Chapitre 4

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Haydée

La soirée était bien avancée, lorsque Haydée, fatiguée de parcourir les ruelles crasseuses de l’Underworld, s’arrêta au milieu d’une ruelle. Epuisée, la petite Reila s’arrêta un instant. Lorsqu’un bruit de mâchonnement provenant du fond de la ruelle, l’interpela.

Haydée retint son souffle, des sueurs froides parcouraient son visage. Les jambes vacillantes, celle-ci poursuivit son chemin. Les bruits de mastication et une forte odeur de sang pourri s’intensifièrent de plus en plus. L’allée se terminant en L, celle-ci regarda discrètement la provenance des bruits. A son plus grand effroi, elle découvrit de jeunes enfants, les mains et la bouche ensanglantées. Ils se nourrissaient des boyaux d’un cadavre, découpant soigneusement des morceaux d’organes avec leur lame peu affutée afin de les ramener chez eux. Haydée tenta de garder son calme, la main devant la bouche, elle recula doucement. Mais dans sa fuite, elle heurta un tuyau, signalant sa présence. Les enfants paniqués, regardèrent autour d’eux et prirent la fuite. Sauf le plus jeune d’entre eux qui refusait de laisser son morceau de chair humaine. Son frère l’attrapa par le bras et fuirent.

La petite Reila sortit de sa cachette, les mains tremblantes, elle attrapa un vieux sac couvrant le reste du cadavre. Tout en détournant le regard, elle se dépêcha de sortir de la ruelle.

- Cela ne peut pas être réel, cela ne peut pas être réel ! se répéta-t-elle sans cesse en larmes.

Le souffle haletant, son cœur battait à tout rompre comme s’il allait exploser sous la pression. Elle tenta malgré tout de reprendre ses esprits. Lorsque dans sa foulée, elle tomba sur Blake.

Il était livide et tenait à peine debout s’accoudant au mur. Blake grimaçait de douleur en compressant sa blessure ouverte, Haydée se précipita à son aide.

- Emmène-moi ! là-bas. affirma-t-il épuisé.

Haydée aida le jeune homme, le ramenant à une ancienne tour de guet vestige d'une ancienne civilisation. Elle le transporta dans les escaliers où Blake lutta contre la douleur. Elle ouvrit les portes de son abri et le traîna sur le canapé. La petite Reila lui retira son haut et aperçut son horrible blessure qui était en train de s’infecter.

- Pas très beau n’est-ce pas ? affirma le jeune homme en serrant les dents.

Haydée se mit à fouiller le logis de fond en comble à la recherche de compresse, et de désinfectant, mais elle n’en trouva nulle part.

- Va falloir que tu fasses quelque chose pour moi ! Il faut que tu me retire le bout de corne qui reste dans ma blessure ! demanda-t-il à bout.

La petite Reila en panique, s’arrêta net. Puis en ravalant sa salive, s’approcha du blessé. Haydée observa l’immonde plaie béante qui suppurait et dégageait une odeur insoutenable.

- Vas-y qu’est-ce que t’attends !? lui dit-il en âge.

La petite Reila retint son souffle et plongea ses doigts dans sa chair. Le jeune homme hurla de douleur, en larmes, il serra les dents jusqu’à saigner des gencives. Haydée, sentait son vomi remonter le long de sa gorge, et luttait pour garder son calme. Les doigts dans le muscle et la chair du jeune voleur, elle sentit quelque chose. Un fragment lisse et dur, qu’elle extirpa le plus rapidement possible.

La petite Reila ne pouvant plus se retenir vida le contenu de son estomac sur le plancher. Lorsqu’elle eut fini elle retourna auprès de Blake qui avait tourné de l’œil. Celle-ci en profita pour retirer les chaussures du jeune homme, le mettant à l’aise. Elle nettoya sa blessure. En fouillant aux alentours, elle fit un bandage avec des bouts de tissus qu’elle trouva et nettoya le sol qu’elle avait sali.

Lorsqu’elle eut fini, Haydée se posa un instant, soufflant, évacuant son stress et ses angoisses. Elle observa les environs et remarqua que Blake avait aménagé cette tour en un endroit habitable. A l’autre bout de la pièce, elle aperçut la chambre à coucher du jeune voleur. La porte entrouverte, elle inspecta brièvement la chambre du jeune homme. Qui était dans le même état que le reste de son logement. Elle referma discrètement la porte. En enjambant les affaires de Blake qui traînaient par terre, la petite Reila trouva une petite bibliothèque, remplit de livres sur les plantes médicinales. Comme ceux qui y avait dans l'Herboristerie de son oncle. Ainsi qu'un plan de travail, recouvert de faux papiers d'identité et de visas. La petite Reila en prit une qu'elle examina avec soin, l'écriture était faite avec soin et minutie.

Les lueurs de l’Underworld attirant son attention, elle observa cette ville depuis la fenêtre de Blake, perdue dans ses pensées. Un léger frisson parcourut son corps, réalisant peu à peu qu’elle venait d’échapper aux pires atrocités. Elle se focalisa sur l’instant présent afin de ne pas perdre pied. Haydée retourna aux chevets de Blake, vérifiant que la température du jeune homme n’avait pas augmenté. Elle posa sa main sur son front mais ne put détacher son regard du motif tribal tatoué sur son l’épaule et qui parcourait tout le bras du jeune homme. La petite Reila l’observa silencieusement, et se sentit brusquement oppressée. Son intuition la supplia de fuir le plus loin possible pendant qu’il était encore temps. Alors qu’une autre partie d’elle insistait sur le fait qu’il pouvait l’aider à traverser l’Underworld. Comment faire sans moyen de paiement ? Haydée ne put s'empêcher de songer à son vieil oncle et à sa sécurité.

Jérémiah

Retranché dans son bureau, Jérémiah se prépara à rejoindre son frère lorsqu’ il fut interrompu par un médecin qui lui remit une lettre scellée. Jérémiah reconnut cet homme et ne put s’empêcher de bouillonner de l’intérieur.

- Je tenais personnellement à vous remettre les factures de mes honoraires, lui dit - il en lui faisant la révérence.

Des sueurs froides et des tremblements parcoururent son corps, Jérémiah eut du mal à contenir sa colère. Il ouvrit la lettre et y lut les montant exorbitant des frais médicaux de sa femme.

- Si je puis me permettre son état semble se stabiliser mais il faudra la surveiller de près, expliqua -t-il concerné.
Jérémiah l’attrapa par le cou et enfonça les factures dans sa bouche jusque dans sa gorge. Le vieil homme se débattit, suffoquant, le visage violacé. Jérémiah le relâcha, le laissant vider le contenu de son estomac sur le tapis.

- Ma femme va très bien, ce n’est qu’une enfant trop gâtée qui veut attirer l’attention sur elle, lui lança t- il avec mépris.

Le médecin se releva, indigné.

- Il y aura des conséquences ! J’irai voir…

- La garde royal ? Les hommes de lois ? Je suis la loi ! lui menaça t -il.

Le médecin terrifié partit en courant, laissant Jérémiah seul.Des sueurs froides et des tremblements commencèrent à prendre le dessus sur lui. Il retourna son bureau à la recherche de ses capsules d’ambroisie. Lorsqu’il mit la main sur la dernière capsule qu’il pressa désespérément au-dessus de son œil. Dès lors que le précieux sérum toucha son globe oculaire, sa peau s ’hérissa, ses muscles se relâchèrent. Jérémiah se sentit revivre l’espace d’un instant, se laissant emporter par cette extase chimique.

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