Déception (1)

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Cette information m'a scotchée, je ne sais plus quoi penser, dire que je ne sais absolument rien de ce qui se passe dans ce monde. Cela me met tellement en colère. Nous sommes tous assis dans le salon, je les regarde, ils sont tout à fait calmes, Taïba et Claire sont collées ensemble, Aziz s'allume une cigarette, je lui demande :

–Je peux en prendre une ?

Il me tend le paquet, je l'allume et prends une grande bouffée, Taïba me prend le paquet et s'apprête à fumer, mais Claire l'arrête :

–Je te l'ai interdit quand on est ensemble.

Taïba range la cigarette :

–Comme tu voudras ma petite princesse.

Je me frotte le crâne, essayant d'ordonner toutes les informations, David remarque cela et demande :

–Tu vas bien Rose ?

Je prends une deuxième grande inspiration en disant :

–Je sais pas ! Il faut que j'encaisse le coup, savoir que tout ce que je savais jusque-là du monde est un mensonge, ça fait un choc et c'est vraiment énervant.

–J'étais pareille… me dit Claire en essayant de me rassurer. Et puis une fois que tu en prends conscience, tout devient clair.

Je leur demande :

–Du coup, tout ce qu'il y a dans les livres d'histoire, tout est faux ?

Max me répond :

–Non ! Tout ce qui se passe avant la guerre froide est avéré, c'est après que ça coince.

–Attends ! Je vais te montrer.

Cynthia cherche quelque chose en disant cela et rapporte un ordinateur portable, elle me montre un article de journal sur les colonies européennes :

–Vois-tu dans les livres et les informations, les colonies sont toujours sous le contrôle des différents pays, mais quand tu fais certaines recherches…

Elle tape frénétiquement sur le clavier et me montre deux articles distincts :

–Toutes les différentes colonies sont officiellement devenues indépendantes depuis plusieurs décennies.

Face à cette preuve qui n'a absolument rien de choquant, dans le sens où je ne vois absolument pas pourquoi on nous cacherait une information comme celle-ci, je lui demande :

–Pourquoi on nous cache tout ça ?

Shusendo prend la parole :

–C'est ça qui est compliqué, imaginons que demain toute la ville est menacée par une force ennemie, que vont faire les gens ?

Me souvenant de mes cours sur la seconde guerre mondiale et de l'exode urbain qui s'en est ensuivi, je réponds sûre de moi :

–Ils vont se barrer !

–Et paniquer ! Un peuple qui panique, c'est un peuple qui a peur, nous sommes dans des états violents, dans le sens ou si tu ne suis pas les règles qu’ils établissent, ils ont le droit te défoncer la gueule. Les violences policières sont dues à ces règles, mais les huissiers de justice peuvent être considérés comme une forme de violence aussi. Bref, un état violent qui n’a absolument aucun contrôle sur la population est voué à disparaître, et peu être remplacé par un autre qui n’aurait pas les mêmes ambitions. C’est pour ça que tout ce qui va à l’encontre des états va être violenté, discrédité et condamné.

–Alors ils nous mentent pour éviter une nouvelle guerre ? Et pour nous garder sous leur contrôle ?

–Et pas que…

Aziz prend la parole :

–Imagine demain, on dit qu’un pays est pacifique et ne fait plus aucune arme où autres, que vont faire les autres ?

Je lui répond perturbée par sa question :

–Je sais pas, tout le monde va partir là-bas ?

Aziz me répond en tournant sa tête de gauche à droite :

–Faux ! Tous les pays et je dis bien tous ! Vont profiter de ses pacifiques pour prendre de force ses terres et avoir un argument de poids en plus à la table des nations. C'est ce qui s'est passé pour les colonies africaines et durant la conquête de l'Amérique, le cycle se répètera encore une fois.

Je suis leurs logiques et finit sa phrase :

–Et en conséquence faire paniquer les populations.

Aziz acquiesce :

–Totalement.

Je me frotte le front, cette conversation me donne une petite migraine :

–Compliqué tout ça.

Cynthia referme son ordinateur et dit :

–Bon moi je vous laisse ! J'ai un gros truc volant à pirater.

