black, beur, blanc,

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On est trois à sortir d’entraînement en même temps du club de foot, Mohamed -dit Momo- l’algérien à belle gueule de bédouin sous ses tifs noirs taillés courts, Amedé -Dédé pour nous- beau Sénégalais au crâne rasé et moi, Fabio, rital d’origine, petit, trapu, à la crinière brune abondante. Quant on tombe devant la colonne où une pub vient d’être collée. Trois joueurs, Black, beur, blanc, sont alignés à poil sur un terrain, un bandeau judicieusement placé à l’horizontale sur les trois, gardant un minimum de mystère à leurs anatomies.

On se marre de leur audace et de l’impact visuel du format grandeur nature du placardage qui doit fleurir dans toute la ville, quand retentit à nos oreilles le ‘clic-clac’ caractéristique d’une prise de photo. Momo et moi tournons la tête pour constater que c’est Amedé qui vient d’immortalisé la scène.

Ce gaillard – étudiant en photographie de talent — à un sourire énigmatique et une lueur à l’œil… ça, ça veut dire qu’il a une idée tordue en tête ! Depuis le temps qu’on se fréquente — deux ans pour ma part —, on reconnaît les mimiques du bonhomme et, comme en général on le suit dans ses élucubrations, on est en attente de ses paroles. Après quelques secondes il ouvre enfin la bouche :

— J’ai trouvé comment rabattre la grande gueule de Rémi pour la collecte de fond de cette année !

(camarade qui nous dame le pion chaque fois que l’on vend nos calendriers, ce beau parleur fait toujours les meilleures ventes et se pavane d’une saison à l’autre plus que s’il avait marqué un but décisif en finale — il est vrai que gardien de but il arrête les balles, jamais il ne les envoie dans la lucarne adverse — et, bien que l’on apprécie le zigoto, ça nous fait foutrement chier !)

— Alors, tu accouches ? dis Momo, impatient.

— On va booster nos ventes, vous savez que c’est mon oncle qui imprime les douze mois avec leurs clichés bien fades des joueurs mis bêtement en situation et que c’est moi seul qui me farcis tout le boulot pour avoir un prix plancher. Sur une partie de la production on va échanger les photos prévues et faire un tirage à part, rien que pour nous !

— Heuu, j’suis pas sûr d’avoir capté ! lui dis-je, et voyant Momo, le regard en point d’interrogation, il doit être aussi perdu que moi.

— Pfft, quel manque d’imagination ! On va faire une version foot des dieux du stade, bande d’enclumes, ça y est ? Ricane le grand black.

— Hein ! t’es ouf, hors de questions de me balader la bite à l’air dans le stade ! Nous assène le bronzé devenu plus pâle que moi.

Et moi je pique un fou rire nerveux devant l’absurde de la situation. Je récolte une calotte sur la nuque et Momo est foudroyé des yeux par Dédé… il n’a pas l’air de plaisanter l’animal.

On a droit à quelques noms d’oiseaux, avant de recevoir les détails de son plan et une solide mise en doute de notre virilité, si on lui fait faux bond !

Évidemment nos égos de petits coqs sont touchés et nous plongeons dans son piège. On a donné notre parole, avant d’avoir compris. Bon, si ça marche, le Rémi ne va plus la ramener. Ça sera la queue entre les jambes et profil bas, pour le guignol !

Bref, on est partants… trois photos individuelles de chaque, deux en duos et une comme sur l’affiche, à trois !

Donc, rendez-vous est pris pour ce dimanche à dix heures, au studio qu’Amedé a aménagé il y a peu dans le sous-sol de ses parents. Son logement étant au rez de chaussée -à l’arrière du garage- et sa famille occupant les étages, ce qui lui fournit une belle autonomie.

¤*¤*¤

Le jour dit, je me prépare, rectifie la tonte de mes poils pubiens à cinq millimètres, endosse mon training du club et, ma tenue dans mon sac à dos. Je prend la route un rien anxieux. À mi-chemin je reçois un message de Momo qui m’annonce être coincé jusqu’à treize heures trente, et qu’il nous rejoindra pour quatorze heures au plus tôt. Je râle mais termine mon parcours.

C’est ainsi que je me présente seul chez notre artiste. Il est vêtu comme moi mais avec des claquettes aux pieds et, aussitôt dit bonjour, il me précède dans les escaliers. La pièce est fort bien chauffée et très lumineuse. De la musique y est faiblement diffusée.

