Chapitre 34

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Le temps filait à une vitesse hallucinante. J’en été déjà à quatre mois de grossesse et ça ne se voyais toujours pas. Pour le Dr Langstone, il y avait un problème. Pour moi, c’était juste logique. Depuis le mariage de Stephania, j’avais réussi à reprendre contact avec Océane sans que ça nous fasse souffrir toutes les deux. Nous avions fini pour nous mettre d’accord sur le type de relations que nous voulions. Nous nous aimions toute les deux et voulions vivre ensemble, même si ce n’était pas possible.


Depuis deux semaines, Marc avait un déplacement Impérial de deux jours, prévu dans son royaume natal. Depuis deux semaines nous avions tout organisé avec Océane pour qu’on puisse se voir, comme avant. Une heure avant son arrivée, j’étais déjà totalement impatiente. Ça faisait un mois que je ne l’avais pas vu. Un mois que je n’avais pas pu la sentir contre moi ni l’embrasser.


— Arrête de gesticuler, Elena. Je sais que tu as hâte, mais si tu continues, je vais rater ta coiffure.

— Excuse-moi, je vais essayer de me calmer.

— Vous avez prévu quoi toutes les deux ?

— Je ne sais pas encore. On verra.

— N’oublie pas qu’il y a beaucoup d’oreille qui traîne ici. Certains domestiques risqueraient de tout dévoiler à Marc.

— Tu crois qu’on aurait dû se retrouver chez elle ? On aurait dû faire ça, ça aurait été plus sûr et plus discret.

— Ça ne dérange pas non plus que vous voyez ici. Océane était présente pour toi avant même que tu ne deviennes Impératrice. Elle a vécu ici après son accident et elle faisait partie du Conseil. Ils verront, avant tout, une rencontre entre amies. Si vous restez discrète, personne ne se doutera de quoi que se soit.

— Très bien.

— Prête ?

— Oui.

— Alors tu peux y aller. Elle te rejoindra dans la Grande Salle.

— Merci.


Essayant de rester la plus calme possible, je me rendis tranquillement jusqu’à la Grande Salle. Pourtant, impatiente, je n’arrivais pas à tenir en place. Pendant dix minutes, qui me parurent durée l’éternité, j’attendais en faisant les cent pas. Quand j’entendis enfin les portes s’ouvrir, je retins ma respiration.


Océane venait d’apparaître dans une magnifique robe de dentelle orange agrémentée d’une ceinture marron délicatement posée sur ses reins. Certaines mèches de ses cheveux étaient tressées en une couronne alors que le reste était bouclé et détaché, tombant en cascade sur ses épaules jusqu’en dans son dos. L’une de ses coiffures préférées. Son maquillage était léger, mais juste assez pour être magnifique et subtile. Un doux parfum de pêche embaumait avec délicatesse la pièce quand elle s’approcha de moi, toute souriante. Dès que les portes se refermèrent, elle glissa ses mains dans mon dos et m’embrassa. Ses lèvres avaient le goût de fraise. Elle m’avait tellement manqué.


— Comment tu vas mon amour ?

— Beaucoup mieux depuis que tu es arrivée.

— Ça ne va pas avec Marc ?

— Si, ça va très bien. C’est juste qu’être de loin de toi, ce n’est pas facile.

— Toi aussi tu me manques. Mais je fais avec. Il revient quand d’ailleurs ton mari ?

— Pas avant demain soir. On est tranquille pour toute la journée plus la nuit et encore demain.

— C’est cool ça. Mais tu es sûr que…

— Tout le monde te connaît ici, tu es avant tout un ancien membre du Conseil. Si on reste discret, personne ne devrait comprendre la vraie raison de ta présence.


Elle soupira de soulagement, se rapprocha encore plus, posa une main sur ma hanche et l’autre dans mon dos avant de m’embrasser à nouveau. Ses lèvres sur les miennes me firent un bien fou. Sa peau contre la mienne, son doux parfum dans l’air, je renaissais. Elle m’avait tellement manqué que son retour était un soulagement.


— Qu’est-ce tu nous as prévus pour cette magnifique journée ? enchaîna-t-elle.

— Un pique-nique, une après-midi à bronzer au bord du lac, un dîner aux chandelles, mais surtout, toi et moi dans le lit…

— Mais c’est que tu as pensé à tout. Coquine vas.

— Et si je te dis que tout ce qu’on va manger, j’y aie moi-même préparé, totalement seule ?

— Parce que tu sais cuisiner ?

— C’est vrai que je ne t’en avais pas parlé.

— Quel est donc ce secret Impérial, Votre Majesté l’Impératrice ?

— Avant mon mariage, j’ai pris une semaine de vacances chez Emma. Avec sa mère, j’ai appris à vivre telle une jeune fille ordinaire. Officieusement, je n’ai plus besoin de tous ses domestiques.

— Officiellement, tu as tellement de travail que tu ne peux pas tout faire.


Océane avait toujours réussi à finir mes phrases. Une nouvelle preuve que nous étions faits pour être ensemble. Quoi que je dise ou pense, elle savait toujours interpréter mes paroles et surtout les signes, parfois non intentionnel que je pouvais envoyer.


— Malheureusement oui. Et je ne peux pas dire que Marc m’aide beaucoup. Mais c’est de ma faute, je ne veux pas qu’il interfère dans les affaires de l’Empire. La seule personne qui pourra prétendre à ce poste à mes côtés, ce sera toi et uniquement toi.

— En es-tu vraiment sûr ?

— Certain, mon amour.

— Alors j’ai hâte que ce jour arrive. Mais avant j’ai hâte de goûter à ta cuisine.

