Chapitre 22 : L'inaccessible nord (2/2)

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Oh non… Les malheurs ne s’arrêtaient donc jamais. Bénéficiant d’une intuition hors norme, Elmaril devinait le danger bien avant nous ! Des présages discrets auguraient l’arrivée d’une menace, mais la neige couvrait toute empreinte, un avantage décisif pour les prédateurs. Nous voici contraints à nous réfugier derrière nos protecteurs ; je rangeai prestement mes papiers dans mon sac avant de rencontrer les canidés.

D’épars hurlements transpercèrent la voûte. Cela dépassait l’entendement ! Un brin de tranquillité, était-ce trop d’exigence ? Ciel, j’étais ankylosé, des frissons gelaient mon corps et ma vision semblait se brouiller derrière une brume invisible. Pourvu que Gurthis et Elmaril nous préservassent du mal !

Ils s’y appliquèrent, rapidement et avec certitude. Gurthis dégaina son espadon dans un tintement et scruta les silhouettes approchantes. Surgirent alors ces épouvantables bêtes aux canines acérées, à la gueule relevée, au pelage nivéen et aux longues pattes. Il ne s’agissait pas de loups ordinaires ! Les crocs comme leurs griffes étaient plus acérés…. Bon sang, ils jouissaient également des atouts des félins !

Les loups des neiges nous assaillirent férocement, aucune protection ne garantissait notre survie. Nous nous exposions à la sauvagerie pure, à des animaux façonnés au froid local dont l’instinct nous portait préjudice. Nulle possibilité de s’enfuir, Margolyn s’en rendit compte bien vite en lâchant son cri tonitruant. S’y opposa celui de Gurthis, plus guttural.

— J’ai affronté bien pire que ça ! tonna-t-il.

La témérité, compte tenu de sa fatigue excessive, le mènerait à sa perte ! La situation s’apprêtait à virer au drame, et le blanc en rouge écarlate. Je fermai mes paupières et laissai la fatalité s’abattre sur nous ; désormais, notre destin reposait entièrement entre les mains des guerriers. Gurthis défendait les honnêtes citoyens, Elmaril les méprisait. L’un soulevait hardiment son espadon, l’autre maniait brillamment sa lance. Tous deux accomplissaient un rôle similaire. À Margolyn et moi d’y assister...

Des sons sporadiques agressèrent nos oreilles. De-ci de-là, des loups bondirent sur les combattants. Certains de leurs cris s’apparentèrent à des hurlements, d’autres se méprirent à des aboiements. Un assaut féroce et groupé… Ils agressaient les forts qui répliquaient de plus belle. Des cliquetis, le fracas de la neige, des râles de souffrance, des grognements, tout se mélangeait dans mon esprit. Impossible de m’en extraire !

Comment distinguer les actions de chaque intervenant ? Je refusais d’observer ce qui se déroulait autour de moi. Mes sens me restreignaient à émettre des suppositions, si seulement mes émotions ne s’en mêlaient pas... Des ombres fugitives défilaient, quelquefois claires, parfois sombres, souvent longilignes, toujours proches. Néanmoins, les secondes s’écoulaient et je survivais sans que des crocs se refermassent dans ma gorge. Je devais établir clairement les évènements en cours.

Le halo solaire était si éblouissant ! Cligner des yeux m’en protégeait. Je ne pus hélas pas découvrir l’état de mes compagnons: Margolyn me saisit par le col et m’entraîna avec elle ; nous faillîmes chuter ensemble. De quoi m’informer de la bestialité des loups, ou quoi que ces créatures pussent être. Les apercevoir d’aussi près me glaça les veines : à leurs yeux, nous incarnions des proies fragiles, dépourvues de la propension à survivre. Des intrus sur leur territoire, des êtres dépossédés de tout, nous ne valions guère mieux.

Deux prédateurs jaillirent sur nous ! Je crus voir notre fin survenir… Mais Elmaril se mouvait avec vivacité : elle nous secourut à temps. Sa lance, véloce comme jamais, s’abattit crûment sur la croupe du premier loup ; la guerrière la récupéra aussitôt et transperça le flanc du second. La pointe émergea avant de réaliser un mouvement circulaire. Le fluide vital giclait profusément ! Cette sauvage développait une inquiétante soif de sang…. J’admettais l’efficacité de son égide, mais sa brutalité nous pétrifiait plus que les loups.

Des centaines de valeureux guerriers peuplaient l’Ertinie, alors pourquoi notre majesté avait porté son dévolu sur cette barbare ? Elle héritait des méthodes d’un clan malfaisant, ennemi de notre nation depuis une éternité. Elle bataillait opiniâtrement, prouvant son utilité au détriment de toute morale ; elle s’élançait contre ses adversaires, devenant la prédatrice. Ni leur nombre, ni leur férocité ne la repoussaient : nous assistions à l’opposition de bestialités distinctes mais complémentaires ; les chances de s’y détourner étaient nulles.

