Le pays  ̶d̶e̶s̶ ̶m̶e̶r̶v̶e̶i̶l̶l̶e̶s̶ de la folie (2)

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Max :

Cela commence à devenir de plus en plus éreintant en plus de continuer à m’irriter fortement, j’aperçois d’autre pièce d’échec tout aussi usée par le temps remplacent les anciennes que nous venons tout juste d'abattre :

–Encore ? Mais c'est pas possible !

Mon frère me répond en fredonnant :

–Mais si c'est possible avec la carte…

Ma sœur le coupe :

–Vos gueules et concentrez-vous sur ses pièces d'échecs !

Je déduis ce qu’on avait déjà tous deviner :

–On dirait que la maîtresse des lieux tient absolument à ce qu'on reste séparé.

Elle soupire :

–J'espère qu'elle va bien.



Rose :

Personne ne m'attend à cet étage, bizarre, je vois la tête du chat apparaître devant moi, je souffle :

–Je savais que j'aurais dû te trancher en deux.

–Je ne suis pas ton adversaire, celle qui va le faire, va te faire perdre la tête, dommage pour elle, tu n'as déjà plus toute ta tête. Se remettre en question est difficile surtout quand la folie guette, reste à savoir où elle se trouve peut-être dans un coin de ta tête.

Il disparaît et une ombre de taille surhumaine prend sa place, on dirait une sorte de reine :

–Qu'on lui coupe la tête !

–Nan, mais il faut arrêter de voler toutes nos idées, c'est nous qui coupons les têtes, pas toi !

–Qu'on lui coupe la tête !

Elle m'énerve cette ombre, je lance ma hache horizontalement de toutes mes forces vers son cou. Je sens mon cœur me serrer, c'est comme quand j'avais abattu l'immeuble, je me sens vidée, je pose un genou à terre, essoufflée. Je lance un regard à l'ombre décapiteuse qui disparaît, j'ai réussi, c'est bon, je respire un bon coup, quand j’entends la voix du chat me dire :

–Se battre de tout son cœur jusqu'à le perdre, je suis admirassionné, pourtant ce n'est pas chose aisée, tu es donc déterminé à aller jusqu'au bout, sans te remettre en question du tout ?

Il apparait une nouvelle fois devant moi, cette fois-ci, il jongle avec sa tête, je soupire :

–Je sais que je n'agis pas de la meilleure façon, mais j'agis pour une bonne cause.

–Beaucoup avant toi, on dit cela et ils sont devenus ce qu'ils combattaient, la ligne entre le principe et la folie est très fine.

Je finis par me relever en disant :

–Peut-être, mais, pourquoi j'écouterai une ombre comme toi ?

–Très bonne question ! Qui sait ? Peut-être suis-je le serpent qui s'est glissé dans le jardin d'éden et qui te propose la pomme du savoir, tout comme je peux être un simple ami qui veut seulement te montrer la vérité.

Il commence sérieusement à m'énerver, je ne dis rien, il finit par remettre sa tête sur ses épaules et me demande :

–Embrouiller parce que je viens de dire ?

Je lâche :

–Je réfléchis à un moyen de te faire disparaître pour de bon.

–C'est fort peu courtois de ta part, moi qui étais venu répondre à toutes tes questions en guise de cadeau pour tes combats. Lise ne peut parler, mais ses ombres, elles, le peuvent.

Je vois, cela n’a pas l’air d’être un piège, je vais m’en donner à cœur joie :

–Très bien, alors que veulent ses hommes à Lise ?

–Simplement sa richesse, ils lui ont demandé une certaine somme à investir et en échange, ils la laissent diriger son pays comme elle l'entend, même si cela dure depuis bien plus longtemps.

–Qui sont-ils ?

–Ils se sont présentés à elle, sous le nom de Gods Keepers, enfin dans ta langue, ce seraient les Dieux Gardiens, mais cela ne change rien vu que leur nom est traduit dans toutes les langues, ils sont partout.

–Pourquoi a-t-elle accepté ?

–Pas vraiment le choix, sinon ils l'auraient remplacée comme ses parents, même si c'est déjà fait depuis son accident.

–Remplacer ?

–Les sosies de sa majesté sont légion et beaucoup sont dans le besoin.

–Elle disait qu'ils avaient créé un paradis.

–Un paradis qui est un enfer pour les autres, ceux qu'ils jugent différents et dangereux sont marginalisés et évincés du système.

–Des élitistes en somme.

–Tu sais réfléchir ? C'est incroyable !

–Je te merde sale chaton.