C’est la première fois que je pénètre dans un endroit pareil, avec ses décors, ses immenses éclairages, ses nombreux appareils photo, un espace loge dans un angle et un coin bureau/ordi/ imprimante où Dédé finit ses clichés et montages.

— Fabio, me dit Amedé, c’est tout simple, on te prépare, puis tu viens ici, devant le grand panneau vert pour commencer tes solos et suivant l’heure nos duos, en attendant le lâcheur, et je te dirai comment te placer, quelle posture tu devras prendre. Mais avant, on va te maquiller, te faire tout beau.

Un peu intimidé de l'endroit, je m’assieds sur le siège du coin boudoir.

— Je vais commencer par le visage, après je m’occuperai de ton corps. Tu n’as pas d'allergies à certains produits ? me dit-il en enlevant sa veste sous laquelle cet athlétique black est torse nu.

— Heu, non, je ne crois pas.

— Parfait, alors, go ! me mettant une grande serviette autour du cou.

Là aussi, c’est la première fois que quelqu’un me maquille, me poudre le visage, me marque les sourcils, me met un peu de brillant à lèvres…

— Très bien, maintenant, déshabille-toi, et mets tes vêtements sur cette chaise, là.

— Complètement ?

— Bien sûr que tu te mets à poil, gros malin.

— Ici ?

— Ben oui, où veux-tu te changer ? Puis, petit rappel, les photos ne se ferons pas en costume cravate ! On est comme au vestiaire, non ? rit-il avec un clin d’œil.

— Si, si ! déglutis-je, j’allais quand même être à oilpé pour plusieurs heures et pas pour passer à la douche. Mentalement, pour moi c’est pas la même chose !

Dès que je suis nu, il me demande de me tenir debout les mains sur la tête et les jambes légèrement écartées. Puis, sans hésiter, il se met à m’enduire le corps d’une lotion huileuse légèrement teintée.

— C’est pour que tu n’aies pas trop la peau blafarde sous les lampes, cela te fera paraître un peu bronzé, tu ne bouges pas jusqu'à ce que ce soit sec, me dit Dédé, continuant à promener ses mains huilées sur mon corps.

Tout y passe, mes bras, mon dos, mon ventre, mes jambes, puis mes fesses – qu’il écarte pour glisser dans ma raie -, et finalement mes bijoux de famille -- qui se réveillaient progressivement depuis qu'il s’était accroupi et avait entamé son tartinage entre genoux et ceinture. J’ai une bonne mi-molle au moment où il finit mes bourses et l’instant d’après, ma verge, par laquelle il clôture son enduisage à deux mains, à des sursauts incontrôlables et termine sa croissance, gland décalotté à fond. Je suis tétanisé, les mains crispées sur mon crane et surement rouge vif sous mon fond de teint.

Amedé fait comme si de rien n’était et comme si se tripatouiller la nouille était dans nos habitudes :

— Ben mon cochon, pour un blanc, t’es joliment monté ! s’exclame-t-il reprenant du produit, il ajoute ; maintenant que ton casque est visible, autant l’assortir !

— Hey ! Tu ne comptes pas me photographier comme ça, totalement en érection !?

— Mais non, glousse-t-il, sauf si tu ne débandes pas, sinon c’est juste pour que tout soit pareil ! de toutes façons pour le calendrier, retouché, ce sera du soft !

Dédé empoigne à pleine paume mon pruneau et fait des rotations dessus. Je ferme les yeux car je suis à la limite de jouir… qu’il me lâche, in extrémiste.

Je l’entends bouger et lève mes paupières, alors qu’il me tourne le dos, parti au petit lavabo se laver les paluches, et je me surprends à admirer sa cambrure et son dos taillé en V. Amedé me signale qu’il faut entre cinq et dix minutes pour que ça soit sec.

Je regarde, via le miroir, mon corps luisant, comme si j’étais sur une plage, une huile bronzante sur tout le corps... et cette putain de trique du siècle qui ne veut pas me quitter.

Sans se retourner, Amedé s’essuie les mains et proclame :

— On va boire un coup en attendant, tu as pu constater qu’il fait chaud ici sous les spots et en plus c’est bientôt l'apéro. Tu préfères quoi, bière, gin orange, whisky coca ou des bulles ?

- Une bière, s’il te plait.

- Bien, comme moi, je vais les chercher dans le frigo à côté. Et pendant ce temps, sans trop te coller les bras au corps, regarde le book sur mon bureau, cela va te montrer un peu les poses que je te ferai prendre dans quelques minutes.

