9. Une ombre dans le noir

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Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Les sens en alerte, Quentin se leva et courut enfiler un pantalon et sa veste de capitaine, pestant au passage contre son bras qui bloquait dans la manche. L’indolence du sommeil le quitta en un instant tandis qu’il s’habillait. L’alarme martelait ses tympans avec la violence d’un légionnaire, résonnant dans tout son crâne.

Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Que s’était-il passé ?

Il tenta de communiquer avec la Vigie où le Responsable de vol était de poste.

« Rupiles ! Que se passe-t-il ? Il y a un problème ? »

Le silence lui répondit, moqueur. Il avala bruyamment sa salive.

Par l’enfer solaire, qu’est ce qu’ils foutent ?

Il essaya à nouveau d’établir un contact, en vain. Et l’alarme continuait sa cacophonie infernale.

Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Il fondit sur sa commode et ouvrit un tiroir pour se saisir d'un revolver. Son index posé sur la détente, il se préparait déjà au pire. Il ouvrit la porte de sa cabine.

Le canon de son arme balaya le couloir sans rencontrer de menace. Il se calma et avança, toujours aux aguets.

« Ici le capitaine Aurel ! Paul, répondez ! » insista-t-il dans son micro.

Le chaos le plus total régnait dans sa poitrine. Il sentait son cœur tambouriner sans ménagement tandis que sa respiration devenait haletante. Il inspira pour se calmer. Pourquoi n’y avait-il personne en Vigie au moment exact où cette alarme retentissait ?

Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Ce ne pouvait être une simple coïncidence… Il se mit à courir. Il devait rejoindre le corridor central à tout prix. Les autres se trouveraient forcément là-bas. Il prit un virage, puis un autre et parvint enfin à l’échelle d’accès. Ses mains survolèrent les barreaux avec agilité. La gravité baissait en montant : il s’éloignait de la centrifugeuse. Bientôt, il flotta et évolua sans même prendre appui sur l’échelle.

Soulevant la trappe qui donnait accès au corridor, il sauta sans réfléchir.

Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Il se livra à une rapide analyse de la situation. La porte de la Vigie était entrouverte, les voyants lumineux s’excitaient toujours sur les murs et l’alarme poursuivait sa litanie. Il n’y avait personne. Toujours personne.

« Ici le capitaine Aurel, j’appelle toutes les unités. Le corridor est désert. Que s’est-il passé ? »

Après un grésillement, la voix de son lieutenant retentit :

« Ici Montague, je me dirige vers le corridor également. Les caméras indiquent que la Vigie est abandonnée.

– Où est Rupiles ? Il devrait s’y trouver.

– Nous ignorons sa position.

– Je vais voir. Rejoignez-moi aussi vite que possible. »

Quentin donna un puissant coup de pied sur le rebord du mur pour se propulser. Il plana quelques secondes et alla s’écraser contre la porte d’accès du poste de commandement. La basculant, il pénétra dans la salle. Personne.

Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip !

Il entendit Montague le rejoindre et se retourna. Le lieutenant portait son arme au poing et semblait aussi perdu que lui. Ils s’échangèrent un regard sous-entendu et Montague alla consulter la console centrale. En voyant les indications inscrites, son visage blêmit.

« Qu’y a-t-il ? s’alarma Quentin.

– C’est l’un des sas extérieurs. Il a été… forcé. »

Quentin faillit s’étrangler.

« Forcé ? Comment ça, forcé ?

– Quelqu’un a apparemment contourné le système de sécurité et a ouvert un des sas donnant accès au vide. Heureusement, la porte hermétique de l’antichambre était close. »

Sinon, le vide aurait envahi tout l’Arche, et nous serions morts dans les secondes suivantes, comprit Quentin avec horreur.

« Vous dites que quelqu’un a volontairement forcé la sécurité pour ouvrir un des sas ? répéta-t-il, sans en revenir. Comment est-ce possible ? »

Montague ne sut quoi répondre et haussa les sourcils. Son front se plissa.

D’autres hommes vinrent les rejoindre et Quentin les mit au courant de la situation avant de couper l’alarme.

« Y a-t-il des caméras dans cette zone ? s’enquit-il.

– Oui, fit Montague. Une dans l’antichambre et une à l’extérieur. Que voulez-vous faire ?

– Vérifier les images vidéos prises au moment de l’ouverture du sas. »

Le lieutenant clapota l’écran avec frénésie et trouva les retransmissions des caméras.

« J’ai les images. »

Il rembobina la vidéo jusqu’au moment de l’extinction du système de sécurité. Tous se penchèrent avidement sur les images qui défilaient.

Il y eu tout d’abord un bruit hors du champ de la caméra. Un coup unique frappé contre un mur. Puis un long silence.

Tout se passa très vite. Les lumières s’éteignirent une fraction de seconde avant que l’alarme ne retentisse. Une ombre se faufila dans le noir, discernable grâce à la faible lueur qui émanait d’une batterie de secours posée à côté. Mais ils ne purent identifier la forme. Alors ils écoutèrent. Et entendirent des soupirs essoufflés, un grognement. Un grincement. Celui des gonds du sas qui tournaient. Puis d’un seul coup, il n’y eut plus rien, plus aucun bruit. Quentin en déduit que le vide venait de pénétrer dans la pièce.

« Cette ombre, commença l’un des hommes. C’était quoi ?

– Je ne sais pas, répliqua Quentin. Montague, passez à l’autre caméra, celle de l’extérieur. »

Le lieutenant secoua la tête.

« Cela serait inutile. Dehors, c’est le noir complet. La caméra sert simplement à visionner les sorties en combinaison. À ce moment-là, un projecteur s’allume et éclaire la zone pour que la Vigie supervise les actions.

– Montrez toujours », insista Quentin.

Mais le lieutenant disait vrai. L’image était d’un noir parfait, mis à part le scintillement des étoiles au loin. Quentin acquiesça sombrement. Il ne restait plus qu’un solution et elle ne l’enchantait guère.

« Bon, on prépare une sortie. Montague, Martinez, vous me suivrez. Enfilez vos tenues, on se retrouve dans une heure.

– On prend nos armes ? » demanda Martinez, qui ne semblait pas enchanté de la situation.

Quentin se retourna vers lui et mit quelques secondes à répondre.

« Oui. »

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