Chapitre 145 : Le temps des semailles, quatrième semaine septième jour (Don Lubin) (2/2)

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Chapitre 145 : Le temps des semailles, quatrième semaine septième jour (Don Lubin) (2/2)

Don Lubin voit bien l’intérêt soudain que porte sur lui le premier grand maître du temple, c’est donc d’une voix ayant gagné en assurance qu’il poursuit son idée.

- En fait, pour être tout à fait honnête !! Je pense que Penn n’est qu’une émanation de la magie, qu’elle n’existe pas telle que nous le concevons dans l’univers réel. Ce qui expliquerait déjà qu’elle n’apparaissait pas sur les cartes, qui pourtant avaient répertorié avec exactitude tous les astres que nous rencontrerions jusqu’à notre destination finale.
- Si j’ai bien suivi votre idée, nous aurions donc passé tout ce temps sur une planète qui n’existe pas ??
- Non bien sûr !! Disons plutôt sur un astre artificiel, créé pour y recevoir une certaine forme de vie.
- Et la magie dans tout ça ??
- Elle serait la matière de base qui a conçu Penn !! Une sorte d’Eden créée par des êtres d’une puissance que nous ne pourrions pas imaginer, dont le but est encore à découvrir. Peut-être qu’eux aussi avaient épuisé les ressources de leur monde natal, Penn serait alors l’équivalent de notre vaisseau pour une civilisation qui a suivi une autre voie que la nôtre qui était de privilégier les technologies de pointe. .

Maître « Too » observe avec attention cet homme qui le surprend dans son analyse, la question qu’il se pose maintenant est de savoir si elle est subjective sans rien d’autre que son raisonnement pour l’étayer, ou si elle est objective avec quelques preuves à l'appui encore inconnues du temple.

- Conserveriez-vous des preuves connues que de l’église seule, ou est-ce là juste une pensée qui vous est propre suite à vos lectures ??
- Je pense que s’il existait des preuves, l’église ne se serait jamais lancée dans un génocide qui l’amènerait inexorablement à sa perte.

Don Lubin lui aussi observe son interlocuteur et il trouve étonnant que celui-ci l’écoute sans marquer quelques ironies ou autres sentiments du même acabit, démontrant que ses idées ne sont pour lui qu’un monceau d’absurdités qu’il n’écoute que par politesse.

Un doute lui vient alors.

- Vous ne semblez pas choqué par mes propos ??
- Choqué, non !! Étonné, très certainement !! Qu’un haut dignitaire de l’église puisse les tenir me paraît déjà pour le moins incroyable, surtout avec la politique mise en œuvre depuis bien avant la grande fracture. Que vous soyez minoritaire à tenir ce courant de pensée, j’accepte volontiers de le concevoir étant donné la largesse d’esprit nécessaire à en valider le concept même !! Par contre que parmi tous les archiprêtres qui ont été élus depuis la constitution de votre nouvel ordre, il n’y en ait jamais eu un seul prônant sinon la reconnaissance d’une singularité propre à Penn, du moins l’apaisement d’une politique tenant plus de l’obscurantisme qu’autre chose, m’est très difficile à concevoir.
- Peut-être suis-je le premier à me poser ce genre de question et de m’être fait à cette pensée ??
- Hum !! Après plusieurs millénaires à disposer des mêmes informations ?? Vous seriez le seul à vous poser toutes ces questions ??
- J’imagine que d’autres ont dû avoir avant moi les mêmes schémas de raisonnements, mais qu’ils n’ont pas eu la chance d’être devant un esprit ouvert et pointu, pour en parler sans crainte de terminer leur vie dans les bras de l’inquisition.
- Encore une pièce du puzzle à mettre sur le compte du destin !!
- De quoi parlez-vous ??
- De tous ces événements qui depuis ces quinze dernières « doubles lunes » semblent se mettre en place, sans qu’on n’y puisse rien faire d’autre que d’attendre les prochains.

Maître « Too » reste un long moment plongé dans ses pensées, Don Lubin en profite pour lui aussi faire le point sur cette conversation qu’il était loin d’avoir imaginée le matin même en se levant.

De longues minutes passent, jusqu’à ce que maître « Too » se redresse subitement de son siège et fixe son regard avec intensité dans celui de son invité.

