Chapitre 31

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À mon réveil, Marc était devant le miroir et le jeune David l’aidait à s’habiller. Quand ils le remarquèrent, ils me saluèrent. En silence, je m’enfermais dans la salle de bain pour me préparer. Emma arriva à mon retour dans la chambre.


— Déjà prête ? s’étonna-t-elle.

— J’ai fait vite fait. Ce n’est pas comme si…

— Tu m’exaspères Elena. Laisse-moi au moins te coiffer correctement. Tu as rendez-vous avec ce jeune homme dans une heure.

— Tu vas le faire paniquer, le pauvre. Ne t’inquiète pas David, c’est juste pour discuter. Au fait, Emma, comment va Juliette ? Ça fait longtemps que je n’ai pas pu discuter avec elle. Je l’ai seulement aperçu hier.

— Elle travaille beaucoup. Et à cause de qui à ton avis ?

— Hé oh, ce n’est pas moi qui lui ai demandé de travailler autant.

— Sur quoi travaille cette demoiselle ? intervint Marc.

— Sur la réparation d’Internet. Pendant le règne de ma mère, Internet était, comment dire…, censuré. Ce que je ne veux plus.

— Elle avance plus vite que tu ne le crois, enchaîna Emma.

— Je n’ai jamais douté de ta sœur.

— En parlant de mes sœurs, Éloïse aurait besoin de ton aide en maths. Elle ne cesse de ramener de mauvaises notes et ma mère ne sait plus quoi faire.

— Qu’elle vienne après l’école, je lui donnerais des cours particuliers.

— Merci.

— Bon ce n’est pas tout, mais j’ai faim. Pas vous ? interpellais-je Marc.

— Vous n’avez pas tort.


L’ensemble du petit déjeuner se déroula dans le silence le plus complet. Étant le valet de Marc, Emma avait donné l’autorisation à David de manger avec nous, comme le faisait Emma. Pour ce premier repas, tous ensemble, personne n’osait parler. Ce fut seulement quand Marc eut terminé qu’il brisa le silence.


— J’ai besoin de faire quelques courses par moi-même en ville. Est-ce que ça dérange ?

— Non. Pas tant que des soldats sont avec vous, répondis-je.

— A quoi dois-je m’adresser ?

— Au chef de la garde impériale.

— J’y vais tout de suite, dans ce cas.

— Passez une bonne journée.


En voyant Marc se lever, David voulut se lever, mais Emma l’en empêcha. Nous avions prévu de discuter ensemble dès le début du petit déjeuner. Emma interpella d’autres domestiques pour qu’il vienne débarrasser la table.


— Elena ? Où veux-tu qu’on aille discuter ?

— Il fait beau, autant en profiter pour elle dans les jardins.

— C’est une bonne idée. David, tu nous suis ? Ce sera l’occasion de te faire visiter les jardins du château.

— Ça me va.


On se leva tous les trois en même temps et on sortit dans la cour du château. Intimidé, David restait derrière nous alors qu’Emma, habituée, marchait au même niveau que moi. Il faisait beau, pas un seul nuage ne venait tacher de blanc ce magnifique ciel bleu et on pouvait entendre les oiseaux chanter.


— David, approche donc.

— Oui, Votre Majesté ? me questionna-t-il en venant se placer à ma droite.

— J’aimerais en apprendre un peu plus sur toi. Je te demanderais juste de me répondre avec honnêteté.

— Bien sûr.

— As-tu choisi de venir valet ?

— Oui, Votre Majesté. Quand j’avais dix ans, ma mère est tombée gravement malade. Étant l’ainé de la famille, c’est moi qui ai dû m’occuper d’elle et ça me plaisait. Mais maintenant qu’elle n’est plus là…

— Puis-je te demander ce qu’il s’est passé ?

— Une maladie que les médecins ne pouvaient pas soigner. Ils n’ont pu que soulager sa douleur.

— Si seulement j’étais monté sur le trône plus tôt. Nous aurions eu des médecins compétents plus tôt.

— Elena, ce n’est pas de ta faute, soupira alors Emma.

— Bref, pourquoi ne pas avoir attendu un peu avant de travailler pour moi ?

— Décidément, tu n’écoutes jamais ce que je te dis ! rigola, Emma. David est en apprentissage. C’est un nouveau système de formation. Il travaille ici, mais une semaine par mois, il est à l’école.

— Ah bah je comprends des mieux pourquoi un jeune de seize ans travaille ici.

— Tu me désespères, Elena. Je t’en avais parlé et c’est toi qui as accepté.

— C’est vrai, excuse-moi.


Durant toute la matinée, je pris le temps d’apprendre à connaître David. Si Emma avait choisi son profil en tant qu’apprentie valet, qu’elle l’eût mis au poste de valet de l’Empereur, c’est qu’elle croyait en lui. Avec Emma comme tuteur, ce petit serait capable de grandes choses. Plus j’en apprenais sur lui, plus j’étais du même avis qu’Emma. Peut-être qu’un jour il pourrait même être le valet de l’un de mes fils.


— Au fait, Emma, je trouve le terme de servante par très jolie. Pour les hommes c’est valet, ça pourrait être quoi pour les femmes ?

— Parmi les plus riches, ceux qui s’occupent des enfants dès leur plus jeune âge sont appelés nourrices, femme de chambre. Puis celle qui s’occupe de tous les domestiques c’est la gouvernante.

— Gouvernante, c’est pas mal. Aller valider, je modifierais ça demain dans le Code du travail et dans ton contrat de travail. Enfin, tu en as un j’espère ?

— Mais oui, tu as mère n’était quand même pas idiote au point de faire travailler quelqu’un au palais sans contrat de travail. C’était une dictatrice, mais pas une esclavagiste.

— Tu me rassures. Avant de te laisser partir, aurais-tu quelque chose à dire ? demandais-je à David.

— Je suis très heureux de travailler ici. J’espère être à la hauteur de vos attentes.

— J’en suis persuadée. Je ne vais pas te retenir plus longtemps, tu peux retourner à tes occupations.

— Merci, Votre Majesté.


Il me salua d’une révérence avant de s’éloigner. Dès qu’il fut hors de notre champ de vision, Emma se rapprocha.


— Toi, tu as une idée derrière la tête.

— Ce petit à un grand avenir qui l’attend. Assure-toi qu’il soit heureux ici et qu’il fasse correctement son travail. S’il continue comme ça, il aura peut-être plus de responsabilités à l’avenir.

— Dans ce cas, je t’en fais la promesse.

— Merci Emma.

— Mais c’est normal.


N’ayant pas grand-chose à faire aujourd’hui, j’en profiter pour passer le reste de la journée à Emma. Depuis que Marc était arrivé dans ma vie, je n’avais pu passer que très peu de temps avec Emma. Aujourd’hui, j’avais enfin l’occasion de prendre du temps pour moi, pour mon amie. Pendant rien qu’une journée, je pouvais enfin être moi-même, la jeune fille de vingt ans et non l’Impératrice.

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