Recherche (2)

8 minutes de lecture

Il se dirige vers sa chambre et me dit bonne nuit, je fais de même et pars me coucher, je dépose le gros livre sur ma table de chevet et éteins la lumière. Il n'y a plus que les rayons de la lune qui éclaire cette pièce, je m'assoie sur mon lit :

–Alors tu t'amuses bien ?

Une petite fille en tenue de prisonnière est assise à côté de moi :

–Que ?

Elle met un doigt sur ma bouche :

–Chut ! Nous n'avons pas encore vu à quel point tu pouvais être exceptionnelle.

Elle se téléporte et se retrouve sur mon dos, elle ne pèse rien du tout, je n'ai même pas l'impression qu'elle soit sur moi, l'inconnue me glisse à l'oreille :

–J'espère que tu finiras par te servir de cette haine que tu contiens au plus profond de toi, car sinon c'est un véritable gâchis, un tel gâchis qui ferait de toi qu'une simple coquille vide. Ne trouves-tu pas cela amusant ? De voir les graines de la destruction ? De voir tout ce que tu pourrais accomplir ? De voir ce monde bruler par ta main ? Nous en attendons beaucoup de toi, ne nous déçois pas.

Elle disparaît et me laisse seule, je suppose que le “nous” c’est elle et le garçon... j'essaye de dormir malgré cette rencontre et finis par trouver le sommeil. Les rayons du soleil me réveillent doucement, je prends mon téléphone et regarde l'heure :

–Oh ! Dix heures ! Dis-je désespérer.

Je me lève et m'étire :

–Ça fait longtemps que j'ai pas fait de grasse mat.

Je vais vers la salle de bain et regarde le miroir, j'ai les cheveux en bataille et des petits yeux, je dis au miroir :

–Ta pas l'air réveiller toi.

Je me prépare correctement et m'habille ; je descends les escaliers jusqu'au premier étage, je vois Taïba et David s'affronter aux échecs et David ne s'est pas habillé en fille. Je m'étonne moi-même de ne plus trouver cela bizarre ses changements vestimentaires, il me remarque et me dis :

–Bonjour Rose.

–Salut Rose, bien dormi ? Me demande Taïba.

–Bonjour vous deux, j'ai dormi comme un bébé.

–Super alors.

Je me rapproche d'eux :

–Qui gagne ?

–On vient de commencer.

Les pions blancs sont du côté de David et les noirs du côté de Taïba :

–C'est qui, qui est censé commencer ?

–Tu n'as jamais joué aux échecs hein ? Me demande David.

Je détourne le regard, gêné par le fossé culturel qui se creuse de plus en plus entre eux et moi :

–Non.

–Ce sont les blancs qui sont censés commencer le premier regarde.

Il bouge son pion blanc de trois cases, je n'ai jamais joué aux échecs, mais je suis presque sûr que ce n’est pas comme cela que ça se joue :

–Euh…

–Ah ah ! Tu as activé ma carte piège ! Lui dit Taïba.

Une carte apparaît sur l'échiquier :

–Quoi ? …

David lui répond :

–Mais j’ai fait un critique ! Et je lance projectile magique ! Il ne te reste plus qu’une seule carte pathétique sur ton terrain Taïba.

–C'était pas censé être des échecs ? ....

–Mon terrain ne contient aucune carte pathétique, mais il contient “Les maudits” !

Elle tourne une carte fabriquée à la main avec marqué juste “les maudits”, David surjoue :

–Non ! Personne ne l'avait invoquée avant !

–Ok là, c'est juste une partie de carte.

–Et échec et mat !

David se met à genoux :

–J’ai perdu !

–Bordel de merde ! Comment !?

David se relève et s'époussette :

–Bon je vous laisse les filles ! J’ai cours dans quelques minutes, ne m'attendez pas pour déjeuner, nous dit David en partant vers le rez-de-chaussée.

–On n'allait pas t’attendre de toute façon.

David lui dit ironiquement :

–Oh tu vas me briser le cœur Taïba ! À tout à l’heure !

–À tout !

David nous laisse seuls, je tourne le regard vers Taïba qui replace correctement les pièces d’échecs :

–Une petite partie ?

–Ça dépend, vous prenez quelle drogue pour jouer ?

