48. Chris

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Assis auprès d’Alice, j’écoute la playlist. Compiler ses morceaux préférés, ça m’a pris une soirée. Je lui passe tous les jours… peut-être qu’elle en a marre. Peut-être qu’elle attend ça. Peut-être qu’elle n’attend rien. Peut-être qu’elle n’entend rien. Je ne sais pas, ça fait quoi d’être dans le coma ? Je voudrais la rejoindre, vivre ça avec elle, par-dessus tout quitter cet endroit.

La playlist touche à sa fin. Le mode repeat est activé, ça va bientôt recommencer. Je sais bien par quoi ça va commencer. La première chanson, c’est la nôtre. Celle qui me retourne le cœur rien que d’y penser.

Ça y est, les premières notes résonnent et ma mémoire s’active. Inutile de lutter, c’est toujours la même scène qui revient. La fête d’anniversaire. Les rigolades. La voix de Sandoval. Les heures passées sur un matelas défoncé, rien qu’à t’embrasser. Je me levais régulièrement pour remettre la musique, le mode repeat n’existait pas encore. Tu te rappelles ? Ce jour-là, le temps s’est arrêté.

Qu’est-ce qu’il se serait passé sans cette soirée ?

Après deux années sans se parler, on peut dire que ça nous a rapprochés.

C’était pas gagné, je crois que t’as fini par me pardonner de t’avoir quittée.

On a récidivé, à chaque soirée on s’est retrouvés.

Pourtant, on en a mis du temps à s’engager,

Il a fallut que t’ailles t’expatrier

Pour qu’on décide de plus se quitter.

On a bien douillé mais on n’a pas lâché.

On a failli parfois et on aurait peut-être dû…

T’en serais pas là sans moi.

C’est de ma faute tout ça.

T’aurais été plus heureuse sans moi, même avant ça.

Nos voix s’entremêlent dans ma tête, un dialogue imaginaire qui atténue la douleur du réel. La chanson se termine. C’est Vaya Con Dios qui enchaine, quand quelqu’un frappe à la porte. L’infirmière entre, suivie d’un jeune homme aux cheveux blonds. Je reconnais Antoine.

C’est sa première visite. Il écoute les conseils de l’infirmière sans quitter Alice du regard. Il a appris hier que sa sœur dormait depuis cinq jours. Personne n’avait pensé à l’informer… Le pire c’est que ça ne m’étonne qu’à moitié. Faut croire qu’ils ont pas appris à communiquer dans cette famille de tarés.

Antoine part retrouver Ariane, apparemment il a prévu de squatter mon canapé ce soir. Ça ne m’enchante pas vraiment, j’aurais préféré déprimer seul sur ce canapé. Mais bon, comment refuser ? Il a l’air secoué lui aussi, il a peut-être besoin de parler.

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