Chapitre 7 : La Mission

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Hector tenait, dans ses bras, le corps sans vie de son amie. Joanie s’approcha, partagée entre stupeur, colère et incompréhension.

— C’est quoi cette merde ? Où sont mes sœurs, putain ? C’était qui ces mecs ?

— Les mêmes gars, Jo, les mêmes. Elles sont mortes. Ils les ont tuées, elles aussi.

— De quoi, elles aussi, putain qu’est-ce qui se passe, merde ?

— Ces types, Jo, les mêmes gars. Ils ont tué mes gosses, et maintenant, ta mère, tes sœurs, c’est un cauchemar !

— Un putain de cauchemar, oui ! C’est qui ces mecs, merde ?

Un dernier inconnu armé d’un couteau long comme son avant-bras surgit de la maison et se jeta sur Joanie. Hector se leva d’un bond, de sa main droite se saisit du poignet armé, neutralisa de son autre main le coude de l’agresseur, qu’il força à mettre le genou à terre, s’aidant de sa jambe gauche pour l’immobiliser. Le ninja n’ayant toujours pas lâché son poignard, Hector appliqua une violente pression sur son bras qui se brisa net. La douleur insurmontable eut raison de sa discipline de ninja.

— AAAAAAAAAH !!! Putain t’es qui toi ?

— L'Ange de la Mort, et je viens te chercher, ducon...

Hector planta aussitôt le couteau dans la gorge de l’agresseur, déclenchant une forme de soulagement chez Joanie.

— Bien fait pour ta gueule sale con ! Putain, Maman, Maman, répond, please (1), Maman.

— Elle est morte, Jo, elles sont mortes toutes les trois. Je suis désolé, Jo. Je suis désolé. On ne peut pas rester ici. D’autres vont sûrement venir… Il faut partir. Il la prit par la main en se relevant, mais elle résista.

— Attends, merde, on peut pas les laisser comme ça… Faut appeler les flics, ou quelque chose comme ça…

— On va faire mieux que ça, mais là, tout de suite, on doit partir.

— Mais pour aller où, putain ?

— J’ai promis à Hélène de te ramener chez ton père. C’est aux US, c’est ça ? Tu y seras en sécurité.

Au volant de la Mini Cooper, il attrapa son téléphone portable.

— Marie ? J’ai besoin de vous.

— Putain c’est qui cette Marie ? demanda Joanie, dont la colère ne faiblissait pas.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu as une drôle de voix… Cette voix rauque, reconnaissable entre mille, Hector l’avait identifiée toute de suite.

— Elle est morte, Roger, elle est morte. Elles sont mortes toutes les trois. Ils sont revenus. Ils l’ont tuée, ils les ont tuées toutes les trois. Roger, elle est morte. Fais ce qu’il faut, contacte les autorités.

Roger avait gardé ses réflexes d’ancien policier.

— Les gars ?

— Les mêmes, vous trouverez sûrement des trucs sur eux.

— Comment ça ? demanda Marie.

— Je les laisse sur place. Organise quelque chose pour elles, quelque chose de bien ; elles ne méritaient pas ça.

Marie compatissait.

— Personne ne mérite ça… Toi, tu fais quoi ?

— J’emmène la cadette chez son père, ensuite, on s’occupe de ces types. Il faut trouver qui est derrière tout ça. Fouillez encore. Plus de massacre, le commanditaire… Je vais m’en occuper. Je ne sais pas quelle dette on a payée, mais ils vont nous rendre la monnaie.

Joanie ne comprenait plus ce qui se déroulait devant elle.

— Tu vas me dire ce qui se passe, bordel ?

— Il y a trois mois, ces types, ou d’autres ninjas comme eux, ont tué mes enfants sous mes yeux.

— Et t’as rien fait ?

— Ils m’ont enchaîné pour que je regarde sans pouvoir bouger.

— Putain, oui, j’ai vu ça sur le Net. C’était toi ? Ils ont parlé de vengeance…

— Apparemment. Le problème, c’est qu’on ne voit pas de qui il peut s’agir.

— Putain, un massacre pareil, tu dois bien avoir une idée, quand même…

— La seule idée qu’on ait est morte depuis longtemps

— Ouais ben tu ferais bien de te sortir la tête du cul, parce que sa vengeance, c’est ma famille qu’elle vient de massacrer, putain !

