J'aime (1)

10 minutes de lecture

Après quelques minutes, Aziz m'informe :

–Tu sais, nous avons tous une manière de déverser ce qu'on a en nous, ce qu'ont subi, notre haine, Max lit et devient hermétique. Moi, je la déverse en détruisant.

–Je vois ; c'était la première fois que je te voyais en colère, ça m'avait fait peur.

–Tu devrais essayer, ça pourrait t'aider.

–J'y réfléchirai… on fait quoi maintenant ?

Il souffle un coup :

–On aurait dû explorer le sous-sol, mais je crois que c'est foutu.

–Du coup, on a fini d'explorer, à moins que Gloriam n'aie trouvé autre chose, d'ailleurs, il est passé ou depuis tout ce temps ?

–Il ne peut pas vraiment combattre sous sa forme actuelle, du coup, il a dû se cacher dans une ombre et attend qu'on l'appelle.

Je me décide à l'appeler :

–(Gloriam t'es où ?)

Il apparaît devant moi dans mon ombre :

–Je suis là.

Aziz lui demande :

–Tu as trouvé autre chose ?

–Hum… Non, il n'y a que le sous-sol qui n'a pas été exploré.

–Il va falloir revenir avec Gula de toute façon. Tu peux prévenir Don’yoku et Paresse qu'on sort ?

–J'y vais de ce pas.

Il disparaît dans mon ombre, Aziz se relève et me tend la main, il m’aide à me relever, je le félicite pour son adresse au fusil durant le combat :

–Au fait, franchement, c'était un joli tir !

–Pour l’ombre qui allait t’agripper ? Y a pas de quoi.

–Je pensais à l’ombre que tu as touchée en plein vol, mais ça marche aussi.

–Oh, c'est pas si exceptionnel.

Il part en direction de l’entrée, je le suis et demande :

–C’est quoi comme arme ? Tu lui as donné un nom comme Gula et Paresse.

–Moi, c'est un fusil à verrou et je l’ai appelé Ellie.

–C’est quoi d’ailleurs cette manie de nommer des armes ?

–Une sorte de superstition, l’idée vient de Zavist’ nommer nos armes porte chance d’après lui, un peu comme pour les bateaux.

–Tu y crois ?

–Non, mais je trouve cela sympa et toi, tu lui as donné un nom à ta hache.

–Non, en plus je ne sais même pas si je vais garder cette arme.

–Tu t’en sors très bien, je trouve.

–C’est vrai ?

–Pour une débutante, oui, si ma grand-mère était encore en vie, elle te dirait que tu ferais ça mal et t'entrainerait.

Nous sommes de retour dans le hall, Aziz s'apprête à ouvrir la porte d'entrée quand la maison tremble de nouveau, je demande :

–Mais qu’est-ce qui se passe encore ?

J’entends des bruits de pas venir vers nous, c’est Max et Shusendo qui se sont équipés avec leurs armes de tout à l’heure, ils sautent pour atterrir dans le hall, Aziz les regardent en faisant apparaître son fusil et leur demande :

–Qu’est-ce qui arrive ?

Max lui dit :

–Comment te dire que le château EST une ombre !

–Quoi ?

Je me retourne vers la porte d'entrée qui a disparu :

–Pourquoi ça ne fait aucun sens bordel de merde !

Max me répond ironique :

–Et dire que je déteste Alice au pays des merveilles.

Une vague former par des milliers d’ombres humaine sort du premier étage et fonce vers nous, Shusendo crie :

–Gloriam !

Il apparaît dans son ombre :

–Oui, qui y a-t-il ? … Aaaaah !

Il vient de se rendre compte du nombre d’ombres qui arrivent, prêt à en découdre avec nous, Shusendo lui ordonne :

–Tu vas explorer de nouveau le château ! Si ça se trouve la sortie a juste été déplacée !

–Je vais faire vite !

Gloriam disparaît et nous laisse tous les quatre, Aziz nous ordonnent :

–Orgueil et Paresse, frayez nous un chemin jusqu'à l’aile droite du château ! Don’yoku et moi on vous couvre.

Shusendo lui dit :

–Bien sûr ! Pour mieux se retrouver piéger, c’est une bonne idée !

Aziz lui rétorque :

–Il y a une zone neutre là-bas, on y sera en sécurité !

–Y a intérêt !

Les ombres nous encerclent, Max me dit :

–Ce qu’on va faire Orgueil, c’est que moi, je vais faire une percée, toi, tu t’occupes de ceux qui arrivent à passer, Ok ?

–Je vais essayer.

Max se met en posture de combat, il place son poing droit en arrière, prêt à frapper et met sa main gauche en avant comme s'il visait. Les ombres se rapprochent de nous, je l'entends respirer un grand coup, une ombre se jette sur lui et se fait éjecter aussitôt ; je n'ai pas vu le coup de Max partir, l'ombre qui s'est fait éjecter a créé un petit passage. Max tape ses deux poings et les gants s'agrandissent et forment une sorte de V ; on dirait une sorte de chasse-neige, Max nous dit :

–On dégage !

