Chapitre 26

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Cela faisait déjà quelques jours que Marc Lans était au château. Tous les jours, nous discutions un peu plus et je commençais à l’apprécier en tant que Prince. Il pourrait faire de grande chose à mes côtés en tant qu’Empereur. Il avait aussi beaucoup d’idée pour nos territoires respectifs.


— Tu as fini par prendre ta décision ou toujours pas ? m’interrogea Emma.


Pour une fois que j’avais peu de travail, j’en avais profité pour passer du temps avec elle. Pique-nique au bord de l’étang, baignade et bronzage en maillot de bain. Un grand soleil chaud, pas un nuage à l’horizon, la journée parfaite pour se détendre.


— J’hésite encore. À cause de qui il est en tant qu’individu, pas en tant que dirigeant. Il est gentil, mais il y a quelque chose qui me dérange.

— Tu devrais peut-être suivre ton intuition alors.

— Je ne sais pas. Il ferait un bon Empereur, c’est pour ça que j’hésite.

— Tu en avais parlé à Océane, je crois. Pourquoi ne pas lui demander son avis ? Elle sera plus apte que moi à te dire si tu peux lui faire confiance ou non. Je sais que vous vous aimez toujours, que vous voulez vous marier ensemble, mais ce n’est peut-être pas encore l’heure. Peut-être que tu dois passer par ce mariage avec Marc pour ensuite faire ta vie avec elle.

— Tu as raison. Je devrai organiser une rencontre entre nous trois. Océane a toujours été de bons conseils et le sera encore.

— Qu’est-ce que tu attends alors ? Fonce la voir avant qu’il ne soit trop tard.

— Tu es la meilleure Emma. Ne change jamais.

— Oh, mais je n’y compte pas.


En quatrième vitesse, je me rhabillais, prévint par message Marc et Océane et me prépara dans ma chambre. Je choisis l’une de mes plus belles robes et me coiffais seule. Océane aimait quand je faisais les choses par moi-même surtout quand il s’agissait de lui plaire. Même le but initial de ce rendez-vous n’était pas de séduire Océane, je ne pouvais la rejoindre dans une tenue de tous les jours. Après tout, elle était celle que j’aimerais toujours.


Océane, comme Marc avait aussitôt accepté l’invitation. Marc m’attendait une heure plus tard dans la cour, où les voitures étaient déjà prêtes. Suivie par Marc, je montais dans l’une d’entre elles et dus prendre mon mal en patience. J’avais trop hâte de retrouver Océane et pourtant je devais refréner cette envie devant celui qui serait potentiellement mon futur mari.


— Puisque savoir ce que nous allons réellement faire en ville ? m’interrogea-t-il

— Pour vous faire visiter la Capital d’Eryenne, mais aussi pour que vous rencontrez l’une des personnes les plus importantes de ma vie.

— J’ai hâte de visiter votre ville et de rencontrer votre amie.


Tout au long du trajet, je sentais sa main se rapprocher de la mienne. J’avais beau l’éloigner, il n’arrêtait jamais de tenter. Je posais finalement ma main sur mon genou, espérant qu’il comprenne le message sous-entendu. Heureusement pour moi, nous étions presque arrivés. Dès que la voiture fut arrêtée devant la place principale, je descendis aussitôt de la voiture essayant de mettre un peu de distance entre lui et moi.


— Y aurait-il un problème, Votre Majesté ?

— Pas le moins du monde, Votre Altesse.

— Pourquoi avoir refusé mon contact dans ce cas ?

— Oh ça ! C’est juste que je n’aime pas trop les contacts physiques, inventais-je.

— Pourtant, avec votre domestique…

— Je connais Emma depuis que j’ai treize ans, c’est totalement différent. Et ça vaut également avec celle que vous allez rencontrer.

— Vous allez devoir apprendre à me faire confiance si l’on se marie.

— Nous verrons ça en tant est en heure.


Au loin j’aperçus Océane discuter avec l’une de ses amies. Elle était vêtue d’une magnifique robe orange avec une ceinture marron. Elle avait bouclé ses cheveux pour les laisser détachés. Toujours aussi longs, ils lui tombaient aux creux des reins dans une sublime cascade de soleil. Suivie par Marc et les soldats, je m’approchais d’elle et attendis qu’elle m’accorde son attention pour faire les présentations.