Elle monte les escaliers et disparaît de notre champ de visions, David se lève, il est suivi par Taïba et Claire, elles nous disent :

–Nous aussi on vous laisse !

Ils prennent la porte et sortent, nous ne sommes plus que quatre, le groupe de reconnaissance au complet, je demande avant que l'on parte :

–Bon il y a des trucs que je dois savoir par rapport au repérage ?

–Non ! On visite juste, me répond Aziz.

–Visite guidée, j'espère ?

–Tu peux toujours rêver, l'ombre est imprévisible.

–D'accord…

Je me lève et reprends du poil de la bête :

–Bon, on y va ?!

Max me demande :

–Et tu n'as pas cours aujourd'hui ?

–Boh j'ai déjà loupé les deux premières heures et je ne vais pas aller à la fac juste pour l’heure de cours qui reste.

Shusendo sourit :

–Je vois que tu es décidée.

–J’ai dit à mes amis que je louperai les cours à cause de mon vaccin et avec 14 de moyenne, je peux me le permettre et puis il faut que je me change les idées.

–On te suit.

Je frappe ma paume avec mon poing et souris :

–Allons faire connaissance avec ce cher Wesker !

Nous arrivons au point de chute en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis habituée maintenant à sauter de cette falaise sur laquelle tout le monde détourne le regard. Personne ne veut nous connaître, personne ne souhaite savoir, personne ne désire voir, ils souhaitent rester dans l'ignorance ; j'étais pareille, je faisais semblant de ne pas voir. Je pense à voix haute :

–C'est comme jouer au sept erreurs.

–Quoi ? Me demande Max.

–Une fois que l’on sait qu'il y a une erreur, il est impossible de ne pas la voir, c'est comme ça qu'on ouvre les yeux, c'est grâce à ça que je suis ici.

–Tu es bizarre, tu sais.

Je lui donne une tape à l'épaule :

–J'ai un bon prof !

–Si tu le dis. Bon allons-y !

Nous sautons tous les quatre et nous atterrissons dans le Somnium, Gloriam nous attendait :

–Hum… Un nouvel espace s'est créé, vous avez fait vite.

–Cette fois-ci, c'est personnel, lui répond Shusendo.

Les yeux rouges de Gloriam penchent un peu sur le côté :

–Hum ?

Il n'a pas l'air de comprendre, Max lui explique :

–La cible est liée à Don’yoku.

–Ah !

Je lui demande :

–Tu ne comprends pas le mot personnel Gloriam ?

Ses yeux rouges se tournent vers moi :

–Maintenant si, petit a petit, j'apprends.

–Tu as une langue d'origine ?

–Hum ? Je ne m'en souviens pas, c'est plutôt flou, je crois que l'un des premiers mots que j'ai appris était “incredibili”.

–Du latin ?

–Tiens, tu connais une autre langue Rose ? Me demande Aziz, ironique.

–Ça va ! Je sais reconnaître certains mots quand même !

–On n'a pas le temps de rigoler ! Nous crie Shusendo en mettant son masque de Renard.

Nous faisons tous de même, la pièce carrée est comme la dernière fois ; mis à part qu'il y a une porte fermée à la place de la simple ouverture qui donnait sur le labyrinthe. Shusendo ouvre la porte d'entrée, nous atterrissons dans une grande salle, on dirait l’entrée d'un château du Moyen-Âge, l’entrée donne accès à deux escaliers de part et d’autre de la pièce, les deux montants vers le premier étage, deux portes sont visibles en dessous des deux escaliers, il semblerait que le château ne soit construit qu’en longueur, Gloriam nous dit :

–Hum… Hey ! On dirait le château dans lequel on s'est rencontré la première fois !

–C'est vrai que c'est ressemblant, dit Max.

Shusendo se veut pressant :

–Bon séparons-nous ! Je prends l’étage !

–Je te suis, lui dit Max.

Aziz demande :

–Tu es sûr de vouloir me laisser Orgueil ?

–T'inquiète, elle gère et puis Gloriam est là au cas où.

Ils partent pour le premier étage. Aziz part explorer l'aile de droite, je le suis, Gloriam lui a disparu encore une fois. Nous explorons plusieurs pièces, qui sont tous composés que par des meubles modernes, je demande à Aziz :

–C'est tout le temps différents les espaces ?