Il se déplace lentement au début puis il va de plus en plus vite, je tranche les ombres qui arrivent à passer par-dessus, Aziz et Shusendo couvrent nos arrières en lançant des bouteilles enflammées. Max ouvre la porte, je rentre suivie par Aziz et Shusendo qui bloquent l'accès grâce aux flammes, je ferme la porte et je la bloque par un coup de hache bien placé :

–Avec ça ! Ils mettront un petit moment avant de venir.

–Ça ne les arrêtera pas, le château est une ombre, me rappelle Shusendo.

La porte qui empêchait les ombres de passer disparaît :

–Bordel de merde !

Aziz prend les devants :

–Vite par ici !

Nous fonçons dans la zone neutre, je suis la dernière à rentrer dedans, Shusendo ferme la porte derrière moi, je souffle un grand coup :

–On est en sécurité j'espère ?

Max m'informe :

–Jusqu'à maintenant, aucune ombre n'est entrée dans une zone neutre.

Je lui indique l'incohérence de son propos :

–Gloriam compte pas ?

–Ah ! … bon, on est dans la merde !

Je m'insurge face à son indifférence :

–Sérieusement !?

Shusendo remarque le terminal et le pointe du doigt :

–Qu'est-ce que ça fait là ?

Aziz lui répond :

–Ce terminal contient des tonnes d’informations, Gula pourra en tirer quelque chose, ah et avant que j'oublie, Ken est l'un des connards qui a participé au projet E.S.

–Raison de plus pour l'effacer, nous dit Shusendo.

Gloriam apparaît dans son ombre :

–La porte de sortie a été déplacée dans cette aile.

Nous lui demandons tous en même temps :

–Comment ça ?

–La porte n'a pas arrêté de se déplacer depuis tout à l'heure et depuis plusieurs secondes, elle ne bouge plus.

Max réfléchit à voix haute :

–Pourquoi faire ça, c'est complètement illogique.

Shusendo lui répond :

–Peut-être qu'elle pense qu'on est parti vu qu'on est en zone neutre.

–Ou elle veut nous tendre un piège. Ajoute Aziz.

Je leur dis :

–De toute façon, on ne va pas rester ici éternellement. Non ?

Max acquiesce :

–Allons-y en mode furtif ninja, tu nous montres Don’yoku ?

Shusendo lui fait un doigt d’honneur :

–Oh allez ! C'était drôle.

Il lui montre son deuxième doigt d’honneur, Max soupire et nous regarde moi et Aziz, je lui dis :

–Mec. Tu es désespérant.

Aziz va vers la porte et demande à Gloriam :

–Tu sais comment l'ombre déplace la porte ?

–Non, j'arrive à peine à suivre ses mouvements.

Je demande à Gloriam :

–Et elle est où exactement la porte là ?

–Juste devant, tu sors et elle est là.

Aziz jette un coup d'œil à travers la porte légèrement entrouverte :

–Vous allez pas me croire !

Nous le regardons tous, Max lui demande :

–Quoi donc ?

Il ouvre complètement la porte :

–Les ombres ne sont plus là !

Le couloir est complètement vide, il n'y a plus aucune ombre, même les portes de l'aile ont disparu, il ne reste que la porte d'entrée et celle de la zone neutre, Shusendo réfléchit à voix haute :

–On dirait que cette ombre joue avec nous, pourquoi elle agit comme ça ?

Je demande :

–C'est possible qu'elle soit intelligente ?

–Hum ! Hum !

Gloriam est derrière moi et s'est raclé la gorge ; enfin s'il en a bien une, Max m'informe :

–Jusqu'à maintenant les ombres agissent sous les ordres des personnes qui ont leur espace, ça ne serait pas étonnant que le maitre leur ais donnés une série d’ordres à suivre.

–Ç'a peut être un rapport avec les différents terminaux qu'on a vus, nous dit Aziz.

Je demande :

–Comment ça ?

–De ce que j'ai vu sur le terminal, il y a surtout des dossiers de test, si ça se trouve les ombres suivent les données du terminal comme des ordres.

Je demande :

–C'est possible ça ?

Shusendo me répond :

–C'est possible.

–Vaut mieux partir tant que l'ombre ne fait rien d’autre, nous dit Aziz en ouvrant la porte de sortie.

Shusendo acquiesce :

–Nous reviendrons demain, fais attention à toi Gloriam.

–Faites de même.

Max lui tend un livre :

–Demain, je pourrai probablement pas venir, donc je te le passe maintenant.

–Métaphysique Aristote.

Shusendo s'ajoute à la conversation :

–Oula ! Tu es sûr de vouloir lui faire lire ça ?

–Ça lui permettra de réfléchir par lui-même.

–Réfléchir par moi-même ? Demande l'intéresser.