–Que de mots disgracieux qui sortent de ta bouche, mais toi quel monde créerais-tu ?

–Je ne veux pas créer de monde, je ne suis pas dieu, mais je veux que le monde dans lequel je vis, puisse nous laisser le choix de qui nous désirons être, où tout le monde se sentira accepté, peu importe leur choix.

–Un enfer pour les élitistes alors ? Tu ressembles beaucoup à Lise, reste à savoir si tu lui feras plaisir, et qu'on en finisse.

Il disparaît devant moi, je monte un énième étage, j'arrive dans une chambre :

–On dirait que j'ai réussi à monter tout en haut.

Je vois Lise applaudir des deux mains, elle porte toujours mon masque :

–Je te félicite d'avoir triomphé de toutes ses épreuves Rose, t’a détermination semble bien plus grande que la mienne.

Je me rapproche d'elle gentiment :

–Pourquoi agis-tu comme ça ?

–Je suis Lise, bien que tu sembles toujours point vouloir me croire. J’ai eu beau me battre de toutes mes forces, j’étais seule, j’avais donc besoin de te tester, Rose la Phénix, membre des sept péchés capitaux.

–Tu savais qui j'étais ?

–Bien évidemment, petite sotte, ils m'ont dit de faire attention à vous, mais j'étais intriguée, d'autant qu'Hugh et Ken, on dit que tu étais la plus dangereuse. Tiens, c'est pour toi.

Elle sort un papier de sa robe et me le tend, je le prends entre mes mains, des formules chimiques sont dessus, pour moi, c'est un charabia complet, elle continue :

–Je vais donc vous venir en aide autant que je le puisse.

–Qu'est-ce que c'est ?

–Une clef, je ne connais pas tous les détails, on me traduisait les documents automatiquement.

–D'accord, c'est pour déchiffrer un code si j'ai bien compris ?

–C'est bien cela, maintenant Rose, Lise a quelque chose à te demander en tant qu'amie.

–Qui y a-t-il ?

Elle me regarde droit dans les yeux, impassible et me demande froidement :

–Peux-tu mettre fin à son cauchemar ?

Elle disparaît et réapparaît derrière le lit, je ne l'avais pas remarquée, mais quelqu'un occupe déjà le lit, je me rapproche et aperçoit un corps couvert de bandage, la petite montre de la main le corps :

–Rose, je te présente mon corps, voici Lise.

J’ai l’impression de m’être pris un coup de poing dans le ventre, comment tout cela est possible ? :

–Mais c'est arrivé quand ? La dernière photo d'elle date d'il y a une semaine.

–Ça remonte à cinq ans, un malheureux accident, la reine ne pouvait pas être présentée comme ça dans leur monde parfait, montrer quelqu'un de différent, c'est contre leur principe, ils l'ont donc remplacée par un sosie. L'effacer ne vous mènera à rien, parce qu'il y a des centaines de sosies prêtes à prendre sa place.

Pourquoi ressembles-tu tant à Ai ? Elle fait apparaître un couteau et me le tend :

–S'il te plaît, met fin à son cauchemar.

En voyant l’instrument de mort s’approcher de moi, je panique :

–Non ! Tu l'as dit, l'effacer ne changera rien. Nous pouvons t’aider ! Dis-nous juste tout ce que tu sais et je ferais tout pour te sauver, mais s’il te plait ! Je t’en supplie ! Demande-moi tout ! Tout sauf ça !

Elle prend ma main et y dépose le manche du couteau, j’essaie de m’extirper, mais sa force est largement plus grande que la mienne :

–Je ne le peux malheureusement, je te crois quand tu me dis que vous feriez tout pour venir me chercher, mais regarde-moi, regarde mon corps. Je ne peux même plus bouger, je n’ai personne avec qui passer le restant de mes jours, personne à aimer. De plus en plus, je sens les limbes de la folie affamée lécher mon esprit, attendant le moment le plus propice pour m’emprisonner. Alors avant que tout cela ne puisse arriver. Je te demande de mettre fin à mon agonie.

–Non ! Je peux pas le faire !

–Tu as la détermination qu’il faut, tu y arriveras, cela fait bien longtemps que je regarde avec envie ce couteau passé sous ma gorge. Je ne puis le faire seul, je ne puis m’autodétruire, alors Lise te le demande en tant qu'amie, met fin à mes souffrances.



Max :

Nous venons enfin à bout de ses pièces d'échecs :

–Aller ! Il nous reste plus que le château et on sera avec elle.

