Chapitre 74 : Douzième jour des fêtes de la « double lune » (À la recherche d’Eldarian et de Conrad)

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Chapitre 74 : Douzième jour des fêtes de la « double lune » (À la recherche d’Eldarian et de Conrad)

« Quelque part dans l’immense forêt des Elfes. »

Durin et Lorgan s’arrêtent quand le soleil est au zénith pour prendre le repas de la demi-journée, en profitant aussi pour se reposer après la longue marche sans pause qu’ils mènent d’un bon pas depuis tôt le matin.

- Ce n’est pas normal !! Nous aurions déjà dû les avoir rejoints depuis longtemps, rends-toi compte que cela fait quatre jours que nous sommes partis et ils n’avaient alors qu’une demi-journée d’avance sur nous !!
- C’est toi le fautif ! Hi ! Hi !
- Comment ça l’avorton ??
- Quand eux font un pas, à toi il t’en faut deux, alors ce n’est pas étonnant qu’on n’arrive pas à rattraper notre retard !!
- Je vois que ça t’amuse !! Rien ne dit non plus qu’ils suivent toujours leur direction de départ !!
- Les traces que nous suivons indiquent pourtant le contraire, au rythme où nous allons et en marchant un maximum de temps, je compte encore au moins deux jours avant que nous ne les rattrapions !! À moins que…

Durin qui déjà attaquait avec appétit son demi-jambon à pleines dents, ne se souciant pas vraiment des moqueries du jeune Elfe qu’il sait bien qu’elles sont dites sans méchanceté, se tourne vers lui soudainement plus attentif.

- À moins que quoi ??
- Que je passe devant sans t’attendre !! En me servant des arbres je devrais pouvoir les rejoindre avant la nuit, ensuite nous t’attendrons tranquillement !! Demain à la demi-journée tu devrais nous avoir retrouvés si tout se passe bien comme prévu.
- Je vais te dire une chose, gamin !! Heureusement…je dis bien…heureusement !! Que ce jambon est suffisamment succulent pour que je n’aie pas envie de me lever pour te botter ton joli petit cul !! C’est seulement maintenant que tu fais ta proposition ?? On serait déjà tous réunis depuis longtemps si ta petite cervelle de moineau avait fonctionné plus tôt !!
- Pas de ma faute si je suis accompagné d’un gros balourd !! Tu aurais pu y penser toi aussi, si tu savais seulement faire fonctionner le caillou qui te sert à toi de cervelle !!

Les deux amis se regardent, leurs yeux brillent d’amusement de cette joute verbale qui n’est certainement pas la première et encore moins la dernière, avant d’éclater de rire dans un ensemble parfait.

***/***

« À quelques heures de marche de là. »

Eldarian et Conrad s’arrêtent à leur tour, prenant le temps de décharger la mule pour qu’elle aussi puisse se reposer et s’en aller paître tranquillement pendant qu’ils préparent le repas, chacun connaissant son rôle pour l’avoir suffisamment rodé depuis qu’ils ont débuté leur voyage.

Conrad évite autant que faire se peut de détailler avec envie son ami qui il le sait bien prendrait encore la mouche en le traitant de dépravé, ne pensant qu’à le mettre dans sa couche sans autre sentiment que celui de la chair.

Eldarian n’est pas né d’hier, faisant celui qui ne remarque rien et cherchant un moyen pour faire cesser cette chape de plomb qui commence sérieusement à mettre à mal leur amitié, prêt malgré tout à faire quelques concessions pour pouvoir libérer la charge de testostérone qui s’amasse dans son corps depuis maintenant quatre jours sans trouver un moyen de pouvoir se soulager seul.

Du coup la vue de Conrad lui amène de plus en plus l’envie de le prendre dans ses bras, de le dénuder et de se serrer contre son corps qui profite du voyage pour devenir de plus en plus désirable grâce entre autres à ces longues journées de marche qui commencent à donner des résultats visibles sur une musculature déjà plus qu’appétissante.

