Histoire (1)

6 minutes de lecture

Sur le chemin du retour, je demande à Taïba :

–Au fait, pourquoi vous êtes venus toi et Camille ?

–Camille voulait absolument voir à quoi ressemblait un restaurant et comme Cynthia nous a surprises avec son “rencard”, on a fait d’une pierre deux coups.

Je me tourne vers Gloriam en lui demandant :

–Et tu l'as trouvé comment ce restaurant ?

–J'ai bien aimé, je crois.

Taïba s'insurge :

–Comment ça je crois ! Elle montre Claire, tu as été servi par la meilleure serveuse du monde ! Ne le prends pas mal Rose.

Je lui réponds le sourire aux lèvres :

–Nan, mais j’le prends mal.

Claire se met à caresser la tête de Taïba et elle se calme, Gloriam dit à Claire :

–C’est toujours aussi impressionnant ce que tu fais.

–Mais non, c’est rien.

Nous continuons notre route et nous rentrons à l’immeuble, l’entrée est impressionnante avec les fanions et la banderole avec marqué “Joyeux Anniversaire Ai”, je pose une question au groupe :

–Au fait et le gâteau ?

Cynthia me répond :

–Aziz est parti le chercher.

Tout le monde s’installe confortablement dans le salon, Taïba et Claire regarde un magazine de bijoux et de prêt-à-porter, Cynthia apprend à Gloriam à utiliser un téléphone portable, je leur dis :

–C’est vrai que tu n’as aucun moyen de nous contacter Gloriam.

L’intéresser me répond :

–Oh ne t'inquiète pas pour ça, je vais pas partir d’ici.

–Pourquoi ça ?

–Je ne me sens pas prêt à affronter le monde extérieur seul, il me manque beaucoup de… c’est quel mot déjà ?

Cynthia qui suit le cours de sa pensée demande :

–Connaissance ?

–Non !

–Convention ?

–C’est ça ! Convention, je ne les ai pas toutes assimilées.

C’est vrai que pour nous, c'est une formalité, ça ne doit pas être son cas, Cynthia lui dit :

–T'inquiète, moi aussi, j'ai été un peu perturbé, surtout avec “la bise”.

–Quoi ?! Dis-je choquer.

–Quand je dois dire bonjour et faire la bise, je sais jamais si c’est deux, trois ou quatre en plus chez moi, on n'est pas aussi tactile, rien ne vaut une bonne poignée de main.

Claire lui dit :

–Chais pas comment tu fais pour ne pas aimer cette incroyable démonstration d’amour.

–C’est pas que j’aime pas ça... en fait si je n’aime pas, mais c’est juste que ce n’est pas naturel pour moi de le faire.

Taïba embrasse Claire sur la joue :

–Moi en tout cas, je ne m’en lasserai jamais.

David ouvre d’un coup la porte en disant :

–Philippe ! Je sais où tu te caches enculé !

Taïba lui répond :

–Ta gueule ! Viens par ici sale enculé !

–Salaud !

Aziz est derrière David qui bloque l’entrée et leur dit :

–Quand vous aurez fini vos tirades de mauvais film, vous pourriez peut-être m’aider avec les gâteaux !

David se pousse du chemin, Aziz rentre dans le salon avec une petite pièce montée dans une main et dans l’autre une tarte aux fraises avec beaucoup plus de fruit que j’ai l’habitude d’en voir. Il dépose les deux gâteaux sur la table à manger. Je me rapproche des gâteaux et effectivement, il y a largement plus de fraise dessus, mon regard se tourne sur la petite pièce montée ; il y a un petit message en nougatine avec marquer “16歳の誕生日おめでとう” mise à part le seize, je ne sais pas ce qui est marqué. J’entends la sonnerie d’un téléphone, c’est celui de Cynthia qui nous dit :

–Okay it’s happening ! They come !

Tout le monde se lève et s’affaire, Aziz prend le canapé des deux mains et le déplace, je demande :

–Ils arrivent ?

–Non, on fait de la place pour jouer au foot !... Mais bien sûr qu’ils arrivent ! Me répond Cynthia.

La luminosité commence à baisser, Taïba et David couvre chaque espace émettant de la lumière, Claire arrive avec plusieurs bougies qu'elle est en train de disposer sur les deux gâteaux, Cynthia aide Claire, je demande :

–Qu'est-ce que je peux faire ?

Taïba arrive avec un sac en me disant :

–Tiens prend ça !

Elle me donne une fusée à confetti, puis me met un chapeau festif et une langue de belle-mère dans la bouche, Taïba me demande :

–Alors comment tu te trouves ?

Je souffle un coup, ce qui produit le bruit caractéristique de la langue de belle-mère :

–Je prends ça pour un très bien !

Je lui réponds avec l'objet entre les dents :

–J'aurais dit ridicule.