Elle rigole :

–Non t’inquiète pas, c'est juste un délire que nous avons, on va faire une vraie partie.

–J'connais pas les règles.

–Tu vas voir, c’est assez simple.

Elle m’explique les règles et la fonction des différents pions, je joue donc les blancs :

–Échec et mat !

–Échec et mat !

–Échec et mat !

Je désespère :

–T’en as pas marre de gagner à chaque fois ?

–Ça fait trois-zéro ! Ton niveau de néophyte me fait marrer, tes déplacements sont complètement illogiques !

–On en parle de votre partie avec David !

–C’était juste pour se changer les idées, surtout quand de lointain souvenir du passé refont surface. Elle change radicalement d’humeur. Bon ! Je vais préparer à manger, va prévenir Aziz et Cynthia, ils sont sur le toit.

–Qu’est-ce qu’ils font ?

–Moi je sais, mais je ne te le dirai pas.

Taïba part en direction du rez-de-chaussée, quant à moi je vais vers le troisième étage ; je ne l’avais pas remarqué, mais l’échelle de la dernière fois a été déplacée et est posée contre le velux ouvert. Je me demande ce qu’ils font tous les deux là-haut ; peut-être des cochonneries, même si j'en doute fortement, cela serait drôle d'une certaine façon, je monte un à un les barreaux, j’entends Cynthia dire :

–Et dire que ça fait cinq ans maintenant.

–Et moi j’ai tellement eu de mal à m’en remettre, lui dit Aziz.

Je commence à apercevoir leur dos, ils sont au bord du toit face au vide, j’entends le bruit caractéristique d’une canette qu’on ouvre :

–À leurs santés !

–À la vôtre !

Je vois qu’ils versent un peu de liquide par terre, vu la couleur ce doit être de la bière, puis ils boivent le reste, Cynthia tourne la tête vers Aziz :

–Tu les as ?

–Tiens.

Il lui donne quelque chose dans la main, j’ai pas réussi à voir ce que c’était, ils se frottent les mains :

–Cette fois-ci, on a le droit à un peu de vent, dit Cynthia.

–C’est agréable.

Après quelques secondes de silence, je vois plein de dent-de-lion virevolté devant eux et se faire emporter par le vent, j’admire le spectacle qui est de toute beauté, Aziz a du mal à me demander :

–Tu voulais quoi ? … Rose ?

Ils n’ont pas bougé, Cynthia est très silencieuse et à la tête baissée, Aziz lui est inébranlable, mais il ne se retourne pas, je leur dis :

–Taïba m’a chargé de vous dire qu’elle faisait à manger.

–Oh ! On arrive, laisse nous juste quelques secondes, me dit Cynthia.

–D’accord à tout de suite.

Je descends l’échelle, je jette un dernier coup d’œil par le velux et je rejoins Taïba dans la cuisine, je dis doucement, consciente de la bourde que je viens de commettre et de mes pensées étaient hors propos :

–Tu aurais pu me dire que je ne devais pas les déranger.

–Si je l’avais pas fait, tu m’aurais tannée pour savoir ce qu’ils faisaient.

Elle a un léger rictus :

–J’espère au moins que tu ne leur as pas dit, “alors comment ça se passe les deux tourtereaux ?”

–Ça m’a traversé l’esprit, mais je pense que j’aurais fait une grosse boulette.

–Tu en as déjà fait plein en arrivant ici, rassure-toi.

–Vraiment ?

–Tu as juste de la chance qu’on ne démarre pas tous au quart de tour, si David et Cynthia ne nous avaient pas dit que tu étais la dernière, tu serais sûrement morte entre quatre planches.

Elle me montre son couteau et arbore un large sourire malsain, elle fait peur comme ça, je lui demande nerveuse :

–À quel point êtes-vous fous ?

Elle souffle :

–Oh ! Ça va ! Si on peut même plus rigoler.

Shusendo arrive en défonçant la porte d'entrée, il est essoufflé :

–Je l’ai trouvé !

Nous nous retournons toutes les deux en même temps, je demande :

–Qu’est-ce qui se passe ?

–J’en ai trouvé un !

Taïba lui demande :

–Pourquoi tu n’as pas envoyé de message dans la conversation ?

–J’ai oublié mon portable !

