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Nous rentrons tous les deux à l'immeuble, nous arrivons au coin de la rue et nous remarquons qu’il y a une voiture de police devant la porte de notre chez-nous :

–Tiens ? Ça y est, le code jaune prend effet, me dit Shusendo.

Je suis anxieuse, j'espère que je ne vais pas cafouiller :

–Rose, ai l'air juste naturel, ils ne vont certainement pas te faire chier comparé à nous.

Je prends note de sa remarque :

–Je vais faire de mon mieux.

Nous arrivons à côté de la voiture, un policier nous remarque et dit :

–Circulez, il n'y a rien à voir !

–Je veux bien, mais c'est ici qu'on habite, il s'est passé quelque chose ? Lui demande Shusendo imperturbable.

–C'est juste un contrôle de ce qu'on m'a dit, je vais vous faire rentrer. Attendez quelques secondes.

Il rentre dans l'immeuble et en ressort quelques secondes après :

–Allez-y !

Nous rentrons, tout le monde est assis sauf un policier dos à nous :

–C'est donc vous les deux derniers colocataires de cet immeuble ?

Nous demande le policier en se retournant, je le reconnais tout de suite, c'est le père de James, lui aussi me reconnais. Ce grand homme avec sa crinière brune grisonnante qui ressemble à un lion vieillissant m'a toujours rassuré, même si au vu de la situation, il m'oppresse plus qu'autre chose, il me dit :

–Tiens, je ne m'attendais pas à te voir ici Rose, même si c'est vrai que James m'avait dit que tu as déménagé.

Sur tous les policiers de cette ville, il fallait que je tombe sur lui, je lui mens :

–Enchantée de vous revoir monsieur.

–Bon, je vais faire vite, vous reconnaissez cet homme ?

Il nous montre une photo du policier qui m'a ramené chez moi lundi, Shusendo lui répond :

–Jamais vu de ma vie monsieur !

–Et toi Rose ?

–Il me semble le connaître.

Max m'aide à dire ce que je dois répondre :

–Mais si Rose, c'est le policier qui t'a ramené chez toi lundi !

Je prends un air surpris et dit :

–Aaaah ! Oui, c'est vrai.

–Donc la dernière fois que tu l'as vu, il était en vie et est parti avec les deux personnes qui sont là ?

Il me montre Aziz et Max, je hoche la tête, un franc sourire se dessine sur son visage :

–C'était alors toi la fille dénudée qui est venue en cours ?

Je me crispe et désespérée je lui dis :

–En fait, c'est que ma soirée de bienvenue était beaucoup trop alcoolisée, alors si on pouvait passer à autre chose.

–Ah ah ah ! Que c'est beau la jeunesse, bon, je vais pas vous déranger plus longtemps, fais juste un peu plus attention à toi.

Il repart et ferme la porte, tout le monde souffle un coup, je me retourne vers Max et Aziz :

–Je peux savoir ce qui se passe ?

–Le pauvre commissaire Magret a disparu, on a dû lui voler dans les plumes et en plus, il fait un froid de canard, me dit Max.

Aziz ajoute :

–Ils ne savent pas où il est passé, il a dû sûrement se faire canarder.

Je leur donne une tape sur leur crâne, ils disent simultanément :

–Aie !

–C'est pour les blagues de mauvais goût !

–Il n'y a pas de limite à l'humour qui est au service de la liberté d'expression, car, là où l'humour s'arrête, bien souvent, la place est laissée à la censure ou à l'autocensure, me dit Max.

Cynthia leur jette un regard noir et leur annonce méchamment :

–Déjà Max on s’en branle de tes tirades semi-philosophique et puis, sachez ! Que si ! Je suis obligée de faire un énième rapport à cause de vous, vous allez me le payer très cher !

Aziz la rassure tout de suite :

–Moi non plus, je n’ai pas envie d’en écrire un autre, il était toujours vivant quand on l’a quitté.

Je demande :

–Alors pourquoi l’alerte jaune ?

–Ils ont trouvé une de mes planques, me répond Max.

Je lui demande, étonnée :

–Une planque ?

