Petit Homme.

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Plus jeune, je n’avais aucun doute : il fallait défendre l’individu.

Contre qui ? Contre toutes les oppressions : l’État, la Religion, les Idéologies, les Partis, le Business.

Je n’ai pas changé d’avis, j’ai simplement pris conscience de l’extrême faiblesse de l’individu.

Je n’ai fait que quelques pas dans ce monde, et déjà tout m’indique qu’il faut songer à quitter cette vie. Le corps s’appauvrit, la vie devient lassante répétition, plus aucun combat ne mérite d’être mené. Tout a un amer goût de déjà-vu.

L'histoire d'une vie, quelle qu'elle soit, est l'histoire d'un échec : que de vérité dans cette citation de Sartre !

Mais que de malentendus aussi, car pour le Philosophe, nous créons le coefficient d’adversité des choses. L’échec ne se comprend que par un libre projet qui a, de lui-même, créé l’échec, ce terme échec n’est qu’un synonyme de liberté.

En revanche, Sartre se montre, ici, bien plus cruel: seule compte la réalité (...) les rêves, les attentes, les espoirs permettent seulement de définir un homme comme rêve déçu, comme espoir avorté, comme attentes inutiles;

Et chacun , moi le premier !, se retrouve confronté à sa propre médiocrité, jugé par ses rêves et ses espoirs.

Bien sûr, Sartre ne se veut pas individualiste, pas plus qu’il ne défend l’emprise des pouvoirs sur notre liberté. Sa philosophie est bien plus complexe, trop complexe pour un parti politique ou un quelconque pouvoir.

Demeure cette réalité : la faiblesse de l’individu, son insignifiance, notre insignifiance, mon insignifiance.

Alors, il y a la tentation : se fondre dans le Parti, la Patrie, la Révélation Divine.

Et il faudra prouver son amour, sa valeur : se battre contre l’ennemi, le mécréant, l’oppresseur, ne vivre que pour et par les passions tristes.

On peut biaiser : ne vivre que pour l’Amour, la philosophie, la Poésie.

Ce type d’esquive peut durer une vie, ou moins.

Soyons clairs : je ne vais suivre aucun de ces chemins, et surtout pas celui de la valorisation de l’individu.

Je vais prendre deux chemins de traverse : la volonté de ne pas me faire accroire, et la réceptivité.

Je vais douter et, chaque jour, tuer ce « moi », si puissant chez Sartre, cette infâme baudruche vide.

Je vais, chaque jour, laisser venir ce monde, me rendre disponible pour l’arbre, la musique, le nuage, la poésie, le ruisseau , les pensées, les rimes, les sensation nues, les souvenirs.

Deux chemins yin et yang, masculin et féminin, qui m’éloignent, chaque jour, de ce petit bonhomme braillard de ce « sujet », de ce triste individu !

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