Seule face à tous, Elmaril nous préservait de la menace et oubliait les frivolités : terrasser les canidés constituait son unique priorité. Elle se dépêtrait sans peine bien qu’elle fût assaillie de tous les côtés. Des griffures zébraient son faciès, des égratignures à ses yeux. Chaque estafilade intensifiait ses rugissements et l’exhortait à redoubler de violence. Souvent les loups mordaient ses brassards et jambières, mais elle s’en réchappait toujours avec véhémence. Elle s’immergeait de tout son corps dans la bataille.

Tant de talents combattifs réunis en une unique personne… Ambidextre, agile et virtuose, Elmaril triomphait en écopant de plaies peu profondes. Il s’agissait d’une erreur, un immense gâchis de la nature ! Pourquoi doter d’aptitudes supérieures une guerrière comme elle ? La maîtrise d’une arme devait être suivie par un bon jugement moral. Notre alliée actuelle n’incarnait en rien cette définition.

Malheureusement, Gurthis ne rattrapait cet aspect en aucune façon : son éreintement détériorait ses compétences habituelles et l’exposait à des problèmes plus conséquents. Triste réalité…

— J’ai connu pire ! répéta-t-il obstinément, la voix éraillée.

Esseulé contre l’ensemble, Gurthis se gardait de l’adversité et omettait la subtilité : massacrer son animaux était son but. Il s’agissait de son propre combat, où il massacrait furieusement les bêtes, lesquelles esquintaient à peine son plastron et ses solerets. Il nous épargnait les déchirures ; toutefois, ses mouvements hasardeux et ses maladresses n’étaient pas dus au hasard. Où était le fier soldat de jadis ? Il ferraillait de droite à gauche, portant des coups de large envergure. Bien qu’il empilât les dépouilles, ses réflexes ralentissaient à vue d’œil ; son épuisement devenait critique pour un rempart humain. Il pouvait flancher à tout moment s’il ne prêtait pas attention à la frénésie de la meute !

Le tranchant de son espadon ruisselait de sang : il le brandit fermement, promenant son regard vacillant entre ses derniers adversaires. Quelques entailles le lancinaient, il en ronchonna et poursuivit cette lutte de tout son être. S’il restait une âme enfouie en lui… Sa lame zébra l’air alors qu’il était proche de se roidir. Les loups grognèrent et replièrent les pattes pour mieux bondir sur lui. ; Gurthis riposta en déployant une grande force… Cela outrepassait l’imagination ! Le métal couina intensément et du liquide vermeil jaillit des animaux : même en horde, ils ne dominaient pas un soldat repoussant la mort. Voilà donc les valeurs et l’éthique de ce vétéran…

Subitement, un loup l’agressa de biais et lui mordit le bras gauche ; son espadon glissa de ses mains pendant qu’il chutait sur la neige. Oh non ! Il ne parvenait pas à se relever ! Nous étions fichus sans son indéfectible protection... La nature reprenait ses droits là où nous nous étions enclavés.

La neige m’éclaboussa quand Elmaril s’approcha. Sapristi, elle surgissait à l’instant propice, s’élançant contre les derniers loups ! Elle faucha le prédateur avant qu’il pût dilacérer le militaire. Le premier avant les autres… Du liquide remontait de mon estomac, je manquais de dégobiller ! Devant nous étaient jonchés les cadavres de la meute, une hécatombe âpre pour des yeux que je n’arrivais plus à clore. Nous avions survécu grâce à Elmaril…

Gurthis se redressa en grommelant. Face à lui se dressait la combattante haïssable, une vision qui l’écœurait, indubitablement ; les mains resserrées sur son pommeau, il résista à toute mauvaise intention.

— J’attends ton remerciement, provoqua Elmaril.

Trop d’audaces attiraient les foudres des détracteurs ! Mais un événement étrange se produisit contre toute attente : Gurthis ne chercha pas à la corriger ni à lever son espadon contre elle ; au contraire, son arme chut de ses mains. Il n’était plus lui-même… Le soldat titubait gravement. De son gantelet miroita une lueur rutilante.

— C’est quoi, ça ? s’interrogea-t-il. Pourquoi… Pourquoi je vous vois ? Vous êtes morts ! Depuis des années !

À qui s’adressait-il ? Son regard oscillait autour de lui, il ne fixait personne ! Une kyrielle de maux le tenaillait, et voilà que des difficultés de perception complétaient le tout. Une perspective peu encourageante quant à son avenir… Il perdait son honneur, sa force…

— Taisez-vous ! brailla-t-il. Mes frères, mes sœurs, pardonnez-moi ! J’ai compris mon erreur, depuis le début ! Je regrette tellement…

— Que t’arrive-t-il ? m’enquis-je.

