Chapitre vingt-Trois

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Orlan connaissait bien l'homme qui nous avait trouvés. Je les voyais discuter à voix basse, dans un coin. Orlan semblait ému.

Je me détournais, les bras serrés contre la poitrine.


J'étais assise contre un mur, dans un coin d'une vaste pièce. Après m'avoir laissée pleurer abondamment, l'inconnu avait fini par nous demander de le suivre. Orlan, en brave petit toutou, avait obéi.


Nous nous trouvions au dernier étage de l'immeuble, dans les appartements les plus vastes. Si j'avais pu ressentir autre chose que de la douleur, j'aurais été surprise de voir cet homme vivre ici. Je l'aurais été encore plus en voyant qu'il n'était pas tout seul. Ils étaient sept en tout, quatre hommes et trois femmes. Ils nous avaient accueillis avec méfiance, avant que l'inconnu ne leur explique la situation : Orlan venait du village, certes, mais j'étais une étrangère, une rescapée. Ce simple fait avait suffi à changer la donne. La méfiance avait laissé la place à une certaine forme d'acceptation. Ils suintaient la compassion par tous les pores, également. Je sentais leurs regards sur moi. Ils guettaient quelque chose. Une nouvelle crise de larmes, peut-être, à moins qu'ils n'aient peur que je veuille à nouveau mettre le feu. Je les ignorais.


« Diana. »


Orlan s'était approché et malgré son ton prudent, je voyais qu'il était heureux.


« Diana, voici Samuel. »


Samuel, l'homme qui nous avait trouvés, m'adressa un petit sourire.


Maintenant que je pouvais distinguer ses traits, j'avais la confirmation qu'il ne faisait pas parti du village d'Orlan. Ses mèches blondes retombaient sur ses yeux d'un bleu éclatant. Il avait des rides au coin des paupières, mais une silhouette encore imposante.

Je baissais les yeux. Cet homme m'indifférait, à moins qu'il ne soit en mesure de m'aider à rentrer chez moi.


« Bonjour, Diana. »


Silence de ma part.


« Orlan m'a raconté ton histoire. L'accident. Comment tu t'es retrouvée ici. »


Nouveau silence.


« Je suis navré que tu traverses cette épreuve. Sincèrement. »


Ça me faisait une belle jambe. Je lui décochais un regard noir.


« Épargnez-moi votre pitié et dites-moi plutôt s'il n'y a pas un autre moyen d'entrer en contact avec une ville-dôme ? »


Samuel prit une inspiration et jeta un coup d'œil derrière lui. Orlan guettait sa réaction.


« Vous vivez ici, non ? Dans ces ruines ? J'ai vu que vous aviez pillé les appartements. Est-ce que tous les videocom' sont en panne ? » insistais-je.


Samuel hocha la tête sans rien dire. Je foudroyais Orlan du regard :


« Tu aurais dû me laisser mettre le feu. lui reprochais-je. Un dôme qui brûle, ça se voit de loin. Les secours auraient su où chercher. »


Il y eut un échange de regards entre Orlan et Samuel. J'attendais que l'un d'eux parle.


« Très bien, dans ce cas, je m'en vais. maugréais-je. Je trouverais un autre moyen de signaler ma présence. »


Après tout, les arbres, ça brûle. Je me levais et me dirigeais vers la cage d'escalier.


« Orlan m'a également parlé de la proposition que Seraphia t'avait faite. »


Alors cette folle bipolaire se nommait Seraphia ? Je ne répondis rien, j'avais presque atteint la cage d'escaliers.


« Si tu le souhaites, sache que tu es la bienvenue parmi nous. » poursuivit Samuel dans mon dos.


Je stoppais net.

Wahou, quel succès ! Après Seraphia la foldingue, voilà que cette petite communauté de squatteurs voulait également que je rejoigne leur rang.

Je me sentais flattée.

Quelle blague.


Je me retournais pour lui faire face.


« Je ne sais pas ce qu'il y a dans l'eau, mais ça vous rend tous bouchés on dirait. Flash info, attention méga scoop : je ne veux pas rester ici, articulais-je en insistant sur chaque mot. Ni dans ton village de ringards, ni dans ce squat pouilleux, poursuivis-je en regardant alternativement Orlan, puis Samuel. Je veux rentrer chez moi ! Quand allez-vous le comprendre ? Les secours vont venir me chercher dès que j'aurais trouvé comment leur indiquer ma position et je pourrais me barrer de ce coin pourri ! »


Et je tournais les talons.


« Les secours ne viendront pas.»

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