J'ai rejoint le corbeau

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Ébranlée, je regarde le liquide rouge exsuder le long de sa pomme d’adam qui à une époque était sexy. Maintenant, elle est fendue en deux, reliée à la longue coupure soulignant une partie majeur de son cou.

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Yvette lui a filé toute sa sauvagerie la plus douce dans cet égorgement dans le plus grand des calmes, d’une apesanteur tout à fait anodine. Elle sourit jovialement, ses lèvres extirpent presque ses joues maintenant inexistantes, tellement ce sourire est sincère, véridique, authentique et surtout fourbe.

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Pour la première fois de la vie, des larmes sans fin prennent possession de ma figure et ne me quittent plus. C’est comme un drame dans ma vie qui ne fait que réellement débuter. Comme une vie qui ne finit jamais mais qui a l’air d’avoir pris fin depuis si longtemps. Comme une arcane qui simule des batifolages frauduleux. Comme… Si ma vie allait peut-être aussi se terminer.

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En fait, actuellement, en réalité, je suis mitigée et je risque plus de mourir de peur que par la main d’Yvette. Je ne suis pas une froussarde, je ne suis qu’humaine

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Elle se gratte la tête, une habitude qu’elle prend avant de parler, que j’avais déjà remarqué avant. Le couteau lui écorche quelques de ses fins cheveux, elle ne le lâche pas des mains. Elle continue de me fixer comme si j’avais déjà ce trou que Roland possède en dessous son cou. Comme si… Elle insinuait que c’est dorénavant mon tour.

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Je le sens. C’est la fin. Après le début de la fin, la fin de la fin est arrivée. Ce n’est pas que je ne veux pas bouger, c’est que je ne peux pas. Je tente de fuir, de bouger mes jambes, de courir, de dévaler le plancher, de m’échapper de la pire situation qu’il n’aurait jamais pu arriver.

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Je me rends compte que le plus important ce n’est pas un foyer. Ce n’est pas ce genre de foyer. Pas le logement qui nous permet de s’abriter de l’hiver froid qui nous attend fraîchement. C’est cette personne qui sera toujours là pour vous, même dans le genre de situation dans laquelle je me trouve. Ma maison aurait pu être Roland qui aurait souhaité enfin devenir sincère avec moi.

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Mon avenir se brise parce que je n’ai pas compris avant.

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Doucement mais sûrement elle avance vers moi. De son autre main elle tient une hache. Elle n’a pas l’air de vouloir couper des arbres avec. Ça semble être pour moi.

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Comme d’habitude, les sanglots ne s’arrêtent pas. À l’infini, c’est répétitif, je réfléchis aux erreurs que j’ai pu faire, peut-être mes préjugés, peut-être n’en ai-je eu pas assez.Trop de confiance ou pas assez ? Est-ce ma faute ou la leur ? C’est incompréhensible.

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Arrivée devant moi, elle se penche, ses ustensiles toujours à jour, prêts à me charcuter. C’est à ce moment que je prends conscience que si je ne bouge pas je suis cuite.

Et ce sûrement au sens propre. Elle est peut-être cannibale et va me manger.

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À ce moment là je fuse avec un moteur inépuisable. Et comme attendu elle me suit, je ne sais pas où me réfugier, mon instinct me mène à ma chambre.

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Ça y est j’y suis, je ferme à clés, je suis en sécurité. Je peux enfin souffler. Époumonée, j’ai tout de même du mal à respirer, j’halète comme si j’avais de la poussière dans la gorge. Je ne parviens pas à percevoir de son autour de moi jusqu’à ce que je me rends compte que j’ai déjà arrêté depuis quelques secondes d’être hors d’haleine.

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Relevant sinistrement la tête d’une pesanteur probante, Yvette est en face de moi. Nos souffles se brouillent et bientôt le mien sera renversé à cause du sien. C’est indéniable, je ne peux pas fuir cette forteresse, elle la connaît comme sa poche.

