Samedi 5 septembre, 22h.

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Je viens de raccrocher le Skype avec Marie. Elle m'en a voulu de m'être battu... Elle dit que je commence à changer. Aiden est resté bien sagement dans son lit. Je n'ai toujours pas osé lui poser de questions, je me sentirais vraiment con si Matt a menti. Et je ne vois pas pourquoi il changerait de version. A croire qu'hier j'étais deux personnes différentes, tous les deux m'ont donné des détails réalistes... Des mots que j'aurais dit... La raison pour laquelle je ne m'en suis pas pris plein la gueule... C'est trop flou pour moi. Je suis vraiment très mal, terrorisé de ne pas comprendre ce qui m'est arrivé et d'avoir perdu le contrôle de moi-même la nuit passée. Ça me rend malade.

***

Je me réveille en sursaut et vois Aiden posté juste en face de moi. Je m'accroche à son cou aussi fort que possible, encore à moitié dans mon cauchemar. Cette nuit, c'était encore plus violent... Je suis pris de tremblements et je ne peux pas retenir mes sanglots. Tous les derniers événements ont ravivé la douleur et la peur que j'essayais tant bien que mal de contenir. Je sens les bras d'Aiden m'entourer après avoir hésité, et me bercer lentement.

  • Tout va bien Jay... C'était qu'un rêve... Je suis là...

Il me caresse la tête doucement et me laisse enfouir mon visage dans le creux de son cou quelques minutes. Il ne dit rien et attend que je me calme et que je reprenne contenance.

  • Merci... Je murmure, toujours caché dans son haut de pyjama, rassuré par cette odeur qui commence à devenir familière.
  • Tu vas mieux ? Il me demande en m'éloignant un peu de lui, relevant mon visage avec son pouce pour que mon regard croise le sien.
  • Je... Oui.... Désolé. (Je détourne les yeux en rougissant, me rendant compte de ce que j'ai fait). J'ai pas... L'habitude... De dormir avec quelqu'un et là... J'ai pas pu...
  • Je comprends, Jay. Aucun problème.

Il a toujours une main autour de mes épaules, l'autre a lâché mon menton et rejoint mes larmes qu'il tente tant bien que mal de sécher.

  • C'est bon... Tu peux arrêter, je vais me calmer. (Puis je repense à sa présence au moment de mon réveil). Pourquoi t'étais presque sur moi au fait ? Je murmure.
  • Quoi ? Non, pas du tout, je-je t'ai entendu pleurer et hurler, je te jure que ça faisait peur, ça m'a réveillé.

Il enlève son bras de mon épaule et s'assoit à une distance "respectable". "Je suis venu voir ce qui se passait, c'est moi qui t'ai secoué un peu pour que t'ouvres les yeux. Qu'est-ce que tu vas imaginer ? Que je veux te violer pendant ton sommeil ?

  • Non.. C'est juste que... (Je repense à ce que m'a dit Matt et j'ai un peu peur maintenant). Non, rien.
  • D'accord... Il fronce les sourcils. Tu veux... Parler de ce qui t'arrive ?
  • Non. C'est rien, je soupire en regardant mes mains.
  • Ça ressemble pas vraiment à rien, Jay. Si c'est pas à moi, parles-en quand même à quelqu'un. Ça a l'air de te détruire de l'intérieur... C'est pas la première fois que tes nuits sont agitées, il me dit d'une voix douce.
  • C'est rien, je te dis. Je peux pas en parler parce que je me souviens pas, t'es content ?
  • Quoi ? Comment ça..?
  • C'est un truc qui m'est arrivé quand j'étais gosse et... J'en ai aucun souvenir. Et c'est mieux comme ça. Je veux pas m'en rappeler, je dis fermement.
  • Ok... Si t'as besoin d'aide, dis-le moi...

Il retourne dans son lit sans plus me regarder. Il semble blessé que je ne lui fasse pas confiance. Comment je le pourrais alors que je sais qu'il me cache des trucs sur la nuit dernière et après tout ce que m'a dit Matt ?

14 septembre, 7h30.

C'est le grand jour. C'est le début de mes études. Je suis dans le hall de l'école d'infirmier, en compagnie d'environ 98% de filles. Elles me regardent comme un extra-terrestre. A croire que j'ai l'air d'un gros pervers cinglé. Hé les filles, les hommes aussi ça peut vouloir être infirmier ! Je me sens carrément discriminé. J'ai peur de ne pas trouver ma place ici. Pour le coup, je ne connais VRAIMENT personne.

Je sens quelque chose tirer mon t-shirt bleu foncé et me retourne, interrogeant la jeune fille à qui appartient la main du regard. Elle est petite, avec de jolies boucles rousses et de grands yeux bleus entourés de taches de rousseur.

  • Excuse-moi... Je viens juste pour euh... Discuter... Faire connaissance... Enfin, tu vois...

Elle devient vite rouge pivoine, et je la trouve mignonne. Je lui fais un sourire rassurant.

  • Je comprends. Alors enchanté. Je m'appelle Jay, et toi ?
  • Kim, elle me répond timidement. Je suis désolée, t'avais l'air un peu perdu et je connais personne non plus alors, je me suis dit qu'on pourrait, tu vois, se tenir compagnie tout ça... Elle finit sa phrase dans un murmure presque inaudible.
  • J'comprends, Kim. Pas besoin de faire de manières avec moi ! Parle-moi un peu de toi. Tu vis ici toi aussi ? Je lui demande, l'encourageant à s'ouvrir un peu à moi et se détendre.
  • Oui, j'habite sur Milao, à trente minutes de navette à l'Est. (Je ne me fais toujours pas à ces nouveaux termes et ces nouveaux coins mais je visualise plus ou moins). Et toi?
  • Je vis sur l'île d'Anki. C'est genre... Par là, je dis en montrant vaguement du doigt une direction,et ça la fait rire.
  • Et tu veux faire infirmier pour une raison particulière ? Elle me demande en me regardant avec ses grands yeux.
  • J'aime bien le domaine de la santé et j'aime les gens. Je pense que c'est déjà pas mal.

Je lui fais un sourire.

  • Moi j'ai toujours voulu être infirmière... Je trouve que c'est un dévouement et une passion, j'aime vraiment ça... et elle recommence à rougir.

Alors qu'on discute, le directeur arrive et fait les présentations puis la visite de l'école. Il nous sépare en dix groupes de quinze et nous explique comment se déroulera l'année. Nous aurons trois stages de cinq à huit semaines, avec de la théorie entre deux. Premier stage dans deux semaines... ça donne le ton.

Suite à cette journée d'information, je rentre à la maison, épuisé. Je n'ai franchement pas tout capté, mais étonnamment ça me semble... Intéressant.

Je raconte ma journée exaltante à Marie sur Skype, qui elle me dit comment va se dérouler la sienne. ça me fait toujours bizarre.

Dès demain, c'est l'heure des vrais cours... On va voir les différents systèmes (tégumentaire, j'sais même pas ce que ça veut dire..., digestif, nerveux et tout ça), on va apprendre la communication (des fois qu'on soit trop con pour savoir communiquer ?) et, joie, je vais apprendre à laver des gens, ce genre de choses... Franchement, le programme qu'on nous a présenté me fout la trouille. Je sens que je vais devoir passer outre certaines choses que je n'apprécie pas particulièrement.

Mais le plus cool, dans tout ça, c'est que dans deux semaines, j'ai mon premier stage. Un stage de cinq semaines. Et dans quelques jours, je saurai où il se déroule. Et ça, ça claque !

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