La rue (1)

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La reprise des cours s'est faite avec réticence, la plupart des étudiants rêvent encore des beuveries des fêtes, ce qui n'aide pas les professeurs à garder le calme en classe. Durant les vacances le lycée a remplacé notre professeur de physique et de français disparu, le nouveau professeur de français est autoritaire. Dès le départ, il nous a donné "Le Cid" de Corneille à lire, même pas un bonjour, autant dire qu'il va se faire pourrir par les élèves avant la fin de l'année. Nous finissons par décrocher du cours et à parler entre nous, Émile me remercie :

–Tes chocolats étaient très bons, ma mère n'a failli rien me laisser.

Jessie est sur la même longueur d'onde :

–J'avoue qu'ils m'ont fait du bien durant ma grosse crève.

Estelle soupir :

–Mon père, quand il a su que les chocolats venaient de toi, il les a jetés.

Émile lui dit :

–C'est vrai que ton père est un vrai connard quand il s'y met.

Jessie lui tapote le dos :

–C'est un miracle qu'il t'autorise encore à traîner avec nous.

–Ouais. Mais ma mère les a récupérés et on les a mangés.

Je souris :

–Ah ça me rassure !

–Ouais et encore désolée pour la scène avec mon père durant la messe de minuit.

–T'en fait pas, on risque pas de le recroiser.

Jessie nous demande :

–On peut savoir ce qui s'est passé pour tous ceux qui ne vont pas à l'église.

Je lui réponds :

–La petite sœur d'un de mes voisins est venue avec ses habits religieux traditionnels, il n'a pas trop apprécié se mixe des religions, il nous a donc fait un caca nerveux, heureusement que père Mortel était de notre côté.

Émile nous demande :

–Comment ça se fait ? Ton père n'est pas censé être l'un des plus grands donateurs ?

–Si ! Si ! Mais ils avaient un argument avec lequel Mortel ne pouvait pas résister, lui répond Estelle.

–Laisse-moi deviner, Rose a trouvé un chaton errant et l'a donné à Mortel, non ! Un chiot, non ! J'ai encore mieux, tu as trouvé un poussin qui est tombé du nid et vous le lui avez donné. J'ai raison ? Demande Jessie.

Je lui réponds en sortant mon téléphone :

–Mieux, la sœur elle-même, regardez !

Ils regardent la photo que j'ai prise d'Ai dans son kimono, ils gémissent tous les trois en même temps :

–Han ! Vraiment trop mignonne.

–Arrêtez ! J'ai l'impression que vous allez chier des arcs-en-ciel !

Une voix derrière nous, nous dit :

–Je vois que mon cours ne vous intéresse pas !

Je déglutis et tourne lentement la tête vers la voix, le nouveau professeur de français nous regarde d'un air carnassier et le sourire aux lèvres il nous dit :

–Vous ferez donc une synthèse du livre Le Cid pour vendredi, si je ne reçois rien d'ici vendredi midi, vous serez collé pendant trois heures ce jour-là !

Ah bah, c'est bien Rose ! Super pour ce devoir ! Génial ! Je te remercie ! C'est ce que je me suis dit à ce moment-là.

Plusieurs heures plus tard :

–Pourquoi il a fallu que ce soit nous qui nous fassions gauler et pas les autres ? Nous demande Émile déprimé.

–Ça fait chier p'tain ! J'ai autre chose à foutre que de faire plaisir à un connard ! Peste Jessie.

Estelle soupir :

–Les privilèges des professeurs sadiques, ça fait peur.

Je regarde le nombre de pages du livre et dis :

–Oh ! Ça va ! Un peu moins de deux-cent pages.

Depuis que j'ai lu en entier le livre de l'histoire de la hache, je suis immunisé contre ce genre de chose. Jessie me répond hystérique :

–Nan, mais tu rigoles ou quoi ?

Émile me demande :

–Depuis quand un livre de deux cents pages, c'est OK ?

–Depuis que j'en ai lu un de cinq cents.

–Tu t'es mis à la lecture ? Me demande Estelle.

–Et le pire, c'est que je ne sais même pas pourquoi je l'ai lu en entier. Mais maintenant ! Je connais l'entièreté de l'histoire de la hache.

Ils me lancent un regard inexpressif, Émile me demande :

–Rose ? Juste pourquoi ?

–J'en ai aucune idée OK !

Jessie rigole en me disant :

–Tu me fais penser à James ! Lui aussi, c'est le plus fort pour ne pas savoir ce qu'il fait !

–D'ailleurs, c'est quand qu'il est censé revenir ?

–Je sais pas ! Aux dernières nouvelles, ils sont en train de faire une nouvelle réunion des nations, car leur meilleur élément militaire s'est fait effacer, apparemment, elle avait été engagée pour retrouver ces "sept péchés capitaux".

Je lui demande, étonnée :

–C'est pas les "six" qu'ils s'appellent ?

Émile sort sa science :

–Ils sont sept maintenant ! Depuis que l'Amerloque s'est fait effacer, ils sont sept. C'est la Phénix qui est la petite nouvelle.

Estelle demande :

–Phénix ?

Il allume son téléphone et nous montre une photo sur un site, c'est nous durant l'un des messages, on nous voit tous clairement avec nos masques, j'aurais presque du mal à me reconnaître, je lâche :

–Classe !