–Oui, tout comme chaque humain est différent, leurs désirs le sont aussi.

–Et ta raison ?

Il ouvre une porte et tourne la tête vers moi :

–Une raison ?

–De ne pas détruire ce monde.

Il me répond froidement :

–Ce monde pourra crever une fois que j'aurai accompli ma vengeance.

–Tu veux te venger de qui ?

–D'un passé qui ne quittera jamais ce corps meurtri par la guerre.

Il n'en dira pas plus, un silence gênant se crée, j'essaye de changer de sujet :

–Tu sais ce que fait Gloriam en ce moment ?

–Il fait le plan, mais si tu veux, tu peux l'appeler.

–(Gloriam ! Tu peux venir ?)

Il apparaît dans mon ombre :

–Hum… Que veux-tu ?

–C'est quoi ton boulot durant le repérage ?

–Je fais la carte de l'espace et comme je ne peux pas voir ce qu'il y a dans les pièces, vous visitez.

–Et du coup, tu as fini la carte ?

–Non, je sais seulement qu'il y a trois étages.

–Trois étages ? Demande Aziz.

–Un sous-sol, le rez-de-chaussée et le premier étage.

–Il est où l'accès au sous-sol ?

–Dans l'aile gauche du château, mais il est plutôt grand.

–Il vaut mieux y aller tous les cinq.

–Je suis d'accord.

Je demande à Gloriam :

–Tu as croisé l'ombre ?

–Non, je te l'ai dit, je ne peux pas savoir ce que contiennent les pièces, c'est pour cela que vous visitez.

–Pour mieux t'expliquer, Gloriam agit comme une sorte d'écho, mais ça ne prend en compte que l'espace, pas les personnes et les objets.

–Je comprends, même si ce n'est pas forcément logique.

Aziz me dit sarcastique :

–Oui, bien sûr, comme c'est totalement logique que le Somnium existe.

–Ouais, c'est bon, j'ai compris.

Je ressens une secousse comme quand Max a utilisé Edna, je leur demande :

–C'est Paresse ?

–Je vais aller voir ! Nous dit Gloriam en disparaissant dans mon ombre.

Aziz fait comme s'il ne s'était rien passé et ouvre la dernière porte de l'aile droite :

–Tiens une zone neutre ?

La pièce a l'air d'être vide, nous rentrons dedans ensemble :

–C'est comme les carrés du labyrinthe ?

Aziz m'explique :

–Ceux qu'on veut effacer n'ont pas forcément le total contrôle de leur espace.

Je remarque une sorte de grande boîte rectangle dans un coin, je le pointe du doigt et demande à Aziz :

–Qu'est-ce que c'est ?

–Bonne question, c’est assez rare que les zones neutres soit habillée par quoi que ce soit.

Il se rapproche de l'objet :

–On dirait une sorte de terminal.

Un écran bleu s'allume au moment où Aziz appuie dessus, il fait glisser ses doigts sur l'écran :

–On dirait que ça contient simplement une base de données.

–Tu t'y connais en ordinateur ?

–J'ai de très bonnes bases, mais Cynthia est la meilleure à ce niveau-là… de ce que je vois, il y a surtout des infos sur le fonctionnement de Gamp.

–Comment ça se fait que ce terminal soit là ?

–Vu que c'est un espace personnel, c'est normal qu'il emporte avec lui des informations, voit ça comme une sorte de bureau qui appartiendrait à Ken.

–Pourtant, contre Hugh, il n'y avait rien.

–Tu n'as pas vu les écrans derrière lui, elles affichaient des tas d'informations.

–C'est les informations que la cible a ?

–Non, de ce que je vois, c'est trop complet pour que ce soit simplement sa mémoire.

–Ce terminal serait donc relié à notre monde ?

–Je ne sais pas, c'est certainement probable à moins que ce ne soit un augmenté.

–Je n'ai rien lu de tel quand j'ai fait mes recherches sur lui.

–Moi non plus, mais ça reste une possibilité… qu'est-ce-que ?

–Tu as trouvé quelque chose ?

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