Le chapitre qui ne sera jamais publié

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Il y a un an maintenant, j’ai commencé à écrire mon roman. Celui qui ne sera peut-être jamais que l’unique s’il prend vie un jour. Tout à l’heure, pour la première fois depuis des mois, j’ai ouvert mon brouillon, et je m’y suis remis. Parmi les choses oubliées, j’ai retrouvé un chapitre qui finalement avait été rejeté et remplacé, mais qui a lui seul peut offrir une courte nouvelle. Je vous le pose ici, après l’avoir juste mouliné dans Antidote. Simplement pour le plaisir de dire à ceux qui attendent que je termine cette histoire, que ça y est, je m’y replonge, sans plus de promesse.

Bonne lecture.

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Le chauffeur de bus

Devenir chauffeur de bus n’avait pas été une vocation flagrante pour moi. Un hasard nouveau de ma vie déjà curieusement jonchée de tout un tas de petits obstacles sournois que je m’efforçais tant bien que mal de franchir, c’était mon quotidien et je ne me figurais pas qu’il puisse en exister d’autre. Avec le recul je dirais même qu’on m’a poussé vers ce travail, et tant mieux. Vu dans l’état où j’étais à ce moment, cette sollicitude un peu forcée m’avait sauvé.

De toute façon je ne savais pas comment trouver un travail tout seul, et je ne savais pas non plus faire grand chose de mes dix doigts, surtout depuis l’accident. L’école avait été comme un horrible cauchemar que je faisais tout pour oublier, et que j’avais quitté le plus vite possible, prenant mes jambes à mon coup vers les jupons de maman. Et à force de vouloir oublier l’école et ses horreurs, j’avais surtout oublié ce qu’on m’y avait appris. Si tant est que j’ai été capable un jour de retenir quelque chose.

Heureusement dans ma vie il y avait maman et ses jupons. C’était bien là le seul endroit qu’on ne devrait jamais quitter et qui vous fait sentir confortable et en sécurité. Mais un jour maman est morte. Elle avait tout fait pour éviter ce moment sans grand succès. Elle savait, elle, que tout seul face au monde je ne valais pas grand chose et que sans sa présence quotidienne comme une béquille, je trébucherai tout au long du chemin qui m’amènerait à la tombe. Et certainement plus vite que prévu maintenant qu’elle ne pourrait plus me sauver la vie.

Trente ans à m’assoir matin, midi et soir à sa table. Les coudes sur la toile cirée, à écraser mes mégots dans un vieux cendrier en terre cuite. À goûter tous ses plats en sauces généreux et ses fritures parfaites, à m’en délecter. Je l’avais contemplée, pendant trois décennies. Elle essayait chaque jour de me contenter, inlassablement. Je l’avais vue se fatiguer, se faner doucement, ne jamais vraiment être heureuse, toujours à me sourire, toujours à me passer la main dans les cheveux pour m’appeler « mon grand ». C’était une petite bonne-femme, juste assez grande pour ne pas être la petite que tout le monde raille. Elle avait le regard profond et noir, le cheveu épais et ondulé, les dents si magnifiquement blanches qu’on eut pu les croire fausses, les lèvres toujours rouges, les talons hauts et la poitrine en avant. Elle devait être belle car tous les hommes la regardaient et elle ça la faisait sourire. Elle aimait être coquette, souvent recouverte de bijoux, des lunettes bien voyantes dont on distinguait tout de suite le logo. Bien sûr la plupart de ses atours étaient du toc. On n’avait pas les moyens de se payer toutes ces belles choses qu’elle aurait tellement voulu ne pas être que des pages en papier glacé dans des magazines. Je ne l’avais jamais vu vivre réellement. Je ne lui avait pas connu de passion ou de passe-temps autre que cette coquetterie. Ou alors n’avais-je tout simplement pas été assez attentif.

Mon père n’a jamais réellement existé, en tout cas on n’en parlait pas à la maison. À quoi bon ? Il n’aurait été qu’un intrus dans notre cocon. Il avait été un spermatozoïde de passage, un cri de jouissance dans une ruelle sombre, une terreur angoissante au lendemain matin, et l’impossibilité de choisir entre le cintre de la vielle voisine qui savait encore comment faire ces choses, le cachet du médecin ou l’attente de trois trimestres interminables pour voir surgir une bestiole qui s’accroche à vous toute une vie sans une once de reconnaissance.

J’étais né. Je n’avais rien demandé. Mais j’exigeais tout. Je prenais bien trop de place pour qu’un quelconque père y trouve la sienne. Comme si d’ailleurs un seul arrivait jamais à trouver une place une fois la progéniture engendrée. À l’extrême limite trouvent-ils ces hommes une place de géniteur professionnel si leur compagne veut continuer à se faire engrosser. Mais sinon ? Sinon ils sont les rébuts d’un accouplement dont ne survit que l’amour d’une mère pour son enfant. Les hommes sont en trop. Ils revendiquent parfois une existence dans laquelle ils se trouvent bien ridicules et font une illusion éphémère qui peut affoler les média un temps. Mais cela ne dure pas.