–Commence pas ou je t'en mets deux autres chapeaux et ça sera pas là où tu le penses !

Je souffle à nouveau :

–Très bien.

Tous les meubles du salon ont été posés contre les murs pour faire de la place, les deux gâteaux sont en plein milieu de la table à manger et sont présentés de manière que nous ne puissions que les voir. Cynthia qui a maintenant trois chapeaux festifs sur la tête nous dit :

–Ils sont là !

Aziz et David éteignent les lumières, nous sommes plongés dans l’obscurité la plus totale. Je sens que quelqu’un me traîne vers un coin de la pièce, la porte d’entrée s'ouvre, Max entre le premier suivi de Ai en fauteuil roulant poussé par Shusendo, Max dit à voix haute :

–Tiens il y a personne ?

Il joue tellement mal la comédie, tout le monde dans la salle doit certainement penser comme moi. Max allume la lumière, Cynthia appuie sur son détonateur, ça active des sortes de pétards qui allume les bougies disposées sur les gâteaux, ils crient tous en même temps :

–Surprise !

Moi, je me contente de souffler dans la langue de belle-mère et de tirer la fusée à confettis, puis ils lui disent chacun dans sa langue :

–Joyeux anniversaire !

–Happy birthday !

–с днем ​​рождения !

–عيد ميلاد سعيدسعيد !

–Gelukkige verjaardag !

–お誕生日おめでとう !

Ai qui était resté choqué se met a pleuré :

–Non, mais il fallait pas snif, バカの束 !

Elle nous regarde et se met à rigoler entre deux sanglots :

–En plus, vous êtes ridicules !

Je regarde Taïba en disant :

–Je te l’avais bien dit !

–Ah ! Commence pas !

Ai éclate de rire, ses petites larmes coulant sur son visage rayonnant, Cynthia se met à déclarer les yeux humides :

–Tant de pureté, c’est beaucoup trop pour moi !

Je demande :

–Tu pleures pourquoi là ?

–Je pleure pas, j’ai juste une poussière dans l'œil !

Elle prend un mouchoir, souffle dedans et puis elle crie :

–Je CHIALE PUTAIN !

Ai est en train de mourir de rire, Shusendo lui dit :

–Allons souffler tes bougies avant que les gâteaux ne se transforment en cire.

Ils se rapprochent de la table à manger, son visage s’émerveille quand elle voit la composition des gâteaux :

–Il y a même des fraises !

Shusendo lui sourit :

–Oui et c'est rien que pour toi !

Elle le prend dans ses bras et l'embrasse sur la joue :

–Merci !

Ils sourient ensemble, leur amour rayonne, je les regarde avec envie, mes sentiments sont anarchiques en ce moment, pourquoi est-ce que je suis jalouse ? J'ai l'impression d'être seule en les regardant, qu'ils s'éloignent tous de moi, ils sont tous si différents, l'amour qu'ils se portent entre eux ressemble à un royaume inatteignable ; je suis une étrangère dans ce pays, un chaos ambulant, d'où vient ce mal-être ? Gloriam me prend le bras :

–Vient Rose ! On nous attend pour la photo !

Je me pose trop de questions, je vais profiter de ces moments encore un peu, Claire nous prend tous en photo, tout le monde fait un beau sourire, je les imite. Je me répète à moi-même "encore un peu", le reste de l'anniversaire se déroule sans accrocs, Ai a eu un ours en peluche de grande taille pour son anniversaire ; Ai ne l'a pas quitté une seule seconde, vers dix-huit heures, elle a commencé à somnoler, Taïba dit en la voyant :

–Elle doit vraiment être fatiguée la pauvre.

Elle lui répond à moitié réveillé :

–Je suis pas fatiguée.

–就寝時間です.

Shusendo emmène sa sœur dans le coin de la pièce où Aziz avait déposé un canapé, il le transforme en lit et la pose délicatement dessus, glisse la couette jusqu'à sa nuque, elle ferme les yeux en disant :

–おやすみ.

Il l'embrasse sur le front :

–よく眠る.

Shu revient vers nous, je lui demande :

–T'es sûr qu'elle va réussir à dormir ici ?

–T'inquiète pas, une fois qu'elle dort, même un tremblement de terre ne pourrait pas la réveiller, d'autant plus quand c'est elle qui le provoque.

–Quoi ?

–Tu vas comprendre.

J'entends un :

–Zzzz…

–Ah ! Elle ronfle.

Max me dit :

–Ouais, la première fois, j'ai cru que l'immeuble allait s'effondrer.

Je leur demande :

–D'ailleurs, comment vous vous êtes rencontrés ? J'veux dire, comment le groupe s'est formé ?

Claire acquiesce :

–Moi aussi ça m'intrigue.

Max a un petit rire :

–Pour ça, il faut que l'on commence par le tout début, le moment où j'ai découvert le Somnium.

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