Détachement.

Pendant longtemps, trop longtemps j’ai cru que je pouvais changer le monde le rendre meilleur, plus juste, plus doux, plus vivant, plus vivable.

Illusion, triste illusion que cela ! Non seulement, je n’ai rien changé, mais jamais ce monde n’a été si haineux, si violent, si cruel, cynique et froid. J’ai évoqué le désastre afghan et les sinistres remarques désabusées de Biden. Mais, ce n’est hélas qu’un exemple, parmi tant d’autres.

Car ici, comme partout, notre monde penche à droite, et même à droite de la droite. Le respect de l’autre : bien sûr si son prénom est le bon ! Les droits fondamentaux, les limitations de l’arbitraire, les contre-pouvoirs, la protection des minorités : au diable, tout cela !

Je me sens perdu devant ces odieuses évidences. Je me rends compte que je ne changerai rien, ni personne. Me changer moi-même me semble être une douce illusion.

Je n’ai vécu que d’illusions. La pensée reste magique, totalement perméable à la magie de la toute-puissance.

Et le Moi, oh quelle baudruche vide. Comment croire dans ce « Je », tout puissant, le maître infaillible, le roi dans son domaine, le pilote dans son navire : foutaises, que tout cela. Je ne fais qu’entre apercevoir l’écume de la réalité. Je ne crée pas mes pensées : elles s’imposent à moi, par des détours invisibles.

Que faire ? Devenir lucide, savoir que je ne changerai rien, rien ni personne et surtout pas moi ! Ce monde n’obéit pas et n’obéira jamais à mes désirs. Il n’y a rien à attendre, craindre, rechercher, exiger, imposer, rien.

Que faire alors ? Me détacher de tout cela, laisser le monde suivre son cours et explorer les chemins de traverse, les chemins de la réceptivité, les chemins de l’accueil, les chemins de l’exil, hors de ce monde.