Jamais on ne parlait non plus de mes grands-parents ou d’un quelconque reliquat de famille, si j’en avait eu ils étaient tous oubliés ou morts depuis longtemps. Les autres enfants en avaient, pour sûr, ils en parlaient tout le temps, mais pas moi. Je n’ai jamais vraiment posé de question à ce sujet, ce qui a grandement contribué au fait que je n’ai jamais eu de réponse aux quelques interrogations légitimes qui parfois me tracassaient.

Nous étions donc tous les deux, maman et moi. Et c’était bien suffisant. Nous habitions depuis toujours un petit appartement d’un quartier populaire, toujours animé et aux habitants souriants et heureux d’être ensemble. Chacun avait sa chambre et nous profitions d’un petit espace commun avec cuisine intégrée et table en Formica. Ce n’était ni beau ni laid. C’était chez nous. De ces chez-vous qui ont une odeur, une chaleur, une lumière qui ne se retrouve nulle part ailleurs et fait de cet endroit votre nid.

Après que j’ai dû faire enterrer maman je ne savais plus quoi faire. La société depuis le lycée m’avait bringuebalé de formations en boulots ingrats. Je ne savais rien faire de mes dix doigts et maintenant je n’avais plus personne dans les jupons de qui m’en plaindre et m’en réfugier. Mes amis, tous aussi moches et abîmés par ce début d’existence que moi, se moquaient. Ils avaient tous eu la chance de naître dans des foyers solides, où si l’argent ne coulait pas plus à flot, il leur restait quand même de quoi subvenir aux besoins essentiels de clopes et de bières chaque jour. Certains avaient même eut l’extraordinaire veine de naître sans ascendance et d’être à vie des enfants de la nation que personne n’avait voulu adopter et à qui nous devions tout donner car ils avaient si peu eu. Des veinards incroyables. À ce titre tout leur était dû. Comme des invalides de guerre ils nous passaient devant dans la longue queue de la vie sans que nous ne puissions rien y dire. J’étais jaloux. Ce jour précis où je me suis rendu compte que maman ne sortirait pas de la boite qu’on venait de poser au fond d’un trou et de recouvrir d’une grande quantité de terre, je suis devenu jaloux de ces orphelins de toujours. Eux au moins n’auraient jamais à vivre la douleur de voir disparaitre leurs parents.

Maintenant il fallait que j’avance dans cette douleur qui m’envahissait. Pas facile. Et puis pas envie. Si je m’étais allongé là par terre, est-ce que quelqu’un l’aurait remarqué ? Je ne suis pas sûr. Et si quelqu’un avait vu mon corps mollasson qu’aurait-il fait d’autre que de me mettre un grand coup de godasse dans les reins pour m’extirper de ma torpeur ? Je décidai de vivre de petits boulots et de survivre d’un jour sur l’autre. Les gens qui donnent des travaux d’aumônes sont soit de grands coeurs charitables soit des esclavagistes. J’avais donc chaque jour une chance sur deux de vivre un moment agréable, voire même de le prolonger en jouant sur la générosité de mon sauveur. C’est mal d’apitoyer les gens, de les faire se sentir misérables de ne pas partager le peu qu’ils ont. Mais si les idiots y sont réceptifs, c’est qu’ils méritent de l’être. Je sentais parfois un peu de remords à tordre ainsi les bons sentiments de mes semblables. Mais tant que cela m’était profitable, et me permettait de leur éviter la vue d’un clochard agonisant dans un caniveau en sortant de leurs belles demeures au matin, alors je me sentais investi d’une mission divine et ne ressentais plus aucune honte.

D’un autre côté quand je tombais sur des bourreaux je payais d’un coup toute la pénitence du mal que mes manipulations avaient pu engendrer. Plus d’une fois on ne me paya pas, ni ne me donna de quoi manger. Parfois on me filait des coups pour que je travaille plus vite en me faisant miroiter une nuit au chaud et au sec, et en sécurité surtout. D’autres fois c’était mes collègues éphémères d’infortune qui me dépouillaient. Et quelques autres fois c’était moi qui leur volais leurs affaires et leur argent. Tout finissait en bagarre. En mauvais coups. C’était la jungle, la survie à chaque minute. Après toutes ces années à être chouchouté, je ne comprenais pas comment le monde avait pu se remplir d’un coup de toute cette méchanceté dès le lendemain de l’enterrement.