— Depuis trois mois, on cherche, toutes les bases de données, les faits divers, même les chiens errants… toujours rien…

— Et ton idée, t’es vraiment sûr qu’elle est morte ?

— Aucun doute possible.

— Comment ça ?

— On n’a aucun doute, crois-moi.

— Vous ?… dis donc, c’est qui cette Marie ? Merde, c’est à cause d’elle que tu voulais pas dire à ma mère que t’étais…

— Non rien à voir. Marie et moi, on faisait partie d’une équipe, on cherchait des réponses, on en trouvait souvent, en fait, on finissait toujours par trouver.

— Apparemment, l’équipe fonctionne toujours. Peut-être pas aussi efficacement, cela dit…

— J’ai quitté l’équipe.

— On dirait pas…

— Il y a quinze ans…

La voiture roulait dans la campagne, la nuit était tombée, Joanie dormait à présent. Lorsqu’elle se réveilla, la voiture était dans un garage privé, à côté d’une autre voiture, plus petite, bâchée. Hector débâcha et dévoila une vieille voiture de sport noire. Il prit un sac dans le coffre. Dans l’incompréhension totale, Joanie ne décolérait pas.

— Putain on est où, là ?

— Chez moi, j’avais deux, trois trucs à prendre. On y va, rendors-toi.

La Mini prit la route à pleine vitesse. Au petit matin, Hector s’arrêta dans une station service, fit le plein et alla payer. Joanie l’accompagna et en profita pour aller aux toilettes. Un gros SUV noir arriva sur le parking ; il en sortit deux hommes en noir, cagoulés, qui entrèrent dans la boutique. Le caissier tendit la main vers son fusil de chasse, Hector l’en dissuada du regard.

— C’est après moi qu’ils sont.

L’un des types s’adressa à lui.

— Alors, on voyage léger ? Et on décolle bientôt on dirait.

— Vous voulez quoi, les mecs ?

— Nous ? Notre pactole… et tu sais que les enchères montent tous les trois mois ?

— OK les gars, si on allait saloper le parking, plutôt que de tout saccager dans la boutique…

— Cool mec ! Nous, on veut pas la bagarre. En plus, on n’est pas de taille, tu vois bien… un géant d’un mètre quatre-vingt-dix, tu fais, quoi, cent, cent-dix kilos ?… Un quintal de viande non désossé à Mach 2 dans la tronche, nous, on prend pas le risque… par contre, celui qui nous envoie…

— Justement, parlons-en. Qui vous envoie ?

— T’as pas encore trouvé ? C’est vrai qu’il est balaise, le boss.

Joanie sortit des toilettes à ce moment précis, attirant l’attention d’un des deux intrus.

— La fille ! Attrape-la !

Alors que le deuxième type s’élançait, Hector le stoppa sur le champ et envoya les deux agresseurs au sol pour le compte. Il enferma le premier type dans le coffre d’une voiture abandonnée sur le parking. Puis il emmena son complice derrière la station pour un tête-à-tête discret et musclé. De l’intérieur de la boutique, on put entendre des cris de douleur, puis un claquement de portière mit un terme définitif à ce bruit nauséabond.

À son retour dans la boutique, Hector questionna le gérant.

— Monsieur, la vidéo surveillance, elle marche ?

— En fait, non, elle est en panne, le réparateur doit venir ce matin, regardez, j’ai le rendez-vous.

— Très bien ! Écoutez, quand on viendra vous interroger, la petite, ne vous sentez pas obligé de vous souvenir d’elle, OK ?

— Quelle petite ? demanda le caissier, entre crainte et complicité.

— Je vois qu’on se comprend. Attendez demain pour signaler le 4 × 4 abandonné. Jo, on doit partir, tu veux quelque chose pour la route ?

— Un croissant ? S’il te plaît…

— Combien je vous dois ?

— Non, ça va, c’est la maison qui offre.

— Dites pas de conneries. Combien je vous dois ?

La voiture repartit bientôt, Joanie était encore sous le choc. Les événements s’enchaînaient maintenant à un rythme effréné. Jusqu’où cela irait-il ? Quelqu’un contrôlait-il encore quelque chose ?