–Tu ne nous as jamais posé de question, même quand je t'apporte un nouveau livre, sais-tu pourquoi je te les donne ?

–Non, je ne me suis jamais posé la question.

–Un jour tu nous as dit que tu trouvais le temps long, tu ne t'en souviens pas ?

–Le temps est relatif vu que j'ai certainement plus de deux-mille ans.

–Et tu l'as appris comment ?

Shusendo a l'air de comprendre :

–Oh ! Je vois où tu veux en venir.

–Un jour viendra Gloriam où tu réfléchiras toi-même, j'aimerais être là pour le voir.

–Je vais essayer de ne pas vous décevoir.

Max part vers la sortie en disant :

–Ça n'arrivera pas !

Nous sortons tous en laissant Gloriam dans le Somnium, pendant la chute sans parachute, je leur demande :

–Il ne se sent pas seul à force Gloriam ?

Aziz me répond :

–J'imagine. On est les seuls à venir le voir plusieurs fois depuis plusieurs milliers d'années, notre compagnie doit lui faire du bien.

Shusendo lui dit :

–J'en suis pas si sûr, si tu veux mon avis, Gloriam ne réfléchissait même pas avant qu'on ne le rencontre.

Je demande :

–Comment on ne peut pas penser ?

Max me répond :

–C'est très simple, Gloriam était exactement comme toi. Avant, tu voyais le monde avec des œillères, tu ne réfléchissais pas, tu acceptais tout simplement et on t’a aidé à les retirer pour que tu puisses voir le monde dans toute sa splendeur. Tu es comme une nouveau-née maintenant, qui apprend à marcher dans ce monde de mensonge.

Je pense à voix haute :

–Avant, je ne savais même pas qu'il y avait d’autres pays, d'autres cultures, d'autres façons de penser.

Aziz me rit au nez :

–Tu es vraiment si nulle en géographie ?

Je lui crie irritée :

–C'était une image !

Shusendo me rassure :

–C'est tout à fait normal, les pays et les gens sont modifiés par leur environnement et par l'époque dans laquelle ils vivent.

–Comment ça ?

–Il y a une grande différence entre ce pays et les autres. Mais c'est seulement une différence de point de vue, de perspective, moi, c'est en arrivant ici que j'ai réalisé quelque chose.

–Quoi donc ?

–La moitié de ce que l'on m'avait dit était des mensonges, l'autre moitié des mensonges soigneusement interprétés.

–Où est la vérité dans tout ça ?

–Elle est bien cachée derrière les mensonges.

–Avec tout ça, j’ai plutôt l'impression de me noyer dans ces mensonges

Max me rassure lui aussi :

–C'est normal de se perdre, le plus important, c'est de suivre la voie en laquelle tu crois.

–Attention ! Impact dans six secondes ! Nous hurle Aziz.

Je retire mon masque et le range puis j'imite les garçons qui plongent la tête la première. Le son des vagues a quelque chose d'apaisant, c'est marrant, c'est bien la première fois que j'apprécie la mélodie qu'elle entonne, j'entends quelqu'un m'appeler :

–Hey ! Rose ça fait longtemps !

Je tourne la tête, la voix provient d'un couple, un homme et une femme me font bonjour de la main, je les reconnaîtrais entre mille, Émile et Estelle, je souris en les voyant :

–Émile ! Estelle ! Ça fait plaisir de vous revoir !

Ils se rapprochent de moi, Aziz me dit :

–On va te laisser.

Je vois les garçons partir vers l'escalier qui remonte sur la route, je lui réponds en lui donnant mon masque :

–D'accord, on se voit tout à l'heure.

Je rejoins Émile et Estelle. Émile est plus grand de dix centimètres, les cheveux courts et bruns des jolis yeux verts et une petite barbe de trois jours c'est ajouter à son visage. Estelle fait la même taille que moi, elle a les cheveux long et brun, elle les a attachés en queue de cheval et avec ça des yeux bleu brillant, je leur demande :

–Vous êtes rentrés quand ?

Estelle me répond :

–Il y a moins d'une heure.

–Vous êtes pas censé être à l'amphi pour le debrief ?

–Euh… si ! Et toi t'es pas censée être en cours ? Me demande Émile.

–Euh… si !

Nous rigolons tous les trois, Estelle me dit :

–Il faut croire que les grands esprits se rencontrent, où sont doubles J ?

Doubles J est le surnom de Jessie et James, comme Doubles E est le surnom d'Émile et Estelle :

–Jessie et James doivent être en cours, ils se chamaillent encore plus depuis que vous êtes partis Double E, d'ailleurs, c'était comment la montagne ?

Émile me répond souriant :

–Les paysages étaient magnifiques !

Estelle, elle n'est pas sur la même longueur d'onde :

–C'était froid !

–Vous avez quand même fait des anges dans la neige ? Ici, il ne neige pas assez pour faire quoi que ce soit.

–J'ai des photos, je te montrerai.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Oneworld ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0