Chapitre 6 - Le défilé d’Ormahin

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La route serpentait sur le flanc de la montagne en direction de la capitale des rhoniens, les nains des sommets. A mesure de notre ascension, l’ombre des conifères s’était dispersée, laissant s’épanouir les prairies, leurs fleurs et leurs buissons entre les roches grises des Montagnes de Cristal. Par moments, la route longeait les ruisseaux dont l’eau limpide donnait leur nom à ces hauteurs. Le vent était frais et nos chevaux peinaient sur les cailloux du chemin.

Au détour d’un relief, un col étroit se dessina devant nous, en une lame de lumière sertie entre deux falaises de granit. A mesure que nous approchions, je commençais à réaliser que ce que j’avais pris pour des irrégularités naturelles dans le mur de la roche n’en étaient pas.

Les abords et les parois du défilé étaient ciselés sur toute leur hauteur en fresques monumentales. Leurs détails étaient si fins qu’elles semblaient être déposées comme un voile de dentelle sur la surface de la montagne. Visible de loin, il nous fallut une bonne heure avant d’atteindre l’embouchure du passage.

En souriant, mon père me regardait m’ébahir devant la splendeur et la richesse des fresques. La lumière faisait jouer les personnages en reflets d’ombre. Elle donnait vie à l’Histoire du Monde que les nains avaient sculptée sur ces murs.

Une scène attira mon attention. Elle représentait le Fratricide, l’événement mythique où Arne, aidé des huit traitres dragons, tua son frère Sorne. Le père des divinités et des peuples mortels de l’Ouest gisait sur la pierre, le corps déchiqueté. Déjà, les dieux et les déesses accouraient, l’air vengeur. Déjà, les nains, les elfes et les humains jaillissaient de la dépouille, dont la puissance se transmuait. Une inscription soulignait les images, sculpter dans l’alphabet des nains. Incapable de la déchiffrer, son sens m’échappait.

Une voix rauque et grave m’interpella, me sortant brusquement de ma contemplation. Derrière moi se tenait un soldat rhonien, un nain massif dont la barbe était si dense qu’elle cachait presque entièrement son armure. Il pointa un doigt sur l’inscription et la souligna tout en la lisant.

« La vie d’un dieu, arrachée par la traitrise. La vie d’un dieu, sacrifié pour que nous naissions et que sur le monde nous nous répandions. La vie d’un dieu arrachée. »

« Un dieu peut-il vraiment mourir ? » répondais-je.

Le nain sourit à travers sa grande barbe : « Si nous vivons, c’est qu’il n’est pas mort. »

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