Peut-être pense-t-il que faire comme il a appris que faisait son frère avec Tancrède, serait un bon palliatif en attendant d’être absolument certain des sentiments réels qu’éprouve pour lui Conrad.

Eldarian aimerait tellement s’être trompé, pourtant il a bien vu l’étincelle amoureuse briller dans le regard des deux garçons quand ceux-ci se sont fait leurs adieux et autant Conrad que le jeune Perceval il en est certain, n’en ont eux-mêmes conscience de ce que lui a parfaitement capté et reconnu pour ce qui sera fatalement la réalité un jour et qui à ce moment-là, leur sautera aux yeux.

En attendant c’est lui qui souffre chaque jour davantage de cette situation, lui et sans doute aussi Conrad du moins tant que chacun d’eux se posera en boucle la question, une idée vient alors à l’esprit d’Eldarian qu’il décide d’appliquer sur le champ pour en avoir enfin le cœur net.

Il attend que Conrad termine sa tâche pour lui faire signe de venir près de lui, tapotant le sol de sa main en prenant la parole d’une voix décidée mais à l’évidence empreinte d’une vive émotion.

- Viens t’asseoir un peu près de moi, j’ai l’impression que plus les jours passent et que plus tu m’évites !!
- Mais non, quelle idée !! C’est juste que j’ai du mal à cacher mes sentiments et comme je connais d’avance ce que tu vas me répondre, je préfère éviter le sujet… tu comprends ??
- Comprends aussi que je suis pris par le temps, déjà à cause de mon frère qui court de graves dangers et en plus j’aimerais retourner au château au plus vite pour en savoir plus sur la maladie du jeune prince, sire Childebert semblait vraiment soucieux de son état de santé.

Conrad se laisse tomber à ses pieds le visage soudainement blême.

- Gaétan est malade ??
- Pas Gaétan, non !! Mais son jeune frère !! Je pensais bien que tu étais au courant et c’est pour cette raison que je n’osais pas trop aborder le sujet, connaissant l’amitié qui vous lie !!

L’affolement de Conrad qui se relève d’un bond, le visage ravagé par l’anxiété et qui retient difficilement les larmes commençant à lui envahir les joues, parlant alors d’une voix devenue hystérique.

- Mais enfin, non !! Qu’est-ce que c’est que cette histoire !! « Perci » est en bonne santé…je…Noonnn !!!
- Tu tiens donc tant que ça à lui ???
- Bien sûr, qu’est-ce que tu crois !!! C’est plus qu’un frère pour moi, c’est….
- Celui que tu aimes ??

Les paroles d’Eldarian sont comme une révélation pour Conrad qui s’enfuit alors à toutes jambes pour trouver la solitude dont il ressent d’un coup le besoin et qui lui permettra en toute pudeur de soulager sa peine sans témoin.

Eldarian le rejoint d’un bond souple et le stoppe en le retenant d’une main, maintenant fermement sa prise malgré la ruade de Conrad voulant l’en empêcher pour poursuivre sa fuite.

- Allons du calme !! Perceval n’a rien, je voulais juste te mettre devant tes vrais sentiments !! C’est lui que tu aimes, ta réaction ne peut rien signifier d’autre !! Je me demande juste pourquoi tu ne voulais pas le reconnaître ?? Sans doute parce qu’il est un prince et que tu ne te sens pas le droit de l’aimer, mais sache mon ami que ce genre de sentiment fait fi de toutes les barrières qu’on peut y mettre !! Le plus à plaindre dans l’histoire n’est rien moins que celui qui reste seul, en comprenant que le cœur de celui qu’il aime appartient déjà à un autre !!

Eldarian relâche son étreinte, pensant soudainement à une autre constatation qu’il s’est faite en rencontrant son frère.

- Peut-être aussi le père qui n’aura pas la joie de prendre ses petits-enfants sur ses genoux !!

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