— Putain ! C’était quoi, encore, ça ?

— Toujours les mêmes gars ! Pas très malins, sûrement grassement payés pour m’intimider, ou pire. Ils ne savent même pas qui les envoie, pourquoi ils font ça… Ils s’en foutent.

— Merci…

— De rien.

Le silence semblait s’imposer comme une évidence, cependant, Joanie le trouvant trop pesant, décida de le briser.

— Ils t’ont intimidé ?

Maîtrisant ses nerfs en vrai professionnel, Hector, qui semblait ne plus être l’ingénieur passionné et pédagogue responsable du stage d’Angélique, répondit le plus calmement du monde.

— Ils ne peuvent plus. Ils m’ont déjà tout pris. Et plus encore.

Ce qui eut le don de relancer la colère de Joanie.

— Putain t’es quoi, une sorte de super flic, un espion ? Ma mère est sortie avec Jason Bourne, putain !

— Calme-toi, je ne suis rien de tout ça. Je suis un père de famille à qui on a pris la famille et arraché le passé. Et ta mère et moi, nous ne sommes jamais…

— Bon, mais, si t’es si désespéré, je peux comprendre, mais pourquoi tu fais tout ça, encore ?

— J’ai fait une promesse.

— C’est ça, à une morte dont tu n’étais même pas amoureux et pour qui tu n’étais rien ?

— Arrête ça, tu veux ! J’ai promis à ta mère de te ramener chez ton paternel, on y va, fin de l’histoire.

— C’est ça… et ces types, tu vas faire quoi, s’ils me retrouvent. Parce que, apparemment, comme ils savent que je suis avec toi, je suis bien partie pour passer un mauvais quart d’heure.

— Ils ne te feront rien. On les retrouvera, on arrêtera la tête pensante, et tu pourras vivre ta vie normalement.

— Normalement ? Après tout ça ?

Joanie ne put retenir ses larmes plus longtemps. Après plusieurs heures de route, entre silence pesant et repos relaxant, Joanie, qui s’était endormie, ouvrit un œil alors que la voiture s’était arrêtée.

— On est où, là ?

Hector, toujours stoïque, répondit, tel un robot.

— Tunnel sous la Manche.

Joanie protesta.

— Tu sais que mon père, c’est aux US qu’il est, pas en Angleterre ? Mes frangines m’ont dit que t’étais fort en maths, mais on dirait que la géo, c’est pas ton truc…

Mais Hector, qui avait pu analyser la situation, savait parfaitement ce qu’il faisait.

— Après la station service, c’est plus sûr de partir de Londres que de Roissy. Les types ont l’air de savoir qu’on veut quitter le pays.

Joanie, feignant une forme d’admiration, remarqua.

— Pas si bêtes que ça on dirait.

— Ils ont dû être bien briefés.

Dans le train, qui conduisait nos deux passagers vers Douvres, Hector autorisa un moment de liberté à sa passagère.

— Tu peux sortir de la voiture, te dégourdir les jambes, ne t’éloigne pas.

— Tu crois qu’ils sont dans le train ?

— Il faut être prudent. On est enfermé pour une demi-heure. Le piège idéal.

Au milieu du voyage, Hector vit dans son rétroviseur un nouvel homme mystère entrer dans le wagon. Sans le moindre doute, il donna la consigne à la jeune fille.

— Jo, cache-toi, ne bouge pas.

— Quoi ? Ça recommence ? protesta Joanie

— Arrête de discuter.

Hector descendit discrètement de la Mini, en fit le tour. Alors que l’individu vérifiait les véhicules, Hector l’attaqua d’un coup de poing dans les reins. Celui-là était plus résistant que les autres. Malgré la douleur, il parvint à se retourner et engagea le combat. Joanie regarda par la lunette arrière et vit les deux hommes s’empoigner et repartir dans le wagon suivant. Après quelques longues minutes, la porte intermédiaire s’ouvrit de nouveau, Joanie se cacha. Les quelques secondes qui passèrent lui semblèrent interminables, puis elle entendit la portière droite s’ouvrir. Dans un ultime réflexe, elle se cacha le visage dans les mains, et tenta de s’enfoncer dans la banquette.