— Océane est… une très grande amie, mentis-je.

— Je suis ravi de vous rencontrer, Mademoiselle.

— Moi de même. J’ai beaucoup entendu parler de vous

— En bien, j’espère ?

— Vous répondre serez rompre un secret impérial.


Océane m’impressionnait. Je ne l’avais jamais vu agir avec autant de diplomatie, même en tant que membre du Conseil. Elle savait jouer avec les étiquettes alors qu’elles ne les avaient jamais utilisés auparavant. Que ce soit avec moi ou avec Stephania. Pourtant je sentais dans sa voix qu’elle n’aimait pas le voir même si elle avait accepté cette rencontre. En même temps, je ne pouvais que la comprendre. Cet homme avait demandé en mariage la femme qu’elle aimait.


— Puis-je vous poser une question ? reprit-elle.

— Faites donc.

— Je n’ai pas très bien compris d’où vous veniez. J’ai un master en géographie, mentit-elle, et je n’ai jamais entendu parler de votre royaume.

— Un master en géographie ? Incroyable. Eh bien, c’est tout à fait normal. Ma famille a toujours voulu rester loin de l’impératrice Julie. Elle ne voulait aucune relation avec elle.

— Je vois, répondit-elle suspicieuse.

— Mon explication peut vous paraître quelque peu douteuse, mais c’est bel et bien le cas. Mon royaume a été rayé de vos cartes et de vos cours dès que l’Impératrice Julie a obtenu le pouvoir absolu. Vous auriez dû me voir, Votre Majesté, la nouvelle de la mort de votre mère a laissé place à une énorme fête dans tout le royaume. Nous allions enfin pouvoir établir des relations diplomatiques avec l’Empire.

— Est-ce que pour cela, que vous envisagiez le mariage avec Elena ?

— En effet, Mademoiselle.

— Que direz-vous d’aller boire un verre pour discuter plus tranquillement ? proposa Océane.

— Pourquoi pas, enchaînais-je.

— Si ça peut me permettre de convaincre Sa Majesté de m’épouser, j’accepte.


Océane souffla, visiblement en colère et lui tourna le dos pour rejoindre un bar. Je me doutais qu’elle faisait de gros efforts pour rester près de lui et surtout pour discuter avec lui. Mais tant que je n’aurais pas pris ma décision, l’avis d’Océane et surtout son soutien comptait énormément. Accompagnée de Marc, je la suivis et on s’installa en terrasse, à l’écart des autres clients. Océane nous commanda diverses boissons.


La discussion se poursuivra principalement entre Océane et Marc. Elle le testait de tous les côtés. Que ce soit sur son passé, son présent voire même le futur qu’il envisageait avec moi. Pendant plus de deux heures, je n’étais qu’une spectatrice. Mais grâce à Océane, j’en apprenais toujours plus sur cet homme. Quand il doit enfin nous quitter pour rentrer au château, Océane se rapprocha de moi et prit ma main dans la sienne.


— Réponds-moi sincèrement. Est-ce que tu as déjà pris ta décision ?

— Non pas encore. Mais j’ai beau peser le pour et le contre, en tant qu’Impératrice…

— Tu as envie de répondre oui ?

— Tu ferais quoi toi à ma place ?

— Ne me demande pas ça, Elena. Tu sais très bien qu’à ta place je répondrais non pour pouvoir t’épouser.

— Alors, fais-le, épouse-moi avant qu’il ne le fasse.

— Je ne peux pas et tu le sais très bien.

— Océ…

— Je ne peux pas te donner d’avis objectif, chérie. Cet homme veut me voler ce que j’ai de plus cher. C’est normal que je ne l’aime pas. Mais si je peux être le plus neutre possible, en tant qu’ami seulement… non même ça je ne peux pas.

— Si j’acceptais de l’épouser, on pourrait toujours se voir ?