— J’ai honte ! Je trahis votre mémoire en voyageant avec une guerrière de ce clan ! Je n’aurais jamais dû accepter d’y participer ! Vous avez péri il y a des années, mais je vous vois encore… Vous me jugez pour ce que je fais. Je me suis allié avec l’ennemi… C’est moi le traître, maintenant…

L’incarnation de l’espoir s’écroula face à moi, si bien que les battements de mon s’intensifièrent ! Bon sang, étais-je le seul à réagir ? Gurthis allait peut-être succomber d’une maladie, de ses plaies ou d’un quelconque traumatisme !. Elmaril le toisa en renâclant pendant que Margolyn s’approchait lentement de lui.

— Hallucination visuelle, s’avisa-t-elle en haussant les épaules. Rien d’étonnant.

— Ressens un peu de compassion pour lui ! lui implorai-je. Ce comportement est indigne d’une guérisseuse.

— Je m’en cogne de ton avis ! Il n’a jamais été compréhensif avec moi, je n’ai pas à le traiter avec respect.

D’une lenteur irritante, la jeune fille s’agenouilla à côté du vétéran et l’examina soigneusement. Elle esquissa une moue inexpressive dès qu’elle eut achevé sa contemplation.

— Il s’est simplement évanoui, nous informa-t-elle. Je pourrais regarder plus en profondeur, mais à priori, il a juste besoin de repos.

— Il faut l’emmener en sécurité, proposa Elmaril. Stenn, aide-moi à le transporter.

— Pardon ? Je suis incapable de porter un tel homme !

— Je m’en doute, je te parle de le traîner. Montre que tu n’es pas juste un pauvre prétentieux. À la base, tes bras servent à ça, pas à griffonner du vieux papier.

Quelle était cette suggestion saugrenue ? Personne ne m’avait jamais exigé de véritables efforts physiques. Elmaril profitait de l’inconscience de Gurthis pour s’étrenner à l’autorité ; mieux valait ne pas la contrarier, aussi obtempérai-je sans délai. Je me plaçai devant Gurthis et attrapai sa cheville, un geste pénible s’opposant à celui de ma prétendue alliée. Elle retourna vigoureusement le corps, puis nous le déplaçâmes comme convenu. Margolyn, quant à elle, restait figée.

— Amène-nous une carcasse de loup, somma Elmaril.

— Euh…, hésita la soigneuse. Je peux savoir pourquoi ?

— Je mange peu depuis des jours. Autant profiter de ce qui est là, non ? Nos provisions n’ont plus de goût.

— Mais c’est un loup ! Déjà le lynx, c’était limite, alors ça !

— Meurs de faim si tu veux. Si je suis affamée, tu as intérêt à ne pas traîner dans les parages.

Je n’osai pas imaginer ce qu’elle insinuait… Margolyn se perdit dans cette pensée lugubre puisque, d’une part, sa bouche s’ouvrit en une expression horrifiée, et d’autre part, elle se précipita vers la première dépouille à sa portée. Un animal de ce genre, ou plutôt un monstre, pesait une masse conséquente ; pour une personne frêle comme elle, il s’agissait d’un labeur colossal. Toujours préférable pour elle au mécontentement de la sauvage, semblait-il.

D’interminables minutes nous furent requises pour atteindre une zone de quiétude. Nous nous installâmes dans une allée étroite où le souffle du vent ralentissait par friction. Finalement, de notre emplacement, nous jouissions d’un panorama fantasmagorique duquel nous ne pouvions pas profiter. L’inabordable nord se dévoila : au-delà de nos souffrances, notre quête prenait un nouveau tournant. Le sommet jadis désigné me semblait proche, si proche….

Nous allongeâmes Gurthis près d’un rocher. Le froid nous agressait moins qu’à l’accoutumée, l’épaisseur de la neige prodiguait un certain confort par surcroît. C’était inhabituel de voir un guerrier tel que lui sombrer dans l’inconscience, prévisible néanmoins, tant il avait enfreint chacune de ses limites. Pouvions-nous encore le sauver ? J’en doutais.

Elmaril s’épongea le front et étendit ses membres. Même si sa liberté acquise était temporaire, elle était capable de nous égorger quand ses désirs l’enjoignaient à agir de la sorte. Les soupçons du début s’étaient accrus avec le temps pour converger vers ce moment. Il lui suffirait d’enfoncer sa lance entre nos côtes et de nous laisser agoniser sans possibilité de survivre. Rien ni personne ne la briderait.

