Travail (1)

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Je me réveille les larmes aux yeux, j'ai fait un rêve, un très beau rêve irréalisable :

–Ça faisait longtemps que j'avais pas fait ce rêve.

Ce rêve dans lequel je suis en robe de mariée, je sers le poing et le rapproche de ma poitrine qui me fait souffrir, abandonne l'idée, je me murmure à moi-même presque comme pour un enchantement :

–C'est impossible, oublie, c'est pour le mieux.

Cela fonctionne sur moi, je ne me sens pas mieux, mais j'ai oublié mon rêve, c'est déjà ça de gagné, je me prépare pour aller travailler, il est onze heures quand j'arrive au restaurant, Claire m'accueille :

–Tu sais Rose, quand on dit onze heures en restauration, c'est qu'il faut être prêt à travailler à onze heures.

–Ah ! J'm’en souviendrai la prochaine fois. En quoi consiste le travail ?

Elle me tend un tablier :

–Mets ça déjà.

J'enfile le tablier, Claire continue :

–Tout ce que tu auras à faire aujourd'hui, c'est de prendre les commandes des clients, retiens par cœur la carte et tout ira bien.

–D'accord.

Elle me tend un calepin, un stylo et la carte des menus :

–Une fois que tu as pris la commande d'une table, tu l'annonces à mon père et tu suspends ta note ici.

Elle me montre des sortes de pinces en acier qui sont au-dessus d'une sorte de commode qui produit de la chaleur :

–Fait attention quand tu prends les plats au passe, c'est très chaud. Des questions ?

–Euh pas vraiment.

–Bon très bien, j'vais te regarder te débrouiller.

Elle me pousse gentiment vers deux clients qui étaient assis à une table avant mon arrivée, pour l'instant tout se passe bien, j'ai pris leurs commandes et j'ai annoncé au père de Claire qui m'a répondu :

–OK !

Claire arrive derrière moi :

–C'est le point le plus important, si mon père ne te répond pas, tu répètes indéfiniment jusqu'à ce que tu l'entendes.

–Ça va, je pensais que c'était plus dur.

–Tu sais, ça ne fait que commencer.

Les clients ont afflué en grand nombre ou bout d'un moment, j'entends la mère de Claire nous dire :

–On arrête le service !

Je demande à Claire :

–Ça veut dire quoi exactement ?

–Quand il est 14 h 30, on arrête de servir, ce qui veut dire que tous les clients qui viennent à partir de maintenant on les jartes, bien sûr, tu leur dis ça gentiment, du genre, je vous prie de m'excuser, mais nous avons arrêté de servir.

Elle me le dit d'une voix tellement mielleuse que je pensais que les abeilles allaient porter plainte :

–Tant que tu le dis de manière professionnelle, tout ira bien.

–D'accord.

–Bon, on va commencer par tout ranger puis on nettoie, par contre, tu attends que tous les clients soient partis et je dis bien tous, avant de commencer à nettoyer la salle.

–On ne peut pas y couper ? J't'avoue que le ménage ne m'enchante pas beaucoup.

–Impossible ! Si on ne fait pas ça les clients et l'inspection sanitaire nous fument, tu aimerais toi manger dans un restaurant poussiéreux et collant ?

–Nan pas vraiment.

–Donc on le fait ! Tant pis si on finit à seize heures.

–…

Elle me donne des petits coups sur la tête :

–Allo !? Y'a quelqu'un au bout du fil ?

Je respire un grand coup comme si je venais de me réveiller :

–Pardon, tu disais ? Mon cerveau a cessé de fonctionner.

Elle rigole et me pousse gentiment :

–Aller, plus vite commencer, plus vite fini, débarrasse les tables et nettoient les, moi, je vais faire en sorte que ceux qui ont fini ne traîne pas.

Une fois tous les clients partis, nous commençons le nettoyage, je dois passer la serpillère, ou bout d’un moment, je m’appuie sur le manche et demande :

–C’est normal que je ne sente plus mes jambes ?

–C’est normal, tant que tu nous fais pas un malaise.

Je sens tout mon être trembler :

–Maintenant que tu le dis, j’me sens fébrile.

–Ahahah ! Très drôle !

Je commence à tituber :

–Nan, ce n’est pas une blague…

Je me réveille doucement, le visage de Claire m'accueille :

–Alors bien dormi, belle au bois dormant ?

–Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

J’entends la mère de Claire me dire :

–Tu nous as fait un malaise.

Je regarde les alentours, mes jambes sont posées sur une chaise, Claire m’aide à me redresser et elle me fait m'asseoir sur une chaise, je vois que l’on me tend une canette de soda et un paquet de bonbon, je lève les yeux, c'est le père de Claire :

–Tiens prends, ça t’aidera.

Je prends la nourriture que l’on me tend :

–Pourquoi maintenant ? Surtout qu’on avait fini.

–Il y a plusieurs raisons, tu sais, ça peut être le fait que tu ne sois pas habitué à travailler en piétinant, que tu n’aies pas bien mangée ou que ton cerveau n'était plus suffisamment irrigué en sang et on peut rajouter le fait que ton adrénaline ne faisait plus effet, en plus du fait qu’on est habitué depuis tout petit à rester assis toute la journée. me répond Claire.

Son père m’incite :

–Par contre, bois et mange tout de suite, pour éviter de faire une rechute.

Je fais ce qu’il me dit, la mère de Claire me dit, inquiète :

–Ton bilan santé est bon, mais j’aimerais que tu fasses une vérification, il se peut que tu ne sois pas habilité pour faire ce travail.