— Évidemment ! Je veux que tu puisses compter sur moi quoiqu’il arrive. Je ne compte pas t’abandonner, même si tu acceptes, en tant qu’Impératrice. J’ai juste besoin d’une réponse claire de ta part. Tu envisages ce mariage ?

— Sincèrement ? Oui. Les relations diplomatiques qui s’en suivront ne seront que bénéfiques pour l’Empire. Je ne peux pas me permettre de refuser. Avec ce mariage, l’armée, les ressources, le territoire va s’agrandir et mon pouvoir va se renforcer. Mais ce dont j’ai réellement envie, c’est d’un mariage d’amour avec toi. Pas d’un mariage politique.


Océane termina son verre d’une traite avant de plonger ses magnifiques yeux bleus dans les miens. Elle resserra sa prise sur mes mains et me sourit d’un air sincère, confiante.


— La, en trente secondes, ta réponse serait lequel. C’est oui ou non qui te vient en premier ? m’interrogea-t-elle.

— C’est oui, mais…

— Alors ignore les Mais et épouse-le, me coupa-t-elle malgré la larme qui coula sur sa joue.

— Et toi ! C’est toi que j’aime, pas lui !

— Moi aussi je t’aime et peut-être qu’un jour on pourra être ensemble. Ça ne doit juste pas être aujourd’hui.

— C’est délicat comme demande, mais tu pourrais être là le jour du mariage ?

— Si ça peut te rassurer, je peux faire l’effort.

— Merci.


Ayant déjà payé nos consommations, elle se leva, sans lâcher ma main, m’obligeant à la suivre jusqu’à chez elle. Elle vérifia que Nathan n’était pas là avant de fermer la porte à clef pour plus d’intimité.


— Une dernière fois ? m’interrogea-t-elle, une main sur ma joue. Avant l’heure fatidique.


Cette demande était celle que j’avais le plus attendue. Une larme roula sur ma joue quand une nouvelle se forma sur celle d’Océane. À cause de mon titre d’Impératrice, de tous les choix que je devais faire pour privilégier l’Empire et non moi, nous allions être séparées.


— Je n’osais te le demander, soupirais-je. Je veux que ce soit toi ma première, pas lui.

— Ce sera diffèrent avec un homme, mais…

— Ça met égale.

— Je suis ravie de te l’entendre dire, mon amour.

— Je t’aime tellement.


Sa main glissa de ma joue à mon cou quand elle posa ses lèvres sur les miennes. Je glissais ma main droite dans ses cheveux et ma main gauche se posa sur sa hanche. Rapidement, elle me retourna pour me pousser délicatement sur le canapé. Elle s’allongea sur moi, ses deux jambes de chaque côté de mon bassin et ses mains autour de ma tête. Elle m’embrassa à nouveau et sa main droite s’approcha de mon ventre. Elle se redressa et commença à retirer ma robe. Je fis de même pour l’aider avant de retirer son chemisier puis son jean. En sous-vêtements, elle m’embrassa dans le cou, juste en dessous de mon oreille.


— Je t’aime mon amour, chuchota-t-elle.


Je voulus lui répondre, mais la poignée de la porte s’abaissa, m’interrompant.


— Océ ? Tu es là ?

— Va voir ailleurs si j’y suis Nat’, répondit Océane.

— Oh, je vois. Je vais faire des courses.

— Bonne idée.


J’attendis quelques secondes avant d’éclater de rire et d’entourer le cou d’Océane de mes bras.


— Décidément, on sera toujours interrompu.

— Heureusement que j’ai fermé la porte à clef.

— Et si on montait dans ta chambre, enchaînais-je, joueuse.

— Hum… bonne idée mon amour.


Elle se releva et attrapa ma main pour m’accompagner jusqu’à sa chambre. Son lit était défait, sa chambre pas rangée, mais j’y fis totalement abstraction. Elle attrapa sa couverture pour la virer hors du lit avant de revenir vers moi et de m’y pousser.


Finalement, j’avais eu raison d’accepter la demande d’Océane. Depuis que je la connaissais, elle était toujours douce avec moi et même en cet instant. L’avoir fait avec elle me rassurait sur la suite des événements. Je savais désormais à quoi m’attendre. Dans ces bras, je réussis à m’endormir, heureuse.

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