–Avec de quoi inquiéter suffisamment les forces de l’ordre, heureusement, tu as pu donner mon message à temps et Aziz m'a aidé à tout déplacer.

–La planque numéro combien ? Lui demande Taïba :

–La numéro cinq.

–Vous en avez fait quoi ?

–Je les ai données aux Démons, cette planque est foutue de toute façon.

–Bien la triade est en train de préparer un mauvais coup.

–C’est beaucoup trop parfait, nous dit David.

Shusendo lui demande :

–Ton instinct de voleur qui te dit ça ?

–Mon instinct tout court.

Nous entendons tous une sonnerie de téléphone dans une langue qui m'est inconnue, Cynthia sort son téléphone :

–Shu ! Tu as une chance d'enfoirés !

–Quoi ?

–J’ai toutes les preuves de Chell, on peut le coincer dans le Somnium.

Shusendo reprend du poil de la bête et nous informe :

–Nous irons demain, qui vient ?

Il nous regarde, Max lui demande :

–Tu es sûr que tu ne veux pas le faire ce soir ?

–Cela éveillera les soupçons de la police, puis de toute façon, il fait nuit et froid.

–Demain, je vais chercher un moyen d'atteindre Wesker, donc, ce sera sans moi, nous dit Cynthia.

–Le mieux à faire serait que je vienne avec Rose, déclare Max.

Je lui demande :

–Beh pourquoi ?

–Il faut que tu t'entraines à te battre en groupe, donc commencer un petit combat à trois, quatre serait bénéfique pour toi.

–Je viens avec vous alors, nous dit Aziz.

David finit la conversation :

–Bon les groupes sont décidés, demain, nous ferons le message, comme ça tu auras tout vu de ce qu'on fait dans le groupe.

Je lui fais remarquer :

–Je n'ai toujours pas mon masque, je te le rappelle.

Taïba m'informe alors :

–Claire m'a envoyé un message comme quoi demain normalement ton masque est terminé.

–Dis-lui de faire attention au flic, l'informe David qui se lève. Bon c'est pas tout ça, mais allons manger !

Il se dirige en cuisine et commence à faire à manger, cette journée m'a fatiguée ; bien plus que les autres alors que je n’ai pas fait grand-chose de spécial ; c'est peut-être juste un petit coup de mou, je mange et me couche tout de suite après, j'ai l’impression de peser une tonne, que l'on m'écrase.

Le réveil est lourd, j'ouvre lentement les yeux, ma fenêtre me montre uniquement des flocons blancs avec un ciel gris ; je me demande quel jour nous sommes, je tourne lentement la tête vers la table de chevet où repose mon téléphone, j'arrive à l'allumer, je regarde l'écran et dit désespéré :

–Oh, on n’est que jeudi !

Mes cours ont commencé il y a une heure, bon tant pis plus qu'à me rendormir. De toute manière, j'ai prévenu Jessie et James que je risquais de ne pas venir aujourd’hui à cause de mon vaccin, j'entends une voix familière dire :

–Je dois avouer que tu nous déçois au plus haut point.

Je me relève tout de suite, le petit garçon en tenue de prisonniers est là, accompagné par son homologue, la petite fille, elle lui répond :

–Les résultats sont d'un ennui, on avait placé tellement d’espoir en elle, mais il s'avère qu'elle soit transparente, une coquille vide qui ne sait pas ce qu'elle veut, ni ce qu'elle aime. Pourquoi elle ne pourrait disparaitre tout simplement pas de notre vue ?

Je leur demande :

–Pourquoi vous êtes là ? Bordel de merde.

Ils ne m'écoutent pas, le garçon prend un air étonné :

–Oh ! Elle aurait une once de caractère, on dirait.

–Encore faudrait-il qu’elle ne nous déçoive plus, nous ne voulons pas avoir à faire avec un déchet qui ne rêve que de mourir.

–Pour cela, il faudrait qu’elle nous prouve le contraire, sinon tout ceci n'aurait été qu'une perte de temps.

Ils disparaissent en même temps :

–Pourquoi suis-je habituée à tout ça ?