Maman, elle, ne m’avait jamais fait de mal. Au pire, quand j’étais petit, m’avait-elle parfois inculqué un peu plus profondément qu’elle l’aurait voulu quelques préceptes de vie, mais c’était pour mon bien. Une gifle quand on aime est plus belle que toutes les caresses des tartuffes de l’amour. Les bleus que laisse dans la chair frêle d’un enfant l’éducation aimante de sa mère sont comme des tatouages de tendresse. Maman a toujours été très tendre. Elle savait me raconter des histoires formidables pour m’endormir, et quand j’étais trop excité à l’écoute de ses récit fantastiques, elle acceptait de m’offrir un des petits cachets qu’elle-même prenait avant de se glisser au lit. Des petits cachets blancs, tous ronds et qui disait-elle lui permettaient de se détendre. C’était vrai. Chaque fois qu’elle prenait un de ces bonbons, accompagnée d’une légère gorgée d’eau, elle ronronnait comme un chat en se pelotonnant dans ses draps et en enfonçant sa nuque dans ses oreillers qu’elle creusait de doux mouvements oscillatoires de ses épaules. J’aimais ces moments où elle partageait avec moi ce trésor. Je n’y avait le droit que quand j’étais très sage, et surtout très passionné par ce qu’elle me racontait.

- Tu es comme tous les hommes de ma vie, tu ne me laissera jamais une minute de répit. Tiens maman va te donner un bonbon ce soir. Tu aimes ça, hein ? Quand maman te donne un bonbon ?

Oh! Oui j’aimais ça. J’étais un des hommes de sa vie, pas simplement un rejeton comme les autres, comme l’étaient tous les gamins de mon quartier. Et j’étais fier.

Je grandissais avec fierté dans cet amour.

Sans père je ne me sentais pas pour autant isolé, maman avait toujours la visite de plein de monde à la maison. Jamais tous en même temps mais c’était un long défilé toute la journée, et parfois même certains venaient la nuit. Je ne participais pas à tout ce remue-ménage-ménage. Je restais dans ma chambre ou dans le salon. Maman me laissait regarder la télévision tout le temps, et me permettait même de mettre le son aussi fort que je voulais. Un vrai plaisir. Les voisins n’étaient pas toujours contents, mais maman savait comment les amadouer. Je n’étais qu’un petit gars au grand sourire toute content de regarder ses dessins animés alors je ne faisais pas forcément attention que le son pouvait gêner les autres gens de l’immeuble. Il faut dire que nous habitions un vrai château hanté en papier mâché qui laissait passer tous les bruits à travers ses minces parois. Parfois j’avais même l’impression d’entendre comme des hurlement, ou plutôt des gémissements à travers les murs. Comme si les fantômes de tous ceux qui avaient vécus ici avant étaient encore présents et essayaient par tous les moyens de nous effrayer. Mais je n’avais pas peur.

Même si je savais que les revenants n’existent pas j’étais tout de même un enfant peu doué pour l’école. De toute façon je pense que maman n’avait jamais vraiment été à l’école non plus. Elle ne comprenait pas plus que moi les leçons aux sens complètement impénétrables qu’essayaient de nous faire ingurgiter nos professeurs. Elle comme moi nous avons rapidement arrêté d’essayer de comprendre quoique ce soit, et d’année en année je faisais juste ce qu’il fallait pour passer dans la classe supérieure. Parfois c’était difficile, alors maman invitait à la maison mes professeurs, plus souvent les messieurs que les dames d’ailleurs, pour leur faire des bons petits plats, et leur raconter à quel point j’étais un garçon formidable et qu’il fallait m’aider à avancer dans la vie. La plupart du temps elle les emmenait ensuite voir les albums photos de famille qu’elle gardait dans sa chambre. Moi j’allais me coucher à ce moment-là car il était déjà tard, qu’il fallait laisser les adultes finir de discuter entre eux, et que j’étais de toute façon trop jeune pour comprendre. Les lendemains de ces dîners les professeurs étaient toujours beaucoup plus gentils avec moi qu’ils ne l’avaient été la veille. Certains revenaient plusieurs fois dans l‘année, ils y prenaient goût. Une fois cela fonctionna même avec ma professeur de biologie, j’étais en quatrième, je m’en souviens très bien. C’était une femme qui de toute façon me semblait vieille comme toutes les femmes quand on est un jeune adolescent mais elle dégageait quelque chose de bizarre que je n’ai jamais compris, mais qui était un rien troublant. J’étais très mauvais en biologie, plus encore qu’en toute autre matière, les sciences restaient un monde complètement opaque. Et cette année-là cette dame était ma professeure principale, revêtant ainsi une importance particulière. Maman l’avait bien ressenti, et avait compris que cette professeure était quelqu’un de plus sensible que les autres. Le soir où elle est venue à la maison, maman avait mis sa plus belle robe à fleurs, je l’aimais beaucoup cette robe, elle s’était parfumée et avait passé un temps infini dans la cuisine. Nous avions passé une superbe soirée, et les photos de souvenirs ont dû beaucoup lui plaire car je passais ensuite la plus belle année scolaire de ma vie, presque sans avoir à me soucier d’appendre, les bonnes notes tombaient toutes seules, et elle revint souvent manger à la maison. Ça rendait maman joyeuse. Ce fût une si belle année.

