Mes mots
Pendant longtemps, je ne trouvais pas les mots pour m’exprimer oralement. Ils restaient coincés dans ma gorge, ils ne pouvaient sortir. Je ne savais dire que « oui » ou « non » (rarement), « merci », (surtout « merci »).
Pour exprimer ma peine, mon désarroi, mon désespoir, ma souffrance, j’étais seule face à moi-même.
Personne pour me réconforter, personne pour me donner confiance. Je n’avais que moi-même pour me construire, une autodidacte en somme.
Je ne savais qu’écrire, cela me soulageait. J’adorais les mots. J’aimais écrire des lettres. J’écrivais des poèmes surtout, et j’adorais Verlaine. La poésie m'amenait vers un monde meilleur auquel j’aspirais. Mais j’aimais aussi les dissertations, les mots croisés, le scrabble, tout ce qui se rapportait aux mots. A contrario, j’étais nulle dans tout ce qui ressemblait à un chiffre.
Et puis, j’ai dû apprendre à « sortir » mes mots : lors des concours professionnels devant cinq jurés, j’ai dû me faire violence. Pour dire « non » au travail, je me suis fait violence aussi. Et j’y suis parvenue. Je peux dire que j'en étais fière !
Aujourd’hui encore, j’aime les mots. Ils soignent mes maux, certains ont évolué en fines cicatrices, à peine visibles à l’œil nu et à cœur nu, mais d’autres sont arrivés.
Et ce soir, pendant que j’écris ces mots, mon cœur saigne encore. Combien de blessures du cœur puis-je supporter ? Je ne sais pas, mais je continue à écrire, car écrire met un baume à mes blessures, les anesthésie. Écrire me transporte dans un autre monde, loin des soucis et de mes misères. C’est une fuite, un besoin vital, qui m’empêche de sombrer dans une mélancolie fatale. Je me recrée un monde avec les mots et je fantasme avec les mots.
Les mots sont miens, les mots sont mes armes, mes mots sont salvateurs.
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