Je me lève, j'ai l'impression que quelque chose de lourd sur mes épaules essaye de m'écraser, j'entends la sonnerie de mon téléphone, c'est Taïba qui m'appelle :

–Oui ?

–Tu peux descendre maintenant ? Ton masque est arrivé.

–Laisse-moi m'habiller et j'arrive.

Je m’habille en vitesse et descends les marches des escaliers, je me demande à quoi je ressemblerai avec le masque, tout le monde est dans le salon ; avec Claire en plus, Shusendo me demande :

–Alors pressée d'essayer le masque ?

–Mais qu'est-ce-que vous faites tous là ? Vous n'avez pas cours ?

–Si, mais on voulait tous voir à quoi tu ressemblerais et puis il nous reste le message à enregistrer, me répond Cynthia.

Claire avec un grand sac de course me montre un tabouret roulant en plein milieu du salon :

–Assis toi ici Rose, je vais te mettre le masque.

Je fais ce qu’elle me dit, Claire me prévient :

–Alors, tu vas peut-être étouffer, donc garde ton calme et respire lentement.

–Je vais essayer.

Elle passe derrière moi, attache mes cheveux en chignon et pose un masque froid sur moi. Je ferme les yeux et prends une grande inspiration, l’air afflue mal à cause du masque, mais je ne suffoque pas, j’entends Taïba dire :

–Il est magnifique ! Tu as fait un super boulot Claire !

Je rouvre les yeux, il y a deux petites fentes qui me permette de voir ce qui se passe, Max dit étonné :

–C’est un Phénix ? C’est une riche idée.

Je lui demande :

–Tu ne voulais pas que ce soit un Paon à la base ?

–Si je voulais un animal représentant l’Orgueil, celui qu’il représentait jusqu'à lors était le Paon, mais le Phénix est une très bonne représentation lui aussi.

Aziz qui regarde mon masque de plus près lui demande :

–Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

–Le Phénix à l’Orgueil de se croire immortel en renaissant de ses cendres, cet Orgueil le consume à chaque nouvelle vie et l'entraîne lentement vers sa fin qui arrivera tôt ou tard.

–Depuis que je te connais, tu es toujours quelqu’un de bizarre Max, lui dit Claire.

Max lui sourit :

–Merci du compliment.

Shusendo approche un miroir de mon visage et me le donne :

–Tiens regarde ce que ça donne !

Le masque est comme le croquis, c’est un Phénix majestueux avec à l’arrière des plumes orange et rouge telles des flammes dansant sur l’oiseau ; j’en touche une, on dirait du caoutchouc, Claire me prévient :

–Fait attention, c’est plutôt fragile.

J'arrête tout de suite de toucher la plume, Cynthia me demande :

–Alors le masque te plait ?

–Il est magnifique.

Claire me l’enlève délicatement :

–Ça va, tu n’as pas de difficulté à respirer ?

–Non.

–Tant mieux.

Taïba prévient Claire :

–Nous, on prépare notre message, tu lui expliques tous les détails ?

–D’accord.

Le groupe part derrière la porte taguée One Kingdom ; dans la salle ou Aziz se mettait à tout détruire, me laissant seul avec Claire :

–Bon alors, j'ai créé plus d’espace dans le masque pour que tu puisses mettre tes cheveux.

Elle me montre un endroit derrière le masque qui est un peu plus rond et bombé, je lui demande :

–Pourquoi ?

–C’est l’une des volontés de Cynthia, pour qu'on puisse plus difficilement vous reconnaître. Ah et aussi vu que tu as une grosse tête, j’ai créé des entailles pour que le masque s’enfile plus facilement donc évite de trop tirer dessus.

Elle me montre la base du masque :

–Tu arrives à bien voir ?

–Ma vision est un peu rétrécie, mais ça devrait aller.

–Ok, tu as des questions ?

–S'il s'abîme, qu’est-ce que je fais ?

–Rapporte-le-moi, j’essayerai d’arranger le tout.

Max ouvre la porte et nous demande :

–Vous avez fini ?

Claire lui répond :

–C’est bon !

–Bon, faisons ça vite.

