Chapitre Quatre

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Orlan

J'envisageais un instant de passer par les cultures pour entrer dans le village, avant de réaliser que cela pouvait paraître étrange de m'y voir deux fois en si peu de temps.

Je savais que Serafia me surveillait et ce depuis le court passage de Samuel parmi nous. Elle n'avait que peu apprécié de me voir passer autant de temps en sa compagnie, persuadée qu'il allait sans doute mettre à mal nos croyances. Samuel m'avait appris à lire, Serafia ne l'avait pas supporté. Elle avait espéré faire de Samuel l'un des nôtres, mais je la soupçonnais d'être soulagée qu'il ne soit finalement pas resté. Serafia n'aimait pas qu'on bouleverse nos coutumes.

Je savais également, grâce à Ornélia qui ne savait pas garder un secret, que tout le monde me trouvait... différent. Mon besoin récurrent de solitude, par exemple, leur paraissait étrange. Ils ne me comprenaient pas. Je ne les comprenais pas davantage.

J'adressais un petit sourire aux villageois que je croisais, me forçant à adopter une allure posée. A en juger par le calme habituel qui régnait, Diana n'était pas revenue faire une scène.

Avait-elle continué à pleurer ? Je ne parvenais pas à imaginer ce qu'elle pouvait ressentir. J'imaginais qu'elle devait être malheureuse. Je ne comprenais toujours pas, je ne voulais pas comprendre ce que Samuel avait tenté de m'expliquer.

J'aperçus Ornélia, au loin, ses boucles rousses et emmêlées attachées au sommet de son crâne. Elle m'accueillit avec son air perpétuellement surpris.

« Je ne trouve pas Diana. » m'annonça-t-elle en guise de préambule.

Pris de court, je m'arrêtait net devant elle, la semelle de ma botte dérapant légèrement sur la mousse. Ornélia haussa un peu plus les sourcils, mais enchaîna :

« Je veux lui coudre une robe pour la cérémonie, je suis allée dans sa chambre mais elle n'y était pas. Est-ce que tu l'as vu ? »

Je laissais passer deux garçons qui descendaient prendre leur repas du matin.

« Elle voulait retourner une dernière fois sur les lieux de l'accident. »

Je n'en revenais pas. Le mensonge était venu si naturellement que j'en restais intérieurement stupéfait. Je n'avais encore jamais menti.

Ornélia afficha un air de compréhension, et hocha la tête.

« Bien sûr. C'est normal. Mais, si tu la vois, dis lui que j'ai un cadeau pour elle. J'aimerais la terminer pour qu'elle puisse la porter demain soir. »

Je regardais ma petite sœur serrer le tissu contre elle, un petit sourire aux lèvres.

« Tu sais, je suis très heureuse qu'elle ait choisie de rester. » avoua-t-elle dans un souffle.

Ah, ma chère Ornélia. Ma petite, et douce Ornélia.

Je la suivais des yeux alors qu'elle repartait vers sa chambre terminer une robe pour une étrangère à laquelle elle s'était immédiatement attachée. Diana devait représenter pour elle un lien que je ne pouvais lui offrir. Il était bien trop dangereux pour nous d'être en contact, et visiblement, Ornélia en souffrait tout autant que moi.

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