Chapitre 10

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Plus les jours passent, moins Océane a besoin de séances de rééducation. Ça me fait plaisir de voir qu’elle va mieux mais je sais qu’elle va bientôt devoir rentrer chez elle. Elle avait aussi remarqué que je n’étais toujours pas allé parler au Dr Langstone et avait fini par prendre rendez-vous avec lui pour m’y obliger. Mais une fois devant la porte, je ne le sentais pas. J’avais un mauvais pressentiment.

— Décidément, tu aurais dû te débarrasser de cette fille bien plus tôt. Elle ne te cause que des soucis. Tu n’es pas folle mais elle oui.

Je me tournais pour regarder autour de moi mais il n’y avait personne. Jusqu’à ce qu’un double de moi-même apparaisse devant la porte, me bloquant le passage.

— Personne ne veut t’aider ici, Elena. Personne sauf moi. Et tu sais pourquoi ? Parce que je suis toi. Je suis la seule capable de comprendre ce que tu ressens, ce que tu penses et ce dont tu as envie. Je suis la seule personne dont tu as réellement besoin.

— Qu’est-ce que je dois faire alors ?

— N’écoute pas les autres et surtout pas Océane. Elle te manipule et te contrôle.

— Pourquoi ? Elle compte pour moi.

— Elle ne veut pas ton bonheur. Si tu parles au vieux, il te fera enfermer et Océane aura accès à ton trône. Tout ce qu’elle veut c’est ton trône. Elle joue avec tes sentiments.

— Et pourquoi je devrais te faire confiance ?

— Parce que je suis toi. On pense toute les deux de la même façon.

— Tu as sûrement raison. De toute façon, j’ai beaucoup de travail.

Si mon moi ne faisait pas confiance à Océane, comment devais-je le prendre ? Océane comptait beaucoup pour moi et j’avais confiance en elle, en son jugement. Décidant d’abandonner l’idée de parler avec le Dr Langstone, je m’éloignais pour aller travailler. Quelques pas plus tard, la porte de l’infirmerie s'ouvrit.

— Je vous attendez, Majesté. J’ai bien cru que vous ne viendrez pas.

— Et bien… je…

— Entrez, ne perdons pas plus de temps.

Il m’attrapa par le poignet et me fit entrer dans l’infirmerie. Je m’assis sur le lit médicalisé et croisais les jambes. Il s’assit dans son fauteuil, en face de moi, et récupérais un bloc-notes et son stylo.

— Je vous écoute.

— Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ce rendez-vous est une perte de temps, répondis-je sur la défensive.

— Si votre amie a pris ce rendez-vous pour vous, c’est qu’elle pense que vous en avez besoin.

— Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Je sais que tout ce que vous voulez c’est me faire interner et qu’Océane veut mon trône.

— Je vois. Pour vous rassurer, je ne vous internerais jamais sans votre accord et encore moins sans avoir la certitude que ce soit nécessaire. Avez-vous vraiment l’impression qu’Océane n’est là que pour votre trône ?

— Est-ce que je devrais douter ?

— La question serait plutôt, qu’est-ce qui vous ferait douter d’elle ?

— Quelqu’un me l’a dit.

— Qui ? Pouvez-vous vraiment faire confiance à cette personne ? Pour moi, votre amie veut seulement vous aider.

Le Docteur avait raison. Océane avait toujours été là pour moi depuis le début. Quand ma mère était encore là et même après. Pourtant, mon double moi m’avait dit de ne pas la croire. En qui devais-je avoir confiance ?

— À quoi pensez-vous, Majesté ?

— Je n’arrive pas à savoir qui a raison.

— Entre qui ?

— Entre Océane et… mon double moi.

— Votre double ? Qu’est-ce qu’il vous dit ?

— De ne pas faire confiance à Océane justement.

— Et qu’est-ce que vous en pensez ?

— Je n’en sais rien !

