La Rectification

Une minute de lecture

Pesantes, les effluences de tes parfums sucrés épouvantaient mes narines… une cristallisation de saccharide invisible à nos yeux, autour de laquelle dansaient, l’été, les insectes énamourés, ivres de ces émanations spécieuses.

Mes doigts éperdus filaient dans la camomille de tes cheveux, égrenant dans l’air des particules de ce toi qui n’était plus Toi : un monde d’odeurs industrielles, violentes mais agréables, un monde aseptisé, sans faune ni flore : une vitrine.

Chaque centimètre de ta peau, de ton être, se recouvrait de ces mille effluves, une prison de soie térébrante. Chaque jour tu disparaissais dans ce dédale, malgré tes sourires, tes caresses, pour ne revenir que sous les habits d’une autre, jouant cette partition diaprée de fausses notes.

Moi, je te voulais naturelle, nue, dépossédée de ces oripeaux diffus, de ces mensonges princiers ; que faire pour accéder enfin à l’odeur de ta peau ? Effacer d’un geste habile les zestes de ces multiples palimpsestes ? Réécrire ton histoire, sans hérésie ? T’inventer cette odeur originelle, un enfleurage subtil, et m’en gorger comme d’un vin, sombres Dyonisies ?

*

De nos amours d’hier, je ne garde que l’arome perçant et musqué, délétère, de ton corps roide après l’amour, les senteurs enivrantes, chaudes et mouvementées, de tes entrailles, et j’y plongeais, l’âme cotonneuse, sans retenue, profitant de ton intimité figée, cette exhalaison : ta macération.

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