Chapitre 01 - Prologue [Alana]

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Aujourd’hui est une journée difficile. Ce matin à l'hôpital, les blessés par balle affluent. J’ai l’impression que les victimes sont toujours de plus en plus jeunes. J'en suis malade, toute cette jeunesse qui donne sa vie pour les réseaux des cartels . Mon collègue José me regarde, épuisé, ce bel homme, grand, brun aux yeux couleur ébène, proche de la trentaine , est un métisse d’origine mexicaine. Un ami et un professionnel assidu, tout comme je le suis dans notre domaine.

— C’est une véritable boucherie , m'annonce t-il en essuyant la sueur de son front.

— Sûrement un règlement de compte, réponds-je complètement dépassée par la situation.

Alors qu’un enfant d’une dizaine d’années passe devant moi avec une plaie plutôt légère, je l’arrête et lui pose une question.

— Que s’est-il passé ? demandé-je, curieuse en le détaillant.

— Los Verdugos Señorita, ils ont tué tout le monde ! m’explique t-il en larmes.

Rien qu’à l’évocation du nom de ces trafiquants, mon sang ne fait qu’un tour. C’est le plus gros réseau de la région. Nous devons nous attendre à un plus grand nombre de victimes d’ici peu.

L’odeur du sang et de l’antiseptique est omniprésente. Je regarde autour de moi, et je ne vois que des perfusions, des médecins débordés, de l’horreur et de l’affolement. Tout n’est que cris et lamentations . Tant de vies gâchées, la pauvreté et l’appât du gain, offert par les gangs, attirent les adolescents. À travers les groupes de paroles, avec José nous essayons de les dissuader de choisir cette vie, de les convaincre qu’ils peuvent réussir sur la voie de la légalité. Malheureusement, très peu d'entre eux, nous écoutent..

— Par ici Alana ! me crie mon collègue José en me faisant un signe de la main.

Je pars en direction de toutes les personnes qui ont besoin de moi. Je suis infirmière et je dois soulager la douleur de mes patients. Ce que je redoute le plus lors de ces fusillades...annoncer à certains parents qu’ils ne reverront plus jamais leur enfant. Je ne me remets pas totalement de la douleur et de la peine qui se loge dans ma poitrine face aux pleurs des familles. Je sais qu'aujourd' hui en fera partie.

Mon service terminé, après plus de dix heures de service, je me dépêche de me changer pour me rendre au cimetière. En ce jour de catastrophe, je dois dire adieu à un de mes amis d'enfance. Paolo et moi avions le même âge, je le connaissais depuis la maternelle, nous étions au collège ensemble, puis nos chemins se sont séparés en grandissant. Ses parents ont prévenu les miens, qu'après plusieurs années à avoir servi un gang, ils avaient perdu leur fils tué par les balles ennemies. Perdre un fils de vingt-six ans, doit être une sacré épreuve pour eux. J’y vais pour apporter mon soutien et en souvenir de nos bons moments.

En arrivant sur les lieux de l’enterrement, je retrouve ses parents qui m'accueillent à bras ouverts. J'essaie de soulager leur chagrin, avec bienveillance et amour. Nous avançons avec ses proches vers sa dernière demeure, j’espère qu’il ira au paradis, si Dieu lui pardonne ses offenses et ses péchés. Le personnel des pompes funèbres commence la descente du cercueil. Le silence est de mise, je n’entends que les pleurs de la famille de mon ami, ainsi que leurs prières. Alors que tour à tour, ils jettent une rose dans le caveau, je n’effectue qu’une bénédiction pour lui souhaiter une meilleure vie dans l'au-delà. J’embrasse sa Mamá qui est dévastée de chagrin et quitte le cimetière. Devant l’entrée, une voix que je ne reconnais pas m’interpelle.

— Alana ! Bon sang ! Ça fait des années.

Je détaille cet homme aux traits du visage si particulier, m’interpeller. Il ne peut pas y avoir d’erreur, il me rappelle un adolescent brun, aux yeux foncés, arrogant, avec qui j'ai été en classe plusieurs années.

— Matéo ! m' exclamé-je surprise, le sourire aux lèvres, je suis heureuse de le revoir, au moins lui, est encore en vie.

Il vient vers moi pour me saluer, quand derrière lui, un homme surgit d’une voiture aux vitres teintées, et s’adresse autoritairement à lui

— Bouge toi, on n’a pas que ça à foutre, balance t-il énervé.

Son regard glacial se pose sur moi, me faisant frissonner. Cet homme me rappelle vaguement quelqu’un. Je le reconnais quand Matéo s’adresse à lui, levant les yeux au ciel, en répondant “ J’arrive mon frère".

Effectivement, je me souviens de ce gamin dérangé, au collége, il semblait étrange, aujourd’hui, il est désormais charismatique et impressionnant.

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