Seul pleureur

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Dendro regardait ses frères et sœurs autour de lui. Il lui semblait observer un théâtre de l’horreur, un paysage de désolation. Rien sinon sa propre peine ne se faisait sentir. Cette douleur grandiose au fond de lui suffoquait et suppliait cette réalité qui n’avait plus de retour. Il aurait voulu gommer ce qu’il avait vu, racheter ces nombreuses années de vie qui ne représentaient qu’une seconde à l’image non pas de l’humanité mais de la Création. Ses proches ancrés tout autour se lamentaient et pleuraient dans une supplique silencieuse. Il les entendait mais ne pouvait rien faire. Il se trouvait dans l'incapacité de bouger et lui-même très affaibli semblait faire appel à ces dernières forces pour conserver ce fluide de vie. Il le fallait. Il lui fallait résister. Car beaucoup n'étaient plus. Il ne restait d’eux que de traces noires et fumantes, une odeur âcre de feu.

C’était un génocide auquel il avait assisté, son peuple massacré au profit d’une espèce qui ne méritait plus aucune compassion. Ils avaient tout donné pour elle, sacrifié tellement. Ces êtres avaient d'abord bénéficié de quelques avantages accordés, puis s'étaient octroyés toujours plus de droits avant de tout mettre à sac. Ces "petipèdes", comme il les avait surnommés, étaient apparus il y a un mois de cela. Dendro ne s’en était pas soucié et avait même rassuré ses voisins, précisant qu’il était bien normal d’ouvrir ses portes aux inconnus. "Nous sommes un peuple de paix", répétait-il. Rapidement, ces petipèdes étaient partis, provoquant le soulagement de tous. Mais quelques mois plus tard, ils étaient revenus avec leurs inventions qui grondaient et hurlaient l’horreur qui allait suivre. Dendro, ayant joué le pacificateur dès le debut, n'avait pu ignorer davantage le spectacle qui s'offrait à lui. Certains de ses congénères avaient été décapités, leurs membres arrachés puis broyés; d'autres avaient été brûlés vifs. Les petipèdes avaient tout pris. Ils avaient ravagé, arraché, déraciné l’ensemble et étaient partis. Sans un mot. Sans rien dire. Laissant derrière eux le résultat de leur violence.

C'est ainsi que Dendro, l’arbre qui versait des larmes, trônait sur un désert que seuls les humains avaient pu créer, sa forêt entière n’étant plus.

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