Chapitre Dix-Neuf

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J'avais beau me persuader qu'Orlan ne me dénoncerait pas, je ne traînais pas davantage et récupérais le sac de nourriture que j'avais mis de côté pendant le dîner. A vue de nez, il y avait de quoi tenir deux ou trois jours, mais qu'est-ce que j'en savais ?

Sortir du village était encore plus facile que de s'y promener à la nuit tombée. Quand mes pieds s'enfoncèrent dans le sable, la lune était si haute et le ciel si dégagé, que j'y voyais comme en plein jour. Je marchais jusqu'au petit carré de pierre d'Orlan et grimpais au sommet du plus haut rocher.

Le reflet que j'avais aperçu était toujours là, clignotant, mais plus faiblement. Sans la chaleur écrasante du soleil, se promener dans le désert était presque agréable et lorsque la ville apparut, j'étais à peine essoufflée. En revanche, je n'avais pas prévu que la nuit rendrait les ruines aussi angoissantes. La saleté qui recouvrait le dôme empêchait la lumière de la lune de passer et je n'avais pas exactement l'habitude d'être dans le noir. Je n'étais pas comme Orlan, je ne savais pas faire du feu et le mettre au bout d'un bâton pour m'éclairer.

Orlan. Je me demandais s'il avait prévenu la psychotique qui leur servait de dirigeante. Si c'était le cas, il y avait peu de chance que je puisse retourner au village. Je n'avais donc pas le droit à l'erreur. J'espérais qu'Ornélia ne m'en voudrait pas trop.

J'avais beau savoir que la ville était déserte, même si j'en ignorais toujours les raisons, j'avais l'impression d'entendre des bruits, des frottements, et les ombres me donnaient la sensation de dissimuler des monstres. Je passais devant les premières maisons sans m'arrêter, en cherchant plutôt un bâtiment administratif ou un résidence, qui auraient forcément les meilleures installations. Ce qui signifiait que je devais m'enfoncer au cœur même de la ville. Je ravalais ma peur et avançais dans le noir, en ignorant des bruits que j'espérais n'être que le fruit de mon imagination.

Je ne vis pas le gouffre, aussi sombre que le bitume sur lequel je marchais. Quand mon pied s'enfonça dans le vide, et que mon corps bascula en avant, je n'eus pas le temps de hurler. Quelque chose s'enroula autour de ma poitrine, me retint, et me propulsa en arrière. Ses yeux reflétant la lumière du globe accroché à sa ceinture, Orlan me dévisageait avec mépris.

« J'étais sûr que tu ferais n'importe quoi. »

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