Plus je murissais et plus notre relation avec maman devenait tendre. Comme si jusqu’à un certain âge je n’avais été qu’un animal à élever et qui n’avait d’importance que d’être amené vivant au jour suivant, sans trop de bobos. Mais vers le Lycée j’ai vu que maman changeait d’attitude avec moi, elle s’intéressait plus facilement à ce que je pensais, à ce que je faisais. Elle aimait aussi beaucoup que je vienne accompagné d’amis à la maison, et elle adorait les chouchouter et les cajoler comme s’ils avaient été ses propres enfants. Moi ça ne me dérangeait pas car j’étais fier d’être le garçon chez qui tout le monde voulait venir car ma maman à moi n’était pas une acariâtre qui faisait fuir toute la jeunesse. Et ça se bousculait sévère pour venir passer des moments chez nous. Cela ne nous aidait pas forcement à nous améliorer en classe, mais nous passions de merveilleux mercredis après-midi à jouer à tout un tas de jeux auxquels maman participait souvent avec beaucoup d’enthousiasme. Elle aimait nous prendre dans les bras pour nous féliciter quand nous gagnions. Et n’hésitait pas à embrasser les vainqueurs de chaque partie pour les congratuler et leur faire ressentir un peu plus à quel point ils étaient les bienvenus à la maison. Nous vivions vraiment des moments que je n’oublierai jamais.

Mes résultats à l’école cependant dégringolaient de plus en plus et les dîners étaient de plus en plus rares avec mes enseignants. Sans que je comprenne jamais pourquoi.

Maman blanchissait et je m’abêtissais.

Mon professeur principal en Seconde ne voulu pas que j’aille plus loin. Pour lui j’étais ce qu’il pouvait y avoir de pire pour l’éducation de notre pays. J’étais a priori un idiot fini complètement perdu pour l’humanité toute entière. Et je n’avais plus qu’à me tourner vers des métiers manuels. Je ne compris pas bien en quoi cela pouvait être un échec de ne pas devenir un grand chercheur ou un illustre penseur. Ces gens-là aussi ont besoin d’aller chercher une bonne baguette de pain dans une chouette boulangerie, ou ont de temps à autre un évier à faire déboucher devant le siphon duquel ils sont aussi perplexes qu’une poule devant un ouvre-boite. Peu importe, il fallait que je choisisse une voie de garage et que je m’y parque comme une vieille bagnole en fin de course, et surtout que je laisse la voie libre au passage de tous ceux qui poussaient derrière moi pour aller vers un destin qui, s’y je me souviens bien ce qu’a dit ce professeur ce jour-là, permettrait de payer les impôts nécessaires à faire vivre de leurs subsides un rebut comme moi.

Maman était atterrée. Par ma bêtise et mon rejet des études je l’avais rendu triste comme jamais. Elle ne s’était pas bercée d’illusion, j’avais toujours été une andouille, mais tant qu’elle pouvait m’aider à m’en sortir, elle devait se dire qu’un jour, comme n’importe quel petit oiseau, j’allais pouvoir réveiller mon instinct et déplorer enfin mes ailles pour m’envoler et ne plus avoir à attendre qu’elle me donne la becquée. Elle le savait, elle, qu’elle ne serait pas éternelle et qu’un jour elle ne serait plus là pour aller me chercher mes petits vers, me les prémâcher et me les glisser tous gluants dans le gosier. Moi je ne me doutais de rien. Et si les mots du professeur avaient été durs, je ne les comprenais pas vraiment, j’étais même heureux d’être libéré de cette pression que tous mes camarades se mettaient de devoir réussir coûte que coûte toutes des interrogations écrites, plus sournoises et perverses les unes que les autres.

C’est maman qui choisi pour moi. Je devais devenir boucher. C’était assez ingrat comme boulot pour qu’il n’y ait pas de concurrence et que même si je devenais le plus mauvais boucher du monde on eut toujours besoin de moi. Les gens ont toujours besoin de manger et malgré tous leurs cris et leurs manifestations maman restait persuadée que les végétariens n’étaient que des illuminés qui ne feraient pas long feu.

Rétrospectivement me mettre un couteau dans les mains ne semblait pas être l’idée du siècle. J’avais déjà un mal fou à coordonner mon cerveau et mes doigts pour utiliser correctement un stylo sur les bancs de l’école, alors un objet tranchant, pouvant séparer la chair des os d’un seul coup de poignet, c’était comme donner le volant à un aveugle. Et encore l’aveugle saurait trouver la pédale de frein pour l’écraser de tout son poids et éviter trop de dégâts. Mais curieusement dès le premier jour au centre de formation des apprentis je me suis senti à l’aise avec tout cet environnement. Les enseignants nous parlaient un peu plus lentement que ceux des filières traditionnelles, et on sentait en eux un je-ne-sais-quoi qui donnait envie de les écouter et de les suivre. Comme des sergents instructeurs à l’armée. Je n’avais pas fait l’armée, et ne la ferai jamais, mais j’avais vu les films nécessaires à ma parfaite connaissance de la chose militaire. Les cours théoriques étaient assez peu nombreux et on passait beaucoup de temps à apprendre à manipuler, et surtout à apprendre à ne pas se blesser.

