Chapitre 22

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Finalement avec beaucoup de patience et l’aide de mon père, je réussis à terminer le Conseil en un seul morceau. Dès qu’ils furent tous partis, je pouvais enfin respirer et Emma se joignit aussitôt.


— Elena ! Oh pardon, je ne pensais que tu étais seule.

— Ce n’est rien. Ça vous dérange si…, demandais-je à mon père.

— Je vous laisse toutes les deux. Je suis très occupé depuis mon retour.

— Vous viendrez manger avec nous se soir ?

— Avec plaisir.


J’attendis qu’il sorte de la grande salle pour me tourner vers Emma.


— C’est bon, je t’écoute.

— Le chef de la garde a reçu une lettre d’un autre chef de garde. Un Prince veut te rencontrer. Ils sont en contact pour établir les protocoles de protection de lui et toi.

— Un Prince ? Mais d’où ? Le seul prince existant c’est l’héritier de Thérénia.

— Ce n’est pas lui. Il vient d’un soi-disant royaume au-delà des mers d’Eryenne.

— Tu veux dire en dehors du continent ?

— C’est ça.

— Qu’est-ce que tu sais de lui ?

— Rien du tout, soit le peut que le chef de la garde en sache.

— C’est super rassurant ça.

— Aller, tu n’as pas envie d’en savoir plus sur lui ?

— Je ne sais pas. Tu sais que je ne suis pas à l’aise avec l’inconnu ?

— Je serais là, ne t’inquiète pas. Et puis tu as toute une armée pour te protéger.

— Je ne peux pas refuser de le recevoir de toute façon. C’est un Prince, se serait politiquement incorrect de faire ça. Il arrive quand ?

— Dans trois jours.

— Si rapidement ? Je ne sais pas si je vais avoir le temps de m’y préparer.


Emma soupira en souriant. Elle se rapprocha de moi et posa ses mains sur mes épaules.


— Aie confiance en toi, Elena. Tu ne t’attendais pas à être Impératrice quand tu es monté sur le trône et tu as très bien réussi.

— Mais ce n’est pas la même chose !

— Quelles têtes de mule te peut être, rigola-t-elle.


En rigolant, elle sortit de la Grande Salle me laissant seule. J’avais trois jours pour me préparer à la venue d’un prince dont je n’avais pas la moindre information. La seule personne qui pouvait m’aider dans ce cas-là, hormis Océane qui m’avait rayé de sa vie, c’était Stephania. Elle avait l’habitude de rentrer des dirigeants étrangers. Et puis, c’était surtout la première Reine à m’avoir accepté sur un trône.


Avant de l’appeler, je lui envoyais un message pour savoir si elle était disponible. Ça faisait tellement longtemps que je n’avais eu de ses nouvelles. Je craignais que mon message paraisse inopportun voir inappropriée. Finalement, ce fut elle qui me rappela aussitôt.


— Elena, comment allez-vous ? Ça fait longtemps.

— Bonjour Stephania. Ça va plutôt bien et vous ?

— Mon pouvoir se renforce de plus en plus depuis notre rencontre et… non je garde encore la surprise. Je suppose que vous avez besoin de mon aide pour m’appeler après tout ce temps.

— En effet, je ne vous dérange pas ?

— Absolument pas. Voulez-vous qu’on passe en visio ?

— En quoi ?

— Décidément, vous n’avez toujours pas rattrapé vos lacunes en matière de technologie. C’est pour qu’on puisse se voir. Ce sera plus simple si vous avez besoin de mes conseils.

— Parfait alors, dites-moi comment faire.


Pendant une bonne dizaine de minutes, j’écoutais attentivement ses consignes pour allumer la visioconférence. Quand je vis enfin son visage et ses longs cheveux roses sur l’écran, je compris tout de suite à quel point cette technologie était incroyable. Nous étions à huit heures d’avion l’une de l’autre et pourtant, c’était comme si on se parlait en face à face.


— Vous voyez c’est super simple.

— C’est vraiment incroyable.

— Dites-moi quel est votre problème. J’essaierais d’y remédier le plus possible.

— Un prince d’une contrée au-delà du Continent veut me rencontrer, mais…

— Au-delà du continent ? Je ne savais même pas qu’il y avait des terres après nos mers respectives.

— Dois-je m’en inquiéter ? Je fais plus confiance à vos connaissances géographiques que les miennes.

— Je ne sais pas quoi vous dire. Après c’est fort probable que ces territoires existent. Pourquoi serions-nous les seuls ? Pourquoi n’y aurait-il qu’un contient sur toute une planète entière.

— Vous avez raison. J’essaierais d’en savoir plus sur ses paysages pour démêler le vrai du faux.

