qu’on boit, il faut savoir l’assumer, lâcha-t-il nonchalamment.

Faye se redressa légèrement et dégagea quelques boucles pour mieux le regarder. Est-ce qu’elle avait l’air aussi malade que ça ? se demanda-t-elle, pendant que les yeux bleus d’Alex parcourait doucement son corps. Elle avait des courbes généreuses, un peu écrasée dans son maillot une pièce. Il fit une grimace, remontant son petit nez avec colère, et les détourna.

  • Comment tu sais que je suis sortie hier ? osa-t-elle enfin.
  • J’y étais, fit-il. Nan, je plaisante, tu as quelque chose à te reprocher ? continua-t-il quand il la vit tressaillir.
  • Je ne savais pas que tu étais capable de plaisanter, rétorqua-t-elle d’un ton fâché.

Le professeur des garçons arriva dans un slip de bain encore plus moulant que certains et qui décrocha quelques rires aux filles. Il avait l’air plutôt fier de son accoutrement et porta son sifflet à sa bouche pour gagner notre attention.

  • Ne vous mélangez pas trop vite ! fit-il en découvrant les filles et les garçons dispersés devant le bassin. Madame Renade ne sera pas présente lors de cette séance, annonça-t-il. Puisque je vais devoir assurer cette séance seul, je vous demanderai de bien respecter mes consignes. Je veux voir les garçons dans les deux compartiments à gauche, dit-il sévèrement, et les filles dans ceux de droites, continua-t-elle en s’adressant à elles avec une voix plus mielleuse. Tout le monde commencera par quelques longueurs d’échauffements, et oui, je veux voir plonger ! À vos postes ! s’écria-t-il en motivant ses troupes de petits applaudissements.

De pas las et de mines renfrognés, chacun gagna son rang devant l'étendue bleu.

  • Et avec le sourire, si ça ne vous dérange pas trop ! On bouge son popotin ! cria-t-il à nouveau, lançant un petit clin d'œil du côté des filles.

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