— Tu ne seras pas déçu. J’y ai goûté avant et… en fait, ce sera la surprise.

— J’adore les surprises, surtout venant de toi, chérie.

— Alors tu seras servie tout au long de cette journée.

— Je t’aime Elena.

— Je t’aime aussi, Océ.


Avant même de commencer à profiter de notre journée, j’avais besoin d’Océane pour réorganiser les programmes d’Histoire-Géographie des lycées. Face à mes connaissances plus que faibles en la matière, elle était la mieux placée pour m’aider. Cette activité nous prit toute la matinée. Grâce à elle, je n’avais plus qu’à faire valider le programme par le Conseil.

Quand midi et demi pointa le bout de son nez, on sortit pique-niquer au bord de l’étang, uniquement vêtu d’un maillot de bain et d’une serviette. Pour manger, je nous avais préparé différentes salades, divers sandwichs, mais aussi quelques canapés chauds. Dans une glacière, plusieurs soda et boisson fraîche nous attendaient. Je pouvais enfin profiter d’un peu de repos. Comme à chaque fois, redevenir la jeune fille de vingt ans me faisait un bien fou. Être Impératrice, c’était épuisant.


— Au fait, je ne t’ai pas dit, j’ai trouvé un poste d’enseignant d’Histoire au collège. Pour l’instant, je suis toujours en cours de formation, mais la classe que j’ai, ils sont gentils comme tout, expliqua Océane.

— C’est cool ça.

— C’est tout ce que ça te fait ?

— Excuse-moi, chérie. C’est juste que si tu as un travail et que je venais à divorcer de Marc…

— Ne pense pas à ça, Elena. Et puis, il faut bien que je travaille pour vivre. Je ne veux pas être financièrement dépendante de toi ou de l’Empire.

— Ce poste te plaît ?

— Carrément ! Peut-être qu’un jour j’envisagerais même de devenir directrice d’un établissement. Enfin si on n’a toujours pas marié d’ici là.

— Si ça te convient, je suis contente pour toi. Même si c’est sans moi, je veux que tu puisses t’épanouir. Qui sait, peut-être que ce que tu apprendre avec ce métier, nous sera utile pour l’éducation de nos futurs enfants.

— Tu te fais du mal en pensant à ça, mon amour.

— Je sais, mais je ne peux pas m’en empêcher.


Ça faisait tellement longtemps que je n’avais pas pu être en présence d’Océane comme aujourd’hui que cette journée était aussi relaxante et apaisante qu’une journée de repos complet. Océane était mon havre de paix, et ce depuis que je l’avais rencontrée. Dans l’après-midi, après avoir nagé tranquillement pour digérer, je proposais à Océane une course. Par Nathan, j’avais appris qu’elle s’était entraînée pour espérer un jour me battre. Mais j’avais continué de m’améliorer pour toujours avoir un meilleur niveau qu’elle. C’était la seule discipline où je pouvais lui être supérieur et je voulais le rester.


— Tu t’es encore amélioré à ce que je voie, me complimenta-t-elle en venant m’embrasser.

— Comme tu le sais, la natation a toujours été un moyen de m’échapper. Comme pour toi avec le Karaté.

— Discipline que j’ai aussi reprise. Il me faut encore un peu d’entraînement avant de pouvoir refaire des compétitions, mais je n’ai pas perdu mon niveau.

— Tu as repris le Karaté ? Mais c’est génial ! J’aimerais tellement te voir en action. Tu dois être terriblement sexy.

— Mais je le suis, Elena, joua-t-elle. Comme toi tu l’es quand tu nages.


Joueuse, son regard glissa le long de mon coup, en même temps que ses mains, dans mon dos. Heureusement que personne ne venait dans ce coin des jardins où notre position nous aurait conduit à notre perte toutes les deux. Je savais ce que je risquais en continuant ainsi d’aimer Océane, mais je ne voulais être accusée d’adultère. Je ne voulais pas tout perdre par amour et laisser l’Empire aux mains de Marc. L’Empire avait encore besoin de moi et j’avais besoin de rester Impératrice pour qu’Océane le devienne un jour à mes côtés.


— Océ… soupirais-je quand sa poitrine se colla à la mienne.

— Qu’est-ce qu’il y a, tu n’aimes pas ? me tenta-t-elle.

— Au contraire. Mais je ne sais pas si je vais réussi à me retenir. Tu ne pourras pas faire l’effort d’attendre se soir ?

— Je ne sais pas.


Telle la tentation, elle chuchota à mon oreille avant de me la mordre délicatement. Résistant, je la repoussais et l’aspergeais d’eau. Dans la seconde suivante, je grimpais sur épaules pour lui bloquer la tête sous l’eau, en rigolant.


— Tu n’es pas joueuse, mon amour.

— On fera tout ce que tu veux, chérie, mais ce soir.

— Sauf que ce soir, dans ta chambre, on risque de nous entendre. Alors qu’ici…

— On risque de nous voir. J’en ai autant envie que toi, Océ, mais c’est trop risquer.

— Bon très bien. Je vais calmer mes pulsions dans ce cas.

— Je te promets qu’un jour, on sera libre de faire tout ce qu’on veut, où l’on veut.


Cette promesse, je comptais la respecter. Dès que j’en aurais la possibilité, je divorcerais de Marc pour me marier avec elle. Que ce soit après la naissance de cet enfant ou à la moindre erreur de Marc. Cette après-midi, loin de mon mari et dans les bras de celle que j’aimais, j’étais enfin heureuse. La première fois depuis plus de cinq mois.

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