— Très bonne idée. Appréhendez-vous cette rencontre ?

— Oui. Je ne sais pas si je vais être à la hauteur. Vous rencontrez vous, ou même les dirigeants de Thérénia et d’Eldusia, ça allait parce que j’ai pu étudier vos terres avant, mais là… je plonge littéralement dans l’inconnu.

— C’est l’inconnue qui vous terrifie ?

— On peut dire ça.

— Je suis sûr qu’il n’y a aucune raison de paniquer. Notre première rencontrer c’est très bien passer, je ne vois pas pourquoi maintenant ce serait le contraire. Ce n’est pas comme si c’était la première fois que vous rencontriez un autre dirigeant.

— C’est vrai, heureusement que vous êtes là.


Pendant un instant, je regardais dans le vide. Mes pensées venaient de dévier vers Océane. C’était grâce à Stephania que j’avais pu lui avouer mes sentiments. Grâce à elle que nous avions pu être en couple, même si n’avais pas duré longtemps.


— Tout va bien Elena ? m’interrogea-t-elle alors.

— Oui, oui. C’est juste que… hésitais-je. J’ai eu quelques problèmes dernièrement avec Océane et…

— De quels genres ?

— J’ai tenté de faire accepter les couples comme elle et moi au Conseil, mais ce n’est pas passé. On s’est disputé à propose de ça et elle m’as quitté. Je croyais qu’ont été faites pour être ensemble, mais visiblement elle m’a prise pour une idiote depuis le début.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ?

— Elle m’a quitté par SMS peu de temps après cette réunion du Conseil. Soi-disant j’avais besoin d’être seule, d’apprendre à me connaître avant de vouloir apprendre à aimer quelqu’un. De toute façon, à quoi bon en parler ? C’est fait, je ne peux rien y changer.

— Est-ce que vous l’aimez toujours ?

— Je ne sais pas. Je suis tellement en colère contre elle et pourtant… je la comprends. Qui voudrait être avec quelqu’un comme moi.

— Vous êtes une jeune femme exceptionnelle, Elena. Si vous vous sous-estimez sans cesse, c’est normal que les gens qui comptent pour vous finissent par s’éloigner. Ce n’est pas à eux de toujours vous relever, d’être votre béquille. Vous devez l’être vous-même. En tant qu’Impératrice, vous devez être forte et puissante, seule.

— Elle aurait vraiment fait ça pour mon bien ?

— Je le pense oui. Vous devriez peut-être en discuter toutes les deux.

— Non. Je ne suis pas prête à la revoir. Ça fait encore trop mal.

— Je comprends. Prenez le temps qu’il vous faut, mais pas trop. Si elle attend vraiment que vous sachiez qui vous êtes, c’est qu’elle vous aime toujours. Mais elle ne vous attendra pas toute l’éternité.

— Merci d’avoir répondu à mes questions Stephania.

— C’est normal Elena. J’ai promis d’être là pour vous en cas de besoin et je tiens toujours mes promesses.


De sa main gauche, elle déplaça ses cheveux derrière son oreille et j’aperçus une bague autour de son doigt. Magnifique, mais discrète.


— Vous allez vous mariée ? la questionnais-je.

— Vous savez faire preuve d’observation à ce que je vois. En effet, je vais me marier dans quatre mois et je comptais vous inviter. Mais j’attendais encore un peu avant de faire l’annonce officielle.

— Vraiment ? Avec qui ?

— Un habitant de Carandis. Il est un peu “simplet” sur les bords, mais il est adorable et me fait beaucoup rire.

— Le principal c’est que vous l’ayez choisi par amour.

— Exactement. Ce n’est pas un mariage politique comme l’on peut faire mes parents, mais bien par amour. Et ça, c’est grâce à vous.

— On s’entraide.

— On dirait bien.

— Je vais devoir vous laisser, j’ai beaucoup de préparatifs à faire pour ce mariage. Vous devriez recevoir l’invitation d’ici deux semaines.

— Je ne vais pas vous retenir plus longtemps alors. Merci d’avoir été présente.


Quand elle raccrocha, j’eus un léger pincement au cœur. Je l’avais connu seule, Reine depuis seulement un an et elle allait se marier alors que j’avais rompu avec celle que je pensais être la femme de ma vie. Celle qui devait être présente jusqu’à la fin de mes jours.


Ravi pour elle, je souriais quand même et attendrais son invitation avec impatience. Ce mariage, ce serait ma première sortie en dehors du territoire d’Eryenne et surtout la première fois que j’irais la voir chez elle. Lors de notre première rencontre, c’était elle qui était venue. Quitter mon trône à ce moment, c’était risquer de le perdre en à peine deux secondes.

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