Chapitre 43 : Quatrième jour (Le choix)

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Chapitre 43 : Quatrième jour (Le choix)

La Grand-Place du château est noire de monde du fait que tous ont au moins une personne dans leur famille qui participe au « choix », sans compter qu’il donne le départ des quinze jours de trêve et le démarrage des festivités, celles-ci tant attendues après une longue « double lune » de labeur acharné.

Les étendards de sire Childebert flottent fièrement au vent alors que celui-ci arrive avec son épouse et monte sur l’estrade réservée à cette fin, applaudi comme il se doit par le peuple heureux de voir de visu son seigneur et montrant ainsi combien ils l’estiment tous de sa façon de gérer le domaine et de les faire prospérer, celui-ci n’ayant jamais compté autant de naissances depuis la dernière grande guerre menée sous le contrôle de l’église contre les tout puissants hauts mages.

Les étals ambulants offrent un luxe de sucreries et de douceurs diverses qui font hurler de joie les enfants, excités comme tout un chacun par l’ambiance joyeuse qu’annonce cette matinée ensoleillée.

Le héraut obtient le silence par un son de trompe déchirant, amenant l’attention de tous vers l’estrade où sire Childebert va prendre la parole pour annoncer l’ouverture du « choix ».

Dame Christiane émue lui prend le bras au moment où il se lève, lui donnant ainsi une dernière marque d’encouragement pour lui qui aime rester discret et qu’une telle foule impressionne toujours et ce depuis son plus jeune âge quand il assistait à l’ouverture des fêtes avec ses parents.

Elle sait que comme chaque année depuis qu’il a pris la succession de son père, cette prise de parole sera des plus concises mais dite avec verve et qu’il s’ensuivra un immense cri de liesse qui le fera se retourner pour ne pas montrer ses yeux brillants d’une émotion à fleur de peau.

Devant l’estrade au pied des marches, chaque guilde a installé une table et deux chaises, une pour le maître de guilde et l’autre pour son scribe qui notera les noms des futurs apprentis que son maître aura retenus ou choisis.

Ils ont reçu le matin même une liste de ceux qui ont fait comme premier vœu d’entrer dans leur corporation, cette liste est déjà cerclée des noms retenus et de ceux que le maître a refusés pour des raisons propres à son droit du choix, indiquant à la suite une autre série de noms de ceux qu’il aimerait avoir pour apprentis et qui ne l’ont pas mis en premier choix, pour le cas assez fréquent où celui-ci ne leur serait pas accordé.

Sire Childebert pour cette « double lune » n’est pas satisfait des comptes, en effet les divers besoins d’apprentis cumulés n’offrent pas de places pour tous les jeunes en âge du choix et il devra arbitrer pour la première fois, renvoyant dès l’annonce faite ceux qui n’ont pas été retenus vers les domaines voisins qui, eux heureusement, manquent de bras.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté de trouver la solution pour les faire accepter tous et garder ainsi les enfants de ses gens dans son domaine, éminemment conscient des drames familiaux qui en découleront.

Cette « double lune » il devra se résoudre à se séparer de plus ou moins quinze jeunes qui devront affronter une vie qu’ils n’avaient certainement pas envisagée, ne s’en prenant pour certains qu’à eux-mêmes d’avoir été laissés pour compte pour des raisons qu’ils ne peuvent ignorer mais qui pour sire Childebert sont disproportionnées par rapport au fait de devoir quitter leur foyer de naissance, n’étant ni des voleurs, ni des fauteurs de troubles notoires, mais étant tout simplement nés à la mauvaise « double lune ».

Il en est donc là dans ses pensées quand il sent la main de dame Christiane lui prendre le bras en signe d’encouragement, jetant un bref coup d’œil désolé vers elle qui toujours l’a soutenu depuis bien avant leurs épousailles, quand jeune damoiseau déjà ils n’étaient encore qu’amis.

Son regard parcourt ensuite tous ces jeunes pour qui l’avenir va se sceller dans les prochaines heures, leurs visages marquent bien tout le stress qu’ils ressentent de ce que va être leur vie une fois que leur nom sera inscrit sur la liste d’un maître d’apprentissage et pour certains plus que d’autres, le doute doit être très difficile à vivre dans l’instant présent.

La colère qu’il ressent l’aide un peu à garder une prestance suffisante pour ne pas les inquiéter plus que nécessaire, un pâle sourire arrive même à se former sur son visage, très vite effacé par le sérieux de circonstance qu’il doit garder vaille que vaille et ce même si aujourd’hui son cœur n’est pas là.

- Comme chaque « double lune » et cela depuis d’innombrables générations, nous accueillons les futurs apprentis qui devront pendant les quatre prochaines « doubles lunes » donner leur temps gratuitement à notre communauté !! En compensation ils se verront à la fin de leur formation et après l’examen de fin d’apprentissage, recevoir le statut de citoyens du domaine et pourront ensuite mettre en application ce qu’ils auront si chèrement appris, prendre mari ou épouse et perpétuer le nom de leur père en nous donnant des enfants qui à leur tour connaîtront les affres de cette journée !! Ainsi va la vie des domaines depuis qu’ils existent !! Cette « double lune » a été prolixe d’apprentis, j’ai le regret d’annoncer qu’il n’y aura certainement pas suffisamment de demandes pour que tous puissent rester parmi nous !!

Un grondement de déception vient alors de la foule, grondement que Childebert calme aussitôt d’un mouvement ample de son bras.

- Par chance les domaines amis sont eux en manque de candidats, ceux qui ne seront pas retenus sur les listes de choix devront donc nous quitter séant afin d’aller se présenter aux seigneurs voisins qui les attendront avec deux propositions d’apprentissage pour chacun !! C’est toujours difficile de quitter définitivement son foyer, comme il est toujours difficile pour un seigneur d’accueillir ceux qui leur sont envoyés !! La raison en est pourtant simple et autant ceux qui partent doivent en connaître les causes dans leur for intérieur, autant ceux qui vont les recevoir se demandent la raison du refus de nos maîtres de guildes à ne pas avoir pris en compte leurs candidatures !! Rien de méchant en soi car sinon cela aurait conduit purement et simplement à l’expulsion, mais suffisant pour qu’ils se retrouvent dans cette situation !! J’ignore au moment où je vous parle quels seront ceux parmi nos enfants qui devront nous quitter, ce que je peux simplement dire c’est que je leur souhaite longue vie et prospérité dans leur nouveau domaine !! Maintenant, que le choix commence !! À vous damoiselles et damoiseaux de savoir convaincre nos maîtres de guilde de votre courage à la tâche et de votre motivation à obtenir les résultats nécessaires à l’obtention de l’examen final !!

Un autre signe de bras avant de reprendre place sur son siège, déclenche une nouvelle fois la trompe qui annonce le début du « choix ».

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