–Tu l'as dit ! Y'a même une cote de popularité et c'est plutôt homogène !

Je lève un sourcil :

–Comment ça ?

Il change l'écran du site qui affiche maintenant un tableau à barre et sur chacune des extrémités il y a l'image de nos masques en miniatures ; nous sommes tous à égalité, même s'il y a une légère préférence pour David et Cynthia, Estelle demande :

–Comment il peut y avoir une cote de popularité si les personnes ne parlent que pour annoncer leurs prochaines cibles ?

–Bah ! Bon vieux physique et design des masques. Je t'avoue que pour le serpent et le sanglier, c'est largement plus pour le physique que le masque.

–Ah ouais ?!

–Nan, mais attend, regarde-moi ses obus !

Nous le fixons froidement en ne disant rien :

–Oh ça va ! Vous matez notre cul toute la journée !

Nous continuons, mais cette fois-ci ce sont des regards de tueuse qui le fixe :

–Mais putain !! Lâche-t-il en s'avachissant sur sa chaise.

Je recentre la conversation :

–Bon, on s'organise comment ?

Estelle me répond :

–Vu que tu as l'air d'aimer lire, tu vas pouvoir nous faire un résumé.

Jessie nous dit :

–Laisse tomber, autant chercher un résumé sur internet, ça ira plus vite.

Émile rebondi sur cette déclaration :

–Vu que tu te proposes Jessie, tu vas faire toutes les recherches sur Corneille, il n'y aura rien de mieux pour remplir notre synthèse.

Estelle fait de même :

–Comme ça Émile tu vas pouvoir l'écrire, après tout, tu as la plus belle écriture, je t'aiderai bien sûr pour la tournure des phrases.

Je finis la conversation :

–Bon, vu que les tâches sont réparties, ils nous restent plus qu'à nous mettre au boulot, on se retrouve mercredi ?

Ils répondent tous en même temps :

–Yep !

Avant de rentrer à l'immeuble, je remarque une voiture de police stationnée devant la porte d'entrée :

–Encore ?!

Je rentre à l'intérieur, un policier surveille tout le monde dans le salon, il me remarque et demande :

–Qui êtes-vous ?

–Je suis Rose, j'habite ici !

–Patientez avec les autres !

–J'peux savoir ce qui se passe ?

–Taisez-vous et restez tranquille !

–Mais…

Max me coupe :

–Rose ! Fais ce qu'il te demande !

Je m'exécute et m'assieds avec les autres, ils sont calmes et ne font rien, ils doivent avoir reçu l'ordre de ne pas bouger. Au bout de plusieurs minutes, deux autres policiers descendent des escaliers, l'un d'eux demande :

–Qui est David Adunato Familia ?

David lève la main, le policier continue :

–Vous nous suivez au poste, vous êtes en état d'arrestation !

Je me lève et commence à m'égosiller :

–Mais !

Max me gueule dessus :

–Rose ! Rassis-toi tout de suite ! Je ne le répéterai pas deux fois !

Je sers les poings et me rassieds, ça doit être plutôt grave pour qu'ils agissent comme ça, je demanderai des explications après. Le policier menotte David et nous demande :

–Et qui sont Aziz et Cynthia ?

Les deux concernés lèvent la main :

–Vous restez parqué dans cet immeuble jusqu'à nouvel ordre !

Cynthia demande :

–Puis-je savoir pourquoi ?

–Non ! Tout dépendra de la réponse de l'ambassade américaine.

Ils partent et avant de fermer la porte d'entrée, le même policier nous dit :

–Bonne journée !

Il claque la porte, Taïba qui était debout frappe de son pied la corbeille qui se tenait à côté l'envoyant voler contre le mur en disant :

–Fait chier !

Je demande sèchement :

–Je peux savoir ce qui s'est passé ?

Max me répond en croisant ses bras :

–Perquisition surprise ! On nous a prévenus quelques minutes avant. On n'a pas eu le temps de faire grand-chose pour couvrir nos traces.

Aziz ajoute :

–Tu viens d'assister à une alerte rouge.

Shusendo finit :

–Et maintenant, nous avons trois prisonniers.

–Ils vont pas nous surveiller pendant longtemps, ça devrait aller vite. Cynthia essaye de voir le bon côté des choses en disant cela.

Je demande à Max :

–Et du coup, on fait quoi ?

–On attend leur coup de fil pour aller récupérer David.

Gloriam nous demande :

–C'est donc ça la police ?

–Normalement non, tu n'as pas de chance, avec nous, tu risques de voir que ce que l'humanité peut faire de pire, lui répond Max.

Taïba peste toujours dans son coin :

–Putain !

Nous attendons tous le coup de fil qui nous permettra de retrouver David, il arriva au bout de trois longues heures. C'est Max qui décrocha et à la fin de l'appel, une fois qu'il a raccroché, il nous dit :

–Ils nous demandent tous au commissariat.

Je lui demande :

–Qu'est-ce qu'ils nous veulent ?

–Nous poser quelques questions, Camille, tu sais détecter les questions pièges ?

–Oui, sans trop de soucis.

–Ça devrait aller, allons récupérer David.

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