Chapitre Vingt

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Je n'avais même pas envie de le remercier d'être venu, tant il me donnait l'impression d'être nulle. A la place, je me relevai d'un bond et le fusillai du regard.

« Qu'est ce que tu fais là ? Je ne t'ai rien demandé. » Vexée, je me drapais dans ma dignité en m'époussetant. « Je n'ai pas besoin d'une baby-sitter.

- Je ne sais pas ce que c'est qu'une baille bissiteur, mais si ça peut t'éviter de te briser le crâne, ça me va. » rétorqua Orlan en levant le globe de lumière.

Devant nous, un immense trou perçait la chaussée, sur plusieurs mètres. Au fond, on devinait des blocs en béton, des armatures en fer... la mort. Sans entretien, tout avait fini par s'effondrer. Orlan me lança un nouveau regard plein de condescendance et se détourna. Seule la lumière diffusée par son globe me poussa à le suivre. J'avais beau être furieusement agacée de le voir, j'étais quand même soulagée.

« Où comptais-tu aller, toute seule et dans le noir ? »

Orlan marchait à grands pas en contournant la fosse.

« Je vais envoyer un message.

- Un message ? Comme une lettre ? »

J'acquiesçais. « A la différence que je ne vais pas écrire, je vais envoyer un message vidéo. »

Orlan fronça les sourcils, mais ne fit aucun commentaire. Je lui désignais le plus haut bâtiment, un immeuble d'une trentaine d'étages qui dominait tous les autres. Pour vivre dans une résidence similaire, je savais qu'on y trouverait ce qu'il y avait de plus performant en matière de technologie.

Dans toutes les villes, il y avait ceux qui vivaient en bordure du dôme, dans des maisons simples qui se ressemblaient toutes. Le confort y était sommaire, les installations également. Les vidéophones disposaient d'un écran de taille réduite et les murs n'avaient qu'une intelligence limitée : lumière à commande vocale, chauffage et climatisation intégrés et pour les mieux lotis, un avaleur d'ordures ménagères.

Et puis il y avait ceux qui vivaient dans les résidences. Outre un espace de vie plus grand, il y avait tout le confort moderne. Mes déchets étaient triés et recyclés dès lors qu'ils étaient versés dans le vide-ordure, afin de réapparaître sous une autre forme lorsque j'en avais besoin. Et je possédais un vidéocom' dernier cri, intégré dans un mur entier de mon salon.

Nous passâmes devant plusieurs immeubles sans nous arrêter avant de déboucher sur une immense place. Une fontaine, faite de tubes transparents qui s'entrecroisaient afin d'imiter les mouvements de l'eau, trônait au centre, inutilisée depuis longtemps. Je laissais Orlan l'admirer et me dirigeais vers l'entrée principale. Il manquait un battant à la double porte. Je me faufilais dans le hall, autrefois brillant de luxe, à présent recouvert d'une épaisse couche de poussière, et grimpais les escaliers en m'aidant de la sphère lumineuse d'Orlan pour éclairer mon chemin. Les lampes qui jalonnaient les murs avaient disparus, comme arrachés de leur socle, et j'en fis part à Orlan au moment où il me rejoignit.

« Je croyais que vous ne deviez pas venir ici, pourtant on dirait que vous faites de la récup'. »

Orlan se dressa de toute sa hauteur, indigné.

« Tu me traites de menteur ? Venir ici est interdit ! Personne ne transgresse nos lois !

- A part toi, visiblement. »

Outré, mais mis au pied du mur, Orlan bafouilla, grogna et se détourna. Je le laissais bouder et poussais la porte d'un appartement du deuxième étage. Là encore, il semblait y avoir des signes de vie, tout montrait qu'à un moment, on avait vécu ici. Je restais persuadée qu'il s'agissait d'un prototype de ville-dôme, et pourtant je trouvais des vêtements, soigneusement pliés dans les armoires et en meilleur état que dans les maisons en bordure du dôme. Je trouvais même un cadre photo électronique, la batterie vide. Quel intérêt de placer autant d'éléments dans un prototype ? Je restais perplexe, mais me forçait à rejoindre la pièce principale. Le vidéocom' prenait tout un mur. J'ouvrais la boite à outils et y plongeait la main.

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