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" Brun-é-hilde…. M’énonce t-elle, tu sais quel est le problème avec toi ?

Ma voix reste bloquée.

Le problème c’est que même sans rien demander, tu obtiens des informations trop importantes pour quelqu’un de ton statut… La pureté ce n’est pas donné à tout le monde, la tienne est si pâle comparée à mon âme broyée par un monstre plus sombre que ceux que tu as connu jusqu’ici.

Elle ne s’arrête plus de parler, elle enchaîne ma bouche de ses ongles tranchants.

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Tu es condamnée. Même morte tu ne seras pas morte. Tu vas être ici pour toujours. Je t’ai enfermé. On t’a enfermé. Mais ton sacrifice ne sera pas vain… Il sera pour une humble cause. Brunehilde… Ta vie est mienne et ta mort aussi. Je pense que tu as compris pourquoi Yvan me manipule et pourquoi tu le manipules… Tu as eu le temps de réfléchir après qu’il meurt sous tes yeux toi qui restait là sans rien faire.

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Quelle… Quelle évidence. C’est elle qui m’a menti depuis le début. Tout le monde mais elle fut la première. Peut-être même il y en a eu d’autres comme elle avant. En fait rien n’est vrai concernant cette forteresse. Il m’avait donné des indices. Elle vient de me mettre les faits sous les yeux. J’ai été conne, rien de plus rien de moins. On s’est joué de moi comme moi j’ai essayé de me jouer des autres. Mais seule moi suis tombée dans le panneau.

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Elle ressert l’étreinte de sa poigne autour de ma bouche, du sang glissant ma peau laisse s’échapper le contraste acharné de sa peau qui ressort encore plus continuant de m’endiguer.

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Elle acharne ses coups de hache contre moi le plus froidement possible. Si j’avais compris ça plus tôt. Yvette a quelqu’un. Quelqu’un de plus cruel qu’elle. Quelqu’un qui est plus sournois que le diable. Quelqu’un plus malsain qu’une entité. Quelqu’un qui fut humain… Mais qui fut un pacte avec un monstre. Un monstre influencé par un humain et vise versa. Ils devinrent les pires. Ils possèdent désormais beaucoup de gens. Ils sont…

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Ha ha ha ha ha ha ha, vas-y crie, crie plus fort, je veux que tout le monde entende que la pureté de ce monde souffre autant que nous ! "

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Non Yvette… Je n’ai plus la force de crier. Elle s’attaque désormais à mon ventre, je vois mes boyaux étalés repeindre un tapis neuf. J’ai rejoint ce corbeau mais je ne serai pas la prochaine à nettoyer ce massacre. J’espère que comme moi elle laissera une trace sur la poignée.

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Je dois quand même raconter mon histoire quelque part… Si par pur hasard je devais hanter l’esprit de quiconque je lui raconterai celle ci comme cela :

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Ma vie dans cette forteresse... Au début j'étais heureuse.
C'était gratuit et je n'eus pas autre part où aller.
Mais plus je fus restée dans cette chambre et plus la chambre 412 me parut obscure.
Depuis les règles de vie ont changé... Yvette ne sourit plus.

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Quelqu’un va comprendre cette faiblesse qu’ils ont. Cette faiblesse que j’ai eu. Quelqu’un va renverser le bateau. J’ai honte. Je me suis fait avoir. Et personne ne saura au courant de ma mort. Ma prochaine mission sera d’aider mon prochain. Si je renais, je voudrai retourner dans cette forteresse.

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Yvette ne sourit plus. Elle ne rit plus. Elle achève mon visage maintenant. Je vois mon corps. Je n’ai aucune expression lisible. Je n’ai plus de visage. Et pourtant je vois le sien. Sa double face. Ses deux visages. Et je crois en avoir découvert beaucoup d’autres.

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Yvette, tu ne les auras plus, je laisserai des indices, comme tu l’as dit, même morte, je ne suis pas morte.

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