I

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La lune.

Cet objet étrange, voisin des nuages, dont les plus érudits se fascinent. Telle une femme, elle éclaire votre chemin, provoque vent et marées pour arriver à des fins qui nous échappent, parvient même à vous donner la juste voie à suivre si vous êtes perdue comme une mère à son enfant… mais ses humeurs peuvent détruire une vie tout entière. Nous, simples mortels, demeurons impuissants face à ce genre de divinité.

Moi plus que d’autre.

Je la hais, je la méprise, je la maudis comme l’on m’a maudit moi !

Ce soir sera le dernier. Je le sais. Je le sens. En écrivant ses lettres, je ris d’épouvante : ma transformation est presque complète. C’est la troisième fois déjà et la douleur est insoutenable. Je comprends pourquoi toutes les personnes touchées par la lycanthropie perdent la tête les nuits d’abattoir ; j’ai encore l’impression que mes os se brisent, s’étirent comme une condamnation à mort. Mes sens sont à leur paroxysme, mes instincts primaires irraisonnés me poussent à hurler à la mort pour m’annoncer alors que mes griffes et mes crocs me bousculent vers l’irréparable.

Ça fait bientôt quelques mois — je ne sais plus précisément combien — que le maléfice de Fabrice, mon voisin, m’incite au rouge. Il sait que c’est moi… forcément. C’est à cause de lui que les villageois fouillent la forêt jour et nuit, arme en main en bravant les loups affamés. C’est à cause de lui qu’Anaïs, mon amour, ma douce, ma bien-aimée, m’a quitté. C’est à cause de lui que ma famille m’a suspecté d’être le tueur de bétails !

Je n’ai plus la force de fuir. Je ne veux plus, je veux que ça s’arrête quitte à mourir. Un jour, je tuerais. Je le sais. Oui, mourir. Quelle belle idée ! Si cela arrive, je désire que ce soit des mains de celle que je chéris le plus dans ce monde malade ! Je ferais le nécessaire pour ça. Sentir l’étreinte de son regard sur moi, qu’elle soit remplie d’effroi ou de répulsion m’importe peu… si percevoir son visage et humer la senteur de sa peau une dernière fois pouvait-être le dernier plaisir sensuel que je peux m’accorder… je le ferais !

J’ai peur de mourir, mais je n’ai pas le choix… elle me sauvera… j’en suis sûr, elle me sauvera…

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