Pour la première fois de ma vie l’apprentissage m’épanouissait. Maman était très fière de moi et nous passions des moments merveilleux quand je rentrais à la maison. Je ne trainais que très peu dehors, juste le temps de faire le trajet entre notre chez-nous et les cours, parfois un petit détour pour aller faire des courses si maman m’avait laissé de l’argent le matin avec l’instruction de le faire, mais je n’étais jamais oisif comme pouvait l’être les autres gens de mon âge à repousser le plus possible l’heure de rentrer au bercail. Maman ne travaillait pas. Comme elle l’avait toujours fait elle restait toute la journée à la maison à s’occuper, à ranger, briquer, classer des choses, les déclasser puis les reclasser, les perdre et les chercher. Du coup la maison était toujours propre. Et plus elle vieillissait plus la maison était propre car elle avait de moins en moins de visites la journée, ce qui lui laissait de plus en plus de temps pour s’occuper de moi. Et ça me rendait heureux.

Nous avions à nous une éternité de moments. Elle était la femme de ma vie, et j’étais de plus en plus chaque jour le seul homme restant de la sienne. Je voyais mes dix-huit ans arriver avec sérénité. Je pourrai passer mon permis et emmener maman partout, dès que nous aurions acheté une voiture bien sûr.

Et puis survint l’accident. Pas grand chose en soit. Un accident qui ne ferait même pas un entrefilet dans le journal d’une province perdue, mais pour moi il avait été le début de beaucoup d’horreurs.

Manipuler des objets dangereux s’était révélé être pour moi d’une facilité déconcertante après tous mes échecs à apprendre à faire quoique ce soit. Mais les erreurs d’inattention sont le fléau auquel je ne m’attendais pas, et qui m’a fauché en plein envol. J’étais toujours heureux de montrer à mes copains de classe que je savais faire les choses plus rapidement et mieux qu’eux. Ça ne m’était jamais arrivé avant alors j’en usait et en abusait. Et eux, par défi, voulaient que je repousse toujours plus loin les limites de mes capacités en leur faisant des démonstrations de plus en plus farfelues. Ça les faisait rire bien plus que nos enseignants qui avaient déjà compris qu’un jour, à continuer de relever ces paris stupides, j’allais finir par faire une bêtise. Et c’est exactement ce qui est arrivé. Un jour que j’essayais de me rendre encore intéressant je pris le parti de faire une acrobatie avec mes mains et les couteaux pour montrer que j’étais bien le plus habile de la bande. La magnifique lame à désosser, fine et courbe, aussi souple et dangereuse qu’un rasoir et à la pointe aigüe comme une seringue, se planta droit dans la paume et transperça ma main droite. La peur. Le frisson glacé qui parcours le corps à cet instant. La douleur. De ma main gauche maladroite je saisi le manche de caoutchouc jaune et d’un coup sec, pensant arracher un pansement et qu’après cela tout irait bien, je tirai de toutes mes forces et retirai la lame de son écrin de chair. Le hurlement qui sorti de ma gorge alerta les encadrants qui se précipitèrent comme ils purent à travers la foule de camarades qui m’entouraient chacun une main sur la bouche, soit pour se retenir de vomir, soit pour se retenir de rire. On me disputa. On me poussa vers la sortie où la voiture du chef d’établissement m’attendait déjà pour me conduire vers le service des urgences le plus proche.

Dans les séries à la télévision on nous mentait déjà à l’époque. Les médecins étaient tous magnifiques avec des personnalités hautes en couleur et ils savaient faire les miracles les plus prestigieux. Ils redonnaient vie à tout ce qui leur tombait sous la main, et dans les rares cas où les patients mourraient s’était parce qu’ils l’avaient bien mérité, ou parce que ça servait une logique scénaristique menant à une belle morale que nous étions tous émus de découvrir. En réalité, les médecins qui me prirent en charge n’avaient rien à voir avec tout ça. Eux aussi commencèrent par me gronder, oubliant que s’il n’y avait pas des petits maladroits comme moi pour leur apporter du travail ils seraient chômeurs comme tout le monde. Puis ils me triturèrent la main dans tous les sens. Me firent encore plus mal que si j’étais simplement allé voir l’infirmière de mon établissement pour qu’elle appose un gros pansement après avoir désinfecté grossièrement l’entaille. On me scanna, me radiographia, me scruta sous toutes les coutures avec des « oh » et des « ah », ou des « c’est le gamin, tu sais, celui qui s’est transpercé la main ». Peu de soignants m’adressèrent directement la parole. Une dame s’enquit de mon état moral, me demandant si j’allais bien, si je voulais quelque chose, mais elle n’écouta pas ma réponse, car je ne vis jamais arriver le verre d’eau que je lui avais réclamé. Maman arriva au bout de quelques heures. Je n’étais pas encore tout à fait majeur alors elle avait été appelée. Toujours superbe, mais affolée et haletante, et son visage s’assombrit un peu plus quand les blouses blanches eurent fini de lui expliquer ce qui se passait. Moi j’étais heureux de la voir.