Margolyn nous rejoignit tardivement. Une traînée de sang longiligne suivait sa trajectoire, parallèle à la nôtre ; à notre hauteur, elle lâcha les pattes du cadavre et se courba afin de mieux anhéler. Elle devait récupérer avant de céder sa place à Elmaril. Cette dernière n’en eut pas la patience : elle vint vers la guérisseuse et lui flanqua un coup de coude au thorax.

— Eh bien, c’est trop dur à transporter pour toi ? humilia-t-elle. Va plutôt t’occuper du soldat, il a besoin de toi.

Durant les minutes suivantes, il fut alors décidé d’attribuer à Margolyn et Elmaril respectivement le rôle de soigneuse et de dépeceuse. Des tâches peu aisées auxquelles elles s’adaptèrent malgré tout. La guérisseuse s’occupa de Gurthis avec nonchalance, respirant par saccades ; en comparaison, la barbare s’adonna plus consciencieusement. Sa lance troua la chair d’où émergeait du fluide écarlate : elle réussit à extraire le pelage au flanc et à la croupe, ouvrant la perspective d’un repas rebutant. Habituel pour elle… C’était débectant de la voir arracher des morceaux entiers et gober avidement sa pitance !

Trois regards malveillants suffirent à extirper Margolyn de sa monotonie : assurée de la stabilité de Gurthis, elle se redressa vivement et, les poings fermés, fixa sa dénigreuse d’un air furibard.

— Qu’attends-tu pour nous tuer ? lança-t-elle. Tu en meurs d’envie, pas vrai ?

Elmaril avala une portion consistante, déglutit, puis daigna seulement répondre à son interlocutrice.

— Tu deviens risible aussi. Si je voulais vous tuer, je ne vous aurais pas sauvé de loup. Je n’aurais pas non plus transporté Gurthis jusqu’ici.

— Tu attends le moment propice pour enfoncer ta lance dans notre gosier ! Tu n’as rien à envier à Gurthis. Et ne viens pas affirmer le contraire ! Tu nous méprises sans cesse et tu détestes notre compagnie. Une occasion comme celle-ci, c’est l’idéal pour toi ! Nous sommes finis de toute façon, autant abréger nos souffrances !

— Tu es fatigante. Je te rappelle que tu m’es redevable, alors arrête de te plaindre. Repose-toi, ça te fera du bien.

— Non ! J’en ai assez de cette quête ! Je n’en veux pas !

Elle s’agitait dans tous les sens, loin de la placidité requise dans son métier. Il me fallait la calmer ! Je m’y essayai dans une tentative désespérée.

— Je pressens que nous y arriverons bientôt, rassurai-je. Quand ce sera fait, quand la Nillie nous apparaîtra, tous nos espoirs seront accomplis, et nos souffrances s’atténueront.

— Mais arrête d’idéaliser ce pays ! Il ne nous apportera rien du tout ! Cette quête entière ne sert à rien !

Margolyn aurait pu s’égosiller encore longtemps, mais elle trébucha par maladresse. Curieux détail : elle n’avait pas glissé sur la neige ; au lieu de cela, un élément du sol l’avait perturbée. Saperlipopette ! Cela ressemblait à une planche de bois…

— Comment est-ce possible ? demandai-je.

— Ça t’étonne encore ? brocarda Elmaril. Avant de penser à la Nillie, rappelons-nous que nous sommes à Temrick. Nous n’avons pas tout découvert ici…

Cette révélation méritait des investigations plus fouillées. Je débarrassai la neige autour de la planche, mais même avec mes gants, des gouttes atrocement froides coulaient sur mes paumes ! Un effort futile compte tenu du résultat… Cette planche s’avérait isolée dans cet amoncellement de couche nivéenne. Il n’y avait rien d’autre. Rien.

Autant tirer du bon de cette rude journée. Nous avions déjà appris qu’une pléthore de voyageurs avait arpenté Temrick avant nous, bien que ce passé évoqué fût lointain. Le principe même de notre expédition nous imposait de nous aventurer dans un lieu abandonné par l’être humain. Quel erreur d’avoir omis l’influence du pays voisin !

Une telle éventualité me perdait. Peut-être que le soldat racontait vrai à mon sujet… Non, pas du tout ! Personne d’autre n’aurait pu produire d’aussi belles preuves écrites, et surtout pas cette médiocre maréchale à cause de qui nous nous égarions !

Tant de pensées négatives consumaient mon être… Je m’assis au sol et oubliai pendant un instant nos tracas. Gurthis pouvait dormir, Margolyn pouvait se plaindre et Elmaril pouvait nous mépriser, je m’isolai temporairement. Ma propre tâche était épuisante et truffée de mauvaises surprises, mais le résultat valait toutes nos peines.

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