–Je dois aller voir mon médecin aujourd’hui, je vais l'emmener avec moi, prévient Claire.

Ses parents acquiescent, Claire continu :

–On ne voudrait pas avoir ta mort sur notre conscience.

–Tu y vas pour quelle heure déjà ? Lui demande son père.

–Pour quinze heures trente.

–Allez-y maintenant alors, sinon vous allez être en retard.

Claire m'aide à me relever, je finis le casse-croûte que l'on m'a donné et rend le tablier, nous quittons le restaurant. J'ai encore un peu de mal à me déplacer, mais Claire m'épaule, en arrivant à l'hôpital, je me sens déjà mieux, son médecin nous a pris de suite et a commencé par moi. Il me fit faire des petits exercices pour la forme, puis une vérification du pouls avec un contrôle de la respiration pour que finalement, il me dise :

–Vous êtes en pleine forme ! C'était juste un petit coup de mou. Mangez bien, ne vous surmenez pas trop et vous diminuerez les risques de faire des malaises.

–Génial, j'aurais rêvé mieux comme première journée de boulot.

–Tu t'en sortiras mieux ce soir ! Me dit Claire.

Nous sommes sortis du cabinet une fois la visite médicale finis, en sortant dans le couloir, nous avons failli se faire renverser par un groupe d'enfants qui jouaient, j’entends la petite voix de Ai :

–Rose !

Je me tourne vers elle, Ai est dans un fauteuil roulant et a du mal à avancer, la scène de Shusendo me revient en tête, j’essaye de faire comme si de rien n’était et me force à lui sourire :

–Ai ! Comment vas-tu depuis la dernière fois ?

–Comme tu vois, ça roule… 私はそれが言うと思う.

Claire lui demande :

–Tu es la petite sœur de Shusendo dont Taïba m’a parlé ?

Ai hoche la tête :

–C’est moi !

–Enchanté, je suis Claire !

Elle prend un air et demande en regardant autour d’elle pour savoir si personne ne nous écoute :

–ああ、彼の彼女ですか?

–J’ai absolument pas compris ce que tu viens de dire.

Elle met son doigt sur ses lèvres et réfléchit :

–Euh… c’est toi la copine de Taïba ?

Ai touche ses deux index comme s’ils s’embrassaient, je tourne la tête vers Claire qui a changé de couleur et est devenue rouge tomate, je change de sujet :

–Shu n’est pas avec toi ?

–Il dit, il était pas libre, tu sais pourquoi ?

Je revois son point ensanglanté, je lui mens :

–Non.

–Tant pis, je vous laisser.

Ai essaye de faire tourner ses roues, mais elles ne bougent pas, nous voyons un groupe d’enfants rigoler au loin, Ai soupire :

–彼のバカの別のショット。

Je lui demande :

–Ils t’embêtent ?

–Ça arrive, mes parents disaient, les gens sont pas vraiment méchants, des fois leurs intentions prennent mauvais chemin.

Une idée me vient à l’esprit, je me mets derrière Ai et pousse son fauteuil en lui disant :

–J’ai une idée qui va les rendre jaloux, tu vas voir.

Je me mets au bout du couloir, à l’opposé du groupe d’enfants :

–Euh et quoi faire ?

Nous sommes au bout du couloir, je me retourne avec le fauteuil, je lui réponds :

–Tiens-toi bien.

Je commence à courir avec elle :

–ああ!しかし、あなたは何をしていますか!

Je fonce à toute vitesse vers la fin du couloir, je tourne à gauche en direction du groupe d’enfants en faisant crisser les pneus, je continue de courir avec elle :

–Chaud devant !

–やめてください!

Je fonce, le groupe d’enfants s’étant mis contre le mur, personne ne nous gêne, Ai se met à rire et les enfants se mettent à nous suivre avec l’envie de faire pareille, je lui dis :

–Ça y est, ils sont jaloux !

J’aperçois au bout du couloir Shusendo avec Max, je freine de toutes mes forces et notre course s'arrête à quelque centimètre de Shusendo qui me jette un regard noir, Ai fini de rigoler :

–こんにちはお兄さん !

Shusendo ne lui répond pas et me demande :

–Que fais-tu Rose ?

–Je lui change les idées.

Je regarde Max qui ne dit rien puis mon regard descend vers la main de Shusendo qui est pansé, Ai le remarque aussi :

–Que t’es arrivé ?

Il met sa main devant lui :

–Ça ! Ce n'est rien, juste une égratignure, ne t’en fait pas.

–Si tu dis.

Max claque des mains et dit :

–Bon, c’est pas tout ça, mais nous devons y aller !

Je demande :

–Comment ça ?

–Tu n’es pas concernée ! Me dit-il sèchement.

Shusendo me pousse, prend la place du conducteur et emmène Ai qui demande :

–Aller faire ?

Il lui répond tout sourire :

–Se promener, Max à trouver un endroit qui te plaira j’en suis sûr.

Max lui est sur son téléphone et pianote dessus, Ai et Shusendo passent devant lui et sortent de l'hôpital, Max me montre son téléphone en le secouant puis part avec eux. J’entends la sonnerie de mon téléphone, je le déverrouille, Max m’a envoyés un message :

“Demain, c'est l’anniversaire de Ai.”

Je comprends maintenant pourquoi ils sortent ensemble, Claire arrive derrière moi en disant :

–Bon tout a l’air de bien se passer.

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