On me laissa des heures à attendre sur un siège en plastique dur dans un couloir. Maman à côté de moi me tenait la main qui n’était pas abîmée, mais elle ne me regardait pas. Elle pleurait sans que je comprenne pourquoi, puisque comme elle était là plus rien de grave ne pouvait plus m’arriver.

– Aller mon garçon, on va te faire un gros pansement, et tu vas pouvoir rentrer chez toi, fini par me dire une aide-soignante en attrapant des rubans de tissu dans un tiroir et une paire de ciseaux.

Elle enroba ma main d’une belle épaisseur de bande de tissu et attacha le tout avec une petite agrafe. On aurait dit qu’on m’avait greffé non pas un crochet comme les pirates, mais une espèce de boule comme on les retrouve au bout des lances dans ces jeux de joutes maritimes qu’on voit dans les émissions où deux équipes s’affrontent pour se faire tomber l’une l’autre de leur embarcation.

— Vous repasserez nous voir dans une semaine pour qu’on regarde comment ça cicatrise, dit-elle à maman, puis se tournant vers moi elle me sermonna. En attendant repos ! Et hors de question de jouer encore avec des couteaux, tu m’as bien comprise mon grand.

J’acquiesçai.

Je ne quittai pas la maison pendant toute la semaine. Regardant la télévision. Regardant maman qui s’affairait, et qui semblait de plus en plus taciturne. De plus en plus perdue dans ses pensées. Et qui m’adressait de moins en moins la parole. J’étais très heureux de passer tout ce temps avec elle. Finalement m’enfoncer ce couteau dans la paume avait été pour moi, à ce moment précis, la plus belle chose qui soit. Ça me donnait quelques jours entiers avec elle, et tout ça avec la bénédiction du corps médical au grand complet.

– Allez, on va te retirer tout ça, me dit la grosse infirmière une semaine après quand nous revînmes à l’hôpital.

Elle me libéra rapidement et avec très peu de délicatesse de ce machin qui donnait à ma main l’allure d’un coton-tige.

– Voilà. Bouge les doigts pour voir.

Rien.

– Vas-y mon grand, fais ce que la dame dit, reprit maman.

Toujours rien. Enfin presque rien. Je sentais que je pouvais bouger mes doigts, mais plus tout à fait comme avant. J’arrivais à refermer le poing entièrement, mais pas doigt par doigt, comme les orteils. C’était une sensation très bizarre de ne plus pouvoir faire des gestes qui avaient été jusque-là si naturels et surtout si simples. D’une utilité qui ne m’explosait que maintenant au visage. Je restais interdit, et surtout complètement paniqué. Les médecins ne surent pas vraiment expliquer ce qui s’était passé. Le couteau avait certainement sectionné des terminaisons nerveuses et cela avait entraîné ce curieux handicap. N’étant pas non plus à l’article de la mort je fus libéré rapidement par les soignants qui n’avaient aucune envie de perdre leur temps à trouver un remède pour que je puisse retrouver rapidement l’usage normal de ma main. On me prescrit d’aller voir un kinésithérapeute, mais je ne le vis jamais, trop cher. Ce fut la fin de mes rêves de boucherie. Mon seul talent m’avait finalement été fatal. Hors de question d’apprendre un métier qui demande autant de dextérité avec une main dans cet état. J’aurais pu m’exercer à tenir le couteau de l’autre main, ou à m’accommoder de mon handicap pour quand même réussir mon apprentissage. Mais d’après le directeur de l’école, cela aurait demandé trop d’adaptation et trop de temps aux professeurs, au détriment des autres élèves.

– Vous comprenez madame, avait-il expliqué à maman, il ne nous est pas possible de le garder chez nous. Il faut lui trouver une formation plus adaptée.

Il ajouta que l’état s’en fichait complètement de l’éducation des jeunes s’ils en s’agissait pas de l’élite qui irait dans les plus belles écoles d’ingénieurs pour concurrencer les grandes universités du monde. Qu’il se battait tous les jours contre ça, mais que là vraiment il ne pouvait rien faire. Et il nous mit dehors en s’excusant qu’un autre rendez-vous l’attendait. Je dis au revoir à mes copains en allant récupérer mes affaires, je comprenais à peine ce qui m’arrivait, j’étais sonné.