Il retourne dans la pièce, Claire le suit et je fais de même ; la pièce est propre, tout a été rangé dans un coin. Il y a une petite caméra sur un trépied en plein milieu de la pièce, elle filme un mur blanc immaculé, tout le monde met son masque, je fais machinalement pareil, Claire se met derrière la caméra :

–Bon, placez-vous, on va ajouter Rose après.

Tout le monde sauf moi et Cynthia se met contre le mur, Claire fait quelques petits réglages et me dit :

–Vas-y Rose, met toi en bordure.

Je me place à côté de Max et son masque d’Ours, je lui demande :

–Qu’est-ce qu’on est censé faire ?

–On regarde et on se tait.

Cynthia se pose devant la caméra, Claire fait d’autres petits réglages :

–On est bon !

Elle fait un décompte avec ses doigts, trois, deux, un et elle fait un signe qui donne le top départ. La voix de Cynthia a changé, c'est la même voix que j'ai entendu la première fois, une voix robotique :

–Hello airplane passenger ! Ken Wesker Gamp big boss tomorrow you will be erased, for every lives you destroyed, raped, murdered and extortion will not go unpunished, we are the Shadow, we are the seven deadly sins.

Claire laisse le silence s'installer quelque seconde et finalement dit :

–Et c’est dans la boîte !

Je leur dis en enlevant mon masque :

–C’est différent du dernier message, celui-là était largement plus long.

–Toi ! Tu as vu notre message qu’aux infos non ? Me demande David.

–Euh ouais ! Pourquoi ?

David m'explique :

–Nos messages sont charcutés par toutes les chaînes d’infos, ils manipulent l’information, car ils savent que presque personne ne vérifie les sources, comme ça ils disent comment penser et quoi dire.

–Ah bon ?

–On va faire simple, tu sais ce qui se passe au ex-États-Unis ? Me demande Cynthia.

Je lui demande, interloquée :

–Ex ?

–Tu vois, tu ne sais même pas que les États-Unis ont explosé peu de temps après l’URSS.

Je tombe dénue face à ses révélations et demande :

–L’URSS à exploser ?

Je ne savais rien de tout cela, Cynthia me regarde avec un sourire triomphant :

–Tu vois ! Les chaînes d’information manipulent tout et tout cela est dicté par des personnes haut placé.

Je propose sans conviction :

–Le président ?

Max m’informe :

–Non, ce n’est qu’une vulgaire marionnette, dont les ficelles sont tirées par des personnes plus puissantes encore.

Je regarde Cynthia et David, je me souviens de nos premiers échanges et leurs demandes :

–Les groupes que vous m’avez cités la première fois ?

Cynthia me répond :

–Le groupe le plus puissant sont les Majestic Twelve, MJ12 si tu préfères, mais ils n'ont pas l’air de décider quoi que ce soit.

Je pense à voix haute :

–Il y aurait un groupe encore plus puissant ?

C’est Taïba qui répond à mon interrogation :

–C’est probable, si un groupe est vraiment plus puissant que le MJ12, il est soit vraiment très fort pour être secret, soit ce sont de véritables fantômes.

Je fais le tri dans mon esprit, face à tout cela, ce qu'ils viennent de m'annoncer doit être la vérité, pourquoi me mentiraient-ils, tout ce que je connais de ce monde est faux ? Tout est entièrement faux ? J'essaie d'articuler :

–Tu es en train de me dire qu’un groupe dont nous ne connaissons même pas l’existence, contrôle tout de A à Z, chaque groupe, chaque pays ?

Aziz me répond :

–Ça ne serait pas étonnant, à ton avis pourquoi une guerre froide entre deux camps c’est transformer en guerre froide totale entre tous les pays ?

Je lui réponds honnêtement :

–Ça ne m'avait jamais choquée.

–Tu regarderas dans les cours d'Histoire, si tu arrives à comprendre le bordel que c'est.

Des personnes qui ont le pouvoir de contrôler le monde, ça me paraît impensable et pourtant si c'est vrai. Je sers le poing, sentant une colère sourde grondant en moi.

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