Je me frappe le visage et lui demande :

–Et pourquoi tu as couru pour nous dire ça ?

Son visage se déforme sous la colère et nous dit :

–Car ça me concerne personnellement !

–Qu'a-t-il fait ? Demande Cynthia qui descend les marches avec Aziz.

Il serre les dents et lâche :

–Extorsion, meurtre et viol !

Elle lui répond calmement :

–Tu sais que seulement un de ses trois vices marche dans le Somnium ?

Il lui hurle :

–Je le sais très bien !

–Et c’est qui ? Demande Aziz.

Shusendo essaie de se calmer :

–Le dirigeant du Parapluie.

–Parapluie ? Tu veux dire Gamp ? Demande Aziz étonné.

–Ouais, c'est ça !

Le nom me dit quelque chose, mais je n'arrive plus à mettre le doigt dessus, je leur demande :

–C’est quoi ?

Taïba m’explique :

–C’est la plus grosse société pharmaceutique et des hôpitaux du monde, l’une de leur plus grande succursale est dans cette ville.

–Ah oui ! C’est vrai, je dois y aller demain en plus.

Cynthia dit en se rapprochant de nous avec Aziz :

–J'ai vu sur internet qu'il voulait venir voir sa succursale, mais il ne se déplace que très rarement… attends me dis pas que…

Aziz fini sa phrase :

–Il est venu pour elle ?

Shusendo acquiesce :

–Elle m’a dit tout à l'heure qu'une personne très importante de Gamp souhaite la voir, car sa maladie l'intéresse.

Cynthia sort son portable et pianote sur son écran tactile à une vitesse folle, Taïba elle appelle quelqu'un :

–Ouais j'ai besoin d'informations…

Aziz demande à Shusendo :

–C'est pour quand ?

–Le rendez-vous est pour vendredi.

–Ça nous laisse pas beaucoup de temps, lui dit Cynthia.

Taïba se fait pressante au téléphone :

–J'en ai besoin ce soir… C'est urgent, démerde-toi ! … à ce soir.

–Je vais prévenir David, il aura peut-être encore des liens qui pourraient nous être utiles, dit Aziz.

Shusendo ajoute :

–Et moi Max !

Cynthia calme un peu le jeu :

–Tu sais Shu, si on ne trouve rien sur ses extorsions, c'est mort pour le trouver dans le Somnium.

Il hurle de nouveau :

–Tu crois que je ne le sais pas !

Je calme tout le monde en criant :

–Attendez !

Tout le monde me regarde, ils ont l’air de s'être calmés, moi aussi, j'essaye d'emmagasiner toutes les informations et demande :

–Comment ça le viol et le meurtre ne fonctionnent pas ?

Aziz m'explique :

–Tu rigoleras, mais le meurtre et le viol ne sont pas considérés comme moralement mal.

–Comment ?

–Le vol comme le meurtre s'il est fait de manière morale fera que tu ne seras pas condamné. Genre, volé de la nourriture parce que tu es en train de crever la gueule ouverte ne fera pas de toi un criminel. Car nos valeurs morales sont basées sur des interdits et beaucoup sur les diktats chrétiens.

Taïba continue de m'expliquer :

–Pour le viol, c'est parce que tout simplement ce n'est pas considéré dans la plupart du monde comme interdit, beaucoup savent qu'il n'y aura aucune répercussions. Tous ceux qui sont prêts à violer le feront en ce disant que c'est une bonne chose, en disant simplement que telle personne n'avait pas à s'habiller de telle façon ou en faisant croire que c'était consentit, ce sera toujours la victime qui sera condamné et non le bourreau.

–J'y crois pas.

–Une étude récente faite en France dit qu'un homme sur trois serait prêt à violer quelqu’un s'il était sûr qu'il ne serait jamais poursuivi. Comme il y a forcément des gens qui ont dit l'inverse pour se donner bonne conscience, on peut dire qu’à peu près que plus d’un tiers des Français sont prêt à violer, donc à trouver cela normal.

Aziz ajoute :

–Et ça doit être pareil pour la plupart des pays.

–Ce monde est fou.

–Tu l'as dit.

Une odeur de brûlé commence à se faire sentir :

–Oh non mes poissons !

Taïba se jette sur la nourriture en train de crame

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Oneworld ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0