De retour à la maison avec maman, nous n’arrivions pas à parler. Je voyais qu’elle était triste à en mourir. Cette nuit-là je n’entendis aucun fantôme à travers les parois, seulement ses pleurs.

La vie prit rapidement un ton monotone, je me mis à fumer et j’appréciais de plus en plus la bière. Maman continuait à me servir comme un prince, et moi je me laissais faire sans jamais lever le petit doigt pour l’aider. Je considérais peut-être que le monde s’était trop acharné sur moi et que j’avais besoin d’une pause, sans rien faire d’autre que me laisser vivre. Parfois j’abusais un peu de la bière, mais j’aimais vraiment ça. Je ne me souviens pas avoir été violent en aucune manière avec maman, mais je me souviens qu’elle avait de plus en plus peur de moi quand je buvais trop. Elle n’essayait même plus de me raisonner ni de me pousser à trouver quoi faire de mon existence. Je devins gros, gras, moche, aigri, renfermé, puant, mal aimable… Mais elle me regardait encore avec ce regard attendri et elle me passait encore la main dans les cheveux, alors quand je n’étais pas complètement saoul, j’étais heureux.

Le matin où le médecin vint ausculter maman, elle m’avait envoyé acheter des croissants pour le recevoir comme il se doit. Un médecin c’est quelqu’un d’important, il peut choisir ou pas de bien vous soigner, on l’avait vu avec ma main. Les quelques jours qui avaient précédé avaient été très pénibles. Maman s’était mise à tousser fortement, devant même cracher parfois. Elle était dans un état de fatigue extrême. Sa peau était livide. Ses yeux pleuraient en permanence sans qu’elle fût triste. Quand elle ne put plus se lever de sa chaise, on se dit qu’il était temps d’appeler au secours.

Stéthoscope sur les oreilles, et regard profondément perdu dans ses pensées, le médecin la regarda sous toutes les coutures. Son verdict était sans appel. Il fallait que nous allions rapidement à l’hôpital le plus proche, il ferait prévenir de notre arrivée, et que maman passe toute une série d’examens pour qu’on y voie plus clair, mais ce n’était pas brillant. Une ambulance arriva rapidement, car sans voiture j’avais fait comprendre au médecin qu’il me serait impossible de la transporter, elle était déjà tellement faible que la mettre dans un transport en commun aurait été une folie. Et nous prîmes la direction des urgences.

On nous reçut comme des rois cette fois, mais avec des mines de personnes qui ont perdu tout espoir. Maman partit passer ses examens dans un fauteuil roulant, car elle ne pouvait plus marcher, et je m’assis dans la salle d’attente aux chaises de plastique orange. Je la voyais passer de temps en temps avant moi quand elle passait d’un service à un autre. Toujours poussée par une personne différente. Ce manège dura des heures, puis on vint me dire qu’elle avait été installée dans une chambre dans les étages, mais que je ne pouvais pas aller la voir, car elle était trop fatiguée pour recevoir du monde. Je pourrai revenir le lendemain.

Je ne pus jamais dire au revoir à maman. Le lendemain matin quand je revins le plus tôt possible, l’infirmière m’indiqua sa chambre, je me précipitai espérant la voir reprendre des forces maintenant qu’elle était entre de bonnes mains. À l’étage on m’accueillit avec des regards de compassion qui ne m’alertèrent que trop tard sur ce qui m’attendait. Maman n’était dans aucune chambre. On l’avait descendue là où vont toutes les personnes qui ne peuvent plus recevoir de visites, à la morgue. Elle était morte peu après son arrivée dans la chambre la veille au soir. Un médecin pressé m’expliqua qu’aune maladie en particulier ne l’avait atteinte. Elle était tout simplement usée, et son corps n’en pouvait plus. Elle avait fermé les yeux pour se reposer une ultime fois de cette vie où j’avais été le fardeau qui ne lui avait jamais laissé une minute de répit.

Je fus ensuite précipité et perdu dans un dédale administratif qui ne se termina que quand les croque-morts finirent de débarrasser leur matériel autour de la tombe de maman. On n’apprend nulle part quoi faire dans ces moments, mais ceux dont c’est le métier savent très bien vous guider pour peu que vous les payiez. Et j’ai donné à ces gens tout ce que nous avions, j’ai même vendu des meubles, la télévision, et tout ce qui pouvait intéresser des acheteurs pour que maman ait une jolie tombe dans un cimetière très éloigné, là où il y avait encore de la place. Je me retrouvai sans famille, sans argent, sans rien. Sans pouvoir payer le loyer, sans pouvoir être consolé.

J’avais décidé d’arrêter de lutter, d’arrêter de passer de petits boulots en esclavagisme, de m’adosser à la pierre froide d’une pile d’un pont et d’attendre que la faim et le froid m’emportent. Maman n’était plus là pour me passer la main dans les cheveux. On ne vit que pour rendre quelqu’un fier. S’il n’y a plus personne le jeu devient sans intérêt.