La voix familière d’Hector la rassura.

— Jo ? Ça va ! On devrait être tranquille jusqu’à la sortie du tunnel.

Joanie, sortant de sa cachette de fortune, aperçut des traces de sang sur les mains de son sauveur.

— Mais ! T’es blessé !

— Des égratignures, je vais nettoyer ça. Reste là.

Hector récupéra le sac du coffre et s’installa à l’avant. Il ouvrit son sac, découvrant une veste marron dont le torse était décoré d’une sorte de broderie représentant une forme approximativement humanoïde. Joanie, devant cette chose qu’elle semblait reconnaître, s’étonna.

— Attends ! c’est quoi ça ?

— Mes trucs, répondit froidement Hector, je t’ai dit que j’en avais besoin. Mais là je cherche la trousse.

Joanie sortit de dessous son t-shirt un pendentif semblable à la broderie.

— Ma mère m’a donné ça quand j’étais petite. Elle m’a dit que ça me protégerait si je le portais. Elle ne m’a jamais dit ce que c’était. Je croyais que c’était une sorte de porte-bonheur, un truc que les parents donnent à leurs enfants quand ils ont peur dans le noir…

— Ouais, c’est un peu ça…

Joanie explosa de nouveau, telle un bâton de dynamite à mèche courte.

— Tu te fous de moi, putain ! C’est le putain de logo de ta putain d’équipe… et ma mère en faisait partie, c’est ça ? Ma mère était une espionne, c’est ça ?

Tout en se désinfectant la main, Hector, qui ne laissait plus aucune émotion paraître depuis plusieurs minutes déjà, décida de lui donner de nouvelles informations.

— Non, elle n’en était pas. C’est moi qui le lui ai donné.

Joanie, incrédule, ne décolérait pas.

— Ah oui ? Et pourquoi elle ne m’en a pas parlé ? Hein ? Elle aurait pu, quand vous êtes venus me chercher à l’aéroport !

— Elle ne savait pas que c’était moi.

— Arrête de te foutre de moi, putain ! Qu’est-ce que tu veux dire, elle ne savait pas ?

— Écoute, dans cette équipe, j’étais sur le terrain, mais comme qui dirait sous couverture. Un type a menacé Hélène, je suis intervenu, discrètement, sans traîner. Avant de la laisser, je lui ai donné ça.

— Putain t’es trop con ! Et t’as laissé traîner ces conneries chez combien de personnes ? Cent, Mille ?

— Une, seulement.

— Merde ! Elle est trop conne, ton histoire ! Et en plus… Oh putain !!! en fait, t’étais vraiment amoureux de ma mère ! Et tu l’es toujours ! Putain, tu la connaissais depuis combien de temps ?

Hector mis provisoirement fin à cette discussion.

— On arrive, tais-toi, on doit passer la douane, ne fais pas de vagues !

Après les formalités de douane, la voiture repartit de plus belle. Hector semblait plus détendu depuis quelques minutes, depuis la sortie de la plateforme de Douvres.

— Tout va bien, on sera bientôt à Londres, de là, vol pour New York.

Il reprit son téléphone portable et composa un numéro qu’il connaissait par cœur.

— Marie ?

L’alliée d’Hector répondit.

— On a récupéré des trucs sur les types LNPR2, on les étudie. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?

— Une réservation Londres NY. Et une location, là-bas.

Marie, valida en une poignée de seconde.

— C’est parti !

-

Une Corvette noire roulait sur une longue route au milieu de nulle part. Il faisait frais, Hector avait revêtu son blouson.

Joanie tenta de le provoquer.

— Hector, c’est un nom de looser…

— Explique…

— Quoi ? t’as jamais lu l’Odyssée ?

— C’était l’Iliade.

Assurée qu’il était bien à l’écoute, elle enchaîna.

— C’était quoi, ces conneries d'ange de la mort qui vient le chercher ?

Hector restait concentré sur la mission et répondit, tel une machine.

— Il a posé une question idiote, il a eu droit à une réponse idiote.

— Mais tu lui as planté un couteau dans la gorge quand même…

— Ils n’ont peut-être pas été si bien briefés que ça…

— Tu vas faire quoi, après ?