Je tourne les pages dans lequel un garçon de nos âges a été photographié, sous toutes les coutures, dans des tenues colorées, sans accessoire ou avec, une raquette, un ballon rond ou ovale, puis en maillots de bain un bonnet de natation sur la tête ou des palmes aux pieds, passant du short au boxer, jusqu'au string minimaliste. Au fur et à mesure des pages, je remarquai que la verge de ce jeune homme, au début peu visible, se devine au fil des pages nettement mieux sous les tissus, finissant visiblement en érection.

— Mais,... il bande ! fis-je remarquer à Dédé revenu avec deux canettes de 50 cl et m’en tendant une.

— Oh, ça arrive très souvent que les modèles se retrouvent en érection. C’est tout à fait normal et prévisible quand les essayages se font de plus en plus sexy. Quand cela se voit de trop, avant de les fournir au client, je retouche les photos, bien sûr !

— Ah bon ! répondis-je septique, alors que je pointe toujours le plafond.

— Dixit le mec qui n’a pas débandé depuis une vingtaine de minutes, rigole-t-il en tapotant ma raideur.

Je finis par rire avec lui, c’est vrai que je n’ai plus de honte à lui montrer mon porte étendard qui ne veut pas baisser les couleurs. C’est un peu tard pour jouer au père la pudeur et la bonne humeur de Dédé est contagieuse !

On sirote rapidement nos bibines, bien fraîches. Il reprend :

— Allez, enfile tes chaussettes et tes crampons, on va débuter les clichés, fait-il un sourire aux lèvres.

Et me voilà quelques secondes plus tard devant le grand panneau vert, photographié dans toutes sortes de positions, selon les directives d'Amedé, debout, de face, de profil, de dos, agenouillé, accroupi, sur le dos, sur le ventre, souriant ou non, avec différents accessoires, photographié de loin, de près. La verge restant raide à m’en faire mal et commençant à couler.

Bref, il me mitraille de tous côtés.

J’étais loin d’imaginer la quantité impressionnante de photos qu’il fallait prendre pour garder seulement trois photos au final !

Il est vrai qu’il fait chaud. Entre deux séries de poses, on boit de nouvelles bières que le paparazzi va nous chercher, puis on avale vers midi vingt des sandwichs qu’il nous avait préparés à l’avance.

On reprend et, sans être saoul, l’alcool ingurgité désinhibe les ultimes résistances de mon cerveau. je continue à poser, prenant de l’assurance, me plaçant plus aisément dans les poses qu’il me demande.

-... Bien, Fabio, très bien, tu as tout compris, penche-toi un peu plus, oui, relève les fesses, comme ça.

Lorsque cette première série de photos est terminée, comme il n’est que treize heures, Amedé décide de faire notre duo avec le retardateur et l’appareil fixe sur trépieds. Il va s’assoir derrière son bureau où se trouve ses chaussures et chaussettes de sport et, pour cela, il retire son pantalon et son boxer.

À la fin, quand il se lève, je le découvre la bite fièrement dressée à la verticale, le gland complètement épanoui, violacé sur sa grosse hampe noire, où un filet de mouille suinte du méat... Je suis scotché sur sa matraque de CRS, c’est la première fois que j’ai de visu sa bite au mieux de sa forme ; et, un gland à hauteur de nombril, ça impressionne.. j’en frissonne, électrisé jusqu’aux bout de mon bout !

— Ben ouais, tu n’as pas le monopole du garde à vous ! se marre-t-il, ça fait un moment qu’elle était coincée à l’horizontale dans mon boxer. Là, j’suis à l’aise !

Et il file nous ravitailler en canettes.

Il vient près de moi, sourire aux oreilles, un bras glisse sur mes épaules et les prises de vues s’enchainent… contre moi, son bras autour de ma taille ou sa main délicatement mise sur le bas de mes reins pour prendre la pose… je n'en reviens pas.

Je sens régulièrement la main chaude de Dédé frôler mon derme ou s’y poser, véritable papillon !

Après avoir terminé les "côte à côte", il se tourne vers moi en "face à face" et me regarde dans les yeux avec toujours son sourire ravageur. Quelques clichés sont ‘au contact’ et, "bite à bite", ça ne m’est pas désagréable du tout.

Sa douceur et sa température corporelle m’enivrent et me donnent des envies que je ne pensais pas posséder. Alors que ses grandes paluches me massent les épaules et que cinq petits centimètres séparent nos poitrails, j’ose prendre son fessier à pleines mains et tirer tout son corps à s’écraser sur le mien… emprisonnant des sabres d’acier qui ne demandent qu’a en découdre. D’ailleurs nos bassins se mettent à onduler… Nos regards ne se sont pas quittés un instant… j’ai une bouffée de chaleur en voyant son visage descendre lentement vers le mien… le toucher de sa lippe gourmande sur mes fines lèvres fait exploser l’ultime verrou de mes œillères. Tout mon être part à l’exploration de son semblable, lui aussi, en parfaite osmose.