C’est ce jour qu’ils sont arrivés, un petit groupe d’hommes et de femmes habillés en rouge et blanc. À la fois souriants et compatissants. J’étais sous mon pont à attendre la mort et eux se sont jetés sur moi avec des couvertures, de la soupe, des rires, de la chaleur. Ils me disaient que je ne pouvais pas rester là, qu’il fallait que je me ressaisisse, qu’ils étaient là pour m’aider et que si je les accompagnais dans leur centre ils allaient pouvoir s’occuper de moi.

– Allez, mon grand, on y va, dit une des femmes.

Mon grand…

Je les suivis.

On me lava, coiffa, habilla et surtout ils me laissèrent me reposer et dormir tout mon soûl sur un lit de camp qui me parut à cet instant la plus belle couche de ma vie. Un cocon où j’allais pouvoir doucement réapprendre à vivre.

Et c’est ce que je fis. Dès que mes yeux cessèrent de pleurer maman, j’aidai au camp. Apprenant à domestiquer mon handicap qui ne devint bientôt plus qu’une source de rire avec mes nouveaux amis, ma nouvelle famille. Nous étions une petite centaine dans un environnement campagnard plutôt austère, mais suffisamment bien équipé pour des gens comme nous qui venaient de traverser des moments qui leur avaient fait croire que la vie ne voulait plus d’eux. J’appris à faire plein de choses, cultiver les légumes, traire les vaches, faire des sillons, faire du fromage… Jusqu’au jour où lors d’une réunion d’information comme nous avions tous les dimanches après-midi on nous proposa des formations à divers métiers pour que nous puissions rapidement, mais gentiment retourner à la vie et dans le monde que nous avions laissé derrière nous. Je n’étais pas spécialement très motivé par l’idée de quitter cet endroit et ces gens qui m’avaient sauvé de moi-même, mais je me laissai entraîner par l’enthousiasme de tous. Ce serait pour moi chauffeur de bus. Ça me permettrait de passer mon permis de conduire et c’était tout à fait accessible avec mon infirmité. Maman aurait tellement été fière de moi. Enfin j’allais faire quelque chose de ma vie, et des gens m’aidaient sans qu’elle ait eu à faire quoique ce soit, à ne préparer aucun dîner, ni à ne montrer aucune photo de famille.

Comme pour la boucherie, je me suis révélé assez doué pour la conduite de gros engins. On me dit même que si je le voulais je pourrai continuer ma formation et apprendre à conduire des engins de chantiers, que c’était très bien payé et très amusant. Quel gamin n’a jamais voulu jouer avec une pelle mécanique en taille réelle ? Mais non, transporter des gens et partager un peu de leur vie chaque jour me motivait beaucoup. S’il y avait de la place pour moi dans la petite ville la plus proche, alors j’y deviendrai chauffeur de bus. Ce fut finalement une ville un peu plus grande et impersonnelle qui m’embaucha. Mais peu importe, j’y étais heureux et j’apportais tout le sourire que mes amis du camp m’avaient mis au fond du cœur à toutes les personnes qui entraient dans mon véhicule.

La vie était parfaite. Elle était enfin devenue quelque chose de doux et surmontable. Même sans maman, à qui je rendais visite aussi souvent que je pouvais pour fleurir sa jolie tombe.

Restait que presque chaque matin il y avait un gars un peu bizarre, à bord d’une voiture allemande noire, voire grise avec toute la poussière qui la recouvrait, qui systématiquement me klaxonnait comme un dément. Je faisais tout pour être aimable et le laisser passer à chaque fois que je le repérais, mais ce n’était pas particulièrement évident, et j’avais mes passagers dont je devais prendre soin. Eux aussi devaient aller quelque part, il n’était pas le seul à avoir une destination à atteindre. Ce type était tout ce qui me rappelait que la vie n’était pas quelque chose de doux et rose. Qu’il y a toujours des fous qui pensent que les autres n’ont pas le droit d’exister. Des réflexions certes assez stéréotypées, mais qui s’étaient estompées dans mon esprit depuis que j’avais été au camp. Mais il y avait cet énervé du volant qui ne pouvait s’empêcher de nous faire sentir à quel point nous le gérions dans le bon déroulement de sa journée. Si j’avais pu, j’aurais voulu un jour pouvoir m’arrêter et discuter avec lui, simplement discuter et essayer de lui faire comprendre que nous étions nous aussi, les autres, des êtres humains avec nos existences, nos petits tracas, nos joies et nos urgences du matin. Je pense que j’aurais même essayé de m’en faire un ami. Je l’aurais emmené au camp, il aurait rencontré tous ces gens formidables qui vous redonnent le sourire. Car je suis sûr que c’était tout ce qui lui manquait, à ce monsieur, de retrouver le sourire.

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à bientôt... pour la suite j'espère.

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