- Voudriez-vous connaître un des secrets les mieux gardés du temple ??
- Si vous ne craignez pas que j’en fasse part ensuite à ma hiérarchie !!
- Après notre petite conversation ?? Ce serait étonnant !! De toute façon le risque n’est pas si grand, nous saurons le cas échéant nous défendre comme il se doit et à ce sujet, notre réputation nous précède n’est-il pas ??
- Il n’y a point-là de secret grand maître !!

Maitre « Too » lui fait alors signe de le suivre, ils sortent de la salle pour prendre les couloirs du temple et le grand maître en profite pour questionner le haut prélat sur les connaissances qu’il a du temple et de sa façon de gérer le quotidien.

- Savez-vous d’où nous viennent notre nourriture, nos habits, nos armes et tous les besoins d’une communauté telle que la nôtre ??
- J’imagine que vous commercez avec les domaines voisins ?? Un protectorat peut-être ??
- Cela nous arrive, mais très rarement !! Pour quelques matières premières qui nous font défaut seulement !! Tout le reste est produit en autarcie par nos propres moyens.
- Comme est-ce possible ??
- Vous ne voyez en nous qu’un temple constitué d’une douzaine de maîtres et de quelques centaines de disciples tout au plus, apprenant les arts de la guerre !!
- N’est-ce pas ce que vous êtes en réalité ??
- Hum !! Disons que c’est ce que nous aimons à faire croire, comme sur d’autres points ou les étrangers à notre ordre n’auraient pas un instant l’idée de les mettre en doute et encore moins de venir le vérifier, comme quoi les réputations peuvent être utiles.
- Alors qu’en réalité ??
- Nous sommes un domaine à part entière avec nos bourgs et nos hameaux, les trois quarts de nos disciples sont des fils ou des filles de nos paysans ou de nos artisans et le quart restant seulement, viennent des autres domaines après avoir été découverts très jeunes par l’un ou l’autre de nos grands maîtres itinérants.
- C’est donc un de ces bourgs je présume que vous allez me montrer ??
- C’est exact mon ami, il sera la preuve de la confiance que je vous porte et qui j’en suis certain, nous permettra d’apprendre d’autres secrets que chacun garde encore en lui !! Il fallait bien faire le premier pas, alors…

Maitre « Too » tient le pêne d’une porte massive située à l’arrière du temple et donnant sur l’extérieur, au moment où sa phrase reste en suspens, il sourit au haut prélat en ouvrant celle-ci en grand et en lui dévoilant l’un des plus grands secrets de son ordre.

- … Voilà !! Que pensez-vous de ça mon cher ami ??

Don Lubin reste un instant sans voix, la vision qu’il a est tellement saisissante que son cerveau peine à reconnaître la vérité qui pourtant ne peut être mise en cause.

Maître « Too » ne peut empêcher le sourire satisfait qu’il arbore devant le secret qu’il révèle pour la première fois à un étranger.

Ce n’est pas un simple bourg qu’ils ont sous les yeux, mais un gros village constitué à minima de plusieurs centaines d’habitants et qui tous portent avec plus ou moins d’intensité, les marques de la magie.

- Voyez-vous mon ami toutes ces vies sauvées de la grande inquisition ? Plusieurs générations sont ici sous vos yeux, ceux qui naissent non porteurs de la marque rejoignent à leurs majorités les autres bourgs plus éloignés dans cette immense vallée encaissée sous la protection du temple.
- Mais…n’est-ce pas dangereux…
- La magie n’existe plus depuis bien longtemps sur notre domaine, les veines qui la véhiculaient ont été les premières à s’épuiser totalement et c’est d’ailleurs pour cette raison que notre ordre a conservé le temple à cet endroit malgré ce qu’il en coûte à le maintenir habitable. Ses gens peuvent donc vivre normalement dans l’ignorance de ce qu’ils sont ou pourraient être et nous sans crainte venant d’eux, puisqu’ils n’ont pas la possibilité de se charger de cette même magie pour tester leurs pouvoirs.
- Mais tous ces gens en sont pourvus ??
- Bien entendu !! Un seul parmi eux portant la marque n’avait pas cette faculté en lui, je l’ai adopté et élevé comme un fils, aujourd’hui il est le guerrier le plus puissant qui soit depuis bien longtemps !!

« Too » hésite un instant à révéler la vérité, puis se dit que ce n’est pas encore le moment et que ses prochaines paroles devront être…adaptées.

- D’ailleurs il n’a eu je pense qu’un seul égal, de ça je n’en ai la certitude que depuis peu en retrouvant certains textes dans nos archives et je pensais jusqu’alors qu’il n’avait jamais eu de semblable à lui par le passé !!

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