Je me levais et commençais à faire les cent pas dans la pièce. Mon moi, Océane, je ne savais plus qui croire. Ses deux personnes qui me connaissaient plus que moi-même. Je n’aurais jamais dû entrer dans cette pièce. Le Dr Langstone n’avait fait que semer le doute dans mon esprit. Je devais, soi faire confiance à Océane, soit au double moi. Mais croire Océane et non le double moi, c’était admettre que je n’avais pas confiance en moi. Admettre ma peur de décevoir tout le monde, de ne pas faire tout ce qu’il fallait. Mais en même temps, comment avais-je pu parler à moi-même ? C’était impossible.

— Suis-je folle ?

Si je m’étais parlé à moi-même, si mon double avait réussi à me convaincre qu’Océane n’était pas là que pour bien, c’est que j’avais à nouveau imaginé cette discussion. J’avais encore entendu une voix. C’était la troisième fois que ça m’arrivait et à chaque fois, je ne comprenais ce qu’il s’était passé que plusieurs minutes plus tard.

— Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? m’interrogea-t-il encore.

— Arrêter avec vos questions ! m’énervais-je.

— Répondez-moi.

— Ne l’écoute pas, Elena. Il essaye de t’influencer. Si tu lui dis que je suis là, je ne pourrais plus t’aider ni te protéger.

— Tais-toi ! Laisse-moi tranquille !

— Ne me résiste pas.

Je m’assis par terre contre le mur et serrais mes jambes contre ma poitrine. J’étais complètement perdu et cette voix ne m’aidait pas. Le Dr Langstone était là pour m’aider et pourtant mon double moi ne voulait pas que je lui fasse confiance. Elle voulait être la seule présente.

— Faites venir Mademoiselle Luisard le plus vite possible.

— Tout de suite, Docteur.

— Majesté, essayez de vous calmer.

Ne fais pas attention à lui, fais-moi confiance.

— Ne vous approchez pas !

— Je suis là pour vous aider. Je ne vous ferai pas de mal.

Mensonge !

— Laissez-moi tranquille ! Allez-vous-en ! éclatais-je en larme et totalement paniquée.

— Très bien, je vais m’éloigner doucement, regardez. Je vais rester ici, loin de vous.

— Pourquoi ? Pourquoi ça se passe comme ça ?

— Je peux vous aider, Elena. Si vous me laissez faire.

Pendant plus de dix minutes, tout ce que j’entendais c’était mon double moi qui refusais que j’écoute le Dr Langstone. Je n’arrivais même plus l’entendre. Tout ce que je voulais c’est que ça s’arrête, qu’elle me laisse tranquille, choisir seule.

— Elena ! s’écria alors la voix d’Océane.

— Non ! Ne t’approche pas !

— Regarde-moi ! Tout va bien, d’accord ? Je suis là et je reste avec toi.

Elle me serra dans ses bras et me balança tout en chuchotant à mon oreille. Elle resta là durant plusieurs minutes, jusqu’à ce que je m’apaise enfin. Je clignais des yeux, essuyant mes larmes et observais autour de moi. Comment avais-je atterri ici ?

— Tout va bien, mon amour, tout va bien.

— Océane ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Tu as fait une crise de panique mais c’est fini maintenant.

— Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Vous n’avez rien fait, Majesté, ne vous inquiétez pas. Vous devriez aller vous reposer.

— J’ai encore du travail et…

— Non, Elena. Tu vas aller dormir un peu, je ne te laisse pas le choix.

Océane passa un bras sous mes épaules pour m’aider à me relever. Comme je savais qu’elle ne pouvait pas me porter, je stabilisais mes jambes pour aller jusque dans ma chambre, suivie d’Océane. Je m’allongeais dans le lit et Emma arriva à ce moment-là. Elle ferma les volets de ma chambre, remonta la couverture sur mes épaules et sortie de la chambre avec Océane pour discuter. Quelques minutes plus tard, mon amante revint et s’allongea avec moi. Je réussis à m’endormir, ma tête posée contre sa poitrine, l’un de ses bras autour de ma poitrine.

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