–Dépêchons-nous !

Nous fonçons vers le château quand le Somnium reprend sa forme initiale, un monde sans fin, devant nous se tient Rose à genoux, son masque est au sol et elle tient un papier dans sa main, nous fonçons vers elle :

–Ça va !?

Elle me regarde, les yeux larmoyants :

–Je l'ai effacée.

Je n'ai pas le temps de demander quoique ce soit, qu'une voix, derrière nous, nous dit :

–C'était moins impressionnant que la dernière fois, n'est-ce pas Eve ?

Je me retourne vers la voix et les ombres qui se prénomment Adam et Eve sont là, l'ombre à l'allure d'homme répond :

–C'était pathétique. Tout s'est bien passé, ce n'en était même pas drôle.

Je sens Rose se relever et fonce sur eux, sa hache en avant :

–La ferme !

Adam pare le coup et donne un violent coup de pied à Rose qui revient vers nous :

–Pathétique !

Rose est complètement sonnée, il faut vite que nous sortions de là, Aziz et Cynthia combattent Adam et Eve, aucun ne prend l'avantage ; même si je dirais que les ombres ont l'air de s'amuser. J'épaule Rose et fonce en direction de la zone neutre tout en prenant les affaires qu'elle avait :

–On évacue !

Nous réussissons à sortir, j'entends Adam et Eve nous dire :

–La prochaine fois, on vous tuera, comme le veut Père.



Rose :

Je suis assise sur mon lit, les jambes repliées contre mon abdomen, mes bras bloquant cette position, la porte s'ouvre, Max arrive avec un plateau repas :

–Rose, il faut que tu manges, ça fait deux jours que tu ne fais plus rien.

Je lui réponds amère :

–'Ai pas faim.

–J'insiste, tu vas mettre ta vie en danger si tu ne t'alimentes pas.

Je grogne :

–Laisse-moi tranquille.

–Rose je…

Je lui hurle :

–Casse-toi !

Il dépose le plateau sur une table de nuit :

–Je te laisse la nourriture.

Il referme la porte me laissant seule, je m'assoupis dans ma position. À mon réveil, mes démons habituels sont là :

–Qu'est-ce que vous me voulez ?, je leur demande, impatiente.

–Il serait très embêtant pour nous que tu meures, me répond la fille.

–Après tout, nous sommes liés à toi, poursuit le garçon.

Je me lève d'un bond :

–Je ne vous ai jamais rien demandé ! Qu'est-ce qui vous prend de me suivre comme ça !? Qui êtes-vous !?

Ils me répondent en chœur :

–Mais nous sommes toi, Rose.

Je leur crie :

–Impossible ! Rose, c'est moi ! Personne d'autre que moi ne peut être Rose !

Ils me fixent avec un sourire moqueur sur les lèvres, la fille me demande :

–Ah bon ? Qui est la vraie Rose ? Celle qui a tenté de se suicider ?

Le garçon finit sa phrase :

–…ou bien celle qui efface la vie ?

Ils m’annoncent ensemble :

–Nous sommes plus Rose que toi Rose.

Ils m'énervent. Ils essayent de me faire perdre la boule.

–C'est faux ! C'est faux ! C'est faux ! C'est faux ! Je suis Rose ! Rose est égale à moi ! Rose c'est moi, et certainement pas vous !

La fille affirme :

–Bien sûr que si.

Le garçon continue :

–Tu n'as juste jamais voulu le voir.

–Nous sommes toi. Disent-ils simultanément.

Je me jette alors sur eux et serre leurs adorables petits cous, un dans chacune de mes mains et les soulève de façon à ce que leurs corps ne touche plus le sol :

–Vous n'êtes pas Rose !

Ils me disent simultanément, avec un adorable sourire qui me donne des envies de meurtre, mais c’est comme si je les serrais à peine. Ils rigolent ensemble :

–Ah ah ah ! Je n'aurais jamais imaginé me voir m'étrangler moi-même ! C'est tellement hilarant de se voir s’assassiner soi-même.

–Vous n'êtes pas moi ! Je suis moi ! Personne d'autre que moi ne peut être moi !

Je ne relâche pas mon étreinte, je veux qu'ils disparaissent de ma vie, qu'ils meurent. Je continue de serrer, jusqu'à ce que j'entende le bruit de leur os qui craquent.

Et puis soudain, plus rien. Rien d'autre qu'une immense tristesse qui s'empare de moi. Je me laisse alors tomber sur mon lit, me roule en boule et commence à pleurer toutes les larmes de mon corps.

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