C’est un big-bang dans mon cœur, un flash lumineux dans mes rétines et la révolution dans le classement des cases auxquelles je croyais appartenir !

Jamais une pelle ne m’a parue plus savoureuse, une peau plus soyeuse, des mains plus agréables et, pour la première fois de ma vie, un besoin plus impératif de me fondre réellement avec la personne qui me fait face… fut-t-il un homme !

Sa baïonnette me laboure le ventre et j’en redemande ; sa langue m’empêche de respirer et j’en redemande ; ses doigts s’aventure ou même un thermomètre ne s’est plus présenté depuis bien des années… et j’en redemande !!!

Mes jambes flanchent et mon amant – hooo le joli mot ! – suit ma chute au sol où notre mélange des sens reprend de plus belle, reprenant cette masturbation animale, nos bassins dansent la gigue, tel des bonobos en rut... évidemment, depuis le temps que l’on est en surchauffe, l’éruption arrive très vite et nos cris se perdent dans l’échange de salives que nous poursuivons jusqu’à l’étouffement. Nous sommes collés par le mélange de nos différents fluides corporels, essoufflés, épuisés, frémissants, se cajolant, la tête qui tourne et... HEU-REUX !

Couché sur lui, j’ai trois mots sur le bout de la langue qui hésitent à sortir mais je les entends susurrer par mon chéri – hooo le mot joli ! – qui me caresse les fesses de la pulpe de ses doigts :

— Fabio, Je t’aime ! ... avec ne pointe de crainte dans la voix, et depuis si longtemps !

— Moi aussi… mais je ne l’avais pas compris !

Des applaudissements résonnent dans la pièce ; je risque l’arrêt cardiaque et un torticolis en déboitant mon cou, afin de voir qui vient de nous surprendre.

Bouche bée et les yeux écarquillés, je vois dans l’embrasure de la porte Momo qui est accompagné d’un jeune homme asiatique d’une vingtaine d’années, grand, mince et souriant. C’est le modèle du book, je le reconnais. Ils se tiennent par la taille, leurs têtes accolées, et semblent ravi pour nous...

— On avait raison mon chéri, il fallait un petit coup de fouet pour décoincer ce petit macho italien ! s’amuse Momo en s’adressant à son partenaire, On est arrivés pile au moment des aveux, reprend-t-il pour nous, on vous attend dans ta piaule Dédé, prenez votre temps !

Et ils disparaissent de notre vue.

C’est Hiroshima dans ma tête, trop d’informations à gérer en même temps, je viens de balayer dix-neuf ans de certitudes et j’ai l’impression d’être tombé dans un traquenard ! Ces pensées n’ont duré qu’une seconde.

C’est les montagnes russes aux niveaux émotionnels, je suis prêt à hurler quand je me rends compte qu’Amedé, sur lequel je suis toujours installé, tremble de tous ses membres. Mon visage doit refléter mes pensées.

— Fabio, je te supplie de m’écouter, je voulais tout t’expliquer avant qu’ils soient là ! Ils sont arrivés un peu plus tôt que je le pensais.

J’acquiesce alors que l’on se relève :

Je résume son long – quasi – monologue de plus d’une heure ; Amedé m’apprend que sur l’idée - bien réelle - du calendrier est venu se greffer le stratagème de Momo — aidé de Bao son petit ami – de nous laisser seuls pour savoir si, comme Momo en était persuadé, j’avais des dispositions et sentiments grandissants que je refoulais - inconsciemment ou non, non sorti du placard, comme eux– depuis notre début d’amitié. Eux se connaissant ado, eurent l’air bête en tombant nez à nez dans une boite gay de la ville voisine, l’année passée. Devenus confidents depuis, Dédé avoua avoir flashé sur moi et désespéré de ne pas savoir comment faire, sans risquer le C-O, se lamentait d’y arriver.

  • L’opportunité s’est présentée, et… voilà ! termina-t-il les yeux brillants.

Je laisse passer de longues secondes avant de réagir… question de le faire mariner.

¤*¤*¤

Rémi perdit son piédestal et, notre stratagème finalement dévoilé, nous avons convenu de refaire un tel calendrier l’année prochaine avec toute l’équipe.

Et nous on attendra pour dévoiler notre amour !

Fin

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