— Je te dépose, t’es en sûreté, je pars chercher le salopard qui a organisé tout ça…

Presque blasée, Joanie interpréta la réponse d’Hector.

— La mort qui vient le chercher, c’est ça ?

— On verra…

Mais cette réponse la fit sortir une fois de plus de ses gonds.

— On verra ? Mais c’est tout vu. Tu trimballes la mort avec toi depuis que t’es venu me chercher à l’aéroport. Au moins, là où t’as raison, c’est que quand tu seras parti, je serai en sécurité.

Mais Hector ne voulait plus discuter.

— Dans deux heures on arrive. Appelle ton père. Il ne doit pas s’attendre à te voir arriver si tôt.

La Corvette s’arrêta bientôt devant l’entrée d’une grande villa. Un homme en bermuda et chemise à fleur se tenait devant la porte, portant un énorme cigare fumant à sa bouche. Voyant le massif sexagénaire qu’elle avait hâte de serrer dans ses bras, Joanie sortit de la voiture et courut vers lui.

— Daddy !

John, les larmes aux yeux en tenant sa fille cadette, vit le conducteur s’approcher doucement. Entre soulagement et reconnaissance, il s’avança vers lui.

— Merci de m’avoir ramené ma fille. C’est terrible ce qui s’est passé, n’est-ce pas ?

Hector ne put qu’acquiescer.

— Terrible, oui !

— Entrez. Vous prendrez bien quelque chose. Après un si long voyage, installez-vous. Je vous ai fait préparer une chambre.

Mais Hector avait maintenant d’autres priorités.

— Merci, je repars. J’avais promis à Hél… Il se reprit, ne voulant pas paraître trop familier à cet instant.

— … à votre femme…

Mais John l’interrompit brutalement.

— Mon ex-femme !

Devant la violence de cette intervention, Hector reprit son idée initiale.

— J’avais promis à Hélène de vous ramener sa fille. J’ai fait le job, je repars.

Mais Joanie ne voulait pas le regarder partir, elle tenta de le retenir.

— Attends ! Reste un peu, deux ou trois jours, s’il te plaît.

— Écoute, j’ai encore à faire, reprit Hector. C’est vrai que tu lui ressembles.

Dans une forme d’incompréhension, Joanie se laissa de nouveau envahir par la colère.

— Alors c’est tout ? T’es juste un putain de transporteur qui dépose un pauvre colis de merde et qui se casse ?

— Non, toi, tu es une promesse, une promesse que j’ai faite à une amie, une promesse, aussi, que j’ai encore une petite chance de faire un truc qui compte, avant de tirer ma révérence. Et plus que tout, tu es une promesse de vie.

— Et toi, putain, t’es qui ? Un ange de la mort qui vient me chercher ?

— Aussi longtemps que nécessaire, juste une présence, qui garde un œil sur toi.

Joanie tenta un dernier argument pour le retenir.

— Tu dois rester, pour elle, c’est ce qu’elle aurait voulu. Je l’ai entendu au son de sa voix ! Elle était heureuse. C’est toi qu’elle a attendu toutes ces années !

Mais Hector, qui n’était pas insensible à ces propos, repartit, le cœur gros, vers la voiture, sans se retourner, sans vraiment savoir si ce pincement au cœur venait de cette jeune fille qu’il laissait derrière lui, ou du souvenir de sa mère et d’une histoire inachevée.

Joanie tenta le tout pour le tout, elle enfonça le clou.

— Tu sais ce que c’est ton problème ? T’es un lâche ! Et c’est pour ça que t’as jamais rien dit à ma mère ! Vous auriez pu vivre heureux, mais au lieu de ça, t’es resté planqué comme une merde ! Et maintenant tu recommences avec moi ! Et je deviens quoi, moi ? Mais ça, t’en a rien à foutre, hein ! T’es vraiment trop con !

Il reprit place derrière le volant et démarra. Après avoir parcouru une dizaine de miles, Hector entendit la sonnerie de son portable retentir. Il enfonça la touche verte et reconnut aussitôt la voix de Joanie.

— J’ai oublié ma caméra dans ta caisse. Il faut que tu me la rapportes. Mais tu peux visionner les vidéos, si tu veux, il y a le disque dur dans la sacoche. Ça te donnera peut-être envie de rester…

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